Son biographe, Charles Monselet, dans "les oubliés et les dédaignés", s'empresse de signaler que, comme les hommes se tuent à le leur répéter, la littérature est nuisible pour la femme : "Elle ne s'aperçoit pas que les roses expirent sur ses joues et que la solitude se fait autour d'elle. Déjà, chose inévitable, la littérature a exclu la coquetterie : son œil devient hagard, sa chevelure est dépeignée comme une métaphore de mauvais goût. Triste destinée des auteurs femelles !".
Condorcet fut presque seul, lors de la révolution, à prôner l'égalité des droits comme fondement unique de toute institution politique. "Pourquoi des êtres exposées à des grossesses et à des indispositions passagères ne pourraient-ils exercer les droits dont on n'a jamais imaginé de priver les gens qui ont la goutte tous les hivers, ou qui s'enrhument aisément ?".
Cinquante ans avant les saint-simoniennes, cent cinquante ans avant Simone de Beauvoir, elle rejette le mariage, "tombeau de la confiance et de l'amour", et se déclare en faveur de ce qu'elle appelle "l'inclination naturelle".
A Paris, elle apprend très vite ce qu'est l'exclusion, on dirait aujourd'hui la marginalité. Fille naturelle non reconnue, illettrée, occitane de surcroît, intelligente, indomptable, imprudente...c'étaient là bien des titres à scandaliser l'opinion de son temps.
Talleyrand : "Le bonheur des femmes n'existe qu'à condition qu'elles n'aspirent point à l'exercice des droits et des fonctions publiques"
Une affirmation qui ne choquait personne !
C'est ainsi qu'on ne saura jamais rien, ou presque rien, d'une Théroigne de Méricourt, d'une Claire Lacombe, des sœurs Fernig qui se battirent dans les armées de la République, d'une Anne Quatresols qui s'engagea à seize ans et conduisit des chevaux d'artillerie aux sièges de Liège et d'Aix-La-Chapelle, ou d'une Madeleine Petitjean qui s'enrôla à quarante-neuf ans dans l'Armée de l'Ouest.
Les femmes ont le droit de monter à l'échafaud. Elles doivent avoir également celui de monter à la tribune.
On nous a exclues de tout pouvoir, de tout savoir, on ne s'est pas avisé de nous ôter celui d'écrire! Cela est fort heureux.
"Olympe de Gouges peut être classée parmi les personnalités délirantes atteintes de paranoia reformatoria" (Dr Guillois)
Homme, es-tu capable d'être juste? C'est une femme qui t'en fait la question, tu ne lui ôteras pas du moins ce droit.
Dis-moi? Qui t'a donné le souverain empire d'opprimer mon sexe? Ta force? Tes talents? Observe le Créateur dans sa sagesse, parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donnes-moi si tu l'oses exemple de cet empire tyrannique.