Roman découvert dans la petite – mais bien fournie – bibliothèque de notre hôte à La Réunion. Mourad, le narrateur, grandit à Nice, dans une famille d'origine algérienne. Il est le benjamin d'une fratrie de trois qu'il compose avec Mina et Dounia. Une mère exagérément aimante et envahissante (les manifestations de cette affection sont particulièrement savoureuses mais légèrement oppressantes aussi), un père discret et bienveillant : la famille vit un quotidien apaisé jusqu'à ce que Dounia entre en adolescence et, par là-même occasion, en crise. Elle rejette progressivement les valeurs et les traditions de ses parents qui assistent, impuissants, à un éloignement qui finira par une rupture et un départ brutal du foyer, alors que la jeune femme a réussi le barreau
Alors que Mina se marie et trouve un emploi, Mourad, lui, trouve refuge dans la littérature et les études et obtient le Capes : c'est le départ pour un premier poste d'enseignant de français en banlieue parisienne.
L'auteur aborde de façon intéressante le thème de l'identité, de sa construction, de l'attachement aux racines et aux valeurs familiales.
Faïza Guène met en scène des personnages qui font des choix différents, qui essaient d'exister, de cheminer, pris entre des modèles qui s'articulent parfois dans la douleur. L'acculturation ne se fait pas sans perte, sans souffrance. Elle semble un pari impossible pour la plupart des protagonistes qui se débattent au quotidien, quel que soit leur positionnement.
Le roman n'est pas sans parti pris, ce qui conduit parfois à « charger » certains personnages ou à caricaturer certaines situations. A part cette petite réserve, on sourit souvent, on est ému quelquefois et on se prend d'affection pour cette famille, on suit avec un certain plaisir l'entrée de Mourad dans sa vie d'adulte, puis de son métier d'enseignant.