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Borderline (Zoë Hababou) tome 1 sur 5
EAN : 9781689139663
290 pages
Auto édition (28/08/2019)
4.71/5   24 notes
Résumé :
Il était prêt à se mettre une balle dans la tête. Et puis il a bu de l'ayahuasca.


“Travis est un électrochoc” — Evelyne Bornet

“Une telle force, à la fois brutale comme une mandale de biker et précise comme une flèche de maître zen” — Théo Letna

“Exigeant, violent, profond” — Giovanni Portelli


Psychose délirante et déjantée, errance métaphysique, thérapie rock’n roll ou encore… voyage spirit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Un jeune Américain paumé a ingurgité une plante appelée ayahuasca en compagnie d'un chaman en Amérique du Sud et se retrouve ensuite sans aucune ressource dans un petit village. Une analepse nous permettra de comprendre d'où il vient. ● Je me suis beaucoup ennuyé à cette lecture qui ressasse, en moins bien, du déjà lu, relu et rerelu.
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Borderline niveau – 2 est le premier tome d'une saga qui grandit vite, et si j'ignore encore où elle va, force est de constater qu'elle commence pour le mieux. Ce qui retient d'abord l'attention c'est la qualité d'écriture. Peu de coquilles, un style à la fois cash et poétique qui m'a rappelé le Renaud de la grande époque. Il y a un ton, une personnalité, et alors que l'autrice aurait pu être facilement tentée de céder au trash ou au glauque, et bien elle évite ce piège et il en ressort une oeuvre finalement rageuse et mélancolique.
Le récit est fluide malgré des ruptures qui auraient pu aisément perdre le lecteur. Cette fluidité tient bien sûr au fait que l'on ne perd jamais le héros de vue, ce qui a le mérite de bien clarifier la narration mais également de donner une vraie consistance au protagoniste principal. Il en ressort un personnage typé, solide, qui malgré ses errances physiques ou mentales sait retenir l'attention et ne pas être l'antihéros badass un peu cliché que l'on aurait pu craindre. A noter que globalement tous les personnages ont vraiment du relief, et évitent plutôt très bien l'écueil des clichés. Pourtant c'était pas gagné !

L'histoire en elle-même tient tout entière dans les faits et gestes du héros et de sa relation avec sa soeur. L'ouvrage traverse les genres avec une étonnante facilité (on peut tantôt être dans La Forêt d'émeraude, tantôt dans un film réaliste ambiance suburbs londoniens). C'est rythmé et introspectif à la fois, tout cela nourri bien sûr par le style véloce de l'écriture. Il y a de la narration, des dialogues dans un juste équilibre, même si à mon sens on perd un peu, dans le creux du livre, du travail solide sur l'atmosphère et le décor qui apparaît au début de l'ouvrage. Cela étant, Borderline se laisse lire avec un plaisir certain, à condition d'accepter le ton un peu cru ou vulgaire qui transparaît mais toujours de manière justifiée, et jamais de façon forcée. Il y a ce côté « bagout de la rue » à la Renaud, et l'autrice respecte ses personnages.

En conclusion, je dirai que cette saga commence de belle manière et en dépit de son caractère initiateur, ce livre ne laisse pas transparaître les errances communes des premiers romans. On sent que l'autrice sait où elle veut aller, que c'est bâti, qu'elle a un propos, et il en ressort un volume consistant qui fait honneur à l'autoédition.
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Je suis venu à ce livre par la lecture du blog de l'autrice et par sa communication attirante. Elle sait nous fasciner dans les situations hors du commun et son style direct et cash. Son vécu est passionnant et sa manière d'écrire percutante nous secoue et nous réveille. Elle est certes parfois un peu énervée et le dit fort, mais qui ne l'est pas ?

Ce livre est d'un très haut niveau littéraire et serait digne d'un prix. Nul doute que les suivants - déjà parus - sont de la même veine. L'autrice finira par percer, c'est évident.

Son livre est rédigé à la première personne - dans la peau d'un homme - qui n'hésite pas avec les vulgarités et les phrases raccourcies. Cela n'est en rien choquant et colle parfaitement au réalisme de l'histoire qui, glauque au premier abord, nous propulse dans des situations parfois irréelles et bien senties.

La lecture est très fluide et les pages tournent, tournent, comme les têtes, les actions, les réflexions et les envolées philosophiques. Là où on aurait trouvé un mauvais réquisitoire contre le conformisme de notre société et ses carcans, c'est un travail de recherche sur la liberté, la personnalité qui nous bouleverse et nous donne des pistes pour "trouver la voie". Hélas, comme pour le fou de Lao Tseu qui voulait couper la tête de Tintin, la voie passe par la fuite, la mort, les paradis (ou non) artificiels et d'immenses souffrances pour dénicher la vérité. le pour et le contre sont mis dans la balance, à la poursuite d'une vérité et d'une maturité.

Superbe final sur Nietzsche qui donne envie d'en savoir plus sur sa philosophie (oui je dormais un peu en cours en Terminale).

L'histoire est forte et les relations plus que fusionnelles entre le frère et la soeur rappellent "Canada" de Richard Ford, où le rôle des parents est immense. La fuite et l'errance, la recherche de soi, sont d'une grande force. Ici l'autrice tend vers des références déjantées que je n'ai pas lues, souvent américaines et hippies ou post-hippies. D'autres idées de lecture en tête, à moins qu'elle nous gratifie, au fil des tomes de son immense roman, d'un florilège de réflexions, magnifique synthèse de cette science humaine parallèle ?

On regrette que ce tome ne dévoile pas suffisamment d'initiation au chamanisme, mais cela va venir. Lire le tome 2 est indispensable tant ce tome 1 positionne le décor, l'appelle, comme un cri dans notre esprit secoué par tant de vie, dure, horrible et belle à la fois.

Lien : https://www.patricedefreminv..
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Borderline, c'est quoi ?

J'sais pas comment en parler. Parce que Borderline, c'est pas un livre, c'est une conscience. Une conscience à vif, brute et sans masque. Borderline, c'est un voyage, un trip, à travers l'âme de Travis Montiano. Son trip à lui. Mais pas le genre de bad trip de défoncé non, un trip pur, qui remue, qui fait réfléchir, qui trace le film de sa vie, des raisons qui l'ont poussé à se retrouver quelque part en Amérique latine, sur un trottoir avec Son jaguar à ses côtés.

J'peux malheureusement pas trop en dire, parce que Borderline, c'est le genre de livre que vous êtes obligé de lire pour savoir. Tout. Donc ça se résume à ça : c'est l'histoire de l'histoire de Travis.

*** *** *** *** ***

Alors, ça donne quoi ?

“Suivez le truc, comme je l'ai fait, c'est tout ce qu'on vous demande”

Cette phrase, extraite du livre, m'a fait quelque chose, c'est à partir de là que je me suis dit : ça y est, il me parle, à moi. C'était un moment dingue, parce que jusque-là déjà, c'était assez intense, et ça a commencé. le trip.

Parce que c'est Travis lui-même qui nous parle, et il le fait sans manière, brutalement, avec des mots et des images qui ne laissent pas indifférents. Il nous fait entrer dans son intimité, et plus on le fait, plus on en veut. Travis se parle aussi à lui-même. C'est un huis clos avec sa tête. Ses souvenirs, ses pensées, son parcours, ses démons, ses désirs… Travis a le don de vous parler comme si vous vous connaissiez depuis toujours. C'est un mec attachant, et plus d'une fois j'ai eu envie de le prendre dans mes bras, parce qu'il m'apparaissait d'abord comme une boule de souffrance. Puis ensuite parce qu'il était sincère. Les émotions que Zoë a su lui faire dire sont dingues, réelles. Pour un peu on pourrait entendre Travis, le sentir, le toucher, toucher sa conscience et lui répondre.

Ensuite, parce que le langage, parlons-en ! Super familier, super agréable à lire (pour quelqu'un comme moi du moins), Travis, il te parle comme s'il s'en foutait royal que tu sois là ou pas, il s'en moque de ce que tu peux penser, c'est d'ailleurs un des sujets de ce livre (plus ou moins) Les mots choisis sont parfois crus, authentiques même, parce que j'vois pas comment Zoë aurait pu faire autrement de toute façon, la nature même du livre aurait été totalement faussée. J'vois franchement pas Travis vous parler des gens et de lui avec un air pincé, le p'tit doigt en l'air et assis dans un salon de thé.

Travis nous parle de sa vie, de ce qui l'a amené à faire cette diète à l'ayahuasca dans la jungle avec l'homme qui a été mis sur son chemin, Wish. Travis est un Homme brisé, en quête de la paix si on veut simplifier, en attendant son heure avec un grand H. Au travers ce livre, on découvre comment il en est arrivé là, pourquoi (enfin pas tout grrrr). On découvre aussi quelques bribes de cultures américo-latine, chamanique aussi, ce qui rend le tout magique, limite.

Parce que dans cette conscience, dans ce livre, y'a pleins de leçons de vie, de mort, d'existence carrément, telle que nous devrions tous la voir. Ce livre n'est pas à la portée des gens trop carrés, trop pointilleux, trop dans le rangement, les cases… (ou justement si, peut-être même qu'il devrait être une bible) En tout cas, pour ma part, j'ai beaucoup été d'accord avec lui, Travis exprime des choses (au travers de ses souvenirs, sa façon de voir la vie et la mort) que moi-même je pense, à plus petite échelle. Des choses dont nous parlons tellement souvent avec mon compagnon, surtout depuis qu'on a des enfants qui ne rentrent pas dans le système…

J'aimerais citer quelques phrases qui m'ont beaucoup plues.

“Refouler, renier, tuer dans l'oeuf chaque embryon de pensée. Et c'était nous les malades mentaux ?”

“Mais à la vérité, c'est que je suis reconnaissant à ma mère d'avoir été une telle saloperie de garce, si c'est à elle que je dois ce que je suis devenu” -

“Si ton esprit est assez fort, ils pourront jamais t'atteindre”

Ya tout un paragraphe que j'aurais aimé mettre, mais j'ai peur de trop spoiler, en gros il parle de la routine des gens. Métro boulot, dodo, déprime, métro, boulot, dodo, déprime et que personne cherche à changer cet état de fait. Tellement de sens, tellement réel.

Et tellement d'autres sur la mort, le but de la vie, la souffrance, les expériences auxquelles il se livre avec son âme soeur, la drogue, les défis…

Travis il nous parle de nous, de vous, de lui, d'eux… du monde et de son cerveau malade, embourbé dans la complaisance, dans son inconfort, son inexploitation. Et Travis, ben il a raison sur beaucoup de choses. Il parle de la société, des ambitions, des lobotomies induites par l'éducation et la culture, de tout, et jamais de rien.

A chaque fois, j'disais à mon compagnon (je lis toujours à côté de lui, on a pas de place à la baraque hein) “"DIANTRE" ! t'as vu c'est écrit ça, et ça, et ça encore !”... il souriait, et je replongeais dans ma lecture.

Je pourrais citer le livre entier en fait. Mais faut que vous le lisiez. C'est le genre de livre que tu peux pas découper, il faut que le lecteur le lise en entier pour comprendre, pour juger, pour acquiescer.

Ensuite, parlons des flash-backs qui sont ma bête noire dans la littérature. le livre en est truffé, c'est l'essence même de l'ouvrage en fait. Forcément. le cerveau de Travis est déglingué par sa diète (son “traitement aux plantes”), sa souffrance, ses souvenirs, ses pensées, donc logiquement, il pouvait décemment pas nous livrer, dans l'état où il est, un récit linéaire. Impossible. Au début j'ai eu un peu de mal à suivre, puis en fait, si on l'écoute bien ce bougre-là, ça coule tout seul. On finit par comprendre à quel moment de sa vie on est dans chaque passage. Finalement, c'était même une super découverte que ce genre de lecture explosée comme l'est l'âme de cet hombre. (rappelons qu'il est en Amérique Latine au moment où il commence son dialogue avec nous)

Le livre se termine sur un suspens insoutenable. J'vous dis pas que j'ai hâte de lire la suite.

J'pourrais parler pendant des heures de ce livre, de Travis, essayer de comprendre certaines choses et tout (surtout ce jaguar nourri aux rêves), mais j'vais d'abord lire la suite. Il faut que je la lise !

Voilà. Pas besoin de le dire je présume, mais j'ai ADORE ce bouquin. Pas déçue du voyage ! Une vraie bombe dans ma bibliothèque !
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Borderline...

Sur l'arête de la vie..

L'état limite..

Quelque part entre émotions explosées et vide incommensurable.

Quelque part entre archisensibilié , impulsivité, instabilité à la frontière de la névrose.

Un monde sans nuances où se balancent certaines consciences.

Un monde intérieur et extérieur où une certaine vision de la réalité et de la vérité est décuplée d'intensité

La recoloration d'un monde sourd, endormi à travers les tourments d'humains au vernis fragile.

Cet essentiel de la vie: la conscience.

Cette conscience je l'ai empoigné , aseptisée et transfusée aux normes asphyxiées de cette société viclarde et décharnée.

Comme le lierre noir , elle s'était cramponnée et avait fait de moi une terre bâclée , un portrait pillé , un pantin disloqué et matrixé.

J'étais tout juste assez douée pour dire Amen à cette conformité gerbante.

-Regarde moi bien , lui dis- je

Tu te sens libre parce que tu n'est pas enfermée?

Parce que tu n'est l'esclave de rien...excepté de tes tyrans quotidiens?

Tu t'es déjà éclaté contre ce monde?

Tu as déjà ressenti ce besoin viscéral d'avoir mal pour te prouver que tu es en vie?

Parce que tout ce que tu crois vivre c'est d'une tiédeur écoeurante , d'une lenteur larvaire.

Il faut te disperser dans l'angoisse, la solitude , le face à face , t'extraire de ce monde pour mieux le voir, mieux l'aimer.

Cesser de te traîner comme un corbillard dans l'éclat funeste de tes illusions.

Eventrer ces chimères qui creusent chaque jour un peu plus le lit obscur de ton tombeau.

Oui, nul besoin d'être mort pour être cloué au sol, tu le fais si bien quand tu es incapable de descendre en profondeur.

Quand tu vivotes et gigotes niaisement comme un poisson hors de son bocal.

Quand tu hypothèque ta conscience pour des nécessités triviales.

Et toi qui me lis, tu es qui?

Un rescapé de la vie ou un rescapé de la mort?

T'acquittes tu honnêtement des responsabilités de ta conscience?

"Qui éveilles la vie chez les autres contribue à donner un sens à la vie"

Anselm Grun

"Ce que tu nies te soumet, ce que tu acceptes te transforme"

Carl Gustav Jung

L'HISTOIRE

D'abord, il y a ce jaguar à moitié crevé, il le suit plus fidèle , plus coriace que ces satanés être humains.

Lui, c'est Travis , un mec déchiré, commotionné par une réalité hallucinogène.

Avec sa trouille de vivre sans être à la hauteur de ses rêves .

Il raconte son histoire de fou, ce gamin mal aimé , rejeté , humilié .

Cet adolescent qui résiste, qui bosse dur pour rapetisser l'écart entre la réalité qu'on lui impose et la réalité de sa conscience.

Ce mec qui s'expose au sublime avec ses comportements dangereux , qui se trouve, se perd , se retrouve à travers ses souvenirs qu'il revit en accéléré .

Cette errance , c'est son identité profonde , il construit et déconstruit , il fabrique un monde dans sa tête totalement décroché de la réalité , il signe alors son pacte avec la folie.

Très subjectif la folie n'est ce pas?

Chaque fois qu'il est ramené à sa conscience, il se transforme.

Groggy dans un hôtel miteux en pleine hallucination , son retour au monde se ponctue de flashbacks , d'introspection, de rêves ..

L'itinéraire d'un marginal en mal de vivre qui tentera grâce au chamanisme cette pratique centrée sur la médiation entre les êtres humains et les esprits de retrouver un sens à sa vie.

Vous découvrirez Tyler sa soeur jumelle, son double , son alter ego , leurs descentes aux enfers .

Il vous parlera de Wish son chaman..

Vous reconstituerez peu à peu dans cette ambiance psychédélique le puzzle de sa vie.

LE PERSONNAGE

Je dis le personnage car il est le pilier central de l'histoire.

Travis est un véritable éléctrochoc.

Il vous ressucite et vous réanime de ses réflexions désintéressées.

Il est brut, il se livre à âme perdue dans des détails les plus sordides

Il est pur et nous épure de toutes les souillures de ce monde pollué de faux semblants.

Il nous charge à bloc, il rayonne , il est une rature embellie , il nous fait prendre conscience de la difficulté d'être..

Il nous saisit le coeur , sa psychologie est à saisir à vif..

LE RECIT

La narration est à la première personne et c'est celle que je préfère, celle qui crée la proximité avec le lecteur.

L'immersion est totale.

On explique moins , on accepte davantage et on s'identifie.

Un choix intuitif qui correspond à la vision du récit.

On est dans l'action directe et c'est ainsi très addictif.

Il faut juste un moment afin de pouvoir situer l'histoire et la chronologie des événements.

Malgré cet emploi , l'auteur n'a pas omis de travailler ses descriptifs ce qui n'est pas toujours le cas dans ce style de récit.

LE STYLE DE L'AUTEUR

Certains auteurs sont les seuls à pouvoir dire ce qu'ils ont à dire.

C'est le cas pour Zoé Habbabou

Son style c'est sa sensibilité personnelle.

Elle est juste avec elle même.

Un style qui est le jaillissement de son intérieur.

Difficilement classable , à prendre où à laisser, à aimer où à détester!

Le vocabulaire est cru , en cohésion avec le ton de l'histoire.

Les mots sont puissants invitant aux plus belles comme aux plus infectes images.

Elle est excessive et souvent choquante.

Elle jure comme un bonhomme et la minute d'après elle se révèle en subtilité.

Tout est retranscrit honnêtement , je dirais que c'est son label

PASSAGE

"Et elle demandait :

Comment est ce possible?

D'avoir besoin de choses qui n'existent pas !

Rêver de sensations qu'on ne connaitra jamais?

Avoir le souvenir de trucs qu'on a jamais vécus?

On a fait des milliers de kilomètres à la poursuite de cette chose , la pourchassant comme des bêtes affamées.

Son odeur était là , les traces étaient fraîches , la piste était infime , ténue mais indéniablement on était sur la bonne route.

Seulement on arrivait toujours trop tard . La chose avait toujours de l'avance sur nous.

Elle nous a fait courir comme des perdus , nous a traînés à travers les ronces , essoufflés , la langue pendante.

Mais elle demeure toujours insaisissable .

Elle nous narguait de loin , nous faisait signe et attendait tranquillement qu'on approche pour déguerpir au moment où on allait l'atteindre."

Vous pensiez que rien n'était noir?

Lisez "Borderline" ce roman aux sombres résonnances et tentez donc de tisser les liens de la haine et de l'amour dans cette sphère mortifère...
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Le rêve avait fait remuer une chose dans les ténèbres, une chose sans nom qui venait du fond des âges, d'une époque lointaine où l'homme n'était pas encore asservit. Cette chose était vorace, elle souffrait d'une faim millénaire qui jamais ne pourrait être rassasiée. L'écho du rêve avait atteint les tréfonds de l'âme qui constituait son antre, l'appel avait résonné faiblement mais cela avait suffi pour mettre la bête en éveil. Elle était désormais à l'affut, et jamais plus elle n'accepterait de sombrer à nouveau dans l'oubli. Ses hurlements de rage, semblables à ceux que lancent les fauves lorsqu'ils sont prisonniers, faisaient vibrer l'âme qui ne pouvait qu’exhorter l'esprit à agir. Et l'esprit torturé se mit en quête de ce qui pourrait apaiser l'appétit démentiel de la chose. Mais plus il l'alimentait, plus la chose prenait des proportions effroyables, et plus elle était insatiable. Elle exigeait des mets de plus en plus rares, et l'esprit devait faire d'immenses sacrifices pour les lui procurer. Vint le moment où la bête émergea complètement et fit face à l'esprit. Elle lui demanda de lui céder l'âme. Et l'esprit était tellement terrifié qu'il accepta. Il était seul à présent pour satisfaire la chose. Il continua à lui offrir du mieux qu'il put ce que sa volonté cruelle lui réclamait, mais cette tâche éternelle finit par le consumer. L'esprit commença par se recroqueviller sur lui-même. Pièce par pièce il se désagrégea, et à la fin il se perdit. Alors la chose n'eut plus qu'une issue: et elle se dévora elle-même.
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Je veux pas te faire peur, mais souviens-toi que je t’ai mis en garde. Les préliminaires sont terminées. Ici, c’est le lieu des choses sérieuses. Tu as fait le choix d’aller plus loin dans la pratique, ce qui fait de toi quelqu’un que l’ayahuasca va reconnaître comme un initié. Les plantes que tu vas dieter vont aller creuser très profondément en toi, et faire émerger des choses que tu préférerais certainement ignorer. L’ayahuasca va te les expliquer, mais personne ne sait si tu vas pouvoir comprendre, et si tu ne vas pas fuir en courant. Tu as pris ta décision en toute conscience, tu ne dois jamais l’oublier. Tu devras t’en souvenir quand tu feras face à toi-même, et surtout ne jamais te cacher derrière une fausse ignorance. Tout ce qui va se passer, c’est toi qui l’auras voulu et accepté. Et quoi qu’il advienne, rappelle-toi que c’était une bonne décision, que tu as prise quand tu désirais sincèrement aller mieux.
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À chaque combat que je mène, je tue et je retue le même homme. Et tant pis pour le mec en face de moi, mais il ne peut pas gagner. Parce que sa volonté de me vaincre ne pourra jamais au grand jamais surpasser mon désir de mort.
À chaque combat, c’est lui que j’ai en face de moi, et il me reluque d’un air à la fois amusé, enjôleur, provocant et ironique, et il se pourlèche les lèvres. Et il susurre, comme dans un rêve : Vas-y cogne, mec, frappe, fais-moi mal, montre-moi ce que t’as dans le bide, allez, je sens rien, t’as pas de couilles ou quoi, vas-y frappe je te dis, tue-moi, tue-moi ! Je serai encore là demain, et après-demain, et après-après-demain, hahaha, je serai toujours là désormais, tu m’entends, toujours là, tu peux pas te débarrasser de moi !
Et moi je cogne, je cogne de toutes mes forces, mais le sourire ne disparaît jamais. Et il rit, il se marre, il est plié en deux tellement il se fout de ma gueule, ça l’éclate de me voir me démener, m’acharner pour lui faire fermer sa gueule.
Quand je rouvre les yeux, un mec gît, en sang, à mes pieds. Un type lève mon bras au ciel et des gens crient et applaudissent
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Les jours que j’ai passé dans cet hôtel se fondent les uns dans les autres. Impossible de dire combien de temps j’y suis resté. En dehors de quelques épisodes de conscience qui se résumaient à me vider d’un côté ou de l’autre, tout se mélange en une sorte de longue, d’éternelle hallucination prolongée.
Les vautours de la peur me persécutaient sans relâche. Je les voyais tournoyer dans mon ciel, en attente. A l'affût des signes de ma mort imminente. Je luttais avec les ténèbres, sans rien pour faire office de boussole. Parce que mon psychisme était infesté de présences.
Je sais pas d’où elles provenaient, ni ce qu’elles étaient véritablement. Par moment, j’étais dans une telle parano que j’étais persuadé que c’était les esprits des plantes en colère, et surtout celui de l’ayahuasca, qui se vengeaient par ce que j’avais tordu ma diète.
Mais je crois que c’était plus subtil que ça. Je crois que mes pensées se matérialisaient en entités autonomes, et que c’est avec elles que je luttais. Je savais que j’avais merdé. Et je savais que je pourrai plus me rattraper. Et cette certitude précipitait mon esprit dans la peur. Et la peur me regardait. Je ne pouvais plus, comme par le passé, cacher mes propres émotions à mon esprit. Tout était conscient, et ma conscience se regardait elle-même, à travers ces présences.
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Il me semble que j’ai marché pendant des mois pour arriver ici. Mais je n’en conserve aucun souvenir. À peine quelques ébauches de scènes qui pourraient aussi bien appartenir au domaine des rêves. Sans cohérence, sans rien pour les rattacher au réel. De toute façon, c’est une notion dont j’ai oublié le sens.
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Videos de Zoë Hababou (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Zoë Hababou
Un frère, une sœur, comme animus et anima, un sorcier et un fauve, presque des archétypes jungien qui vont visiter l’ombre dont ils sont les constituants pour tenter de la retourner et accéder à eux-mêmes au travers d’une épopée psychédélique et labyrinthique qui n’est pas sans rappeler d’autres livres d’inspiration jungienne comme la déroutante Maison des feuilles de Danielewsky ou le mythique Fight Club qu’il n’est plus besoin de présenter. Zoë Hababou est une écrivaine-guerrière, une puriste attachée à l’authenticité du verbe sans fards et à celle des cultes shamaniques non adaptés à notre bien-pensance et à notre tiédeur occidentale. La découverte de soi n’est pas une excursion touristique planante, c’est une immersion qui fait appel au guerrier en soi, une exigence et une discipline.
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