Bizarrement ficelé ce polar de Josh
Grisham ! J'avais gardé une bien meilleure image de ces précédents romans... parce que là, franchement, je suis restée à la limite de la déception au fil des pages...
L'histoire est très longue à se mettre en place, avec la description de cet ouragan Leo qui n'en finit pas. A quoi bon nous relater en long en large et en travers cet épisode : Leo est une tempête, puis elle se renforce, puis non, puis elle passera par là, ou peut-être pas, et faut-il évacuer l'île, ou non, et pourquoi oui, et pourquoi non, et comment se préparer à rester ou à fuir, etc, etc... Pourquoi l'auteur n'en vient pas au fait directement ? Un ouragan s'abat sur l'île, et après son passage, le corps de Nelson Kerr est découvert, point besoin d'épiloguer pendant plusieurs chapitres !
Et enfin, après tout ce blabla, l'enquête commence enfin... ou presque... Là encore, beaucoup de digressions en cours de route tout à fait inutiles, qui nuisent au "tempo" de tout bon polar, ce qui confine parfois le lecteur à l'ennui.
Puis, péniblement, les éléments de l'intrigue finissent par apparaître, mais sans grand suspense ni grandes révélations. Cela reste assez plat, tout comme le palpitant du lecteur...
J'ai toutefois plus apprécié les passages décrivant le scandale du maintien en vie de résidents de maisons de retraite, avec ce cynisme propre au bon polar, ou quand il est question de gros sous, la morale et l'éthique disparaissent. Cette évocation n'est pas sans nous rappeler les révélations faites dans le livre "Les fossoyeurs".
Au cours de ma lecture, j'ai également relevé quelques phrases qui m'ont interpellée :
"Il baissa la voix d'une octave ou deux et murmura [...]" : non, parler plus grave n'est pas la même chose que parler moins fort, c'est la différence entre tessiture et nuance ! Et si vous arrivez à baisser votre voix d'une octave ou deux en parlant, il est conseillé d'aller consulter un ORL de toute urgence !!!
"Noëlle, en Française pure souche, ne voyait aucun inconvénient à partager sa vie entre deux hommes, à condition qu'il y ait de l'honnêteté et de la transparence des deux côtés" : d'où sort ce cliché de la femme française libertine !?
"Merci, je n'ai pas faim, annonça-t-elle. (Mais à voir sa ligne, il était évident qu'elle n'aurait pas rechigné devant un friand.)" : bravo M.
Grisham, voilà une remarque très classe et très subtile !!!
Bon, que dire de plus, si ce n'est que "
Le cas Nelson Kerr" restera un cas anecdotique parmi les ouvrages de
John Grisham. Alors si vous ne connaissez pas cet auteur, je vous déconseille de commencer par ce polar.