Commençons par ce qui fâche : le style n'est pas terrible, l'écriture un peu relâchée, et certaines phrases flirtent dangereusement avec l'incorrection syntaxique ; on peut même s'étonner que l'éditeur n'ait pas demandé à l'auteur d'apporter à son texte quelques corrections.
Cependant, ce premier roman ne manque pas d'intérêt. La structure est habile ; une semaine dans la vie d'un trader français à Londres, un chapitre par jour, tous les fils narratifs mis en place le lundi sont dénoués le vendredi, quand commence le week-end ; on peut à cet instant imaginer le lundi suivant presque à la minute près.
Le récit n'est certes pas dépourvu de clichés : les filles que rencontre Simon sont des mannequins blonds sexy avec jean serré et vernis rouge aux pieds, ses collègues sont avides et prêts à tout (alors que lui seul est lucide et critique sur le milieu de la finance...), l'art contemporain, c'est vide de sens et les restaus très chers, c'est un peu superficiel. Je caricature à peine. Mais l'ensemble témoigne d'un humour certain (je conseille notamment la scène de la visite à la
Tate Gallery, très drôle) et d'une vraie capacité à raconter une histoire et créer une atmosphère.
Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais c'est un premier roman honorable qui donne envie de suivre ce jeune auteur (en espérant qu'il travaillera sa maîtrise de la langue). Une remarque cependant :
Pascal Guillet est lui-même trader et au vu des désillusions étalées dans "
Branta Bernicla", on se prend à craindre pour lui qu'il ne soit pas très heureux.