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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Affrontement des plus physique et métaphysique avec les tableaux de cette exposition pour Yannick Haenel qui, encore une fois, nous livre une oeuvre d'art litteraire et picturale. Nous savons que pour l'écrivain la peinture est une catharsis, tant pour le peintre que pour celui qui regarde un tableau. Et l'écrivain, sensible par ses mots, essaie de faire partager ses émotions et ses découvertes lors d'une confrontation aux oeuvres maitressses des grands peintres de toutes époques, pris cette fois « au piège » d'un Bacon dont on sait qu'il recèle de mystérieuses répulsions et attractions pour de nombreux spectateurs..

De migraine ophtalmique en apaisement progressif, de réflexions, interrogations en découvertes inouïes telles que, sur un tableau de Bacon, le pied gauche interverti d'un Oedipe qui donne une réponse incomplète à la Sphinge, - pour Haenel la réponse à la fameuse énigme est « homme et meurtrier » tout à la fois.

La lumière intérieure de l'âme se fait dans l'obscurité, de couloir en couloir, de couleur en couleur, de voix en voix qui sont celles des tableaux, ou parvenues d'une explication de spécialiste, tel ce rapprochement jusqu'à la dernière torsion du mouvement comme du choix de la couleur qui donne le titre de ce nouvel opus, le bleu Bacon, celui du Vert Veronese ou du Jaune Utrillo. Ainsi cette peinture bleu tendre d'un filet d'eau inspire une douceur particulière au conteur et devient comme la spécificité d'un peintre qui n'était guère connu auparavant pour inspirer douceur et sentiment de plénitude.

Bacon en impose et le regard de l'analyste voit s'ouvrir les portes de la compréhension d'un peintre qui livre ses secrets en pleine lumière, exposant les chairs nues et les carcasses qui apitoient l'oeil le plus tendre et le plus compatissant.

J'ai rarement lu un témoignage d'une telle force et beauté, et Bacon m'apparaît comme un des peintres les plus sensibles et les plus humains, tandis qu'il demeure pour la plupart des regardants un guignol post moderne sans intérêt, inspirant dégoût et mépris.

Yannick Haenel demeure sans conteste un esthète de l'écriture et la met au service de la peinture, depuis de longues années, sachant que l'art passe par une catharsis indispensable pour être sauvé de l'ignorance et de la peur, en déchirant le rideau opaque des impressions erronées.
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Disons que je suis assez fan de Yannick Haenel, de sa plume, de son inventivité, de ses propos déjantés parfois. Dans Bleu Bacon, j'ai aimé le suivre dans ses réflexions sur la peinture de Bacon, peinture qui tout compte fait lui va très bien. On ne sait plus trop qui de l'écrivain ou du peintre transcende l'autre. La déambulation de nuit, seul, au milieu des toiles de Bacon est désarçonnante, envoûtante. La peinture qu'il faut voir dans le noir, les détails qui surgissent grâce au contraste du noir et de l'éclat aveuglant de la torche , et ce bleu qui palpite et enivre ! Avec les triptyques en hommage à l'amant perdu, la réflexion de l'auteur gagne en puissance et en précision. Passion, tristesse, amour, vie et mort, en couches, en larmes, explosés pour être réduits en mots. C'est un Yannick Haenel au sommet de son art qui dans sa déambulation s'expose et s'approche au plus près des doutes, de la solitude, des émotions du peintre qu'il rejoint. On est tout près de la re-création des tableaux. Un grand moment de littérature.
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"Bleu Bacon" raconte l'expérience insolite qu'a vécu Yannick Haenel dans le musée Georges Pompidou, mais que l'on sait caractéristique de la collection "Ma nuit au musée". Un récit intense avec cette sensation que la frontière entre le réel et l'imaginaire devient poreuse dès que l'écrivain franchit seul les portes du musée. Cette immersion nous invite à croire qu'une autre dimension existe où les oeuvres prennent vie et se matérialisent dans l'obscurité des salles d'exposition. Yannick Haenel l'écrit :"cette nuit le diable était de la partie".(extrait p. 138)

l y a d'abord ce mal de tête étrange qui surprend Yannick Haenel au moment même où il pénètre dans le musée qui l'oblige à prendre un médicament et à s'allonger. Une fois la douleur passée, les toiles se révèlent à lui comme dans une vision en 3D.

On se promène avec Yannick Haenel, on le suit dans les dédales du musée et dans ses pensées provoquées par son approche des oeuvres. Ce n'est ni la visite d'un guide, ni un cours magistral sur le peintre que nous propose ce visiteur nocturne. C'est un dialogue avec lui-même et nous, ses futurs lecteurs. C'est ainsi que les toiles prennent vie sous le regard de Yannick Haenel et nous révèlent leur histoire, la vie du peintre, celle du monde.

"En écrivant des livres sur le Caravage et sur Adrian Gheni, en étudiant la peinture de Bonnard et celle de Delacroix, je me suis lancé dans une aventure qui ne cesse de relancer ces questions : Que voit-on quand on regarde de la peinture ? Que se passe-t-il lorsqu'on se tient face à ces rectangles de couleurs où le visible se dépose si passionnément ? A quoi nous ouvrent ces impacts ?" (extrait p. 81 )

La toile "Water from a running tap" qui illustre la couverture de ce livre, devient avec Yannick Haenel, une méditation sur l'importance de la peinture. Il écrit : "Ce point d'eau ne révèle-t-il pas de l'infini ? Une force indivisible jaillit de cette peinture, dont l'affirmation limpide est à elle seule un évènement : tandis que j'écris ce livre, j'en fait l'expérience heureuse. Il y a toujours, quelque part une fontaine. C'est vers elle que l'existence se dirige : là où il y a de la peinture, il y a de la vie." (extrait p. 55) La peinture est un bain où vos yeux renaissent. (extrait p.57)

En lisant ce livre on comprend que même parfois dérangeantes, violentes, repoussantes les peintures de Francis Bacon sont essentielles à notre monde. le chaos du monde est dans l'oeuvre de Bacon.

Avec "Bleu Bacon" Yannick Haenel nous offre une exploration captivante des oeuvres de Francis Bacon. Son écriture poétique, ses réflexions philosophiques et littéraires nous invitent à contempler les mystères de l'existence à travers les oeuvres de l'artiste. Au delà des mots et des images cette nuit au musée est une plongée magistrale dans le domaine de l'art et de la littérature.

"Je me tiens entre l'intervalle enchanté entre peinture et littérature. C'est là que je respire le mieux" (extrait p.170)

En refermant ce livre on a juste envie de courir s'enfermer dans un musée avec les oeuvres de Francis Bacon en emportant "Bleu Bacon" avec soi...
Lien : http://ecriberte.over-blog.c..
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