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EAN : 9782361837020
496 pages
Les Moutons Electriques (23/04/2021)
2.75/5   4 notes
Résumé :
Trois cents ans d’institution raciste partent en poussière quand Washington se désagrège, balayé par une catastrophe naturelle d’un genre nouveau.
Soudain, les dominations basculent, les minorités s’inversent, les Noirs prennent le pouvoir.

Deuxième roman de l'auteur, Paradis Année Zéro, écrit avant l’ère Trump et les violences policières récentes, s’est imposé à lui comme une prophétie.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Courant alternatif est un nouveau label des Moutons Électriques, présenté comme « engagé et enragé » faisant la part belle aux « fictions politiques, écologiques et sociales, mais également [aux] dystopies et d'utopies » comme l'indique leur site. Quatre titres sont disponibles au catalogue au moment de rédiger ces lignes, dont Paradis, année zéro de Christophe Gros-Dubois – deuxième roman de cet auteur venant du cinéma.

Une catastrophe inédite et inexpliquée, littéralement, vient frapper les USA. Les belles baraques s'écroulent tandis que les taudis restent droits — même si parfois de guingois. D'autres conséquences adviendront au fil du récit, comme autant de prétextes à promouvoir la narration de l'auteur. Parallèlement, une invention va redistribuer les cartes entre les différents protagonistes.

Au milieu de ce Washington en perdition, de nombreux personnages se rencontrent, s'évitent et s'affrontent, dont de nombreuses femmes africaine-américaines. Une mère et sa fille, militantes de deux générations distinctes, ou encore une cascadeuse meurtrie par la mort de son frère. On croise aussi un ersatz de Mike Tyson et un homme ayant été touché par la crise des subprimes. Dans le camp d'en face, le policier qui a abattu le frère évoqué précédemment, un videur-biker tendance néo-nazie et un jeune redneck ayant ouvert le feu dans une église. Si cette galerie de personnages semble stéréotypée, leurs évolutions sont néanmoins intéressantes, et laissent la place à une complexité bienvenue.

Hélas, le paratexte dessert le roman. Entre la quatrième de couverture annonçant que le texte date d'avant Trump et les « violences policières récentes » (pléonasme), parle de « prophétie » et la première qui annonce comme thématique du livre : « la fin du racisme et après », on se demande jusqu'à la toute fin s'il n'y a pas erreur sur la marchandise. Que l'auteur ait eu l'idée de son livre il y de nombreuses années est une chose, mais laisser entendre que ce roman qui parle de Biden et de Covid a été « Écrit avant » donne une saveur de toc à l'ensemble. Par ailleurs, annoncer « la fin du racisme » comme thématique est assez osé, et plus encore le « après » puisqu'il ne constitue que les toutes dernières pages de cet épais roman.

On déplorera beaucoup de coquilles, parfois sur les noms propres : « Bookter T. Washington » ou le fréquent « Malcom X ». L'usage de l'italique pour les termes anglais est irrégulier, de même que la pertinence des notes de bas de page. Et si l'auteur fait montre d'une grande culture africaine-américaine, et étatsunienne en général, comment expliquer la confusion entre Washington et l'État de Washington à la toute fin ? La question est posée sans ironie.

Grosse déception que cette utopie post-apo un peu trop foutraque et inutilement lubrique, sur une thématique complexe mais d'actualité permanente. Une sorte de pétard mouillé, vu le résultat alors que Richard Wright et James Baldwin, deux auteurs africains-américains majeurs, sont évoqués, de même que Frantz Fanon, à qui l'on doit Les Damnés de la terre, livre de chevet du Black Panther Party.

Critique issue du Bifrost numéro 104 :
https://www.belial.fr/blog/paradis-annee-zero
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
John n’ose même pas regarder dans les yeux ceux qu’il a précipités dans la précarité pour avoir cru au sourire flatteur d’un sale petit morpion.
L’air satisfait des avocats de la partie adverse le tue. Ces enfoirés rangent leurs dossiers en se tapant dans le dos. Pour eux, c’est tout bénef. La Bank leur accordera un bonus – une bonne pipe et une coupe de champagne au réveil !
Dans trente jours, c’est l’expulsion.
John ramasse ses affaires et quitte la salle du tribunal. Les gens qu’il croise s’écartent, John vocifère, la bave aux lèvres.
« La grande tricherie des Banks ? Te faire péter plus haut que ton cul et te laisser croire que l’addition, c’est pour eux. Mais non, elle est pour toi, mon connard ! Aujourd’hui, elle solde les comptes, t’expulse de ta maison. Ta grand-mère finira à l’Armée du Salut, et toi, en prison. Quelle naïveté d’imaginer foutre en échec JP Morgan, première Bank d’investissement au monde ! »
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« Je t’apprends rien, Shane, les studios, ils ont peur des acteurs noirs et de ce qu’ils incarnent. Ils vont réaliser un film, dépenser l’équivalent du PIB d’un pays de l’Est et engager, pour interpréter Rodney King, un acteur blanc. Et comme ils se sentent merdeux, ils vont remonter l’arbre généalogique de l’acteur pour dénicher un ancêtre qui a croisé, au xviiie siècle, un Noir, sur une route de campagne. Gagné ! Le comédien blanc se révèle légitime à retranscrire notre expérience ! Leurs conneries nous obligent à nous radicaliser, à tel point que l’on devient fous et que l’on juge qu’une Noire n’est pas assez noire pour jouer le rôle d’une Noire ! Tout ça parce que les Blancs sont bourrés de préjugés. Ces enfoirés ont peur de mon monstrueux vagin, de mes tout aussi monstrueuses fesses de négresse et refusent de me laisser les offrir au public ! Dis-moi que tu as envie d’offrir tes fesses ! Dis oui, chérie ! »
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« Je suis obligée de m’arrêter… » murmure Lisa.
Les rues sont bloquées, des barrières ont été dressées pour empêcher une voiture de foncer dans la foule. Shane découvre les pancartes, entend les cris de haine.
« Les enfoirés répondent présents, avec leurs slogans qui puent le nazi moisi…
– T’inquiète, on va faire bloc. On est venus en force… »
Shane ne dit rien, son téléphone sonne. Quand elle raccroche, son visage est tendu.
« J’y vais, mon avocat m’attend. On se voit au tribunal ?
– Tu peux compter sur moi ! »
Shane lui fait un clin d’œil avant de sortir de la bagnole. Elle joue la brave, mais elle se sait vide. Après une respiration, longue et puissante, une apnée complète, elle se dirige vers le tribunal.
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John passe la porte du tribunal et découvre une meute de journalistes à l’affût.
Ébloui par le soleil, il se demande si les caméras sont pour lui et son procès perdu. Tout lui revient quand il lit sur une pancarte Justice For Walt.
Il reste un instant à contempler la jeunesse blanche tenue à bonne distance des partisans de Walter Wright par un cordon de flics surarmés. Des types en polo, en jean et casquette Dockers, des mecs atrocement ordinaires, à la gueule déformée par la haine, postillonnant des slogans racistes et vengeurs.
Si c’est ça la race blanche, je remercie Dieu d’être un nègre, pense John en s’éclipsant sur la pointe des pieds pour disparaître, loin.
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Parce que les protagonistes des luttes d'aujourd'hui engagent ceux du futur. Le flambeau de la révolte passe par la mémoire des conflits antérieurs. Si personne n'archive, on oubliera les causes de nos révoltes. On oubliera même qu'il est possible d'espérer autre chose. (58)
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