Il etait deux fois...

Tout commence par un drôle de coup de fil : une voix féminine demande des comptes à Isabelle ; pourquoi ne l'a-t-on pas vu à l'Institut Sainte Clothilde depuis plus de vingt ans ? C'est une plaisanterie bien sûr, Isabelle et Anne ont la quarantaine et par un hasard dont la vie a le secret, le fils de l'une sort avec la fille de l'autre.
C'est l'occasion pour les deux amies de se retrouver, mais pas seulement, aussi de se confronter à leurs rêves de jeunesse. Quant à se confronter à leurs enfants, elles le font déjà, ils sont si différents.
Des réflexions sur le temps qui passe et sur le rôle des femmes.
Agréable et facile à lire même si les questionnements de ces deux femmes privilégiées des années 1970 peuvent paraître un peu désuets.

Il était deux soeurs...
Flora Groult, écrivain et journaliste, féministe engagée (décédée en 2001).
Benoite Groult, professeur de français, écrivain et journaliste féministe engagée elle aussi,qui a fondé avec Claude Servan Schreiber F Magazine.
Ce F de Femmes, ce combat de longue haleine, à une époque d'émancipation de la femme, une époque charnière entre deux générations (puisque Il était deux fois a bien une cinquantaine d'années), elles l'ont mené également à quatre mains à travers plusieurs livres (comme Journal à quatre mains ou Féminin pluriel).
Il était deux fois...deux amies d'enfance Anne Hascoët et Isabelle Mâcherolles), perdues de vue, qui se retrouvent grâce à l'amour de leurs enfants respectifs (Clarisse et Laurent).
Ce roman étudie les "grandes batailles" parfois explosives parents-enfants, la liberté sexuelle de la jeunesse en parallèle avec une éventuelle infidélité à l'âge mûr soumise à des questionnements,la contraception, le refus d'un quotidien bonne à tout faire exténuant et ennuyeux, l'âge qui tue parfois (sinon toujours à petit feu), la "complicité" féminine et bien d'autres choses encore.
Il était deux caractères....deux personnalités qui n'étaient pas forcément en accord dans le passé et qui,l'âge aidant, apprendront à se connaitre très bien rendues par les chapitres alternés anne et Isabelle):
Isabelle, l'élégante bourgeoise, dite "Bicotine"ou "La Mâche",l'artiste mère-poule, la "vertueuse" qui va "repenser à sa jeunesse" à un moment de crise où elle rêve d'être "regardée par un inconnu", et Anne, "Hascoët", "la première de classe", plus de gauche que de droite qui travaille dans un journal féminin et repense à sa féminité sous un autre angle.
Sur un ton ironique et enjoué, ce roman spontané signe l'entente affectueuse de deux soeurs sur la même longueur d'onde des mots.
Une réflexion sur le couple,la vie et le bonheur plus philosophique qu'il n'y paraît!

Benoîte Groult était ma marraine de promotion (il y a bien longtemps) mais je n'avais jamais rien lu d'elle. Une première découverte donc. le style est très agréable, fluide, doux. J'ai apprécié les clins d'oeil de l'époque. Pour finir, la remise en question de ces deux femmes, c'est le rapport que nous entretenons tous entre l'enfant, l'adolescent que nous étions et notre moi adulte. Intéressant aussi cette passation, à la nouvelle génération, à nos manières de voir les choses, l'évolution aussi des enfants. Intéressant aussi le rapport à l'adultère, que j'imaginais plus tabou dans les années 60, mais il est vrai que nous sommes à l'aube des années 70. Très intéressant, ouvre pas mal de réflexions. Je recommande ! (bien sûr, livre parfait à offrir à une amie d'enfance qui a 40 ans et qui a des enfants !)

Ce livre écrit en 1967 est très féministe mais pas révolutionnaire 50 ans après que sont devenues les femmes dans leur quotidien?. Les rapports maris et femmes y sont très bien décrits . Les soucis de la vie quotidiennes ne sont ils pas les mêmes ?. C'est dur à vivre la quarantaine avec des adolescents et les années qui commencent à peser au sein du couple.
Est cela la vie ?

Ce livre n'a pas pris une ride parce qu'il parle de sentiments. Benoite et Flora étaient féministes à juste titre, vu tout ce que la femme avait à conquérir à cette époque des années 1960-1970 et il y a encore fort à faire. Et le constat est que rien ne change.
Isabelle Macherolles et Anne Hascoet, amies pendant l'enfance, se sont perdues de vue et puis voilà que Laurent, le sérieux fils d'Isabelle, tombe amoureux fou de Clarisse, l'indécise fille d'Anne. Isabelle est mariée à Philippe, a 3 enfants, ne travaille pas et Anne écrit dans un journal, mariée à Garine et n'est pas du tout dans le modèle conventionnel d'Isabelle.
Et pourtant, l'amitié va renaitre, si forte de partager l'adolescence, les troubles de leurs enfants, l'abord des changements physiques de la quarantaine (plutôt la cinquantaine maintenant), le couple etc… tant de tendresse débordante, de colère, d'angoisses quand Aurélie fugue, et les inévitables soupçons envers le mari qui reluque les jeunes femmes, les envies d'un autre corps que de celui de son compagnon, la liberté aussi qui se conquiert quand on s'aperçoit que l'on n'a plus à « porter » les autres et devenir égoïste.
Impossible de résister à cette écriture facile avec des propos qui font mouche. Par contre, une lecture féminine, c'est certain.

Deux amies d'enfance – elles étaient condisciples au lycée – se retrouvent vingt ans plus tard et renouent une amitié, d'autant plus facilement que le fils de l'une fréquente amoureusement la fille de l'autre.
Benoîte et Flora Groult se mettent respectivement dans la peau d' Isabelle et d' Anne, par chapitres alternés. Elles nous livrent leurs réflexions sur leur existence, leur peur de vieillir, leur regret de ne pas avoir pu réaliser les rêves de leur adolescence. Elles étudient aussi le comportement de leurs enfants, tellement différent du leur autrefois : le livre est sorti en 1968 !
On l'aura compris, c'est un roman typiquement féminin, fait de considérations psychologiques du début à la fin. On se prend au jeu au début, car c'est très bien écrit et finement observé, mais cela devient monotone au fil des pages, et certains passages –la correspondance entre les deux amies lors des « grandes vacances » - ressemblent à une joute littéraire. Petit bémol supplémentaire : tout se passe entre gens fortunés et l'on perçoit ça et là un certain dédain de nos deux héroïnes pour le « vulgus pecus ».