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Après avoir adoré l'ouvrage bouleversant qu'il a publié sous forme de conte en 2019 et avoir été charmé par l'homme lors de son dernier passage à La Grande Librairie il y a quelques semaines, je me suis attaqué à son « Jacqueline Jacqueline », titre rendant hommage à sa femme Jacqueline, décédée le 4 mai 2019, au moment où je me joignais aux louanges concernant « La plus précieuse des marchandises ».

À coups de chapitres de quelques pages, il nous invite à contempler le vide laissé par celle qui vient de le quitter après presque soixante ans de vie commune, tout en cherchant à prolonger sa présence en continuant à lui écrire. Au fil des pages, « Jacqueline Jacqueline » se transforme en mausolée de papier visité par un veuf solitaire partageant son chagrin, voire même sa honte et sa colère d'être encore là, tandis qu'elle n'est plus. Ces petits passages non chronologiques qui prennent vie en fonction de l'endroit, des rencontres et des souvenirs sont d'une authenticité tellement bouleversante que je me suis parfois senti mal à l'aise de plonger ainsi dans l'intimité de ce couple, l'auteur faisant certes preuve de beaucoup de tendresse, de franchise, d'auto-dérision et d'humour, mais parfois également d'une bonne dose d'impudeur.

Etant déjà fan de l'écriture tout en finesse de Jean-Claude Grumberg, je me suis une nouvelle fois délecté des mots qu'il dépose ici avec énormément de justesse sur son deuil, rendant le plus bel hommage qui soit à sa belle Jacqueline. Une complicité prolongée le temps de quelques pages, donnant presque l'impression de lire un ouvrage écrit à quatre mains…

Profitez de ceux que vous aimez tant qu'ils sont encore là !
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Ayant tellement apprécié le conte de Jean-Claude Grumberg, La plus précieuse des marchandises, ce conte bouleversant qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale et la déportation des Juifs, je n'ai pas hésité à me lancer dans la lecture de son dernier ouvrage et ne l'ai pas regrettée, tant l'écriture est belle et fine.
Jacqueline Jacqueline, est une magnifique déclaration d'amour, un tendre et émouvant hommage de Jean-Claude Grumberg à son épouse, décédée le 4 mai 2019, emportée par un cancer du poumon, et ce, le jour anniversaire de leur fille Olga.
Il s'adresse à celle avec qui il a partagé soixante ans d'amour « Ni usure, ni ennui, jamais, jamais au grand jamais, durant ces soixante ans passés collés l'un à l'autre, agrafés pour ainsi dire dans le même pli creux, jamais, jamais on ne s'est ennuyé, ne fût-ce qu'une seconde ». Il nous révèle ce qu'est l'art de souffrir, de pleurer, de rire ensemble, de s'aimer tout simplement. Ce livre lui permet d'être encore avec celle qui le hante et lui manque terriblement, de la garder vivante encore près de lui, le temps de l'écriture.
Que dire, titre d'ailleurs d'un des chapitres du livre, et qu'écrire lorsque l'on perd l'être aimé entre tous ? Jean-Claude Grumberg va s‘employer à y répondre tout au long de ce livre en l'écrivant à la fois pour, et avec Jacqueline, la rendant ainsi très présente.
Il raconte leur rencontre, leurs vies avant leur rencontre, la naissance de leur amour et l'aide immense qu'elle lui a apportée à plusieurs reprises et qui lui a permis notamment de se retrouver lorsqu'il s'est effondré après le succès de sa pièce de théâtre L'Atelier ; mais aussi la honte, la honte de vivre alors qu'elle ne vit plus.
Il ne peut passer sous silence le déferlement de haine qui frappa et endeuilla leurs familles respectives et leur besoin de victoires après la guerre. Ces victoires, ce sont la réussite de Kirk Douglas, de Johnny Weissmuller, de Fred Astaire, etc... : « Et comme nous étions fiers, fiers de savoir qu'ils étaient des nôtres ».
Il dit aussi la maladie, cette tumeur du poumon gauche, l'ablation d'une partie de celui-ci « avec deux ou trois autres petits trucs qu'on a dû couper au passage » réalisée avec succès en 2018 et cette joie de vivre retrouvée à l'issue.
Mais la tumeur est revenue attaquer le foie… Il faut dire que fumer avait été la grande affaire de sa vie et, bien qu'il l'ait suppliée d'arrêter, elle ne pouvait s'en passer.
Outre ces références à leur vie commune, Jean-Claude Grumberg s'attache également à raconter à Jacqueline comment leur petite-fille Jeanne a réagi à la disparition de sa mémé, comment il a été empêché de voir Olga leur fille et Jeanne pendant deux mois à cause de la pandémie. C'est aussi Samuel Patty qu'il évoque...
Ce qui est tout à fait original, c'est que le récit de leur vie, que l'auteur nous donne à lire, s'inscrit dans un dialogue, où l'auteur en s'adressant à celle qu'il a tant aimée, exprime avec tendresse, humour, ironie, trivialité parfois, et aussi autodérision, tout son amour, lui confiant ce qu'il n'a peut-être pas pu ou su lui dire.
Jean-Claude Grumberg, en écrivant Jacqueline Jacqueline honore de façon magistrale la mémoire de celle qui fut la compagne de sa vie. Si la souffrance de cet homme est perceptible à chaque page, c'est néanmoins, souvent avec le sourire que j'ai parcouru ces lignes et c'est justement la force de ce livre : être à la fois grave, émouvant, tout en sensibilité, mais jamais larmoyant.
Jacqueline Jacqueline a obtenu le Prix littéraire le Monde 2021.

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C'est le récit d'un homme qui a vécu près de 60 ans auprès de sa femme et qui lui écrit pour ne pas la laisser partir définitivement.
Il y a les souvenirs épars, parfois lumineux parfois plus sombres.
Le deuil d'un bébé, la mémoire de ceux exterminés dans les camps de concentration et qui marquent à jamais les survivants.
Et puis, il y a le corps de Jacqueline, surtout ses seins, dont l'auteur parle encore avec émerveillement.
L'écriture est belle, intimiste et jamais larmoyante.
Que c'est émouvant.
Je vais m'efforcer de penser que Jacqueline, de là-haut, a pu entendre ce beau texte et être réchauffée par tant d'amour.
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« C'est un livre pour parler la nuit, en silence, avec les mots des morts trop vite partis. »
Jean-Claude Grumberg crie sa douleur et son amour pour sa bien-aimée Jacqueline, partie le 04 mai 2019 à l'âge de 82 ans. Et ce cri est à la fois beau, tendre et déchirant. 60 ans de vie partagée, à s'aimer, vivre côté à côté, peau à peau, à s'éloigner aussi parfois. Une histoire d'amour qui prend merveilleusement vie sous la plume de l'auteur, une plume poétique, fluide, délicate.
Il écrit pour lui, pour la garder auprès d'elle le plus longtemps possible, pour ne pas qu'elle lui échappe, pour la respirer, la toucher encore et encore, la faire vibrer et rire encore une fois, une dernière fois, « pour garder la douceur et la douleur de [l]'avoir en [lui] ».
Il écrit pour elle, une promesse de tenter de réparer, de l'aimer aussi du bout de sa plume.
Du bout des lèvres en songe.
Quand il ne reste plus que les songes.
L'absence crève le coeur.
La colère s'immisce.
L'incapacité à trouver les mots justes, les mots tout court.
À déposer le point final.

La sincérité, la spontanéité, l'urgence de ce témoignage, presque obligatoire, l'autodérision aussi, la lucidité et l'humour toujours et encore... sont les mots qui me viennent spontanément en refermant ce livre.

Une lecture comme un chemin vers nos propres anges, nos disparus, de nos trop tôt disparus.
Une errance sans but ni préméditation. Des fragments. Des questionnements. Et beaucoup d'amour.

Merci Monsieur Grumberg pour ce chaotique et doux voyage à la fois, pour cet intime partage.
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Chut, chut... On voudrait ne pas trop en dire sur ce formidable texte de deuil, ce dialogue avec Jacqueline, la grande disparue, plongeant dans l'intimité du couple, avec tendresse et humour délicat, avec beaucoup d'auto-dérision et de délicieuses anecdotes, à la manière inusable de Jean-Claude Grumberg, le conteur et l'homme de théâtre. Un texte de consolation, un témoignage d'énorme amour et le plus bel hommage qui pouvait se rendre à Jacqueline, l"amante, la compagne, la complice de tant d'années, l'inspiratrice... Celle qui lui demandait de toujours, au théâtre, veiller à faire rire et pleurer en même temps. Allons, faisons silence, et laissons-nous porter encore, avec émotion et franc sourire, par la voix de Jean-Claude Grumberg ...
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Difficile pour moi d'écrire une critique d'un récit intime où rien ne peut- être dévoilé sans en perdre la pudeur, la délicatesse et la modestie.
Alors je m'abstient de tout commentaires.
Avec le simple désir et besoin que vous deveniez les lecteurs de ce témoignage de la disparition d'un être cher, un vécu connu par chacun de nous.
Juste vous dire que tendresse, humour, auto-dérision et anecdotes sont au rendez-vous dans cette écriture, ce récit d'une vie.
J.C.Grumberg exprime son chagrin mais surtout fait revivre son quotidien avec une femme belle simplement, tumultueuse, ancrée comme lui dans la perte d'une famille juive anéantie par L Histoire.
Pour J.C.Grumberg, la survie ou la non survie après cette séparation définitive est aussi un parallèle à la disparition d'un peuple.
Livre d'un deuil et ignorance de la mort.
Plaisir aussi d'offrir à sa bien-aimée, les mots tus et retenus.
Il s'adresse à Jacqueline, sa femme disparue en témoignant de détails connus ou pas de la disparue.
C'est une écriture à deux.
J.C.G. a peur d'oublier ce passé partagé, involontairement disparu.
Angoisse partagée, larmes retenues ou pas, ce livre est lumineux et indispensable.





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J'ai lu beaucoup de pièces de Grumberg, mais je ne connaissais rien de sa vie. Cette déclaration d'amour à sa femme est l'occasion pour lui de nous éclairer sur son parcours d'auteur, d'artiste, de comédien et d'amoureux. le ton est à la joie, douce et tranchante. Il s'amuse de la crudité avec un jeu irrévérencieux. Il se livre beaucoup. le portrait de sa femme est très touchant, quoiqu'un peu écrasé par tout l'amour qu'il lui apporte. En réalité, on en apprend davantage sur lui que sur elle. L'intention reste forte, sensible et sincère. Les courts chapitres donnent le rythme. L'arythmie non-chronologique donnent parfois le tournis. le côté fragmentaire sert et dessert à la fois, c'est selon. J'ai passé un bon moment, même si finalement, je me suis dit qu'avec 50 pages de moins, cela aurait été tout aussi bien. Mais bon, peut-on raisonnablement rejeter quelques pages de tendresses en trop ? Il faudrait que je relise ses pièces, avec ce nouvel éclairage.
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Alors qu'en 2019, le monde découvre son roman, un conte, « La plus précieuse des marchandises » qui remportera de nombreux prix dont le Prix d'honneur Filigranes 2019, l'écrivain traverse la plus grande épreuve de sa vie, le décès de sa femme Jacqueline.

Une perte immense qui le mène à écrire ce livre Jacqueline Jacqueline.
Il n'y met pas seulement des mots sur son deuil, il se confesse surtout à sa défunte épouse. Une façon pour lui de la garder encore un peu près de lui. On y sent son amour, son admiration, son dévouement mais aussi sa colère la plus profonde.

Alors que nous sommes touchés par cet amour indéfectible que même la mort ne peut atténuer, c'est avec beaucoup d'humour qu'il dévoile des bribes de souvenirs de leur passé rose et parfois morose.

Une lecture qui titille notre coeur et nous fait mesurer l'importance de profiter de chaque instant passé avec la personne que l'on aime, tant que la vie est encore là.

Jacqueline Jacqueline, un cri du coeur.
Un hommage tendre et très intime.
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« La douleur, la douleur chasse le moindre souffle de joie, mais cette douleur m'est précieuse, si elle venait à disparaître elle aussi, je la regretterais. Cette douleur est la rançon du bonheur partagé. Cette douleur témoigne de ton absence. J'aime cette douleur. Elle me rappelle la joie de t'avoir connue et la peine infinie de t'avoir perdue. »
C'est à la femme de sa vie Jacqueline, que Jean-Claude Grumberg dédie ces mots, morte d'un cancer le 4 mai 2019, mettant fin ainsi à presque soixante ans de conjugalité parsemée de hauts et de bas. Un « livre ultra-sensible fait de souvenirs, de rêves, de délires et de larmes » que j'ai parcouru presque d'une traite, me délectant de l'humour piquant que l'auteur a su intégrer à son récit douloureux. À cet égard, je ne craignais pas de me plonger en eaux profondes d'un tel deuil car j'avais entendu l'auteur en parler lors de son passage à La Grande Librairie. Et ce qui m'avait frappée à ce moment, c'est-à-dire la faculté de l'auteur à faire sourdre ses émotions en toute dignité, je l'ai retrouvée dans le livre. Et la phrase mise en exergue le dit éloquemment : « C'est un livre pour parler la nuit, en silence, avec les mots des morts trop vite partis. »
Un onirisme tout-puissant parcourt le texte, entre plaintes d'un octogénaire se voyant vieillir seul et réminiscences d'un temps plus joyeux vécu à deux.
Un récit lucide et d'une authenticité sans pareille qui me hantera encore longtemps.
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Magnifique lettre d'amour; j'ai pensé d'abord à un jeune couple: difficile d'imaginer qu'il a 80 ans et que la belle Jacqueline en a 82! et une soixantaine d'années de vie commune, sans véritable drame peut-on penser mais ils ont perdu un bébé de 5 mois et il a fait une longue dépression, puis il a été opéré de la prostate avec les conséquences sur la sexualité que le couple gère particulièrement bien puis les cancers de Jacqueline: un poumon dont elle triomphe mais celui du foie ne pardonne pas.
Il écrit pour ne pas oublier mais aussi pour dire ce qu'il n'a pas assez dit, à savoir son amour. Il n'y a pas de construction: il écrit en fonction des souvenirs qui lui viennent parfois douloureux, joyeux, drôles. La langue est claire, simple, parfois triviale (ce que lui reproche le fantôme de l'épouse) Les moments d'intimité ne m'ont pas gênée car ils sont évoqués avec naturel et délicatesse.
A offrir à tous les couples quel que soit l'âge.
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