Les premières pages de l'album installeront le cadre et nous reviendrons sur une page de la grande Histoire de l'Amérique, celle du Nord.
Pas très glorieuse, hélas.
C'est un cycle qui nous sera présenté et la narration adoucira le propos.
Cela ressemblerait presque à une rétrospective tout en peintures indiennes, un conte déroulé en art pariétal.
On y retracera rapidement une chaine "alimentaire", l'action d'un prédateur qui en chassera un autre. Dans ce lot, on distinguera tout de même les prédateurs respectueux de la nature, ceux l'exploitant pour vivre et non pour s'enrichir.
Le vieux loup Lobo entrera en scène dans ce contexte difficile où les plaines et le bétail seront contrôlés par les immigrés d'Angleterre, les nouveaux américains, leur laissant toujours moins de territoire pour vivre, chasser.
Le propos nous poussera donc à considérer et respecter le loup dans toute sa nature complexe qui peut, suivant les légendes, nous apparaitre comme mauvaise.
Dans la réalité humaine, Lobo ( traduit de l'espagnol: loup) et sa meute étaient des hors-la-loi, insaisissables, voleurs de bétails. Ils voulaient tous sa peau.
Ceci nous rappellera quelque chose, nous avons en tête son cousin humain de légende " El Zorro" ( traduit de l'espagnol: renard).
Notre loup se montrera sans doute plus impitoyable afin de protéger sa meute en voie d'extinction.
L'aventure redoublera d'intérêt avec la rencontre prochaine d'
Ernest Thompson Seton, un naturaliste anglais, immigré à New York.
Le personnage et son statut sont intéressants. Les naturalistes avaient jusque là dans nos lectures le rôle d'observateur, de collecteurs de savoirs et de médiateur.
Sans l'invention de l'appareil photo à disposition, ils offraient une représentation sur papier des curiosités biologiques inédites des mondes encore étrangers: faune et flore.
Seton ne semblera pas avoir cette posture seule de spectateur, ce n'est pas un protecteur, par encore, concernant les loups, c'est un chasseur.
Pourtant l'auteur-illustrateur
William Grill nous conservera cette direction prise, d'observateur, avec ses si petites vignettes sans contours, qui nous contraindront paisiblement à prendre le temps, nottament aux petits détails.
Avec ces sortes de zooms d'activités d'un grand tout sauvage et aride,
William Grill replacera en tous cas le dessin au service de son texte.
Le dessin y apportera un peu moins de rudesse, accordera un autre regard sur cet environnement. Nous ressentirons l'ouest lointain, forcément, avec le jeu de crayons de couleur, comme un peu plus paisible.
Seton va se prendre de respect pour ce roi des loups dont le comportement suggérera une malice plus fine que celle des hommes qui voudront le piéger, ceci dénotera aussi une grande intelligence surprenante ( pour un animal, comprendrons-nous).
Le récit est captivant, multipliant les mauvais tours pour en finir avec les loups, pièges, fusils, poison, et nous attendrons de voir quel sera la position de Seton le célèbre Lobo une fois face à lui.
Aura t-il cette occasion?
Cette histoire vraie est un émouvant playdoyer dédié à la cause animale.
La fin de l'ouvrage fera un point rapide sur les répercussions de cette rencontre historique entre Seton et Lobo.
On a aimé.