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Enfants soldats. Deux mots qui griffent. Enfants soldats. Des images décalées qui vous viennent de sourires d'une armée aux dents de lait. Enfants soldats. Déjà l'émotion s'estompe et se substitue une actualité plus douce. La vague est passée, et les marques laissées sur un sable lointain, en Sierra Leone, ne bouleversent que le temps d'une respiration.
Sous une chape de diamants, dans une nature luxuriante, le sang coule à flot, monnaie d'échange métallique face aux soifs de pouvoirs, qu'elles soient à l'envergure de la meute, du pays, ou d'égos surdimensionnés. Bien malin qui saura démêler les liens enchevêtrés sans risquer d'étouffer les proies prises au piège. Douleurs et soumissions ne sont pas encore la mort.

"Si les blessures profondes sont douloureuses pour toujours, on pouvait apprendre à vivre avec, passer le mors au chagrin même le plus rétif pour le dominer."

En Sierra-Leone, les années 1990 s'étirent dans le déchirement d'un peuple attisé à se massacrer dans une guerre civile à larmes blanches. Un temps qui pourrait être révolu. Mais le coin de ciel qui brûlait ces années-là crache ses cendres de nos jours en Europe. Les cadavres s'amoncellent et les flash-backs s'accélèrent pour s'embrasser en un épilogue vengeur.

"Souvent, je me dis que les gens ne voulaient pas savoir. Et puis, même lorsqu'ils savaient, qu'est-ce qu'ils en avaient à branler que la bague de fiançailles ou la rivière de diamants achetées chez un joaillier reconnu de la place Vendôme à Paris, à Midtown dans Manhattan où à Hatton Garden à Londres, aient coûté la vie, les bras, les pieds, les tripes d'une bande de nègres d'un pays que personne ne sait placer sur une carte ?"

Laurent Guillaume nous emporte dans les pas de Neal (mon très cher Neal, cher Bande-à-la-guerre, tu resteras longtemps attaché à ma peau ), et la tendresse de sa plume pour partager un drame qui nous échappe m'a bouleversée. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", nous apprenait-on il y a des siècles, certains auteurs savent éveiller les consciences avec subtilité et humilité. Je ne manquerai pas de revenir rapidement à cet auteur !
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31.07.2022 #70eme

Dans le cadre du Bureau des Lecteurs Folio Policier RTL 2022, sixième lecture (sur 8) avec ce « Un coin de ciel brûlait » qui nous fait voyager entre la Sierra Leone vers 1992, la Suisse, le Royaume Uni, la France de nos jours….

A Koidu, capitale du nord de Sierra Leone, ils sont trois enfants Eden Korona, secrètement amoureuse de Neal Yeboah, fils de l'imprimeur et Saad Rabbari, dont le père est Directeur du mine de diamant pour le compte de la compagnie Beers, trois gamins de 12 ans qui vont croiser, beaucoup trop tôt pour leurs âges, les chemins des rebelles, voleurs, violeurs, tueurs du RUF qui vont définitivement changer leurs vies.
Un bond de 30 ans et nous voici de nos jours à suivre la journaliste d'investigation Tanya Rigal, qui a été contacté par l'américain Franck Metzinger que l'on vient de retrouver assassiné dans sa suite d'hôtel à Genève. L'enquête est confié, entre autres, à Amanda Sharp, de l'Ambassade américaine.
Enfin à Frankland au Royaume Uni, le Dr James Songbono vient postuler au poste de médecin de la prison principale.

L'auteur Laurent Guillaume va très habilement dérouler les histoires de ces six personnages, très opposés à la base, pour nous emmener petit à petit, avec beaucoup de scènes terribles de guerre, les petits soldats africains enrôlés de force, de trahison, de convoitise, d'intrigues diplomatiques avec un soupçon d'amour (quand même) sur un épilogue surprenant.
Un de mes préférés sur la sélection pour le moment….
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Laurent Guillaume nous entraîne dans plusieurs lieux, mais également dans plusieurs temporalités pour nous faire vivre une histoire inoubliable, bouleversante et surtout très noir. Un coin de ciel brûlait, c'est un roman de 500 pages qui nous happe, nous tord et nous brise au rythme des événements qui vont finir par nous hanter. C'est un récit qui va faire exploser nos émotions en plein vol, notamment grâce à sa violence dont on essaie de fermer les yeux au quotidien. L'écrivain nous plonge dans un thriller à la dramaturgie intense et parfaite, puisque celui-ci nous entraîne avec alternance dans l'Afrique noir des années 90 où les guerres faisaient rage autour du diamant…

L'immersion est parfaite et on sent directement que le romancier connaît cette région du monde et tout son contexte géopolitique de l'époque. On y découvre les guerres civiles d'une extrême violence, les abus de pouvoir, la corruption toujours plus forte et la folie qui règne dans chaque camp qui s'affronte. Au milieu de tout cela, il y a des villageois innocents, vivant dans une crainte continue de voir débarquer un groupe de rebelles prêt à tout pour faire régner l'ordre. Pillage, viol, massacre. Laurent Guillaume n'y va pas de main morte pour nous faire part de cette réalité, de cette sauvagerie qui déferle sur ces villages, sur la bestialité qui anime certains “soldats”.


Le pire est derrière nous et pourtant, l'écrivain enfonce le clou. Celui-ci nous montre l'envers du décor, l'enrôlement d'enfants pour devenir des chiens de guerre. Pourtant dans cette folie, Laurent Guillaume n'en oublie pas d'insuffler une humanité à son personnage principal, si bien que l'on entre en empathie pour cet enfant qui vit dans la peur constante et qui réussit à garder une âme dans cette guerre qui n'est finalement pas la sienne. Un coin de ciel brûlait joue la carte du roman noir et du roman réaliste qui nous colle à notre siège de lecture, qui joue avec nos nerfs, mais surtout avec nos émotions. Parce qu'au final, dans ce continent qui se déchire, il y a encore une autre couche de violence, celle de l'interventionnisme occidental prête à tous les échanges possibles pour mettre la main sur les richesses d'un pays que l'on pille, quitte à bouleverser l'ordre mondial.

Et dans tout cet amas de violence et d'émotions, le romancier n'en oublie pas de nous faire vivre une enquête instructive, au rythme implacable et qui accélère au bon moment pour nous faire vivre un final dantesque où l'empathie sera à son maximum. Récit de guerre contre l'humanité, en passant par une investigation journalistique, mais aussi par une vengeance basique, Un coin de ciel brûlait s'inscrit parmi les meilleurs romans noirs de cette année, voire de la décennie.
Lien : https://tomabooks.com/2021/0..
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Le petit avis de Kris
Sierra Leone, début des années 1990. La vie de Neal Yeboah, 12 ans, est bouleversée par la guerre. Environ trente ans plus tard, Tanya Rigal, journaliste d'investigation à Mediapart, se rend sur une scène de crime dans un palace genevois. Elle avait rendez-vous avec la victime, un ancien espion de la CIA. Là, une diplomate américaine lui propose une collaboration que Tanya accepte à contrecoeur.
Qui, mieux que Laurent, pouvait nous raconter l'Afrique ? Ce thriller est particulièrement bien bâti et même si on reste dans la fiction on finit par y croire.
Car où commence la fiction et où s'arrête la réalité, une frontière bien fine ! Je pense d'ailleurs que certains faits sont proches de la vérité. Et puis comment ne pas s'attacher à cet antihéros qui ne sortira pas indemne de ces conflits plus ou moins sortis d'esprits profiteurs.
J'ai souvent pensé à la chanson de Bernard Lavilliers "Petit" qui résume bien le sort de ces enfants soldats.
"Un enfant
Avec un fusil trop grand
Un enfant, mais apparemment c'est plus un enfant
Peut tuer comme un grand, comme à la guerre évidemment"
Des personnages fouillés, attachants pour certains, qui font aussi l'intérêt de l'intrigue. J'ai d'ailleurs quitté à regret Neal, Tanya, Éden et Saad.
Un thriller à multiples rebondissements accompagnée d'une chute éclatante !! Si vous voulez du vrai thriller , c'est par ici !
Extrait :
Comme l'essentiel des diamants sierra-léonais était alluvionnaire, la majeure partie de la mine était à ciel ouvert. Derrière les grillages et les barbelés, Eden et Neal pouvaient voir les mineurs creuser une terre jaunâtre et boueuse des dernières pluies dans un décor de cratères et de cicatrices béantes. Des bulldozers et des pelleteuses grignotaient la jungle luxuriante, inexorablement. Les mineurs faisaient passer la terre fangeuse au tamis sous la surveillance laxiste de gardes de sécurité armés de kalachnikovs. Les armes automatiques c'était nouveau. Depuis que les rebelles du RUF faisaient des razzias sanglantes de plus en plus audacieuses, les sociétés minières avaient armé leur personnel. Enfin, « armé » était un bien grand mot : les vigiles n'avaient aucune notion de maniement des armes.
Lien : https://collectifpolar.com/
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Des romans évoquant l'histoire d'enfant soldat il y'en a beaucoup mais l'histoire de Neal Mccoy est à la tragique et envoûtant. L'assassinat d'Emilie sa bien aimée était la goutte qui avait déborder le vase, il se lance des lors dans une véritable croisade sanglante; Après avoir finit ce magnifique livre, une seule question me venait en tête , et Si Neal n'était pas aller secourir son père le soir de l'attaque du colonel Cobra???
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Diamant (n.m): Pierre précieuse, la plus brillante et la plus dure de toutes.

Il y a ces livres qui dès les premières pages m'aspirent, me valdingue à grande vitesse au travers des pages pour me recracher à la fin, sonné et chamboulé.
"Un coin de ciel brûlait" rentre largement dans cette catégorie tellement je l'ai dévoré avec cette impossibilité de le refermer.

Des meurtres sanglants en Europe accomplis au pic à glace et des enfants-soldats qui traînent le chaos derrière eux, l'auteur grâce à des événements distincts et une double temporalités entraînante nous offre un récit effrayant sur les monstrueuses guerres africaines et leurs enjeux cachés.

Vous l'aurez compris, c'est un bouquin qui va à 100 à l'heure, qui nous fait bourlinguer entre le Sierra Leone, l'Europe et les États-Unis pour parler d'un sujet (les guerres africaines) que j'ai jamais lu dans un thriller et qui est ici pleinement documenté, travaillé, une plongée cauchemardesque auprès de Neal, enfant soldat. J'ai énormément accroché à ce personnage principal que l'on découvre au travers d'épreuves inimaginables. L'intrigue est divinement ficelée, elle nous malmène de piste en piste jusqu'au final avec ses dernières pages épiques. Deux arguments pour le lire, le 1er, c'est que la plume de l'écrivain est sublime et le 2e le sujet de fond bien sûr.
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Allez, avouez que vous savez à peine où se trouve le Sierra Leone. Petit pays de l'Afrique de l'Ouest enclavé dans la Guinée Conakry dont la seule richesse semble être les mines de diamants. Alors forcément cela attire la convoitise des trafiquants, des véreux, des pseudo armées de libération qui louchent tous sur le pactole. C'est l'histoire d'un garçon de 12 ans qui se fait capturer lors du raid de "rebelles" et se retrouve contre son son gré enfant soldat. Il est témoin de toutes les cruautés d'un groupe "para militaire" sans foi ni loi dirigé par un psychopathe et constitué essentiellement d'autres enfants enrôlés de force. Petit à petit, il commence à comprendre comment fonctionne le "système". Qui subventionne les rebelles, qui fournit les armes, qui s'enrichit sur le dos des massacres et de la misère. Cela dépasse largement les frontières de son pays. Je ne révèle pas la suite. L'écriture du livre est agréable, le vocabulaire est assez riche. l'intrique est très bien montée, nous garde en haleine jusqu'aux dernières lignes
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1992, Sierra Leone. Neal, fils d imprimeur, est un adolescent insouciant, dont la vie va basculer lors d une attaque des rebelles du RUF, qui vont l enrôler comme enfant soldat et le former aux pires violences...
De nos jours, Suisse. Un américain haut placé est retrouvé mort dans un luxueux hôtel, l arme du crime étant un pic à glace. Tanya Rigal, journaliste de Mediapart, avait rendez vous avec lui. Une enquête s ouvre, avec la coopération des services secrets américains.
Quel est le lien entre ces deux événements ? Et pourquoi a-t-on fait venir Tanya dans cet hôtel?

Ce thriller extrêmement bien écrit et construit, est la lecture que j' ai préférée ce mois ci. On est happé par l histoire (dont on alterne les époques selon les chapitres), révolté par le traitement des enfants soldats et les exactions subies dans les villages, et on ne passe pas sous silence la corruption, la violence, les manigances, les faux semblants, mais aussi l importance des diamants de la région dans les relations internationales et dans l accès au pouvoir. Cela donne envie de se renseigner davantage sur le pays méconnu et pourtant stratégique qu est la Sierra Leone.
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Une plongée en Sierra Leone puis à Genève, ça vous tente? Mais attention ce voyage risque de vous laisser des traces.
1992 en Sierra Leone le jeune Neal voit sa vie bouleversée lorsqu'un groupe armé va l'enrôler comme enfant soldat.

Genève de nos jours une jeune journaliste se voit convoquer par la PJ suisse suite à la mort au pic à glace de son « rendez-vous ».

Quel est le lien entre ces 2 événements? Je vous laisse le découvrir 😈

J'ai beaucoup aimé ce thriller qui sous couvert d'un excellent thriller nous plonge dans une géopolitique qui laisse un goût amer. Les chapitres alternent entre Noah et l'enquête journalistique. L'auteur ne fait grâce d'aucunes descriptions superflues ou gratuites en ce qui concerne la réalité des enfants soldats. Tout au long de ma lecture, je n'ai pas cessé de penser aux films Blood diamond et Lord of war. J'ai passé un bon moment et je pense suivre cet auteur (surtout quand ma PAL aura baissé 🤣)
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Si je n'ai découvert sa plume qu'assez récemment – Je m'en souviens encore, c'était à l'occasion du Salon « Toulouse Polars du Sud » alors que venait de paraître « Là où vivent les loups » -, je me suis rattrapée depuis, et Laurent Guillaume n'a jamais cessé de me souffler comme le prouve encore ce titre si puissant tout comme sa couverture si évocatrice.

Sans prendre le temps ni la peine de nous ménager, l'auteur plante le décor au pic à glace pour mieux nous immerger au coeur d'une intrigue à deux temps aussi brutale que prenante, aussi poignante qu'instructive. Sans aucun doute fondé sur des faits d'une sinistre réalité qu'il était plus facile d'ignorer, Laurent Guillaume nous fait voyager sans passer par l'office du tourisme au profit d'un scénario nerveux mais surtout douloureusement crédible, démontrant qu'au-delà des intérêts politiques, ce sont souvent – toujours – les intérêts financiers qui mènent cette danse macabre.
Dans un monde où les diamants valent bien plus que des vies humaines, il devient dès lors atrocement aisé de « forger » des enfants soldats pour mener des combats aussi sauvages que gratuits… Mais même l'horreur a un prix que les plus cupides ont su trouver, ainsi qu'on va pouvoir le découvrir aux côtés de Neal comme de Tanya au fil de cette histoire menée tambour battant d'une plume fluide et percutante, d'un style nerveux et efficace dont je me dois absolument de vous livrer quelques extraits :

« A présent, le jeune homme était allongé sur le ventre sur deux tables d'écolier mises bout à bout dans le seul bâtiment en dur de toute la région, une école primaire bâtie dix ans plus tôt par une ONG suisse. Il y avait encore une banderole défraîchie qui clamait : « Eduquer, c'est croire à demain. » Mais demain avait déchanté. Plus aucun enfant n'apprenait ici. La guerre civile les avait renvoyés aux champs. le soir, ils se terraient avec leurs parents dans leurs misérables cases de banco, espérant échapper aux rebelles, aux Kamajors, aux soldats des forces armées sierra-léonaises. A tout le monde en réalité. »

« Beaucoup avaient dû mourir depuis, les rebelles manquaient de tout – particulièrement de médicaments et de médecins -, mais pas d'armes. Ca, les diamants leur en fournissaient plus que nécessaire ».

« Ainsi on en est là, se dit-il, prêts à se massacrer entre nous pour quelques cailloux. La rébellion, toute cette merde n'est que l'excuse pour que certains puissent s'enrichir. »

« C'était impressionnant, dans l'obscurité on aurait dit qu'un coin du ciel brûlait ».

« – Nous ne pouvons pas tuer tous les gens qui représentent une gêne, Monsieur.
– Bien sûr que si, nous pouvons ! Pourquoi ne pourrions-nous pas ? Cette nation s'est même bâtie sur ce principe. »

En bref, un thriller géopolitique tout à la fois passionnant et révoltant, pourtant non dénué d'humanité mais à l'issue duquel on ne pourra plus dire qu'on ne savait pas.

Lu en septembre 2021
Lien : https://deslivresetmoi7.fr/2..
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