Le pianiste sans visage

s"il vout plait je doit choisir un extrait le plus mieux de l'histoire et je dois dire pourquoi ? Merci

Les garçons, je crois, ont l'art d'entreprendre les choses les plus sottes et les plus inattendues quand ce n'est vraiment pas le moment, et de ne rien tenter quand la situation devient propice.

«Il parut très surpris et sourit avec une sorte d’indulgence : - s’intéresser à la musique je trouve que c’est toujours une bonne idée. Quel que soit le moyen employé. - Ma mère juge que je suis trop vielle pour commencer. C’est vrai ? -La musique, c’est comme le sport. » J’aime cette citation parce qu’il n’est jamais trop tard pour commencer quelque chose.

Oriou (un professeur de Français) a lui aussi le chic pour faire l'autopsie de n'importe quel poème.
Si bien que le moindre texte de Rimbaud soigneusement décortiqué par ses soins ressemble à la fin de l'heure, au cadavre disséqué d'une grenouille.
Après ça, on comprend parfaitement comment le poète s'y est pris. Mais son texte est devenu aussi fané que la fleur d'un herbier.

Comment expliquer ce qui se produisit alors ?
J'en suis bien incapable.
Il s'agit d'un ensemble.
Mais l'œuvre et la façon dont elle était interprétée me touchaient soudain.
C'était comme une porte qui s'ouvrait.
Ou comme une vague qui m'aurait emportée.
Oui, une vague, car j'étais tout à coup dans un autre élément ; et je me laissais bercer, stupéfaite.
Ainsi, c'était cela, la musique classique ?
Et, je l'avais ignoré si longtemps ?

- Maman! Regarde le garçon, qu'il est moche!
- Louis! Tais-toi !
Impossible de marcher plus vite ou de baisser plus la tête que je ne le fais déjà. Je suis repéré, même si j'essaie de me cacher. L'horreur fascine. La monstruosité attire plus que la beauté.

Et je garde des premiers accords qu'il plaqua sur son instrument, l'écho d'une émotion extraordinaire.
........
Lorsque je réentends aujourd'hui ce morceau (je sais qu'il s'agit de la sonate Wanderer de Schubert), je retrouve la magie de cet instant exceptionnel.

Cette lettre, c'est peut-être mon passeport pour ma nouvelle vie. Je n'ai pas touché au clavier depuis ce quinze mai. Est-ce que le Conservatoire va m'aider à me remettre en selle après cette chute sans fin ?
Le piano était ma respiration, mon évasion, c'est en jouant que je pouvais libérer tout ce qui rugissait à l'in térieur de moi.
Mais c'est fini. J'ai abandonné. Plus de quatre mois que je n'ai plus posé mes doigts sur un clavier. Ça ne pardonne pas, en dixième année. Je suis larguée, fichue.
La seule chose qui me relie à ma nouvelle vie, c'est ce carnet noir à lignes rouges où je gratte furieusement mes impressions, comme si mes blessures intérieures pouvaient s'y noyer. J'ai passé plus d'une heure à le chercher dans une librairie la semaine dernière. Je voulais qu'il ressemble à l'état de mon cœur.
Noir du désespoir et lignes de sang vermeil.

Tu m'as dit:
- Tu crois que quand on est mort, on continue à veiller sur ceux qu'on aime ?
Et j'ai répondu :
- Pourquoi il faudrait attendre d'être mort pour veiller sur eux ?
- Parce que quand on est vivant, on ne sait pas toujours comment faire.
Et là, probablement parce que ça me gênait, j'ai dévié la conversation sur ce que m'avait raconté Louise un jour. Elle pensait que sa grand-mère était toujours auprès d'elle et qu'elle l'aidait à prendre des décisions dans les moments où elle était perdue. at on est restés