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sur 142 notes

Ursulines... arsenic et vieilles dentelles...

Il est des localités qui, en dépit de leur honorabilité citoyenne et historique, se retrouvent à jamais marquées du sceau des extravagances, des outrances et autres aberrations avilissantes dont les seuls responsables sont indéniablement les humains...

Ainsi, la bonne ville de Loudun, dans le nord Vienne, cité aux confins du Poitou et de l'Anjou, a-t-elle vu ternir sa réputation par des événements peu ordinaires qui, en leur temps, ont défrayé la chronique : Au XVIIe siècle L'affaire des Ursulines possédées par les démons mettant en cause le prêtre Grandier et, plus proche de nous, dans la deuxième moitié du XXe siècle, l'affaire Marie Besnard, dite "l'empoisonneuse de Loudun".

Deux faits peu glorieux, hélas, bien trop retentissants, dont les habitants de cette valeureuse cité se seraient bien passés.

Sexe in the city...

Vivre recluse, en s'adonnant à la prière rituelle et méditative, au labeur intensif, en se privant des joies simples de l'existence ordinaire et relationnelle, n'est pas sans risque pour les sujets vouant ainsi leur quotidien, à la cause religieuse qui les met au service du Seigneur Dieu et du Christ Rédempteur. Il y a à l'opposé, la partie adverse qui n'accepte nullement cet engagement et cette fidélité indéfectibles à cette élévation spirituelle. Tirer le balancier vers le bas et pourquoi pas en-dessous de la ceinture... la gente démoniaque s'estime lésée dans cette quête de sainteté. Ces résidentes du couvent, nonnes et nonnettes aux visages angéliques à la vocation précoce, résisteraient-elles à la tentation de la chair, aux extases des caresses interdites, ne succomberaient-elles pas aux attitudes lascives, aux brusques envies de copulation et aux transports d'orgasmes jouissifs et irradiants ?...

Une existence extatique bipolaire vouée à son Seigneur Dieu, mais aussi soumise à son corps... telle est alors l'ambiguïté, ce paradoxe à partir duquel se met en place l'immonde supercherie pour qui jugerait que les transes indécentes et obscènes de ces soeurs vierges et "innocentes" ne peuvent résulter que de la possession de leurs corps par des esprits sataniques.

Sac in the City...

Au cours du règne de Louis XIII, roi pieux, fervent catholique, c'est, au premier chef, son brillant et intriguant cardinal ministre qui gère l'essentiel des affaires du royaume. Stratège éminent, loyal mais aussi profiteur, le cardinal de Richelieu est présent sur bien des fronts et particulièrement sur celui de la cause huguenote, légitimée par l'Édit De Nantes promulgué par Henri IV, 35 ans plus tôt. En Poitou et Saintonge, les partisans de la réforme occupent beaucoup trop de villes, et représentent un réel danger pour la sainte église protégée par et protectrice de la monarchie. La petite ville de Loudun héberge un nombre important de Protestants...

En fait, supplantant la seule cause religieuse, c'est bien une lutte pour le pouvoir politique qui s'érige sous la férule de Monsieur de Richelieu et ses principaux ennemis se tiennent dans les rangs Huguenots...

La proclamation royale du 31 Juillet 1626, va entraîner la destruction de nombreuses forteresses et ville fortifiées depuis le Moyen-Âge dans l'Ouest de notre pays et Loudun n'échappera pas à ce démantèlement qui met à bas jusqu'au donjon de cette place forte. La raison tient essentiellement au fait qu'il ne faut pas que les huguenots se réfugient dans ces bastions et résistent à d'éventuels sièges que tiendraient, contre eux, les troupes royales de la contre-réforme.



Grand Dieu Grandier !...

Le curé de Loudun, prêtre légitime officiant en cette paroisse dispose, outre sa culture, sa faconde, son dévouement au service divin et à ses paroissiens, d'une belle apparence. C'est un bel homme au visage agréable, à la stature svelte, élancée, une personne aussi charmante qu'avenante qui ne laisse pas insensible la gente féminine. Et cela, Grandier le sait parfaitement, prêtre respecté il est également grand séducteur car, lui aussi, n'est pas insensible aux charmes féminins. Voilà qui ne s'accorde pas avec sa mission sacerdotale, son engagement comme vicaire du Christ. Sublime en chaire par l'élévation de ses sermons et homélies, mais faible en chair quand oeuvrent ses démons.

Mais quel homme se sachant beau et se sentant désiré, résisterait aux appels persistants d'une jeunesse en mal d'amour, d'épouses délaissées, de veuves éplorées ayant perdu toutes joies ? Y aurait-il un mal à aimer, à dispenser ces instants de pure extase à des âmes que les désirs du corps, en vagues langoureuses, assaillent ? Éteindre ces quelques incendies, par son propre embrasement, Grandier se serait-il déjà perdu à cette cause qui dépasse amplement le cadre de son ministère, reniant de ce fait, ses voeux solennels de prêtre catholique ?

L'erreur fut qu'il engrossa par deux fois quelque innocente jeune fille dont celle du procureur du roi, le très catholique Trinquant qui anime en sa maison, des soirées littéraires de haute tenue. Grandier y brille, Trinquant qui l'admire, en fait le répétiteur de sa fille pour lui enseigner le latin... Des belles lettres au lyrisme, du lyrisme aux émois , des émois aux poses lascives, l'esprit abandonne la partie quand le corps exulte. le mal est fait quand l'enfant à naître arrondit le ventre de l'innocente élève... de là Grandier, ce traître, s'est fait de terrifiants ennemis. S'étant adonné à la luxure, de pêcheur honteux en disgrâce, mais aussi proche des huguenots qu'on exècre, condamnant également le célibat des prêtres, il deviendra, au fil d'improbables rebondissements, le sorcier satanique qui ordonne aux démons les plus sulfureux de posséder le corps des petites soeurs du couvent des Ursulines en la ville de Loudun, et, en premier, celui de la mère supérieure la "très sainte" Soeur Jeanne des Anges.

C'est alors que, par la volonté des adversaires impitoyables d'Urbain Grandier, se met en place l'innommable simulacre... Loudun devient le théâtre de la plus sulfureuse affaire de possessions jusqu'alors jamais révélée aux foules lesquelles assistent aux séances d'exorcisme en grand déploiement de pontes ecclésiastiques, de capucins exaltés à la solde du père Joseph, de prêtres exorcistes, une horde de moines, de prélats et de juges fanatiques, poussée par la vindicte de l'intraitable et cruel commissaire Laubardemont dépêché par le roi et son puissant ministre cardinal.

La deuxième jeune femme qu'Urbain Grandier a engrossé c'est la fidèle, pieuse et très jolie Maddalena qui vouait à son prêtre un amour incommensurable pétri d'admiration et de joie infinie. Cela restera confidentiel. C'est en suivant ses pas dans les trois dernières pages du roman que cette tragique et épouvantable histoire prend fin à neuf heures du soir ce 18 août 1634.

Ce roman s'appuie bien sur les faits rapportés par L Histoire. L'auteur en ménageant l'honorabilité du personnage au centre de cette lamentable affaire, nous rend évidente l'innocence du Prêtre Urbain Grandier victime expiatoire de la contre-réforme mais surtout du machiavélisme de ses accusateurs et de ceux qui enviaient son prestige auprès de ses fidèles et, parmi eux, des femmes qui lui vouaient une grande admiration. Les scènes de possessions ne manquent pas de descriptions épiques montrant le grotesque des rites exorcistes et des personnage les pratiquant. le lyrisme prend aussi sa place dans celle du jugement final où l'insoutenable procédure inquisitoire faisant appel à la torture a pour écho la résistance et la ferveur de Grandier qui, jusqu'à son dernier souffle, n'avouera jamais être auteur de sorcellerie. Aux yeux de la foule assistant à son suplice, l'image que ces bourreaux voulaient dégradante, s'inverse alors en celle de victime innocente qui, au-delà des pires tourments, est restée fidèle à son Dieu.

En ce sens également, l'honorabilité de Loudun et de ses habitants a, elle aussi, été victime du plus immonde procès complotiste autant que de la vanité des hommes de pouvoir.

Lien : https://www.mirebalais.net/2..
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"Les diables" de Ken Russell, sorti en 1976, avec Oliver Reed et Vanessa Redgrave.
Magnifique ! Fascinant ! Même dans sa version tronquée par la censure...

40 ans plus tard, dans son roman "Possédées", Frédéric Gros nous conte l'histoire de ces religieuses de Loudun, possédées par Satan et manipulées par l'église catholique, à seule fin d'éliminer Urbain Grandier, favorable au mariage des prêtres.

J'avoue avoir eu beaucoup de mal à lire le style ampoulé utilisé par l'auteur racontant des faits dans lesquels il est difficile de distinguer l'historique du romancé. L'utilisation excessive des parenthèses, les dialogues rapportés, les phrases sans verbe, celles qu'il faut relire pour les comprendre, à cause de leur longueur et de leur lourdeur...

J'ai fini par mettre ce style sur le dos du langage de l'époque, et me suis imposé d'aller jusqu'au bout de ce récit qui pourrait aisément être attribué à wikipédia...
Quelques passages, trop peu nombreux, m'ont toutefois séduit, comme l'entrée de soeur Claire au couvent.
Mais la lourdeur du style a eu raison de mon assiduité quelques pages avant la mort annoncée d'Urbain Grandier.

Le récit semble pourtant bien documenté, avec de nombreux personnages, dont certains sont supposés connus par le lecteur. Mais je voudrais signaler une coquille de taille : l'ordre des Ursulines n'a jamais été assujetti à la règle de Saint Benoît ! Il s'agit de l'ordre des Bénédictines.
Encore un coup du Diable !?
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Ce récit nous transporte au 17ème siècle pour nous conter l'histoire du prêtre Grandier, en délicatesse avec le principe de l'abstinence et de la modestie qui siéent habituellement à la charge presbytérale. Il le paiera cher tant sa naïveté et son orgueil l'ont fait haïr par des rivaux prêts à tout pour lui nuire.
J'ai trouvé ce livre chez Ravy à Quimper alors que je ne le cherchais pas et j'ai été bien inspiré. Il m'a rappelé le récit de Stefan Zweig "Conscience contre violence" dans lequel l'auteur dénonçait l'obscurantisme et l'intolérance appliquées à l'encontre de Michel Servet.
Il faut lire ces récits pour se rendre compte à quel point ils restent malheureusement d'actualité. L'intolérance a changé de forme et de véhicule mais elle règne encore en maître dans nos sociétés dites civilisées.
Et cela n'a de cesse de me mettre en pétard.
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Après "Jésus Superstar", plus scandaleux que "Sous le Soleil de Satan", plus fort que "Les dernière tentations du Christ" Loudun vous propose son dernier spectacle vivant "Possédées" en 3 actes avec ses 3 personnages atypiques.

Acte I. Pourquoi et par qui "Notre Grandier" notre "curé" de campagne tout en se dévouant aussi bien à Dieu qu'aux femmes de son entourage est accusé d'avoir pactisé avec le Diable par "Notre" Soeur Jeanne des Anges la mère supérieure des Ursulines qui est à la fois une grande mystique mais également amoureuse déconfite de Grandier. Notre 3ème personnage et non des moindres "Notre Sainte Mère l'Eglise Inquisitrice".

Acte II. "Notre" Soeur Jeanne des Anges et une de ses consoeurs certifie avoir été possédée par le "Malin" sous l'apparence de Grandier. Est ce un fantasme, une espérance ou par dépit? Grandier est jugé à mort puis gracié. Par vanité ou par orgueil il retourne exercer son sacerdoce à Loudun où il rencontre l'amour d'une femme qui tombe enceinte de ses oeuvres.

Acte III. Il pense qu'il est le bienvenu dans sa ville mais est ce bien le cas ? Bien sur que non ! Entre le lobby des Inquisiteurs et l'érotomanie de Soeur Jeanne des Anges, il est arrêté, jugé et condamné à mort.

Nous avons tous les ingrédients pour fabriquer un blockbuster loudunien : la passion, le pouvoir, la religion.

Mélangez tout cela danss un chaudron en forme de livre, ajoutez une pincée de sorcellerie, laissez cuire pendant 304 pages à petit feu de diablotin puis sortez du feu et laissez refroidir jusqu'à ce que l'Enfer soit glacé et servez.
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Frédéric GROS romance un épisode réel qui s'est déroulé en 1632 dans la ville de Loudun en France. Il nous relate comment Satan- Zébulon - Astaroth - Belzebuth, autant de synonymes donnés par l'auteur à l'ensorceleur de Loudun, personnifié par le Père GRANDIER est entré au couvent des Ursulines pour ensorceler les moniales de pensées impures au point de les rendre si folles qu'il fallut les exorciser. Cela finit mal pour le prêtre de Loudun.
Au delà des faits, c'est l'Eglise et l'Etat français qui doivent triompher. La France n'est-elle pas la fille aînée de l'Eglise?
Au début du 17è siècle la France est unifiée, dirigée par un pouvoir central, Louis XIII et sa clique mais elle est gênée par les Hugenots qui bénéficient encore de la liberté d'exercer leur culte aux termes de l'Edit de Nantes qui ne sera révoqué qu'en 1695.
L'histoire des possédées de Loudun n'est donc qu'un complot politique dont le Père GRANDIER a été la victime. Certes, il n'était un pas un saint, il aimait les femmes.
Le roman est très bien écrit, la plume de l'auteur est haletante. La juxtaposition de synonymes donne un rythme rapide et on accroche au récit même si on connait à l'avance la fin tragique de GRANDIER.
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En 1634, Urbain Grandier, prêtre à Loudun est condamné à subir la question et à être brûlé vif. Il est accusé d'avoir ensorcelé les religieuses du couvent des ursulines. Cette histoire , mise en film par Ken Russel en 1971 sous le titre : « les diables » nous fait revivre les méfaits des accusations arbitraires relayées par un pouvoir royal (Louis XIII),un prêtre royal ( le père joseph) et toute un clique régionale exerçant une vengeance aveugle au détriment d'un pauvre innocent.
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Année 1632. Une petite ville du nom de Loudun, située dans le département de la Vienne devient le théâtre d'une affaire de possession démoniaque, mélangée à un complot politique et ce, dans l'unique but de faire tomber une personne: le père Grandier.
Ce curé charismatique ne fait rien comme les autres. Il aime les femmes, ce qui lui vaudra plusieurs problèmes avec d'autres autorités de la ville, il rédige un traité contre le célibat des prêtres et défend le parti des protestants, bien que les guerres de religion soient finies depuis plus d'une décennie.
L'impitoyable raison d'état est ici représentée par trois personnes: Richelieu, l'impitoyable cardinal avec sa pourpre, Laubardemont, mandaté par l'homme en rouge pour détruire les murailles de Loudun et briser le prêtre et le roi Louis XIII, bien que n'apparaissant peu dans le roman.
Le couvent des Ursulines de Loudun dirigé par la frustrée schizophrène et vengeresse mère supérieure Jeanne des Anges est frappé par une véritable épidémie de possession démoniaque. Mais Grandier est-il vraiment coupable? Ou bien est-il la victime de plusieurs vengances personnelles regroupées en une seule?? le malheureux finira brûlé en place publique en août 1634.
Ce fait réel, un des plus connus du XVII°s continue encore de faire parler de lui. Je vous encourage à le lire mais aussi à regarder le documentaire sur "l'ombre d'un doute" qui porte le même nom!
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Un excellent livre qui met bien avant le lien qui unit religion et pouvoir. Et quand on mélange les deux ça ne donne pas quelque chose de jojo.
Enfin, une autre manière de voir la supercherie des possédées de Loudun.
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J'ai hésité à entamer ce livre pour je ne sais quelle raison ou tout simplement parce que je n'étais pas dans le "mood". Ma foi, je ne regrette nullement de l'avoir ouvert pour ne plus le lâcher jusqu'à la fin.
On se prend à vouloir sermonner le prêtre Grandier de son comportement orgueilleux, libertin puis de souhaiter qu'il soit acquitté tant son procès n'est pas équitable.
Rien ne nous est épargné des procédures de torture, nous apprenant qu'il était possible de détecter un "suppot de Satan" en enfonçant dans le corps une aiguille qui ne provoquera aucune douleur, ni écoulement de sang, aux endroits où le diable aurait posé ses lèvres pour sceller le contrat.
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Pour se souvenir combien l'aveuglement religieux couplé à la bêtise humaine peut engendrer d'intolérance et de cruauté.
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