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EAN : 9782226328809
304 pages
Albin Michel (18/08/2016)
3.44/5   142 notes
Résumé :
En 1632, dans la petite ville de Loudun, mère Jeanne des Anges, supérieure du couvent des Ursulines, est brusquement saisie de convulsions, victime d’hallucinations. Elle est bientôt suivie par d’autres sœurs et les autorités de l’Église les déclarent « possédées ». Contraints par l’exorcisme, les démons logeant dans leurs corps désignent leur maître : Urbain Grandier, le curé de la ville.
L’affaire des possédées de Loudun, brassant les énergies du désir et l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 142 notes
J'ai vraiment apprécié ce roman historique faisant référence à une affaire ayant marqué le XVIIe siècle. En effet, sous le règne de Louis XIII, roi profondément attiré par la religion, Urbain Grandier, un curé officiant dans le diocèse de Poitiers, à Loudun plus exactement, eut la bonne idée de défier toutes les lois en la matière et de faire fi du célibat en étant un séducteur patenté. Fin stratège, il réussit même à épouser en secret une de ses conquêtes. Bien évidemment, il fut arrêté pour débauche mais il gagna (comment ?) son procès et revint, conquérant, à Loudun. La Mère Supérieure du Couvent lui proposa alors de devenir le confesseur officiel des Ursulines. Mais, allez savoir pourquoi, celui-ci refuse. Dépitée, la religieuse prit alors l'ennemi de Grandier, le chanoine Mignon (oui, c'est son nom) qui en profita pour mener une cabale contre le prêtre impie. Cependant, rien ne va plus au couvent ! Les soeurs semblent possédées et l'ennemi est tout trouvé !

Frédéric Gros mène ce roman historique tambour battant ! En se focalisant sur le prêtre accusé de sorcellerie, il prend le contrepied de ce que l'on pouvait attendre. Non, nous ne sommes pas ici dans un texte moralisateur – du moins, pas de la façon attendue. Il fait ressortir l'humain avec ses qualités et ses défauts, l'humain et ses désirs. On peut voir comment son penchant pour les femmes perdra le curé qui finira sur le bûcher. Et si morale il y a, elle est plutôt axée sur le fanatisme.

Ce texte m'a fait penser, par certains côtés, à l'histoire d'Héloïse et Abélard. Je le recommande particulièrement.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Possédé : être vivant dominé par une puissance maléfique ou occulte.
Comme ces Ursulines dans les années 1630 qui ont des hallu' de phallus, se convulsent, se tripotent, hurlent.
Je dirais bien que l'isolement, l'enfermement, l'abstinence, les privations et l'auto-flagellation ne sont pas étrangères à ces crises d'hystérie collective. Mais non, il paraît que c'est bel et bien le diable qui les habite, via le curé de Loudun. Cette explication arrange en tout cas quelques nantis du coin, mais aussi le cardinal de Richelieu et sa clique. Le beau prêtre catholique des lieux, Urbain Grandier, trop tolérant avec les protestants et séducteur invétéré, dérange pas mal de monde, voilà donc un bouc émissaire parfait...

A travers cette page d'Histoire romancée, le philosophe Frédéric Gros montre que, quels que soient leurs prétextes (idéologiques ou religieux), les chasses aux sorcières sont motivées par des enjeux de pouvoir, et que les individus ont tôt fait d'adhérer au mouvement pour régler leurs comptes personnels et envoyer un voisin au bûcher, à la potence, à la guillotine, au camp de la mort nazi, au goulag...
Malgré l'intérêt du propos, j'ai trouvé ce récit long et souvent ennuyeux, d'autant que les crises des Ursulines (extases, hallucinations, auto-flagellations), abondamment décrites, représentent ce que je trouve démesuré dans certaines pratiques religieuses.

La couverture m'a peut-être alléchée à tort, j'attendais sans doute plus d'orgies et moins d'intrigues politiques ? 😋
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Au XVIIe siècle une affaire connait un retentissement considérable. "L'affaire des possédées de Loudun" éclate en 1632. Urbain Grandier, curé de Loudun, est accusé d'avoir pactisé avec le Diable et d'être le responsable des possessions démoniaques qui s'emparent des soeurs d'un couvent d'Ursulines de cette même ville. Malgré ses dénégations, Urbain Grandier finit sur le bûcher le 18 août 1634. Ce procès en sorcellerie sans précédent a été fomenté par le Cardinal de Richelieu contre un prêtre catholique, libertin, libre-penseur et bien trop tolérant envers les protestants. L'affaire, qui a défrayé la chronique de 1632 à nos jours, a inspiré les défenseurs du droit, les médecins, les romanciers, les essayistes et plus récemment les réalisateurs. Premier fait divers d'ampleur nationale, elle nous est racontée sous forme de roman par le philosophe, spécialiste de Michel Foucault, Frédéric Gros.

Histoire d'un curé qui a le tort de penser qu'on peut servir Dieu et aimer une femme. En pleine guerre des religions, alors que le fanatisme religieux sert les intrigues du pouvoir, et que le Diable s'en mêle, rendant hystériques de pauvres religieuses, Urbain Grandier dont la chair est un peu trop faible et l'esprit un peu trop libre, devient le bouc émissaire à abattre. Et d'un simple péché de chair il devient le coupable idéal d'une effroyable machination…

On a un peu de mal à adhérer peut-être à cause du décalage historique, de la difficulté à entrer dans cette atmosphère religieuse du XVIIe siècle mais surtout du style un peu lourd et de la reconstruction historique qui ne sont pas totalement convaincants. On se heurte aux limites du fait divers romancé : tension entre les contraintes du fait historique et la liberté de la forme romanesque…Avec le risque d'une réinterprétation des faits loin de la mentalité de l'époque.

Malgré tout la dernière partie qui raconte l'exécution du prêtre est très émouvante. Et nous renvoie une fois encore à l'horreur du fanatisme…

Donc avis aux amateurs d'histoire ou de faits divers d'un autre temps mais je n'ai pas été totalement envoutée…
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C'est l'émoi dans la cité de Loudun : Scévole de Sainte-Marthe, poète et notable, est mort. Sous son bienveillant patronage, catholiques et protestants vivaient en harmonie. Son jeune ami, Urbain Grandier, tente de maintenir cette concorde, mais c'est moins facile qu'il n'y paraît. Grandier est le curé de Loudun : habile orateur et bel homme, il aime les femmes qui le lui rendent bien. Un écart de trop le condamne à la vindicte des notables et du peuple de Loudun. Désormais, on veut la tête du beau prêtre. Et la plus enragée est Jeanne des Anges, mère supérieure du couvent des Ursulines de Loudun : depuis toujours, la religieuse cherche l'extase. « Elle aussi veut mourir de plaisir, sentir l'effusion mystique lui traverser les reins, sentir les vagues chaudes de la prière. Elle veut défaillir. » (p. 13) Hélas, ne la trouvant pas dans l'adoration de Dieu, Jeanne décide de la trouver dans l'hérésie et se déclare possédée, ainsi que d'autres soeurs du couvent, par des diables envoyés par Urbain Grandier. « Mais enfin, qui irait jamais prendre au sérieux des accusations démentes, est-ce qu'on fait crédit aux fous ? Mais il fallait se rendre à l'évidence : cela avait un peu pris quand même. » (p. 132) Pris dans des jeux de pouvoir qui opposent l'évêque et l'archevêque de Bordeaux et le gouverneur de Loudun et le cardinal de Richelieu, le pauvre curé a peu de chances d'échapper à la terrible accusation proférée par Jeanne des Anges. « Urbain Grandier accusé par quelques folles, elles soutenues par des infâmes, et condamné d'avance par un tribunal de pleutres, de juges vendus et lâches. » (p. 217)

En faisant un roman de la célèbre affaire des possédées de Loudun, Frédéric Gros fait exploser les désirs inassumés dans une époque où la politique et la religion se heurtent jusqu'à l'embrasement. Alors que Richelieu est bien décidé à faire tomber le mur d'enceinte, les tours et le donjon de Loudun pour priver de tout refuge les protestants et pour mettre en oeuvre son grand projet de ville idéale, la fière cité du Poitou affronte la peste et accuse d'une même voix les réformés et le trop brillant Urbain Grandier, humaniste trop sensuel pour son temps. D'exorcismes spectaculaires en jugements iniques, Loudun tremble sous les assauts d'un catholicisme enfiévré. « Ce mal a servi à nous débarrasser des faux chrétiens et des vicieux invétérés. » (p. 89) Possédées est un roman passionnant, au style cinématographique et à la plume enlevée. Chapeau bas pour Frédéric Gros qui donne à voir avec talent un épisode saisissant de l'histoire de France.
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Possédées, nous étions toutes possédées ♪ Avoir envie de s'auto-flageller ♫ Et à des bites rêver ♪ Possédées

Le sexe de nos religieuses serait-il devenu l'enfer ? Oui, parce que Satan l'habite (je n'ai pas pu résister au jeu de mot).

Enfin, c'est ce qu'il paraît parce que ce roman, je l'ai survolé de très haut, sautant les phrases et n'arrivant à m'agripper à rien.

Une lecture en travers, voilà comment je désignerais ce que je viens de faire, ne m'arrêtant que sur certains passages, et même eux n'étaient pas intéressants.

Mea culpa, j'ai péché ! Mon père, donnez-moi l'absolution parce que j'ai commis le péché de lecture en diagonale.

Et si vous ne me pardonnez pas, alors, excommuniez-moi, déclarez-moi hérétique, je m'en fous, parce que de toute façon, rien de rien, non, je ne regrette rien.

Si ce n'est de m'être laissée tenter par un résumé aguichant, intéressant, intriguant…

Anybref, une lecture qui ne restera pas dans mes annales (avec deux « n » s'il vous plait, bougre de petits cochons) et niveau bonnes soeurs, ma préférée restera toujours Soeur Marie-Thérèse des Batignolles.

Une lecture à oublier et un livre à bazarder au plus vite.

Ma copinaute Bianca a adoré sa lecture, elle. Voyez son avis, pour avoir une autre opinion que la mienne.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
03 octobre 2016
L’écrivain français Frédéric Gros a réellement réussi à nous envoûter et à nous enchanter.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Telerama
16 septembre 2016
D'un philosophe spécialiste de Michel Foucault, on espérait plus ambitieux. Au moins réveille-t-il ici une ténébreuse affaire qui n'en finit pas de surprendre et d'inquiéter.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
– Il devait être trois heures cette nuit. Je crois que le bruit de la porte me réveilla. Son grincement exactement. Même doux, même faible, son grincement. J’ai ouvert les yeux dans le noir, le croirez-vous j’entendais les pas sur le parquet. Et j’étais paralysée, inerte totalement, incapable d’atteindre ma bougie. Et le corps dans le noir je le sentais se déplacer, j’entendais respirer près de moi et peut-être aussi un faible rougeoiement je crois qui dessinait la silhouette. Sœur Claire oui, c’était un homme d’Église, en soutane, le même. Mais j’ai vu son visage, je l’ai reconnu. Et qui donc… ? Et savez-vous la suite ? Ce serait une honte de le dire, mais enfin quoi, elles ont tout entendu !

La dernière phrase est hurlée d’une voix suraiguë, faisant frémir l’assistance.
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Un nom, un nom de prêtre, voilà donc pourquoi on l'avait fait venir, voilà à quoi il était venu assister : à une accusation publique, une accusation publique de sorcellerie qu'il devait consigner. Dangereux. C'était de son ressort. Un nom de prêtre devant lui prononcé, cela devenait une affaire de justice royale. Il n'y avait pas seulement des démons bourdonnant sous le ventre des nonnes et des exorcistes encore plus agités brandissant des crucifix, aspergeant de l'eau bénite, prononçant des formules rituelles. Il y avait un homme, un sacerdos qui aurait pactisé avec le diable et décidé de lancer sur le couvent une légion de démons. On était sous Louis XIII. Ces accusations n'étaient pas vaines. Cerisay sent le danger venir. Tout cela est dérisoire, absurde, grotesque. Tout cela est grave, périlleux, mortel. Il est pris au piège, il est le représentant du roi, de l'ordre public, et on attend de lui qu'il entende des noms, son nom.
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[noviciat chez les Ursulines de Poitiers au XVIIe siècle]
Et là, elle avait revêtu la tunique blanche et le long manteau noir. Après, ce fut bien décevant : lecture, écriture, du latin et du chant. Un peu de calcul. Heureusement, il y avait les séances de coulpe auxquelles Jeanne avait droit, qu'elle provoquait même, qui donnaient un plaisir épicé. La ferveur qu'elle mettait là à publiquement s'humilier, se salir, étaler des défauts et des vices... L'énergie qu'elle mettait à dénoncer de pauvres négligences, des distractions misérables, des oublis volontaires... Elle parle en pleurant de ses mains voleuses, de ses doigts incontrôlables, elle hurle qu'il faut la punir, bien fouetter.
(p. 22)
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- XVIIe siècle
Les capucins, ce maillage de capucins sur toute la France, particulièrement au Languedoc, dans le Poitou, cela avait été la grande réussite du père Joseph. [...] On faisait grouiller dans les cités protestantes des poignées de capucins qui confessaient, espionnaient, recoupaient les informations, convertissaient, calomniaient, rapportaient. Pendant que ses filles du Calvaire, bien cloîtrés, priaient à en mourir pour le succès de ses calculs compliqués, ses capucins sillonnaient, interrogeaient. Ces ombres grises glissantes, avides, affairées dans les villes. Une police efficace, discrète, redoutable [...].
(p. 197)
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Enfin quoi, ils étaient tous là, le clan des raseurs de murs, les anti-Grandiers, les bouffeurs de huguenots, les cardinaux haineux, se disant loyalistes. Les vrais chrétiens, les bons catholiques aimant la France fille aînée de l'Eglise, adorant la famille et le dimanche matin, trouvant justes la prospérité des notables, la misère des gens de rien et le malheur de qui ne pensait pas comme eux.
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Vidéo de Frédéric Gros
Frédéric Gros est philosophe et professeur à Sciences politique, avec son essai "Pourquoi la guerre ?" paru chez Grasset, il propose une analyse sur la morale, la politique et le langage de la guerre.  Cet essai tente de répondre aux questions qu'on peut se poser : à quoi sert la guerre ? qui sert elle ? existe-t-il des guerres justes ? les guerres sont elles inévitables ? Depuis que la guerre en Ukraine a fait irruption dans nos quotidiens des images surgissent et nous remémorent les grandes guerres de nos livres d'histoire. Une situation surréaliste à laquelle on a du mal à croire. Vient alors cette question, une guerre peut elle être juste ? Pour l'auteur, on est pris entre deux sens de la justice, un sens moral et un sens formel qui se construit. le second renvoyant à l'idée qu'une guerre juste respecte un certain nombre de protocoles. Sur la question de la morale et la tentation d'identifier deux camps : un camp du bien et du mal, il exprime son inquiétude. Pour lui "l'hyper-moralisation" de la guerre n'est pas souhaitable en ce qu'elle pourrait constituer "un frein à la résolution construction diplomatique de la paix". 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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