Citations sur Les anges de l'univers (32)
Quand Viktor voulait se changer les idées, il buvait du vin rouge dans sa chambre de la cité universitaire en prenant simplement une dose de médicament supérieure à celle à laquelle il avait droit. Puis il écoutait une pièce de Shakespeare et lisait de la littérature ancienne.
Quand il atteignait un état second, il était transporté au-delà des mers et se retrouvait assis, les jambes ballantes, au bout de la jetée, à moins qu’il n’évoluât dans la mer si douce au milieu de vertes plantes aquatiques.
C'est Brynjolfur, mon psychiatre. C'est nous qu'il porte sur les épaules. Notre mal est le sien. Je crois qu'il passe plus de temps avec nous qu'avec ceux qui sont censés être sains d'esprit. Je ne serais pas étonné qu'il nous tienne en plus haute estime, ni que le traitement soit réciproque; il essaie de nous guérir, et nous en faisons autant pour lui.
C'est l'été. J'entends de joyeuses voix d'enfants et je pense aux marguerites dans les prés. Les arbres reverdis conversent dans les jardins. Le bleu du ciel frappe à la fenêtre.
Les ténèbres ont disparu. Quelqu'un est venu les vider comme du café refroidi. Dehors place le temps ailé.
Alors je prends ma couette et je saute.
Les voix joyeuses continuent de retentir, les bicyclettes roulent et les papillons voltigent, mais moi je n'entends rien, ni les enfants, ni les vélos, ni les oiseaux, car je gis en bas dans le noir alors que tout resplendit de lumière autour de moi.
L'aliéné dit qu'il est mort et enterré. Tous les dimanches, il va au cimetière mettre des fleurs sur sa propre tombe…
Le médecin dit au malade : « j'ai pour vous une bonne et une mauvaise nouvelle. Laquelle voulez-vous entendre en premier ? – La mauvaise, dit le malade. – Il va falloir vous amputer des 2 pieds, dit alors le médecin. – Ah, là, là, fait le malade. Et quelle est donc la bonne nouvelle ? - C'est que votre voisin de lit veut bien vous acheter vos pantoufles. »
Le fou dit au peintre qui se tient sur l'échelle : « tiens bon au pinceau, j'enlève l'échelle ».
Et puis, le soleil monte. Tout s’éclaircit. C’est drôle. Je me suis senti bien aujourd’hui. De quel droit ? Voilà une belle fille. J’ai oublié mes médicaments un soir. Le lendemain, je vais mieux. Je sors de ma chambre et me sens bien. Je vais mieux. Je suis sorti de la maladie.
A présent le rêve se confondait avec la nécessité et cessait par conséquent d’être un rêve.
Voilà la situation :
Óli est en communication télépathique avec les Beatles ; Pétur attend de la Chine son titre de docteur, et moi, je suis en relation avec divers grands maîtres du passé notamment Vincent Van Gogh et Paul Gauguin, tandis que Viktor, qui ne pense pas grand-chose des Beatles, disserte avec éloquence de la tragédie grecque et des sonnets de Shakespeare. Il est en outre le pharmacologue de notre groupe et sait tout d’Adolf Hitler, qu’il lui arrive d’incarner quelque fois.
As-tu abordé, beau cygne, au rivage désert où dansent les anges... ?
De vieux navires viennent à ta rencontre en rêve et la brume se pose près de toi sur le sable.
On voit pourtant les lumières du château luire d’un éclat gris-jaune, avec l’accompagnement de la mer...
Les arbres qui entourent l’hôpital psychiatrique ont grandi, mais la plage, qui se revêt de nudité se blottit au sein des grains de sable et des cailloux.
Le bruit du ressac s’enfle dans les oreilles et les vagues accourent vers la terre ; souvenirs qui se sont attardés dans les ténèbres.