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3,84

sur 2450 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On ne sort pas indemne d'une telle plongée en enfer.

Affronter l'histoire de l'ange de la mort d'Auschwitz, c'est comme regarder le diable en face, le mal absolu, la négation de l'Homme. J'ai pensé très fort à ceux qui l'ont croisé, pour leur plus grand malheur, Violette en particulier, tous ceux qui ne sont plus là maintenant pour témoigner.

Olivier Guez nous emmène à la chasse au nazi dans l'Amérique du sud complaisante de l'après guerre où se cache le sinistre Mengele, mais aussi un nombre impressionnant de ses compatriotes, dont Barbie ou Eichmann. Il nous détaille réseaux et complicités. Mengele s'est abrité derrière ce mur de solidarité et de silence et a survécu grâce à l'armée d'avocats et la fortune de sa famille dans des dictatures peu regardantes. Incroyable qu'il ait pu revenir se balader en Europe et visiter ses parents !

L'auteur nous livre ce récit avec un style dépouillé et une structure simple. Il est précis sur les faits et la seule concession faite au romancier c'est quand Il entre dans le cerveau de son personnage arrogant, dépourvu d'émotion et de regret seulement préoccupé de sa personne, imbu de lui-même.

c'est la chronique de l'inhumanité incarnée, un discours raciste porté jusqu'à la tombe, la rencontre entre une idéologie mortifère et un psychopathe, un homme froid qui ne se réfugie pas dans l'excuse de l'obéissance aux ordres.

Inquiétant que personne n'ait songé à trahir quelqu'un de si détestable. Ces ambiguïtés et ces silences en disent long sur les fidélités fondées sur des convictions partagées. le Mal n'est peut-être qu'endormi…

Les contingences géopolitiques, la guerre froide, puis les conflits du Proche Orient, ont ralenti la justice internationale, et Mengele est mort bêtement à la plage . Toutefois, s'il n'a pas été jugé comme Eichmann, il a vécu dans une prison à ciel ouvert, de plus en plus mal au fur et à mesure de ses changements d'identité, misérable paranoïaque se brouillant avec tout le monde, ressassant son passé et justifiant ses crimes.

Les prix littéraires me laissent perplexe la plupart du temps, je ne vois pas trop les raisons de leur subite promotion. Pour ce récit simple et fort, j'approuve le choix du jury. Au moment où des nazis entrent au Bundestag, Olivier Guez interpelle notre présent à la lumière d'un passé terrible.

Méfions nous, les vieux démons mutent comme les virus, leurs habits neufs ne sont que des leurres.

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L'humanité génère et recèle de ces monstres qui font vaciller notre raison et notre espoir. Ceux-ci croissent et prospèrent, souvent dans les périodes d'instabilité et de cahot, puis disparaissent dans la fuite et la mort.
Joseph Mengele était de ces rebuts dégénérés à qui le nazisme avait offert un champ inespéré d'expérimentation de l'horreur et du mal absolu.
Olivier Guez fait le récit détaillé et passionnant, même si romancé, de la course du monstre déchu et chassé... Aidé dans sa fuite par des gouvernements sud-américains d'une écoeurante complaisance, une famille complice d'ignominie et des réseaux pilotés par les nazis et leurs affidés. du beau linge sale à l'odeur pestilentielle des charniers humains de le seconde guerre mondiale. Pouah!
Au moins, Mengele a-t-il connu la peur abjecte du fugitif et la terreur de tomber entre les mains du Mossad et des chasseurs de prime!... Malade d'avoir bouffé sa moustache de trouille, un comble pour ce démon de la rampe d'Auschwitz.
L'humanité génère et recèle de ces monstres qui font vaciller notre raison et notre espoir. À nous de les empêcher de nuire lorsque c'est encore possible, mais aussi de ne jamais les oublier ni eux ni leurs forfaits. de ne pas oublier, non plus, le cahot et le désespoir qui ont permis leurs exactions. Yougoslavie et Rwanda ne sont pas si loin, qui sont venus nous rappeler l'horreur toujours aux aguets.
Votre livre, Olivier Guez, m'a fait serrer les poings et m'a étreint le coeur. Ne pas oublier est à ce prix et je ne saurai trop vous en remercier.
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Sur les traces de l'un des plus fameux criminels nazis, Olivier Guez produit un roman plus proche du travail d'investigation que de la fiction. Si l'auteur s'autorise une interprétation du personnage, les faits sont eux parfaitement documentés et reconstituent au plus près la fuite en Amérique du Sud et la traque.

La lecture est ainsi addictive, telle serait celle d'un thriller avec un "héros" nauséabond. le triste Sire s'impose dans toute sa pathologie de folie, de violence, de rancoeurs et d'auto apitoiement. Ses années de fuite éclairent ce que l'histoire a déjà retenu: la complaisance du régime des Perón pour la communauté nazie qui se reconstitue en Argentine, les années confortables pour d'improbables individus qui refont leur vie, remontent des affaires, délirent de projets de reconquête, sans jamais être capables de se remettre en question et faire quête de rédemption.

Bien légitime ensuite qu'ils vivent une cavale sans fin, en reclus et bêtes traquées.
Et c'est là le meilleur du roman, cette capacité à être dans les basques et la tête du fugitif, d'attendre la chute, alors que se développe le mythe d'un insaisissable personnage.
Au-delà de l'individu, il est intéressant aussi de comprendre les difficiles circonvolutions des recherches, au fil des contraintes géopolitiques et diplomatiques.

Une continuité d'intérêt pour moi qui ai beaucoup apprécié le film "Fritz Bauer, un héros allemand" (2016) sur le parcours du juge/procureur, infatigable traqueur de criminels nazis.
Olivier Guez en était le co-scénariste et ce roman est la suite logique de son travail de réflexion sur cette page dramatique de l'histoire de l'Europe.

Dérangeant, captivant, remarquable.
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Des faits, des faits, rien que des faits. le roman d'olivier Guez est un récit richement documenté sur la fuite du "boucher d'Auschwitz" en Amérique du sud et sa déconfiture totale. L'écriture est concentrée, dense, claire, aucune fioriture. le rythme est haletant. Un livre très bien écrit qui participe parfaitement au devoir de mémoire et nous rappelle que si des gens aussi malfaisants ont pu exister dans le passé, notre société est capable d'en fabriquer de nouveaux et à l'identique. Restons vigilants !
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"La disparition de Josef Mengele" aurait très bien pu s'appeler "Un homme en cavale" ou encore "La traque" que l'on saisirait amplement le sujet traité (avec brio et raison) par Olivier Guez. Car s'il y a des lectures qui ne laissent pas indifférents, celle-ci en fait assurément partie, et pour cause : Josef Mengele, surnommé l'Ange de la mort sur le camp d'Auschwitz, s'est fait la malle dés la débâcle allemande en direction de l'Amérique du Sud où il va mener une vie de cavale jusqu'à sa mort, échappant à de nombreuses reprises à une arrestation ou un sort plus funeste, en "récompense" de ses exploits ...

Dans un style journalistique très agréable et accessible et par de courts chapitres, Olivier Guez dresse un portrait peu flatteur du Docteur Mengele et de ses expériences, ses nombreuses combines (et une sacrée chance aussi, sans compter des appuis en haut lieu) pour échapper à un destin qu'il sait inévitable depuis que d'autres personnalités du parti nazi réfugiées en Amérique du Sud, traquées elles aussi ont fait l'objet d'un procès.

A la fois captivant et trés instructif !
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Difficile d'ajouter à tout ce qui a déjà été dit. Ce que j'ai trouvé de plus effarant, de plus incroyable, c'est l'accueil, l'aveuglement volontaire et la cupidité des autorités sud américaines qui durant toutes ces années ont caché, aidé, supporté tous ces êtres abjects, ces criminels de guerres, ces tortionnaires fous, ces fanatiques, ces illuminés...bon je me calme. Ce qui est encore plus enrageant, c'est aussi de voir les fortunes accumulées sous d'autres identités, comme si de rien n'était...Toutes ces vies nouvelles bâties sur le mensonge, la tromperie, la duplicité . Faut croire que tout ça était dans leur nature . Yark. Et que dire que tous ceux qui les ont entouré ?
Vraiment, ces hommes pouvaient dormir la nuit ? Sans cauchemarder? Chapeau à l'énorme travail d'Olivier Guez qui a su s'approprier toutes ces informations pour nous rendre ce récit. J'espère que nous aurons bonnes mémoires pour toujours se souvenir des millions de victimes de ces démons.
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La disparition de Josef Mengele retrace la cavale en Amérique Latine dudit Mengele, médecin chef à Auschwitz et à ce titre grand expérimentateur de l'horreur, après la défaite du régime nazi.

C'est un roman, mais issu de recherches approfondies, de sorte qu'on ne sait pas exactement ce qui relève de l'imagination et ce qui relève de l'Histoire. Cela m'a un peu gênée, comme souvent dans les biographies romancées.

Ce qui m'a encore plus gênée, c'est Josef Mengele lui-même. Ce n'est pas dommage qu'il ait disparu, c'est dommage qu'il n'ait pas été jugé, ou même simplement qu'il ait existé !

Naïvement, je pensais que les nazis s'étaient rendu compte de la barbarie de leur idéologie et de leurs actes après la guerre. Ce n'est pas du tout le cas du Mengele de ce récit : il se voit en pauvre victime obligée de s'expatrier et de se cacher alors qu'il est si brillant. Il ne renie rien de ce qu'il a pensé et fait. Il continue de se sentir supérieur et de tyranniser ceux qui l'entourent.

Je n'ai pas éprouvé une once d'empathie ou de sympathie pour ce "héros" sauf peut-être une microseconde pour la couronne à l'enterrement de son père. En ce sens, le livre est très dérangeant.

Il n'en demeure pas moins extrêmement intéressant. A la fois pour le portrait d'un psychopathe pas repenti. Et pour la peinture d'un microcosme nazi constitué un peu comme les groupes d'expatriés aujourd'hui... qui vit par périodes quasi normalement, qui continue à militer pour son atroce idéologie et qui est (heureusement) ponctuellement poursuivi par le Mossad ou les autorités internationales.
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Ce livre est une véritable bombe à retardement, un univers de l'horreur à l'état pur dans lequel Olivier Guez nous entraîne et ce, d'une manière tellement poignante et que le lecteur n'arrive pas à lâcher cette lecture, aussi écoeurante par moments que cela lui donne presque la nausée et pourtant c'était vrai.

"Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes", voici la dernière phrase de cet ouvrage et il faut y voici ici un avertissement on ne peut plus d'actualité dans la société contemporaine. Comment aurions-nous réagi si nous avions été confronté directement face à cette période sombre de l'Histoire ? aurions-nous été nous-même bourreaux ? Nous avons beau affirmer le contraire, nous ne pourrons jamais le savoir. Joseph Mengele fut l'un des plus cruels de cette période de la Seconde Guerre mondiale mais il fut loin d'être le seul. Médecin à Auschwitz, tortionnaire, il était persuédé de faire uniquement son devoir, accomplissant son devoir face à l'idéologie nazie et au nom du Führer. Cependant, ce n'est pas cette partie qui nous est narrée ici mais tout ce qui s'en est suivie. Comment Mengele a réussi à s'enfuir d'Allemagne pour se réfugier d'abord en Argentin,e avec sa première épouse Irène et son fils Rolf qu'il ne connaîtra jamais réellement, étant sans cesse obligé de fuir et de changer d'identité. Direction par la suite le Paraguay où, grâce à ses fidèles contacts, il trouvera une famille de paysans pour l'accueillir chez lui, le Brésil et tant d'autres lieux d planque. Oui, Joseph Mengele, malgré l'état d'Israël qui veut sa peu coûte que coûte, l'Allemagne qui est à ses trousses et les Etats-Unis vit...enfin disons qu'il survit, réduit lui-même à l'état de bête sauvage, ne sortant quasiment pas, se camouflant afin de ne pas être démasqué. Cet "ange de la mort", profondément imbu de sa propre personne aura néanmoins été adulé, secouru par son neveu et toute sa famille qui lui apportent régulièrement de grandes aides financières afin d'acheter le silence des familles qui l'hébergent. A-t-il eu une vie enviable bien qu'ayant échappé au procès de Nuremberg et à tant d'autres, je ne le pense pas. Cependant, ce qui me dégoûte, comme beaucoup d'autres je suppose est qu'il soit passé entre les mailles du filet et n'ait jamais été jugé pour "crime contre l'humanité". Certes, Joseph Mengele a réussi, gra^ce à des aides puissantes à finir sa vie sans aucune impunité mais je ne pense pas que cela fut mieux pour lui. Il aurait probablement été préférable, pour lui comme pour tous les autres, que celui-ci ait droit à son procès. Les avis divergeront probablement sur la question mais non, je ne pense pas que ce dernier ait eu une véritable vie : il serait même à blâmer, voire presque à plaindre et c'est ce que réussit à merveille à faire ce roman en "réhumanisant" cette figure atroce de l'Histoire (attention, ne vous méprenez pas, je suis bien loin de le plaindre, d'où l'empli dans ma phrase de l'adverbe "presque").

Un roman extrêmement bien documenté avec une écriture bouleversante pour raconter l'horreur. Tout ce qui est inénarrable se trouve entre les lignes et c'est cela qui fait la puissante de cet ouvrage tant l'auteur ne nous dit pas tout mais au contraire nous laisse suggérer et imaginer, ce qui est bien pire. A découvrir et à faire découvrir !
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Dans ce livre de grande valeur historique, Olivier Guez retrace le parcours après la guerre d'un des plus grands criminels de la seconde guerre mondiale, responsable de crimes contre l'humanité, le docteur Josef Mengele, tristement célèbre pour ses expériences sur des cobayes humains dans les camps et l'envoi à la mort par ses oeuvres de milliers de personnes.
Olivier Guez, journaliste au Point, nous fait revivre l'épopée de ce monstrueux personnage, depuis ses débuts à Günzburg, en Bavière, berceau de sa famille qui possédait une importante entreprise de machines agricoles, jusqu'à l'Argentine, où il parvient incognito grâce à l'aide de complices peu après la guerre, peu après avoir fait des petits boulots en Allemagne. Se sentant à juste titre poursuivi par le Mossad, ce monstrueux docteur va errer en Argentine d'abord, à Buenos Aires, à Bariloche ensuite, sorte de Tyrol argentin, ensuite il va trouver refuge au Paraguay, revenir en Argentine et enfin le Brésil à Serra Negra où il décédera sur une plage en 1979 dans des conditions mystérieuses, officiellement défaillance cardiaque, soit plus de 30 ans après la guerre!
Comment un tel criminel a-t-il pu rester impuni pendant toutes ces années?
C'est la question que pose l'auteur qui nous donne ici tous les faits historiques: d'abord Mengele a été avantagé par sa coquetterie: ayant toujours refusé le tatouage de son numéro d'immatriculation aux SS, les troupes américaines n'ont pas pu l'identifier au moment de la libération. Ensuite les tentatives du Mossad de le capturer ont rencontré des obstacles inattendus; exemple l'expédition du Mossad qui était prévue en 1963 a dû être reportée pour retrouver le petit Yossele enlevé par son grand-père ultra-orthodoxe, épisode qui a défrayé la chronique à l'époque.
La traque du Mossad va être complexe car Mengele a bénéficié de soutiens en haut lieu, comme celui du chef d'Etat argentin, Peron en personne, dont les sympathies nazis sont connues de tous, et qui avait été jusqu'à créer une entreprise, Capri, pour recycler les nazis poursuivis.
Autre problème qui s'est posé: Mengele a été identifié et reconnu vivant très tard, en 1954 seulement, à la suite de la publication de son divorce. C'est Hermann Langbein, ancien déporté qui a connu Mengele, qui retrouve enfin sa trace.
Excellent roman qui pose le problème de la responsabilité de beaucoup de personnes dans ces crimes contre l'humanité qui sont restés impunis.
Mengele tout au long de son exil mouvementé et protégé, n'aura jamais manifesté le moindre remords.
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Passionnant ouvrage.
L'auteur décortique minutieusement un épisode méconnu de l'après Seconde Guerre mondiale : la fuite en Amérique latine d'une des figures les plus épouvantables du nazisme, le docteur Mengele qui sévit à Auschwitz, puis sa traque ( vaine ) jusqu'à sa mort sur une plage brésilienne en 1979. Avec en ligne de mire un fil conducteur : comment vit un criminel de guerre après ses forfaits, que lui réserve la ville après l'horreur.
Tout est parfaitement maitrisé, on sent que l'auteur a passé des années pour recueillir un corpus documentaire complet. le récit est d'une grande densité très précis pour narrer la nouvelle vie, à la fois pathétique et ordinaire, de Mengele , tout comme les flashbacks sur Auschwitz.
Mais ce n'est pas qu'un récit historique, c'est un roman vrai, certes, mais un roman avant tout. L'écriture d'Olivier Guez est superbe, sobre, sans affect, avec quelques envolées réussies. Il s'est emparé des blancs, des zones d'ombre de la vie de Mengele ( sans doute jamais éclairées ). La forme romanesque permet de s'imprégner du sujet et de pousser la réflexion bien plus loin qu'avec un livre historique " classique " ... c'est tellement perturbant d'être placé dans la tête d'un monstre, de partager ses pensées .
Remarquable de bout en bout.
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