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Citations sur Lettrines 1 (16)

Des tabous littéraires : chaque époque semble connaître de ces écrivains - parfois de second ordre - que pendant un temps personne n'ose attaquer ni même critiquer, au milieu de l'universelle malveillance parisienne, comme si les protégeait une armure d'archange - devant lesquels chacun se découvre d'abord, de confiance, comme au passage d'un enterrement.
Puis vient une première piqûre, et l'odeur du sang brusquement flotte dans la mer - les requins on ne sait comment prévenus accourent par nuées du fond de l'horizon, chacun n'ayant de cesse qu'il n'ait arraché son morceau : on dépèce.
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Fiche signalétique des personnages de mes romans :
Epoque : quaternaire récent.
Lieu de naissance : non précisé.
Date de naissance : inconnue.
Nationalité : frontalière.
Parents : éloignés.
Etat civil : célibataire.
Enfants à charge : néant.
Profession : sans.
Activités : en vacances.
Situation militaire : marginale.
Moyens d’existence : hypothétiques.
Domicile : n’habitent jamais chez eux.
Résidences secondaires : mer et forêt.
Voiture : modèle à propulsion secrète
Yacht : gondole, ou canonnière.
Sports pratiqués : rêve éveillé – noctambulisme.
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Grèves de la Loire dans l'île Batailleuse --- Dès qu'on est couché au niveau de l'eau, champs et maisons cachés au regard, les berges s'ensauvagent, et les heures passent au long d'une espèce d'Orénoque ou de Sénégal, gris ou bleu selon le moment, troué de grèves qui rendent ici plus frappant qu'ailleurs le vers de Baudelaire : "Cieux déchirés comme des grèves.
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Aucune des gloires massives de la littérature française qui n'ait été depuis deux siècles de part en part entachée de politique : Voltaire, Rousseau, Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola, France, Barrès. Même dans cette après-guerre, c'est le mouvement de la Résistance qui a porté d'abord Sartre et Camus. A noter d'ailleurs que les clivages infinis qui divisent les familles politiques françaises se ressoudent par miracle dès qu'il est question de littérature : ici c'est soudain toute la droite unie ou toute la gauche unie qui se serre autour de son porte-fanion : il va de soi que c'est seulement au prix d'infinis malentendus. La puissante simplification de la vie politique américaine s'opère ainsi quelquefois en France, mais c'est seulement quand il s'agit de porter un écrivain au Panthéon. Comme un ministre de la Troisième République, l'écrivain peut d'ailleurs changer de majorité; mais, contrairement au leader parlementaire, qui évoluait en général de la gauche au modérantisme, la règle non écrite semble être pour lui de mettre progressivement du vin dans son eau (Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Zola, France, et même Gide). Malraux y a contrevenu à ses dépens, et même peut- être Mauriac dont les fluctuations de clientèle, sur un plan plus modeste, repro- duisent à distance celles de Chateaubriand : droite - gauche - puis droite à nouveau.
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Les saules floconneux sont l'état diurne des brumes du fleuve, que l'on a roulées et pelotonnées sur la berge, en attendant le petit matin.
Le plus bel aspect arborescent des rives de la Loire à Saint-Florent, je le découvre le long de l'île Batailleuse, en amont du Pont de Vallée : une grise et haute fourrure de saules, mousseuse et continue, doublée immédiatement en arrière par une muraille de peupliers. Le saule trempe aux eaux brumeuses et les marie aux berges aussi doucement que le petit gris bordant la peau nue ;...
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L'esprit fabrique du cohérent à perte de vue.
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Psychanalyse littéraire - critique thématique - métaphores obsédantes, etc. Que dire à ces gens, qui, croyant posséder une clef, n'ont de cesse qu'ils aient disposé votre œuvre en forme de serrure ?
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Dans la chasse au mot juste, les deux races: la race des oiseleurs et celle des traqueurs: Rimbaud et Mallarmé. Le pourcentage des seconds dans la réussite est toujours meilleur, leur rendement peut être incomparable - mais ils ne rapportent pas de gibier vivant.
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Personne, sans doute, n’écrit réellement pour la postérité (dont
il n’est au pouvoir de personne, en 1964, de deviner quelle figure
elle pourra bien prendre, ne fût-ce que dans quelques années).
Je ne crois pas non plus que la postérité soit pour l’écrivain une
«illusion commode» – je crois qu’il en use, plutôt, sans y croire
vraiment, comme d’un artifice de procédure pour maintenir son
procès ouvert – un procès qu’il ne peut envisager de perdre: ainsi Jeanne d’Arc en appelait au pape et Luther au concile: sans
excès de conviction, m’a-t-il toujours semblé. La vérité est qu’il
y a probablement dans l’écrivain, à certains moments privilégiés
où il tourne vers ce qu’il fait, un regard qui lui paraît naïvement
intemporel, un fou qui sait, qui a raison contre tous les autres,
présents ou futurs, et à qui la postérité même apparaît pour le
juger sans justification suffisante. La postérité, avec ses goûts et
ses jugements, ce n’est après tout que la littérature militante de
demain – lui, dans ses moments, il est sur un autre plan: il s’intègre d’emblée à la littérature triomphante.
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La plage entièrement déserte de l’heure du dîner, au moment où le crépuscule s’assombrit. Très grande, élancée, très bien faite, les cheveux dénoués, les bras nus, la taille serrée dans une de ces longues jupes de gitane aux bandes biaises qui sont à la mode cette année et qui traînent fastueusement sur le sable, une femme toute seule, faisant jouer avec ostentation ses hanches l’une après l’autre et renversant parfois le visage d’un mouvement voluptueux du cou, s’avance vers la mer à pas très lents, avec la démarche théâtralissime d’une cantatrice qui marche vers la rampe pour l’aria du troisième acte. Il y avait dans ce « jeu du seul » mimé devant l’étendue vide une impudeur tellement déployée qu’elle en devenait envoûtante ; aucun miroir au monde, on le sentait, aucun amant n’eût pu suffire à une telle gloutonnerie narcissique: elle marchait pour la mer.
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