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EAN : 9782227501249
224 pages
Bayard Récits (24/01/2024)
3.67/5   6 notes
Résumé :
Cet ouvrage est d'abord l'histoire d'une découverte : au cours de ses recherches pour son roman Les Services compétents - dans lequel il raconte l'arrestation en 1965 de son père Andreï Siniavski, dissident soviétique -, Iegor Gran met la main sur un document inespéré : Le Recrutement des agents. Un livre russe daté de 1969, numéroté, imprimé à cent exemplaires. Sa fonction ? Enseigner aux jeunes recrues du KGB l'art subtil du recrutement des agents de renseignement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Iegor Gran est né le 23 décembre 1964 à Moscou et est venu avec son père, l'écrivain Andreï Siniavski, en août 1973, lorsqu'il avait 10 ans, en France, où après des études d'ingénieur, il s'est mis à écrire. Aujourd'hui, il en est avec son embauche au KGB, paru en janvier dernier, à son 21 ouvrage. Parmi ses grands succès figure "Les services compétents" de 2020, une présentation satirique du même KGB.
Pour nos très jeunes, je rappelle que ce sigle signifie tout simplement : "Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti", soit "Комитет государственной безопасности" en v.o. cyrillique et en Français : Comité pour la Sécurité de l'État. Une organisation illustre à laquelle a appartenu un certain Vladimir Vladimirovitch Poutine (1952- ? ).

Le père dissident, à la grosse barbe, de l'auteur, Andreï Siniavski (1925-1997) est surtout connu pour son ouvrage "Lioubimov, ville aimée" de 1963.
Je présume que pour éviter toute confusion avec son père, Iegor a pris comme nom d'artiste le nom de famille de son épouse, Ladislava Gran.

À côté de l'écriture de ses oeuvres littéraires, l'auteur collabore à "Charlie Hebdo" depuis 2011.

Le manuel du KGB, qui compte 116 pages, part de la distinction entre pays socialistes et pays capitalistes, qu'il convient de convertir afin qu'ils puissent, eux aussi, trouver le bonheur et la paix. Ce document capital sert de base dans une quinzaine d'écoles du KGB, dont la numéro 1 - officiellement École n°101 - est située dans la banlieue moscovite et a été rebaptisée "Académie Andropov" en honneur à Iouri Vladimirovitch Andropov, le grand patron du KGB de 1967 à 1982.

Ce genre d'institut compte en moyenne quelque 200 élèves et, vu son importance vitale pour l'humanité, requiert évidemment des professeurs de la plus haute compétence et fiabilité. Ainsi, le top transfuge britannique, le fameux et légendaire Kim Philby (1912-1988), a dû attendre 14 longues années avant de pouvoir y donner des cours.

Une large partie de ce vade-mecum est consacrée au recrutement d'agents pour la bonne cause, soit des ressortissants nationaux aux endroits stratégiques, soit et surtout des étrangers, comme ceux ouverts à la justesse du marxisme, les anti-impérialistes, les mécontents politiques et sociaux, "les déçus et les aigris du mode de vie occidental".

Lorsqu'il s'agit d'étrangers qui n'appartiennent pas à ces catégories, mais qui occupent des fonctions importantes ou qui disposent de connaissances scientifiques cruciales, il incombe de les persuader que seule la voie socialiste mène à "l'élévation du bien-être des peuples".

L'auteur explique avec une forte dose d'humour les différentes méthodes préconisées par les savants du KGB pour arriver à cet effet heureux. Il y a par exemple le "booby trap" sexuel et divers autres moyens de chantage.

Bien que nous avons tous lu des livres ou vu des films, où cet enseignement trouvait une application concrète et dans lesquels des tchékistes jouaient la vedette, il est tout de même effarant de constater que derrière cette façade a été créée une réalité visant purement et simplement une domination nationale et mondiale.

Il ne faut pas lire ce document pour la beauté du texte du manuel, qui selon Iegor Gran "n'est pas de la haute littérature" et où "les phrases ont la légèreté du char d'assaut coincé dans un couloir". En revanche, les commentaires de l'auteur sont particulièrement instructifs et drôles et donnent à son ouvrage un cachet à part, qui permettent de mieux comprendre les aléas de la politique de feu l'Union Soviétique et la politique actuelle agressive et criminelle d'un ancien diplômé d'une école du KGB !

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Alors qu'il écrivait un roman relatant l'histoire de son père (Andreï Siniavski, dissident soviétique, arrêté en 1965 et condamné à sept ans de goulag), Iegor Gran découvre un document classé « Absolument secret » du KGB. En France, cela correspondrait à « Très secret défense ». « C'est un polycopié gris de cent-seize pages, au format A4, au dos carré collé, relié d'une bande sombre. » (p. 5) Son état révèle qu'il a beaucoup été utilisé. Son titre est « Recrutement des agents ». Oui, au KGB, on ne parle pas d'espions, ce mot n'est pas beau, mais la fonction est la même. le document est daté de 1969. Il a été édité sous l'ère Brejnev. le régime soviétique est sur tous les fronts : il a écrasé le printemps de Prague, il chasse les dissidents, il apporte son appui au Vietnam, est actif en Angola, au Mozambique, en Arabie saoudite, etc. Il cherche, également à affaiblir « l'ennemi capitaliste » de l'intérieur et pour oeuvrer, il faut des agents.

Le manuel retrouvé par l'auteur renforce la formation reçue par les recruteurs. Il explique les tactiques pour approcher les agents potentiels, grâce à trois leviers : la motivation idéologique et politique, la motivation matérielle et la motivation morale et psychologique. le dernier peut se traduire par le terme de chantage. le texte a été traduit par l'auteur. Ce dernier intervient, propose son interprétation et le rapporte aux faits. Comme il le dit, « ce n'est pas de la haute littérature » (p. 16), cela ressemble à du martelage et à du lavage de cerveau. Ce sont des méthodes pour atteindre un objectif, par exemple, infiltrer les sociétés occidentales pour les déstabiliser et pour obtenir du renseignement.

C'est un document édifiant, sur l'ancêtre du FSB, qui, rapproché aux évènements des dernières années, procure de l'effroi. Les parallèles, effectués par Iegor Gran, montrent que tout est calibré et anticipé. Les personnalités, à la tête de différents organes de la Russie actuelle, ont toutes été formatées par les écoles du KGB et y ont appris l'art de la manipulation. Nous comprenons de quelle manière les pays occidentaux sont menacés, à différents niveaux. J'ai envie (même s'ils sont plus informés que moi des enjeux) de souffler à ceux qui ont des postes importants de se méfier de leur entourage. Il en va de la sûreté d‘Etat. Cependant, sur certains points, je ne peux m'empêcher de penser que les puissances occidentales agissent de la même manière, au moins, en ce qui concerne l'espionnage. Je suppose que c'est est une nécessité pour garantir notre sécurité.

Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Durant ses recherches pour l'écriture de son précédent livre - Les Services compétents qui revient sur l'arrestation de son père Andreï Siniavski dissident soviétique - Iegor Gran a mis la main sur une véritable pépite : un manuel didactique pour la formation et le recrutement d'agents par le KGB datant de la fin des années 60. Un véritable manuel issu des écoles du KGB.
C'est ce document qu'il a lui-même traduit et qu'il nous propose ici en lecture, agrémenté de ses commentaires qui aident à le décrypter.
Autant vous le dire tout de suite, si cet ouvrage est évidemment hautement instructif dans l'idée générale qu'il développe notamment à l'égard des puissances étrangères ou encore dans les multiples façons de recruter des agents, il n'en reste pas moins parfois… un tantinet soporifique !
On a bien compris que le but général était de répéter inlassablement les mêmes idées, le bourrage de crâne est évident, la langue est purement officielle et on ne se soucie pas de faire dans le sentimental.
Et pourtant c'est aussi un livre passionnant ! Vous allez me dire que je me contredis mais pas du tout…
On imagine bien que l'écriture d'un tel manuel ne peut porter le nom de littérature. Son contenu n'en est pas moins édifiant dans le contexte actuel (ce livre entre en résonance avec l'actualité, Poutine ayant lui-même été un de ces élèves sur les bancs du KGB…). C'est une belle machinerie bien huilée et un regard sur le monde qui questionne !
Ce qui sauve aussi la mise c'est la plume acérée et ironique d'Iegor Gran… Un certain regard sur cet art sublimé du recrutement d'espion (pardon d'agent car jamais ce mot d'espion ne sera utilisé dans tout le manuel !) qui a un petit goût suranné mais qui est aussi instructif pour comprendre ce qui alimente les conflits modernes.
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
03 avril 2024
Iegor Gran traduit et commente un sidérant manuel de recrutement d’agents.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Culturebox
27 février 2024
Avec ce récit, une nouvelle fois, Iegor Gran semble obsédé par l'appareil sécuritaire russe. [...] C'est un mélange de conseils pratiques, d'astuces de surveillance, filatures et autres chantages. Mais on y parle aussi de projet social et de politique.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
21 février 2024
Par ses analyses – fondées sur son expérience personnelle comme sur une solide connaissance de l’historiographie – et ses jeux ironiques avec un texte dont il sait dégager la force comique, il le transforme en un fascinant (auto) portrait de l’Homo sovieticus, d’hier et d’aujourd’hui.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
05 février 2024
L'écrivain lutte à sa façon contre la propagande russe, guerre en Ukraine oblige. C'est dans cet esprit qu'il traduit et éclaire un manuel de recrutement du KGB de 1969.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Le manuel russe du KGB "n’est pas de la haute littérature. Les phrases ont la légèreté du char d’assaut coincé dans un couloir".

(page 16).
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Il faut faire ici une précision de vocabulaire essentielle. Le futur diplômé du KGB, ainsi que tous les "anciens" en poste à l'étranger, sont des officiers du renseignement. Les agents, eux, sont les recrutés. Ils peuvent être de nationalité étrangère ou soviétique (dans ce cas, on parlerait aussi d'indics ou de seksot - aucune connotation sexuelle dans ce terme, qui s'obtient par juxtaposition des premières syllabes de sekretni sotrudnik, "collaborateur secret"). Leur dévouement et leur abnégation auront beau être absolus, ils n'en resteront pas moins des agents, et seront considérés de fait comme inférieurs en rang aux officiers du renseignement, les vrais, les purs.
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Oh, ce n'est pas de la haute littérature. Les phrases ont la légèreté du char d'assaut coincé dans un couloir."
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Videos de Iegor Gran (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Iegor Gran
Iegor Gran vous présente son ouvrage "L'entretien d'embauche au KGB" aux éditions Bayard récits. Rentrée Sciences-Humaines 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2993521/iegor-gran-l-entretien-d-embauche-au-kgb
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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