AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 208 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici le journal de voyage du Che, et même, comment le Che est devenu Che. C'est une manière de « Sur la route » de Kerouac à la sauce sud américaine. (Les points communs entre ce livre et celui de Jack Kerouac sont, à mon avis, largement sous-estimés.)

Au départ, notre Ernesto favori n'est encore qu'un jeune étudiant en médecine, fils de bonne famille, désireux de découvrir le monde. Avec son compagnon, le biochimiste Alberto Granado, ils s'embarquent sur une moto improbable.

De péripéties de baroudage en chutes, et de chutes en péripéties cocasses, ils atteignent le Chili, en traversant la majestueuse Cordillère des Andes, la colonne vertébrale des Amériques.

C'est alors qu'ils découvrent le pouvoir secret du « CHE ! », interjection typiquement argentine, et qui, lorsqu'ils l'emploient ailleurs, est une porte d'entrée admirable, à la fois pour raconter leur périple, mais aussi, pour gagner la bienveillance des gens (qui les appellent alors petit Che, Alberto, et grand Che, Ernesto).

On y découvre alors un visage inattendu du futur révolutionnaire, parfois drôle et roublard. On comprend aussi, à mesure de l'avancement du voyage, que l'événement marquant du voyage va être la rupture définitive de leur monture, la moto, qui va les obliger, notamment à partir du nord désertique du Chili, puis surtout au Pérou, à voyager au contact des populations locales, à les écouter, à compatir à leurs misères, en somme, à ne plus évoluer en qualité de touristes, mais en observateurs des réalités et des dysfonctionnements sociaux.

Le virage dans la vision du Che est amorcé, et nous en sommes les témoins, par l'évolution du style et des centres d'intérêt de l'auteur (beaucoup moins de descriptions de paysages, beaucoup plus de constats sociaux et une évocation de plus en plus engagée) dans ce carnet de voyage, au cours des découvertes et de l'avancée du chemin parcouru jusqu'au Venezuela, en passant par les léproseries et la forêt équatoriale.

Ernesto Guevara prend peu à peu conscience d'une appartenance pan-américaine, véhiculée en premier lieu par la langue espagnole, mais pas seulement. le futur médecin bourgeois s'est mué en engagé politique et idéologique.

En somme, un voyage initiatique réellement captivant, une écriture alerte, limpide et savoureuse, de mon point de vue, mais ce n'est bien sûr que mon point de vue, c'est-à-dire, pas grand-chose.
Commenter  J’apprécie          1375
Ces Carnets de voyage à travers l'Amérique latine signés Ernesto Che Guevara m'attendait depuis longtemps. Je me suis enfin lancé dans la lecture de Voyage à motocyclette Latinoamericana et je ne le regrette pas.
Si l'ouvrage est intitulé Voyage à motocyclette, ce n'est pas tout à fait juste puisque la Norton 500 de son compagnon de route, Alberto Granado, rend l'âme en cours de route. Qu'importe ! Nos deux compères, tous les deux médecins, même s'il manque une année d'études à Ernesto, ont pour but l'Amérique du Nord, sur cette moto qu'Alberto nomme Poderoso II (la Vigoureuse), Poderoso I était son vélo…
La moto est très chargée. Alberto conduit. Ernesto est sur le siège arrière. Pannes et crevaisons émaillent leur parcours mais ce sont surtout leurs découvertes, ces instantanés de la vie des Argentins, des Chiliens, des Péruviens, des Colombiens et des Vénézuéliens qui ont rendu ma lecture passionnante et fort instructive.
Ernesto Guevara qui deviendra le Che, popularisant cette interjection provenant du guarani. Ernesto l'employait tellement souvent que ses amis en ont fait un surnom pour celui qui deviendra célèbre aux côtés de Fidel Castro.
La Révolution cubaine est encore loin pour ces deux compères qui adorent boire du maté et faire des grillades. Hélas, vite désargentés, ils souffrent de la faim mais aussi du froid.
Tant qu'ils se déplaçaient à moto, l'admiration qu'ils suscitaient leur servait de sésame pour être accueillis et nourris par les habitants lors de chaque étape.
C'est ensuite que ça s'est gâté. Obligés de compter sur l'amabilité des camionneurs et des gardes civils pour manger et dormir mais c'est très aléatoire et cela réserve bien des surprises bonnes ou mauvaises.
Alberto et Ernesto se sont spécialisés en léprologie et n'hésitent pas à visiter des léproseries, comme à San Pablo, pour dialoguer avec les médecins et réconforter les malades.
C'est au Chili que la conscience d'Ernesto s'éveille peu à peu au sort des ouvriers, des mineurs travaillant dur et laissant souvent leur vie dans l'exploitation du salpêtre après la mine de cuivre de Chuquicamata.
Santiago du Chili leur rappelle Códoba alors qu'ils tentent d'obtenir un visa pour entrer au Pérou. À Valparaiso, ils rêvent d'aller sur l'île de Pâques (Rapa Nui) mais impossible de trouver un bateau, même s'ils tentent d'embarquer clandestinement.
Avant d'entrer au Pérou, Ernesto fait un point très intéressant sur la réalité chilienne, en 1952 : manque d'hygiène dans les hôpitaux, travail rare et travailleurs mal protégés. Enfin, il note les noms des quatre candidats aux élections présidentielles dont un certain Salvador Allende qui obtient le plus petit total de voix…
C'est au Pérou qu'Ernesto et Alberto découvrent la réalité indienne au contact des Aymaras avant de passer à 5 000 mètres d'altitude pour arriver à Cuzco puis de découvrir le Machu Picchu (vieille colline).
Je suis surpris d'apprendre que le Che adore jouer au football, au poste de gardien de but. Plusieurs fois, au cours de leur odyssée, ils jouent tous les deux dans une équipe locale.
À Lima, ils assistent même à une corrida et visitent consciencieusement la capitale du Pérou.
En Colombie, Ernesto commence à beaucoup souffrir de son asthme. Ils visitent Bogotá et les voilà à Caracas au Venezuela et utilisent toujours leur stratagème pour glaner un peu de nourriture. C'est là qu'Alberto abandonne son compagnon de route.
Le récit passionnant du Che est complété par une longue lettre d'Ernesto à sa « chère petite mère » depuis la Colombie. Puis un texte d'Ernesto Guevara Lynch, le père du Che, m'apprend que son fils est arrivé jusqu'à Miami avant de rentrer à Buenos Aires.
Ensuite, Ramón Chao apporte un autre éclairage intitulé « le Voyage du Condottiere » avant qu'une notice biographique rappelle toutes les étapes d'une vie consacrée aux voyages, à la Révolution cubaine puis à cette triste fin avec la guérilla bolivienne, à Nancahuazu, sorte de retour sur les traces de son voyage avec Alberto Granado. le Che, à 39 ans, est exécuté le 9 octobre 1967, sur ordre du président bolivien Barrientos, appuyé par les États-Unis.
Cette Latinoamericana m'a apporté quantité d'éléments sur ce personnage resté célèbre et auréolé d'une célébrité planétaire. J'avais visité avec beaucoup d'émotion le mémorial de Santa Clara, à Cuba où ses restes ainsi que ceux de ses principaux compagnons d'armes ont été rassemblés.
Enfin, comment ne pas parler de cette fameuse photo d'un Che Guevara barbu et coiffé d'un béret orné d'une étoile ? Il était jeune et bourré d'illusions tout en risquant sa vie. Malgré beaucoup de reproches qu'on peut lui faire, il a eu le courage d'abandonner Cuba et Fidel Castro afin de poursuivre sa quête d'aventures et d'explorations comme il avait su le faire à 23 ans dans ce livre excellemment traduit par Martine Thomas qui a su ne pas abuser des notes de bas de page, réservant l'essentiel au lecteur.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          11216
Ce roman de voyage est écrit par le jeune Ernesto Guevara lorsqu'il avait à peine 24 ans et qu'il n'était pas encore « Che Guevara ». En effet, Che Guevara était un auteur prolifique puisqu'il a tenu des notes et des journaux toute sa vie, même lorsqu'il menait des opérations guérillas.
Au début de ce roman, nous suivons deux amis, Ernesto et Alberto, jeunes étudiants, qui veulent traverser l'Amérique du Sud sur une moto Norton 500 cm² qu'ils appellent « La Poderosa » (la vigoureuse, en espagnol). Ils aiment faire la fête, manger, boire, et ils sont plutôt roublards. Il en résulte des scènes très cocasses.

Pourtant, au fur et à mesure de leurs contacts avec la pauvreté de la population on sent un changement dans l'esprit d'Ernesto. le voyage devient alors plus initiatique alors qu'ils découvrent les mines où les conditions de vie des ouvriers sont épouvantables, ou encore les hôpitaux aux conditions désastreuses, et les léproseries qui font office de mouroir.
Au travers de ses observations, on sent petit à petit comment le jeune étudiant en médecine est devenu le grand révolutionnaire que l'on sait. Dans la préface, écrite plus tard, l'auteur reconnait d'ailleurs à quel point ce voyage l'a changé.

Le livre a été adapté par Walter Salles, et a reçu 3 prix et 13 nominations. Gaël Garcia Bernal joue extrêmement bien le jeune Ernesto (sans compter une ressemblance physique assez troublante) et les paysages sont somptueux – entre autres choses !
Commenter  J’apprécie          50
« L'avenir appartient au peuple qui, pas à pas ou d'un seul coup, va conquérir le pouvoir, ici et partout sur la terre » » L'ennui c'est qu'il doit se civiliser, et cela ne peut se faire qu'après avoir pris le pouvoir, pas avant. Il ne se civilisera qu'en reconnaissant le prix de ses propres erreurs, qui seront très graves et coûteront beaucoup de vies d'innocentes.
Peut-être d'ailleurs qu'elles ne seront pas si innocentes que cela, car elles auront commis l'énorme pêché contra natura qui consiste à manquer de capacité d'adaptation. Toutes ces victimes, tous ces inadaptés, vous et moi par exemple, mourront en maudissant le pouvoir qu'ils ont contribué à établir au prix de sacrifices parfois immense. car la révolution, sous sa forme impersonnelle, leur ôtera la vie et se servira de leur souvenir comme exemple et comme instrument de domestication de la jeunesse montante. (…) «

Voici le début du texte dit par un individu rencontré au cours du premier voyage initiatique dans l'Amérique latine de Ernesto Guevara dit le CHE. Voyage à motocyclette est un bouillonnement de rencontres. La découverte des peuples opprimés.
Lien : https://educpop.fr/2022/10/0..
Commenter  J’apprécie          44
Journal de voyage du Che..;Deux jeunes étudiants insouciant quittent l'Argentine sur une moto pour découvrir l'Amérique du Sud....Leurs péripéties de jeune se transformera vite en voyage initiatique pour Ernesto Guevara. Progressivement, il réalise la condition de vie des habitants du continent...Le Che commence a apparaître...Un personnage complexe. Ce carnet de voyage permet au lecteur de comprendre comment cet homme a forgé ses idées, comment le Che s'est progressivement substitué à l'étudiant argentin...Intéressant.
Commenter  J’apprécie          40
LE livre qui m'a fait VRAIMENT decouvrir Che Guevarra!
Commenter  J’apprécie          41
Tout le monde devrait prendre exemple sur Che Guevara... Ce livre est divin !
Commenter  J’apprécie          30


Lecteurs (565) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}