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Bill Griffith (II) (Autre)Renaud Cerqueux (Traducteur)
EAN : 9782917897478
249 pages
Editions Presque lune (19/06/2020)
3.44/5   9 notes
Résumé :
De 1840 à 1940, le Freak Show est une véritable institution aux USA, avec ses grands étendards et ses fanfares de rue, où chacun se dispute des monstres toujours plus extraordinaires. Si on peut se féliciter de la disparition de ces cirques ambulants- car certainement perçus comme une simple exploitation de monstres- beaucoup d'entre eux ont fait le choix de ce statut "d'artiste" afin de connaître une authentique chance d'ascension sociale.
Surnommé " Tête d'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Encore une BD sur le Freak Show qui a inspiré par exemple le cinéma avec des films comme « The greatest showman » décrivant la biographie de Phineas Taylor Barnum. En effet, ce dernier était un entrepreneur de spectacles américain. Il a fondé un cirque où il montrait l'étrangeté et la curiosité à grand renfort de publicité.

Il y avait l'homme chien, une femme à barbe, des soeurs siamoises mais également Schlitzie surnommé Zip, la tête d'épingle qui fait l'objet de cette BD. En réalité, toutes ces personnes constituant des phénomènes de foire souffraient d'handicap mental et physique.

Pour autant, nous savons maintenant que ces personnes pourtant exploitées ont été plutôt bien traitées et constituait une véritable famille qui se serrait les coudes en cas de difficultés. Ils étaient des exclus de la société à cause de leurs malformations physiques. Il est vrai que les exhiber a quelque chose de choquant moralement.

Schlitzie a même fait du cinéma (The sideshow en 1928, Freaks en 1932) avant de faire de brèves apparitions cinématographiques. Il a surtout fait des tournées à travers le monde en changeant parfois de protecteur. Il est mort à l'âge de 70 ans des suites d'une pneumonie. Il a été enterré anonymement avant qu'une association de fans organise en 2007 une collecte pour faire poser une plaque gravée sur sa tombe.

Ce comics underground de Bill Griffith lui rend un véritable hommage en le réhabilitant. La lecture a d'ailleurs été assez agréable grâce à une narration bien dosée. L'auteur respecte une certaine objectivité qui est tout à fait louable.

Un dessin assez rétro en noir et blanc vient marquer une touche finale qui s'intègre bien sur ce type de récit.

C'est un titre à découvrir pour la petite histoire qui se cache derrière le phénomène de foire.
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Un magnifique roman graphique en noir et blanc retraçant avec une grande délicatesse la vie de Schlitzie le microcéphale, qui s'est produit dans des "sideshows" de 1930 à 1970. le personnage est très touchant. Je vous recommande chaleureusement ce livre où Bill Griffith a su trouver le ton juste pour décrire ces artistes marginaux.

En 1963, alors qu'il était étudiant en art, Bill Griffith découvre "Freaks" ("La monstrueuse parade"), un film réalisé en 1932 par Tod Browning. Les personnages sont principalement des "monstres" qui se produisent dans des "sideshows", c'est-à-dire des ménageries humaines annexées à des cirques ou à des fêtes foraines, populaires aux États Unis. On y voyait entre autres Schlitizie, un homme microcéphale, qui a réellement vécu de 1901 à 1971.

Schlitzie a inspiré le personnage principal des bandes dessinées de Bill Griffith, Zippy the Pinhead (Zippy tête d'épingle). Dans sa préface, l'auteur rapporte que depuis 1963, il a en projet de dessiner la biographie de Schlitzie. Avec beaucoup de patience, il a collecté des informations rares qui lui ont permis de faire aboutir son projet plus de 50 ans plus tard, en 2018.

On peut imaginer qu'au fil de toutes ces années, Bill Griffith s'est pris d'affection pour Schlitzie, car son livre fait preuve d'une grande délicatesse. le ton est juste dans le sens où l'on n'y trouve aucune sorte de pitié condescendante, ni aucun voyeurisme. Schlitzie et ses partenaires sont présentées comme des personnes pareilles aux autres.

Schlitzie souffre d'une malformation physique mais également d'un retard mental qui rend son comportement enfantin. On ne sait trop pourquoi, il est souvent présenté aux spectateurs comme étant une femme. Néanmoins, si j'ai bien suivi, il ne semblait pas souffrir de ce rôle. Plus généralement, il me semble avoir eu la chance d'être toujours bien traité par ceux qui l'ont employé. Il s'est produit jusqu'à la fin de sa vie, avant d'être emporté par une pneumonie. Saartjie Baartman, la Vénus noire, avait connu un sort plus tragique.

Vous l'aurez compris, ce beau livre m'a été d'une lecture fort agréable. Je vous le recommande pour lui-même et aussi comme point de départ d'une réflexion sur ces "ménageries humaines" où l'on exhibait des "monstres" et des "sauvages". Personnellement, le sujet m'intéresse depuis que j'ai visité l'exposition "Exhibitions. L'invention du sauvage" au Musée du Quay Branly en 2012 (je regrette maintenant de ne pas en avoir acheté le catalogue). Ces pratiques avaient encore cours au 20e siècle, malheureusement...
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Pinehead, la tête d'épingle, l'une des "créatures" les plus célèbres du Freak's Show a un nom : Schlitzie Surtees comme il l'est indiqué sur sa tombe.
Cette bd américaine est a priori le fruit d'un long travail mené par Bill Griffith, un auteur de la bd underground américaine plutôt peu connu en France et qui avait déjà réalisé une série de comics strips autour de Zip , un autre fameux pinehead dans les années 70 ( si j'en crois Wiki).
Au passage, je signale à Babelio une erreur quand à la fiche du livre. L'auteur affiché n'est pas celui du comics. Dans la fiche , il est fait référence de Bill Granger, un écrivain américain dont l'un des pseudonymes est Bill Griffith mais ce n'est PAS le Bill Griffith du comics.

Dans tous les cas, on peut dire que les Freaks sont un sujet qui semble tenir à coeur Bill Griffith depuis que ce dernier a vu la fameuse réalisation de Tod Browning " Freaks" dans les années soixante, un film percutant auréolé d'une certaine réputation partagé entre censure et reconnaissance.
Dans ce film, une joyeuse tête d'épingle a droit à une sympathique scène. Il s'agit de Schlitzie. Et, autant le dire, Schlitzie c'est un rayon de soleil dont on prend plaisir à lire sa biographie. Porteur d'une joie et d'un sourire qui semble omniprésent dans ce titre, Schlitzie est un homme qui appelle à la compassion. Microcephale avec une perpétuelle âme d'enfant, abandonné par ses parents, vendu aux Sideshows , c'est à dire les fameux cabarets de Freaks, Schlitzie fit aussi bien face aux cruelles moqueries de certains visiteurs tout comme il fut baigné dans une certaine solidarité et une belle amitié tout en tendresse de la part de ses protecteurs.
Ce qu'on retient de ce comics biographique, c'est bien évidemment le portrait de Schlitzie dont la personnalité est surtout mise en valeur par son rapport aux autres. Peu introspectif malgré quelques hallucinations gentiment absurdes sur Félix le Chat et quelques stars de l'âge d'or hollywoodien, Bill Griffith préfère mettre en valeur cet éternel enfant dans son rapport aux autres. de ce fait, même si il est biographique et qu'on ressent son parcours depuis son abandon par ses parents jusqu'au crépuscule de sa vie alors qu'il se baladait en compagnie de son dernier éducateur au MacArthur Park , Schlitzie demeure un personnage légèrement mystérieux, un être à part dont les répliques décalées, la joie enfantine , le sourire béat en font quelqu'un de singulier et précieux. Il est bon aussi de savourer une biographie sans forcément tomber dans la psychologie intime d'un personnage.
Côté dessin, je pense que nous sommes surtout dans de la bonne vielle école. C'est une ligne claire façon comics américain avec un certain degré de réalisme. C'est un réalisme qui est rendu par le souci du détail publicitaire comme les nombreuses pancartes , écriteaux et autres devantures témoignant des sideshows et qui est aussi exacerbé par le noir et blanc renforçant l'ancrage temporel de ce titre. C'est un titre bien garni mais qui n'est jamais étouffé par son verbiage car Griffith prouve ses grandes qualités de narrateur à travers une mise en scène fluide et diversifié. Il y un réel mouvement dans ce titre jamais rigide même si le dessin noir et blanc un poil rétro (mais qui colle tellement bien au cadre de l'histoire) peut sans doute rebuter certains lecteurs.
Personnellement, je me suis régalé devant cette bd . Quelques exemples de cette mise en scène : parfois, nous avons des petits passages hallucinés, plus introspectifs de Schiltzie , une mise en scène plus dramatique avec un jeu plus prononcé de clair-obscur durant la période où cet homme est enfermé dans un asile psychiatrique. Mais l'un des meilleurs moments de cette bd, c'est la séquence dans laquelle Schiltzie rencontre deux espèces de bobos qui voit en lui avec ses répliques absurdes un génie totalement décalé. C'est une scène comique renforcée par les lignes arrondies des cases. Cette scène évoque un peu la naiveté d'un Forrest Gump qui , avec sa candeur, traverse un peu L Histoire. C'est plus réaliste dans cet album mais la vie de Schlitzie évoque aussi ce merveilleux du Freak Show qui a traversé et fini son temps. On peut légitimement critiquer l'opportunisme et l'immoralité du Freak's Show mais la bd de Bill Griffith montre aussi, tout comme le film de Browning, l'humanité et la solidarité qui se cache chez ces artistes. Artistes , freaks à qui fut donné la chance d'avoir un travail, un toit et à manger surtout dans durant des périodes difficiles d'intolérance. Certains en ont même gagné une postérité tout comme l'émouvant parcours de Schlitzie.

Tête d'épingle est une excellente biographie, un peu classique dans son style de dessin, elle est cependant captivante grâce à une narration variée et un personnage dont la présence solaire transcende le noir et blanc d'une époque pas si lointaine.
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🖤 Ce que j'ai aimé :

➕ le sujet de ce roman graphique : le personnage de Schlitzie, très attachant, qui a toujours le sourire aux lèvres et qui ne semble pas se rendre compte des atrocités qui se passent autour de lui. Au-delà de ça, c'est également tout ce monde des « Freaks » qui est abordé d'une façon objective, mais on ne peut s'empêcher de l'aborder avec un regard critique : on assiste aux diverses représentations et aux moqueries des spectateurs, à la peur et au jugement de la population… C'est un aspect très important du monde du cirque et du cabaret. Schlitzie a énormément voyagé et a été confié à diverses personnes tout au long de sa vie, ses véritables parents l'ayant vendu pour ce monde du spectacle. Cela m'a beaucoup sensibilisée.

➕ le graphisme : j'ai beaucoup aimé les dessins en noir et blanc, qui possèdent un côté rétro qui colle très bien avec l'histoire et l'époque abordée. L'abondance des détails a rendu l'ouvrage encore plus passionnant, sans faire trop. On y retrouve beaucoup de pancartes, d'affiches publicitaires de l'époque, présentant notamment les différents shows.

➕ La documentation. On perçoit au fil de notre lecture que c'est un ouvrage documenté et que Bill Griffith s'est énormément renseigné sur cette époque. Certains passages sont plutôt flous car une grosse partie de la vie de Schlitzie n'est pas documentée. Certains éléments ont donc été imaginés, mais ce n'est pas du tout dérangeant et on ne les perçoit pas.

➕ L'intervention de l'auteur, Bill Griffith, dans son approche du personnage de Schlitzie. En effet, il intervient lui-même dans la BD : on voit comment il a connu ce monde et ce personnage qui le fascine tant (après avoir vu le film « Freaks » de Tod Browning notamment) ainsi que ce qui l'a mené à réaliser cette oeuvre. J'ai trouvé ce mélange d'époques très intéressant et je ne m'attendais pas à ce que l'auteur s'inclue lui-même.
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Etrange roman graphique et historique que celui-ci. L'auteur nous plonge dans l'univers du cirque ambulant aux USA à la fin du XIXe et au début du XXe, et notamment dans les exhibitions de "monstres". Il nous présente la vie de Schlitzie, "le microcéphale", d'une façon objective.
J'ai apprécié les dessins de Bill Granger et la superbe couverture rigide qui met bien en valeur ce roman graphique. En revanche, j'ai trouvé que la narration était décousue avec à la fois des longueurs et de brusques accélérations. La partie biographie domine certains passages au détriment de la partie narrative : je pense à certaines argumentations pour savoir si tel événement de la vie de Schlitzie a pu se passer à telle date ou plutôt à telle autre. Je ne suis clairement pas assez initiée pour trouver de l'intérêt à ces débats.
A noter qu'une part importante de ce livre est consacrée à la réalisation du Film Freaks (1932), qui met en lumière l'univers du cirque et des exhibitions de façon très acide. Je ressors de cette lecture en ayant très envie de voir ce film !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Fitzgerald n'était pas le seul indisposé par la présence des monstres à la cafétéria MGM, parmi les autres employés et acteurs...
Le directeur des studios, Louis B. Mayer, passait sur le plateau, un jour, quand ....
-YAAAAARGH !!
Prince Randian, "la chenille humaine" aimait se tapir dans l'ombre pour effrayer les passants d'un cri terrifiant...
Un compromis fut trouvé : les nains et les sœurs siamoises étaient tolérés à la cafétéria, mais tous les autres mangeaient à l'extérieur, loin des âmes sensibles.
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Avec le temps, on réalise qu'ils ne s'apitoient pas du tout sur leur sort.
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- Tu sais ce qu'est un sénateur, Schlitzie ?
- Sensas ?
- Eh bien, on peut dire que... après M. Roosevelt, ce sont les hommes les plus importants du pays...
- Alors ils peuvent manger la moitié de mon poulet !
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Espérant éviter la censure, Esper ajouta un prologue à Freaks afin de lui donner un ton presque "didactique".
"La révulsion avec laquelle nous percevons l'anormal, le difforme et le mutilé est le résultat d'un conditionnement ancestral. La majorité des monstres ont des pensées et des émotions normales. Leur sort est vraiment déchirant ... Par égard pour les nombreuses injustices subies (ils sont victimes du destin), nous présentons l'histoire d'ANORMAUX et de rejetés la plus ETONNANTE qui soit."
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Quand il écoutait la musique à la radio, il se balançait en disant : "V'voyez? V'voyez?" Il dansait avec cette expression qui semblait vouloir dire : "C'est cool, hein?"
... Je me suis attaché à lui ...
Schlitzie invitait vraiment à la compassion.
Schlitzie semblait baigner dans le bonheur. Dans ses yeux, on apercevait une conscience grande ouverte ...
...Il n'y avait ni bien, ni mal, ni légal, ni illégal... Il n'y avait qu'une folle joie.
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