Un livre , une jubilation, un éclat de rire à chaque page, au minimum, l'autodérision portée à son sommet.
J'avais lu du même auteur
Les anges de l'univers, dramatique, tragique.
Ici, l'auteur passe au peigne fin ses congénères, les Islandais, dans leur rapport avec les Norvégiens, les Danois, mais aussi les Britanniques et les Allemands, bref tous ceux qui ont eu la prétention et la vanité surtout de les envahir, de les occuper, de les dominer. Sauf que personne, aucun roi, ne peut ni envahir ni dominer les Islandais. Car les Islandais sont rois. D'où le titre du livre.
L'auteur imite les sagas, les ironise. Ici, ce seront les Knudsen. Il joue avec les orthographes imposées par les différentes dominations ou les désirs des Islandais de se conformer à l'occupant. Gudmasson joue de toutes les tentatives d'acculturation dont ont "bénéficié" les Islandais. Il le fait avec un humour irrépressible.
Il se rit de tout, et l'histoire, et la langue et les particularités (les Islandais n'ont pas de nom de famille par exemple). Il se rit que dans un tout petit pays, il y a autant de querelles de clochers. Ah que j'ai ri avec les "cabillauds" et les "têtes de morues".
Parfois un peu compliqué à suivre, car il se joue aussi de l'histoire au sens chronologique, et des noms, des filiations, il saute du coq à l'âne, pour mieux nous embarquer dans des histoires improbables, loufoques, avec des personnages déjantés, invraisemblables, mais ce qu'il en ressort c'est une humanité. Véritable. Authentique.
J'ai lu ce livre comme si je lisais un livre pour enfant. Et pourtant il aborde des sujets extrêmement sérieux : par exemple la terrible crise financière de 2008.
C'est tout l'art de Gudmasson. Il touche à tout l'air de rien, il apporte une réflexion humaniste sur des sujets sérieux et graves, tout en revêtant une plume (comme un habit) de lumière, avec une drôlerie, une cocasserie toujours bienveillantes.
Enorme.