AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


Il y a deux sortes de contes : les contes populaires ou traditionnels, qui remontent à la nuit des temps (et peut-être avant), anonymes, généralement, et qui, à leur façon, constituent un des fondements de notre imaginaire. Et puis il y a les contes littéraires, signés par des plumes plus ou moins reconnues, inspirés souvent par les premiers, recréés, réinventés par le biais de la littérature ou de la poésie. Contrairement aux contes populaires qui n'ont d'autre intérêt que raconter une histoire, les contes littéraires s'inscrivent dans un cadre précis : contes merveilleux (Perrault, Mme d'Aulnoy, Mme Leprince de Beaumont…), contes libertins ou licencieux (Boccace, La Fontaine…), contes philosophiques (Voltaire, Diderot…), contes fantastiques (Hoffmann, Gautier…), contes contemporains (Maupassant…), contes allégoriques (Saint-Exupéry, Richard Bach – « Jonathan Livingstone le goéland »), ou simplement contes fantaisistes (Marcel Aymé, Pierre Gripari…)… Par définition, un conte est une histoire « incroyable », c'est pourquoi il n'y a que dans les contes qu'on peut trouver en toute impunité des histoires d'anthropophagie (« le petit Poucet »), d'inceste (« Peau d'Ane »), d'abandons d'enfants et d'horreurs en tous genres, parce que dès le départ on sait que CE N'EST PAS VRAI ! Les écrivains auteurs de contes ont joué avec cette notion, de sorte qu'au fil du temps, les « contes » devenaient de simples « nouvelles », avec tout le panel fictionnel que cela suppose.
Et puis sont venus les frères Grimm. Il faut leur faire une place à part car, même s'ils sont reconnus comme écrivains à part entière, Jacob (1785-1863) et Wilhelm Grimm (1786-1859) sont surtout des initiateurs, des défricheurs, des collectionneurs, des sauveurs de patrimoine. C'est bien dans cet esprit, que dès 1806, ils ont commencé à collecter des contes populaires allemands, spécialement dans le « land » de Hesse, et c'est en 1812 qu'a eu lieu la première édition des « Contes de l'enfance et du foyer » (il y en aura sept de 1812 à 1857) : citons parmi les plus connus : « Blanche-Neige », « Cendrillon », « La Belle au Bois dormant », « le Petit Chaperon rouge », « Les Musiciens de Brême », « le Vaillant petit tailleur », « Hansel et Gretel », « Raiponce », « Tom Pouce », etc. Dans l'idée des frères Grimm, il s'agissait de sauver le patrimoine d'un imaginaire « germanique », ce que n'a pas manqué d'exploiter l'idéologie nazie. Mais, quoiqu'ils ne l'aient jamais reconnu, il se sont inspirés également de légendes qui couraient partout en Europe, et qui parfois avaient déjà fait l'objet d'une translation par d'autres écrivains (Perrault, entre autres). Hormis ce point somme toute mineur, il faut admettre que le travail colossal des frères Grimm a donné lieu à un chef- d'oeuvre de la littérature allemande (et mondiale), et disons-le aussi, de la littérature romantique européenne. Grâce à eux, le conte a pris sa place dans la sphère littéraire (fiction ou pas), il a pris un caractère « adulte », et s'il n'y avait pas eu les « Contes » de Grimm, il n'est pas certain que les « Contes » d'Hoffmann et ceux d'Andersen, auraient eu le même succès.
Et que dire de Walt Disney ! On aime ou on n'aime pas son style, mais il faut bien reconnaître que sans les dessins animés de « Blanche Neige », « Cendrillon », « La Belle au bois dormant » et tant d'autres, le nom de Grimm ne serait connu que par certains amateurs de littérature…
Commenter  J’apprécie          92



Ont apprécié cette critique (7)voir plus




{* *}