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le plus frappant dans ce roman, est le rythme de son écriture. Dès les premières pages, des phrases sans verbe, des apostrophes entre personnages sans recours au dialogue. Un foisonnement de descriptions lapidaires. Quand le rythme du récit se précipite, tout se passe comme si l'autrice n'arrivait plus à contrôler son débit : elle déverse en vrac sur la table des mots et expressions, laissant au lecteur le soin de les assimiler tels quels ; la mosaïque est en morceaux, mais son plan se devine. Bref, pour un premier roman, il est d'écriture prometteuse.

Nous sommes en 1909 au sud du Chili, dans la Cordillère. La vie est les hommes y sont rudes. Les grands propriétaires font la loi, mais les Silva, gardiens de troupeaux de père en fils, ont du caractère.

Sur fond de conscience et d'organisation politiques naissantes, le récit nous confronte au refuge qu'offre la Cordillère et au désert du nord du pays où l'irruption récente de l'industrie minière attire les aventuriers.

Esteban et Joaquin sont deux frères aux tempéraments diamétralement opposés. L'aîné est poète et amoureux des mots, le second farouche défenseur de sa condition de cow-boy chilien. Tous deux sont soumis à de rudes épreuves dont la brutalité finit par dresser un tableau assez sombre du Chili du début du XXe siècle, comme si le climat et la nature conjuguaient leurs efforts pour manifester leur hostilité aux humains. Séduit par l'enthousiasme d'Esteban pour les mots, j'ai regretté ne trouver qu'une seule fois (ai-je mal lu ?) une preuve de son émerveillement.

Ce roman aurait sans doute pu être plus court, ou divisé en deux parties (la Cordillère, le désert). Il démontre une excellente connaissance du Chili et de son histoire d'il y a un siècle. En un mot, il s'agit d'une saga chilienne longue et rude, ... comme l'est la Cordillère.
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Une fresque familiale qui démarre au début des années 1900 au Chili. La Cordillère des Andes fait partie du paysage, elle est même une personne à part entière. L'histoire nous mène sur les pas de la famille Silva, et surtout des deux fils Joaquin et Esteban.

J'ai beaucoup aimé l'écriture très poétique de l'autrice, je me suis sentie emportée dans cette histoire au fil des pages. Ce livre a été une réelle découverte d'une période, d'un pays et d'une culture pour ma part. Cela m'a donné envie de lire plus de livres soit écrit par des auteur.trice.s sud-américains soit dont l'intrigue est située en Amérique du Sud. J'ai beaucoup aimé ce côté historique de l'histoire, suivre les différents métiers que les chiliens pouvaient exercer au début du XXème siècle.
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Le Cherche-Midi nous propose un roman de Delphine Grouès, une auteure française qui a publié précédemment chez stock un roman en coécriture avec Olivier Duhamel, Carmen et Teo. Comme dans ce dernier titre, Delphine Grouès a eu à coeur de nous faire partager sa passion pour le Chili, ses paysages, en particulier la Cordillère des Andes, son histoire. C'est donc un premier roman, qui trouve ses prises dans la chaîne de montagnes ondine, au travers de l'histoire d'ouvriers agricoles et d'arrieros (muletiers), la famille Silva. C'est cette promesse de dépaysement qui m'a attirée, les Cordillères des Andes m'apparaissant comme tous les massifs montagneux un peu mythique, aussi mystérieux que grandioses. Avec dans un coin de ma tête, le générique lancinant des mystérieuses cités d'or (paie ta référence, oui...), d'autant que les deux fils prodigues du couple Silva, et Cecilio et Luisa, sont prénommés Esteban et Joaquín.

Cordillera, toponyme hispanophone transparent, débute un siècle plus tôt, au sein d'une famille dont le chef de famille est ouvrier d'une hacienda, une exploitation agricole, un inquilino (que l'auteure choisit de traduire par le mot péon, soit un salarié de bas statut) aux ordres d'un patron : Don Luis Armando. De l'autre côté de l'arbre généalogique, il y a Evaristo, Demetrio et Pancho. Des hommes comme s'ils avaient toujours été là, vivant dans un coin des hauteurs andines, à cheval ou à mule, célébrant les présents, commémorant les décédés, protégeant en tout cas leur bout de territoire andin contre les bandits qui rodent. Delphine Grouès ne va pas faire de longs retours en arrière pour portraiturer les Silva, elle choisit d'aller de l'avant en filant sa narration sur les deux fils Silva : l'aîné Esteban va se découvrir une âme de poète au contact de son oncle, le troubadour Demetrio, le cadet Joaquín a au contraire les pieds bien ancrés dans la terre et se veut comme le successeur de ce grand oncle, libre comme le condor, un arriero indépendant. On grandit vite, pas forcément bien, au creux de l'aridité et de l'austérité de ces montagnes, l'enfance de Esteban et Joaquín ne fait pas long feu.

Ce roman est une fenêtre grande ouverte sur la vie d'une famille de paysan, sans la moindre ressource que celle de ses bras et de la solidité des liens du clan, qui font d'eux des gens respectés, et craints, dont la force des rapports leur permet de surmonter les pertes et coups durs, et d'aller de l'avant. Pas d'intrigue aux rebondissements aussi inattendus qu'incessants, mais un long récit qui se rapproche de la fresque familiale, entrecoupé d'apartés historiques - que j'ai lu avec beaucoup de plaisir - sur ce Chili de début de XXe siècle, de ses groupes ethniques, des mapuches dont est issue la lignée maternelle, et de ce bouillonnement culturel qui au fil des siècles a fondé le Chili, entre Incas, colons espagnols et l'armée créole. 

Le portrait de cette cordillère des Andes impériale est plutôt réussi : minérale et végétale, escarpée, ensauvagée, terriblement impitoyable, de par ses risques d'accident, d'attaque de puma ou de quelconque bandit, et presque ensorcelante, ceux qui l'habitent sont à son image, ceux qu'elle retient n'en repartent jamais. De là où ils vivent, Les Silva se situent juste entre terre et ciel, cette terre nourricière que bat Cecilio à longeur de journaux, ces esprits guérisseurs des cieux familiers de Luisa : comme une transhumance incessante. Une famille de paysans, entre troubadours, ceux qui distillent la parole à travers leur poésie, guérisseurs, comme la mère, de travailleurs de la terre, un entre-soi au service de grands propriétaires, ceux-là même qui régissent la vie économique du pays. Et en un détour, on quitte un instant la vie andine pour les terres désertiques du Chili, perforée par les multiples mines de salpêtre ou de cuivre de l'Atacama du nord du pays qui dépouillent le sol de ses matières. Un enfer sous-terrain qui rend les hauteurs andines un peu plus amicales.

Malgré la rigueur de la vie des Silva, l'auteure nous transmet la beauté âpre de la vie du clan, entouré de cette chaîne de montagne. Isolés en un sens dans un écrin de terre de cette région des Maule, la séparation et la plongée dans le reste du Chili n'étant que temporaire. L'écriture de l'auteure rend honneur à la poésie portée par Esteban, qui ne cesse de couvrir le récit de ses octosyllabes, cette cordillère est une source renouvelée d'inspiration : ce texte est parsemé de passages, d'interludes en italique, qui fait de Delphine Grouès une poétesse louant la vie de la famille Silva. 

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