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3,84

sur 2450 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Avec beaucoup de sobriété et de pudeur, Olivier Guez relate un pan de l'histoire qu'est la traque du pire criminel nazi, aux monstruosités sans limite. Josef Mengele.
Pourquoi écrire un roman sur sa disparition ? Si ce n'est pour rester sur ses gardes et méfiants envers les hommes toujours capables du pire.
Josef Mengele échappera à son procès, aux crachats qu'il aurait mérités, il n'aura de cesse de fuir avec l'aide et la protection de sa famille d'une part et de plusieurs acolytes inconscients. Si Mengele échappera au jugement dans un tribunal, échappera aux regrets et remords, il sera hanté par la solitude et démoli par l'ascension d'un monde enclin à plus d'humanité, aux droits des hommes, dans une rébellion et intolérance face aux horreurs de la seconde guerre. Mengele devra vivre avec un temps résolu et constater qu'il est de plus en plus seul. Abandonné de tous, ce monstre restera monstre prisonnier de ses convictions patriotiques au coeur de pierre.
On ne refera pas l'histoire mais ne pas oublier est primordial pour éviter les mêmes erreurs. Méfiance, méfiance...
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Me serais-je intéressé à La disparition de Joseph Mengele s'il n'avait pas obtenu le Renaudot ? Pas sûr et c'eût été dommage. Oeuvre d'Olivier Guez, journaliste et écrivain, le livre mérite d'être lu, même s'il ne s'agit pas d'y trouver des vertus purement littéraires.

S'appuyant sur une bibliographie considérable, assemblage d'enquêtes (faits historiques), de notes personnelles (témoignages) et d'essais (analyses), Olivier Guez a reconstitué le cheminement et le vécu intime de Josef Mengele, depuis son départ d'Europe pour l'Amérique du Sud en 1949, jusqu'à sa mort – attestée – en 1979.

Mengele, c'est le mal personnifié, un monstre à gueule d'ange, le symbole peut-être le plus significatif de la barbarie sophistiquée des nazis. Pendant les deux années où il officia comme médecin à Auschwitz, se gratifiant du titre d'« ingénieur de la race », il vit passer plusieurs centaines de milliers de Juifs vers les chambres à gaz, en prélevant quelques uns à chaque convoi pour son laboratoire, afin de mener des expérimentations personnelles pseudo-scientifiques – injections, prélèvements, mutilations, greffes contre nature et autres élucubrations abominables – conduisant généralement ses cobayes à la mort dans d'horribles souffrances.

Un être – je ne puis écrire un homme ! – incroyablement dépourvu de toute sensibilité à l'autre. Un pervers narcissique et maniaque au dernier degré.

Tout au long de ses trente années de cavale, Mengele aura été soutenu moralement et financièrement par sa famille, des industriels allemands fortunés. Il aura bénéficié d'un vaste réseau d'entraide constitué en Amérique du Sud par les criminels de guerre en exil. Des nazis irréductibles, enfermés dans leur culte hitlérien, dans leurs fantasmes sur les Juifs, et dans un rêve de revanche à une défaite qu'ils interprètent à la manière du criminel de guerre brossé par Erri de Luca dans le tort du soldat (lu et critiqué en février 2017).

La narration alterne le vécu quotidien du fugitif et l'environnement géopolitique dans lequel il se situe. Dans une première partie, le contexte accommodant du régime de Juan Perón en Argentine et un exil plutôt doux. En seconde partie, la traque par les chasseurs de nazis et la descente aux enfers d'un rat qui se terre au Brésil.

D'innombrables fausses informations, voire des légendes, ont circulé sur Mengele, qui eut la chance de toujours échapper, parfois de justesse, à ceux qui le recherchaient. le parcours du criminel s'est achevé par sa mort en liberté, ce qui peut procurer un sentiment de malaise et d'injustice.

Mais qu'aurait pu apporter la justice des hommes ?... Un procès ? Pour entendre Mengele rabâcher sur un ton provocateur ses certitudes tordues de nazi indécrottable, comme il le fait tout au long du livre ! Ou pour le voir refuser de répondre aux questions et se murer dans le silence ! Ou pire encore, suprême hypocrisie, pour l'écouter prétendre à la repentance et prononcer d'impensables regrets !

Et quelle condamnation aurait été à la hauteur de ses crimes ?... La prison à perpétuité ? Une bien douce punition pour un détenu auquel il aurait fallu réserver un traitement spécial à l'isolement. La peine capitale ? Une mort rapide et bien propre...

Comme l'auteur, je m'en remets à la citation de Kierkegaard placée en épigraphe de la deuxième partie du livre : « le châtiment correspond à la faute : être privé de vivre, être porté au plus haut degré de dégoût de la vie ». Ayant pu lire les journaux intimes du fuyard, Olivier Guez révèle un Mengele dont le corps et l'esprit ont été rongés par l'angoisse, la peur, la veulerie, les humiliations, les frustrations, les rancoeurs, les privations. Un enfer intérieur dans lequel Mengele aura croupi pendant ses vingt dernières années. Qu'espérer d'autre, quand on n'a pas d'âme à vendre au Diable ?

Le livre est découpé en courts chapitres de quelques pages, ce qui rend la lecture facile. Mais sa fluidité est par moment mise à mal par l'utilisation quasi générale du présent de l'indicatif, ce qui altère la mise en perspective du vécu quotidien dans l'environnement historique.

J'ai toutefois lu le livre avec plaisir. Je ne cache pas que la lecture des souffrances et des tourments de Mengele y a contribué. J'imagine que l'auteur a ressenti le même plaisir en les décrivant. Les histoires où les méchants sont punis, ça fait toujours du bien.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Olivier Guez nous fait suivre la cavale de Joseph Mengele, médecin/boucher/tortionnaire d'Auschwitz, de son arrivée en Argentine en 1949, à son décès trente ans plus tard. Il nous fait également découvrir un homme glaçant, ego-centré, incapable de faire preuve d'humanité ; un homme ?

Un bon, et beau, travail d'historien, particulièrement bien documenté, à en juger par la liste des sources et la bibliographie. Un travail de romancier, puisque l'histoire du sinistre personnage est contée comme un roman, ce qui permet d'éluder les zones d'ombre, notamment la principale : pourquoi les services secrets israélien, allemand ou américain n'ont-ils jamais retrouvé Menguele, alors que l'homme est resté en contact avec sa famille et un petit réseau de proches pendant les trente ans de sa cavale ? L'ont-ils sérieusement recherché ? On finit par en douter...

L'écriture est fluide ; l'ouvrage se lit facilement. Mais il y manque un je ne sais quoi ; une étincelle de génie ? Celle qui en ferait un peu plus qu'un ouvrage bien documenté et facile à lire... J'ai trouvé l'ouvrage un peu terne, l'écriture un peu trop simple ; un peu comme si l'humeur peu gaie du fugitif avait déteint sur l'auteur... Au point de me demander comment il avait pu obtenir le prix Renaudot en 2017.
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Biographie ou roman?, Prix Renaudot 2017, «La disparition de Joseph Mengele» nous raconte la cavale en Amérique Latine d'un des nazis les plus recherchés de la terre.

Pendant trente ans, de 1949 jusqu'à sa mort en 1979, Josef Mengele, traqué par les plus importants services secrets, a réussi à éviter l'arrestation et est parvenu à échapper à la justice.
Médecin nazi de la SS, Mengele, surnommé «l'ange de la mort» d'Auschwitz-Birkenau, triait les personnes qui allaient être gazées, mais surtout pratiquait des expériences d'une rare cruauté pour ses recherches génétiques et anthropologiques sur des personnes vivantes.
«La disparition de Joseph Mengele», raconte sa cavale. Aidé par un réseau d'anciens SS et de nostalgique du Troisième Reich, Mengele se cache en Argentine, puis au Paraguay et enfin au Brésil. Ce n'est pas le chef de la conspiration du film « Ces garçons qui venaient du Brésil » ou le personnage de Laurence Olivier dans « Marathon Man » que l'on suit, mais un type médiocre, minable, sans aucun remords.

Un texte très fort, l'écriture d'Olivier Guez est directe, claire, on se laisse emporter. Ce n'est pas un livre qui aide à comprendre ou explique la Shoah, mais une enquête sur un homme mauvais sans regret, antipathique, arrogant, presque banal, un homme aux abois, traqué qui n'a qu'une peur : Finir comme Adolf Eichmann.
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Difficile de parler de ce roman. Bravo à l'auteur pour le prix Renaudot et pour avoir traité d'un sujet difficile. Celui d'un criminel nazi, médecin. Incroyable que ce type ait pu se réfugier en Amérique du sud et y vive plus de 30 ans sans être inquiété, parfois avec son vrai nom. Je ne mets que trois étoiles, non pas à cause de la qualité de cette prose, mais parce qu'après avoir tourner la dernière page, un sentiment de mal-être et de dégoût. Je cherche dans les romans de quoi voyager au travers des pays et des êtres. Ici, il est renvoyé à ce que l'homme a de plus abject. Dérangeant. Attaque trop la sensibilité.
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Ecrire sur Josef Mengele, le médecin d'Auschwitz est un soit un défi.
Ecrire un roman en se mettant dans la tête d'un sadique dépourvu de toute compassion, un être pour qui les qualificatifs manquent pour décrire l'effroi qu'il inspire, cela paraît encore plus compliqué.

Voilà pour l'idée de départ, en ce qui concerne la production finale, je suis plus mitigée...

Dès les premières lignes, on ne peut nier que le style froid, concis et aussi tranchant qu'un scalpel reflète bien le personnage : à tel point qu'on pourrait croire qu'il s'agit d'un personnage à la Huxley.
Mais c'est le contenu de cette fuite et ce regard suffisant sur des évènements quotidiens qui pourraient être banals s'il ne s'agissait pas de Josef Mengele qui m'a laissée de marbre - et même parfois ennuyée.

C'est vraiment dommage. J'attendais sans doute trop de ce roman.
Toutefois, je trouve le travail de romancier qui consiste à mettre en scènes ces nostalgiques des régimes totalitaires - qu'ils soient Allemands, Italiens ou Argentins - très intéressant. C'est vrai, la littérature qu'elle soit "scientifique" ou de fiction ne manque pas de matière sur le sujet de la seconde guerre mondiale. le grand mérite d'Olivier Guez est donc d'avoir essayer de penser à cette période autrement pour la voir avec une portée plus "philosophique".
En cela les dix dernières pages qui montrent :
- le cynisme des protagonistes qui ont aidé Mengele à échapper à la justice
- et celui des médias et institutions qui se sont emparés du phénomène de manière très opportuniste
simplement remarquables.

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J'ai toujours le même problème avec ce genre de "romans" (Hhhh etc...)? C'est réellement très intéressant, très documenté, mais j'ai l'impression de lire une biographie de seconde catégorie. Je m'interroge sur la pertinence ou pas de certaines scènes (de sexe par exemple). Les horreurs commises dans les camps sont juste esquissées. Est-ce bien adaptée pour des lecteurs qui ignoreraient tout ?
Pour moi, il s'agit là d'une sorte d'introduction qui peut donner envie de se pencher davantage sur le sujet avec des livres d'historie traditionnels, mais je ne sais trop quoi faire avec cela.
Quitte à utiliser la forme romanesque pour évoquer ces sujets, je préfère de beaucoup une Douce flamme du regretté Philipp Kerr qui envoyait son personnage préféré en Amérique latine. C'était bien plus clairement un roman, avec un arrière plan historique. Et on apprend également pas mal de choses...
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Le livre d'Olivier Guez m'a mis mal à l'aise car il donne l'impression de relater fidèlement et cliniquement la cavale d'un des plus impitoyables et terrifiants bourreaux du régime nazi. Ce qui n'est pas le cas puisque si l'auteur se base bien sur un gros et serieux travail de documentation, son livre n'en demeure pas moins une reconstitution de la cavale de Joseph Mengele, et non une biographie. Il s'agit donc d'une fiction et là j'ai un doute sur la pertinence de son approche au vu de la dimension hors normes du personnage. S'attaquer à un tel sujet ne devrait pas donner de place à l'imagination d'un auteur.

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Il y a un paradoxe dans ce roman qui retrace la fuite d'un des grands criminels nazis, le Dr Joseph Mengele : on s'attache aux détails de sa vie en Amérique Latine, aux liens qu'il maintenait ou pas avec d'autres anciens nazis émigrés comme lui, à la vaine traque de différents chasseurs de nazis, etc. et, au fil du récit (finalement assez banal), il me semble que, petit à petit, on perd de vue l'essentiel, à savoir l'horreur de ce que cet homme a fait, au nom de l'idéologie mortifère qu'il avait décidé de servir. Je me demande si ce projet de faire de Mengele le personnage d'une sorte de fiction était une bonne idée.
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Combler par la narration les « vides » de la vie d'un homme abhorré, tel est le défi qu'Olivier Guez a réalisé en écrivant « La disparition de Joseph Mengele ».
L'auteur suit la fuite du médecin d'Auschwitz en Amérique du sud, il présente les filières d'évasion, la reconstitution de foyers nazis en Argentine, au Paraguay, les appuis politiques… Au fil des années, la situation devient difficile. Les criminels sont pourchassés, certains arrêtés (Eichmann). Mengele doit se déguiser, se cacher; l'angoisse, la paranoïa l'isolent, la folie n'est pas loin.
Olivier a réuni une large documentation sur le bourreau d'Auschwitz. Il relie les éléments collectés dans une version romanesque qui ne cache rien des atrocités commises, du manque total de repentir et d'une adhésion renouvelée à une idéologie mortifère. La protection des dictatures locales, la vénalité des autorités, les finances familiales permettent à Mengele d'échapper à la justice pendant trente ans et de mourir mystérieusement au Brésil.
Le style est direct, sec.. L'auteur décrit, il remplit les vides laissés par cette fuite. Récompensé par le prix Renaudot en 2017, le roman réussit à retracer le parcours d'un fuyard, dans une froide description. Un livre qui ne laisse pas indifférent.
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