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3,14

sur 337 notes
Je n'ai vraiment pas de bol ! le tout premier livre que je reçois dans le cadre de l'opération masse critique de Babelio, a accueilli, jusqu'à présent, 9 critiques défavorables sur notre site préféré, certains jugent l'ouvrage même carrément mauvais. Un cadeau empoisonné donc, ou est-ce que Babelio et les Éditions Gallimard s'attendent à ce que je me propulse comme le sauveur de l'opus ?

Comme gentleman, je remercie Babelio et Gallimard, en tout cas, pour l'envoi et partant du principe du bénéfice du doute et de celui de faire contre mauvaise fortune bon coeur, je vais essayer de faire de mon mieux. Ce qui ne sera pas simple, d'autant plus que l'auteur m'a légèrement déplu avec son ouvrage "Jan Karski", qui, comparé à l'oeuvre de Karski lui-même "Mon témoignage devant le monde - Souvenirs 1939-1943" me paraît assez fantaisiste. Qui sait, une forte dose de scepticisme au départ me mettra peut-être sur la bonne voie pour rendre un tantinet justice à Yannnick Haenel ?

Mais ma bonne volonté du départ est déjà, sur la 2ème page du texte, confrontée à rude épreuve avec la formule "l'intérieur mystiquement alvéolé de la tête de Melville" J'avoue que même avec l'aide du petit Larousse je ne suis pas sûr d'avoir bien compris. Ou plutôt théoriquement quelque part si, mais pas assez pour pouvoir en expliquer toute la portée à mon épouse par exemple. Mais passons, petit incident de parcours.

Heureusement que l'on passe assez vite sur le régisseur Michael Cimino, dont j'ai beaucoup aimé - comme l'auteur d'ailleurs - son "Voyage au bout de l'enfer" avec Robert de Niro. le projet de l'auteur consiste en fait à réaliser un film "The Great Melville". Pour cela, il a écrit un scénario de 700 pages sur la vie et l'oeuvre d'Herman Melville (1819-1891), le père spirituel de la baleine blanche, Moby Dick, et espère que Cimino en fera une oeuvre maîtresse. Que le cinéaste américain accepte de rencontrer l'auteur, lui qui mène une vie de reclus après le fiasco financier de son "La Porte du paradis", donne un nouvel élan à la narration.

Pour les fans du 7e art, l'opus est une source quasi encyclopédique de régisseurs, tels Cimino, Francis Ford Coppola, Jean-Luc Godard, etc., d'acteurs comme de Niro, Marlon Brando... et de l'actrice Isabelle Huppert, qu'il rencontre d'ailleurs en personne au resto Bofinger, près de la Bastille. Détail amusant, le maître d'hôtel de la fameuse brasserie alsacienne ressemble à un certain Emmanuel Macron (page 119) ! Mais des excursions ne manquent pas nom plus dans le domaine littéraire avec des noms comme Ovide et William Shakespeare, de qui on a droit à des vers en version bilingue (bref extrait de "La Tempête", p. 121). Et pour compléter le tableau honoraire : l'écrivain et poète américain juif, Charles Reznikoff (1894-1976), célèbre pour son "Holocauste" de 1975.

Le protagoniste principal de l'oeuvre, qui fête à un moment donné ses 50 ans, est un écrivain qui mène une vie un brin spécial autour de "3 grands pôles...ordinateur, frigo, vodka" (p. 100). À part des problèmes avec sa concierge acariâtre, il lui arrive de tomber amoureux d'une Anouk et d'une Léna Schneider. Même les amateurs d'animaux y trouveront un certain confort avec la présence digne de Sabbat, le dalmatien de son voisin de palier, un joueur professionnel de poker, du nom charmant de Tot (mort en allemand).

Dans l'ouvrage de Yannick Haenel il y en a donc pour tous les goûts et l'auteur s'y montre un magicien des mots. Dommage qu'il fait parfois de l'excès de zèle. Emporté par son enthousiasme, il a tendance à voler, là où pour le lecteur c'eût été peut-être souhaitable qu'il s' etait borné à marcher.
 la question spécifique de recommander la lecture de "Tiens ferme ta couronne", je préfère me retrancher derrière la phrase standard de feu Harold Wilson, Premier ministre britannique, : "No comment !"
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C'est toujours frustrant de donner un avis négatif sur un livre dont on vous donne la possibilité de le découvrir avant sa sortie grâce à Babelio et aux Editions Gallimard que je remercie. Mais ici, peu de plaisir à lire cette histoire que Yannick Haenel (dont j'avais aimé le controversé "Jan Karsky") a imaginé. L'histoire d'un homme qui pense avoir écrit le scénario le plus génial qui soit, le proposé au tout aussi génial et maudit réalisateur Michael Cimino, tout en montrant un addiction au film de Coppola "Apocalypse Now" ce que l'on peut comprendre et que vous saurez tout à la fin de ce roman. Il y a aussi l'arrivée d'un chien dans la vie du narrateur puis aussi bien sur l'amour avec un grand A. Des lignes et des lignes que Haenel a du peser et soupeser pour rendre tout cela intéressant, mais rien n'y a fait, encéphalogramme émotionnel constamment plat. Bien sur, on sent derrière tout cela la patte d'un écrivain, que Haenel propose un texte décalé et original, mais pour quoi au final ? Pas grand-chose, en tout cas, rien d'inoubliable pour moi.
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La page blanche, ça n'arrive pas qu'aux écrivains, ça arrive aussi à ces ratés qui parlent des livres qu'ils ont lus, sans jamais en avoir écrit un. C'est la grosse honte. Ça peut aussi être le signe d'une sympathie profonde avec l'auteur. Ça peut vouloir dire : mec, je comprends parfaitement ce que tu as ressenti lorsque tu as voulu écrire ton histoire. Imaginez : l'écrivain-narrateur de ce roman écrit un bouquin parce qu'il n'a pas réussi à faire publier son scénario. Ecrire parce que l'écriture a été un échec. Faut le faire. C'est peut-être ça le drame de l'être humain, qu'il ne désespère jamais. Et moi donc, j'essaie de trouver quelque chose à dire sur ce livre qui ne dit rien. On y trouvera bien un peu de baise, comme dans tous les livres du moment. Un peu de branlette intellectuelle, pour montrer que l'âme et le corps peuvent se rencontrer, révolution des sphères ! Des personnages célèbres, parce que le mec, même s'il est un looser, sait s'y prendre avec la jet-set. Des bons mots, des phrases agréables à lire, une littérature bien menée, même pas de quoi cracher dessus. C'est ça qui est pénible avec les romans contemporains : on n'a pas encore eu le temps de les oublier.
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Un écrivain ressemblant beaucoup à Yannick Haenel raconte quelques mois de sa vie. Le roman est construit en trois parties qui se suivent chronologiquement même si de nombreux flashbacks en cassent le déroulement linéaire. Dans la première (‘Des films') le narrateur, auteur d'un scénario sur la vie de Melville, rencontre à New York le cinéaste Michael Cimino grâce à l'aide d'un producteur. De retour à Paris, l'écrivain s'enfonce dans la solitude et la déchéance et consacre son temps à visionner des films et en particulier Apocalypse Now, qu'il repasse en boucle. Dans la seconde partie, (‘Des histoires'), quelques mois plus tard, l'écrivain passe une soirée au restaurant en compagnie du producteur, d'Isabelle Huppert et de Léna, conservatrice du Musée de la Chasse, dont il tombe immédiatement amoureux. Cette longue soirée alcoolisée fait naître des récits racontés par les protagonistes et marque un tournant dans la vie de l'écrivain. La troisième partie (‘Des noms') débute le lendemain de cette soirée d'ivresse. L'écrivain a certes une méchante gueule de bois mais il retrouve sa place dans le monde et le désir de vivre. Après quelques péripéties, il part en Italie où il attend d'être rejoint par Léna et écrit le roman que le lecteur tient entre ses mains. Il a ressuscité en retrouvant grâce à l'amour sa force vitale et son pouvoir créateur.


Ce roman se lit facilement et on suit les pérégrinations et les rencontres de l'écrivain avec un certain intérêt. Néanmoins le livre repose avant tout sur les idées. Dans un entretien avec Michel Crépu publié en 2010, Yannick Haenel s'est longuement exprimé sur ses ambitions littéraires et les fondements de son écriture. Ce roman s'inscrit dans la parfaite continuité de ce programme. Obnubilé par la littérature et pas son destin d'écrivain, Haenel a choisi pour titre de son livre une citation de Proust. Il symbolise l'idée que la littérature est un royaume, que l'écrivain en est le roi, un élu, que l'écrivain ne doit pas se laisser écarter de sa vocation, de son désir comme le fait le narrateur dans la première partie. L'oeuvre d'un écrivain est l'extrémité d'une branche qui continue de pousser et elle est la continuation de l'arbre constitué de tous ces ‘noms' qui l'ont précédé. L'écrivain est celui qui fait coïncider l'expérience de la parole et l'expérience de l'être. Le narrateur va sortir de son enfermement de la première partie pour rentrer à nouveau dans le réel et cette expérience sera la source d'un livre. Le roman de Haenel pose ainsi la question suivante : comment concilier le besoin de solitude, la nécessité du silence avec l'expérience du monde, l'épaisseur du réel, la rencontre avec l'Autre ?


Haenel développe aussi l'idée qu'il subsiste toujours une possibilité de lumière après l'obscurité du chaos et de la destruction, une possibilité d'espérance après la tragédie. L'idée quasi mystique que la vie peut vaincre la mort. L'idée non moins mystique de la rédemption. La tonalité mystique du livre culmine lors d'une scène de cérémonie mortuaire se déroulant devant le retable d'Issenheim. Le roman est à ce titre fortement métaphorique. Exemple assez drôle : le voisin est un chasseur, il s'appelle Tot (la mort en allemand) et le narrateur craint qu'il ne s'empare de sa carabine Haenel pour le tuer… Ou lorsque le producteur raconte comment, victime d'un accident, il s'est retrouvé coincé dans sa voiture par les bois d'un cerf.


Le programme est ambitieux mais Haenel ne surmonte pas toujours la difficulté de transformer cette ambition en oeuvre littéraire. Car le récit m'est trop souvent apparu comme un pré-texte ne servant qu'à justifier ses théories. Le roman souffre par moment de grandiloquence (particulièrement dans les passages évoquant les attentats parisiens de novembre 2015), de lourdeur et de pédanterie. Haenel en fait trop et son cabotinage didactique est parfois lassant. Certes on peut voir le bon côté des choses et apprécier le système d'échos et résonnances multiples que développe Haenel tout au long du livre (le cerf et la symbolique qui s'y rattache, la chasse, la figure du reclus, génie incompris ou génie du Mal…) mais il gagnerait à laisser plus souvent l'imagination du lecteur faire son propre chemin plutôt que mettre systématiquement les points sur les i, surtout lorsque ces points restent abscons. Une digression sur Apocalypse Now par exemple se transforme en réflexion assez fumeuse sur le mal, la vie et la mort, réflexion toute aussi fumeuse que l'on retrouve sur le trottoir devant le restaurant où le narrateur en attente d'une table convoque les vers de Shakespeare.


J'ai retrouvé chez Haenel ce travers propre à certains écrivains actuels de multiplier à longueur de pages les références littéraires ou culturelles. L'obsession de se retrouver dans la cour des Grands pousse Haenel à citer Melville bien sûr, sa référence absolue, mais aussi Kafka, Dostoievski, Malraux, Flaubert, Rimbaud, Fitzgerald, Lowry, Kerouac, Homere, Ovide, Wittgenstein et je dois en oublier. Sans oublier les peintres bien sûr, Rembrandt et son cavalier polonais (déjà invité dans Jan Karski) ou Turner. Cela frise parfois le ridicule comme lorsque pris d'hallucinations en voyant Paris transformée en lac de sang, le narrateur se met instantanément à penser à Rimbaud. Je crois que l'art d'aujourd'hui (y compris la littérature) n'a plus rien à voir avec l'art de la table rase prisé par les avant-gardes et qu'il fait volontiers référence aux grands artistes du passé mais multiplier les références et les exhiber à ses lecteurs n'est pas forcément un gage de qualité.


Au crédit de ce roman, je dois dire que j'ai trouvé certains passages drôles : la gestion par le maître d'hôtel Macron de l'arrivée du narrateur et de son chien au restaurant, ou la première rencontre avec Cimino que le narrateur ne reconnaît pas parce qu'il le prend pour une femme (allusion aux rumeurs sur la transsexualité de Cimino).


Et il y a, malgré l'emphase un peu lourde, quelques beaux passages poétiques notamment lorsque Haenel évoque les êtres dont l'intérieur de la tête est mystiquement alvéolé (citation de Moby Dick évidemment !) : les être habités par un feu sacré, capables de décrypter les signes pour accéder à la vérité, capables de distinguer les deux faces du monde, la face visible, matérielle, profane et la face invisible, étrange, pleine de mystère.
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Ce livre m'a fait vivre une expérience étonnante : je vous la raconte en deux mots.
D'abord, j'ai pesté : je ne comprenais rien ou pas grand-chose. le propos, métaphorique, allégorique, philosophique, symbolique me laissait plus ou moins à la porte. J'avais beau vouloir entrer, rien à faire. Il me semblait parfois m'approcher du but : tiens, c'est peut-être une quête de la Vérité dont il est question. Oui mais quelle Vérité ? N'y a-t-il qu'une Vérité ? Non, c'est plutôt l'histoire d'un looser halluciné, paumé et frappadingue (c'est lui qui le dit), vivant en marge d'une société plutôt violente, un homme qui chercherait à atteindre une espèce de royaume (perdu?) où régnerait encore l'innocence. Oui, c'est plutôt ça, une espèce de parcours spirituel vers une forme de pureté qui n'existe plus dans notre monde sinon sous forme de traces, notamment dans l'Art et peut-être aussi dans la beauté de la nature. Encore faut-il être capable de la voir, cette beauté, qui peut n'apparaître que de façon fort éphémère. « Lorsque l'on agit contre son propre intérêt (lorsqu'on se sabote), [comme le fait le narrateur] c'est toujours par fidélité à une chose plus obscure dont on sait secrètement qu'elle a raison. »
Contente de mes interprétations, je retombai cependant quelques pages après dans des sphères plus ou moins nébuleuses dans lesquelles je poursuivis ma lamentable errance.
Bon, très bien, me suis-je dit, si tu me résistes, sacré bouquin (oui, oui, il a quelque chose à voir avec le sacré ce bouquin!), je vais t'avaler d'UN COUP comme un verre d'alcool un peu fort (d'ailleurs notre narrateur picole pas mal dans le livre, de la vodka notamment).
Et je l'ai lu d'une traite cherchant ainsi à dompter l'animal sauvage (il est aussi question d'animaux sauvages dans le livre!)
Et là, MIRACLE, tandis que je voulais au plus vite en sortir, j'y suis rentrée. En effet, alors que j'avais cessé depuis longtemps de chercher un sens à tout, tout me parlait. J'étais sous l'emprise.
Je pense donc que c'est un roman dans lequel il faut se plonger en se laissant porter par l'écriture sans s'interroger sur la moindre formule. Certains passages sont éblouissants d'ailleurs. Il ne faut pas lire ce roman par à-coups, une page par-ci, deux pages par-là. le charme n'opère pas.
Bon, venons-en au sujet : le narrateur, 50 ans, vit seul dans un petit studio parisien dont il sort très peu. « ...ma vie, que je croyais une aventure, tournait autour de mon ordinateur, devant lequel j'étais posté dix heures par jour, autour de mon frigo, qui était inlassablement vide, et de quelques bars de Gambetta… où j'allais m'enivrer en racontant n'importe quoi à n'importe qui. » Il est « un type qui n'a aucune ambition - ou qui la place dans un lieu que la société ne répertorie pas », il occupe ses journées à lire ou à regarder des films de façon obsessionnelle, notamment Apocalypse now de Coppola qui tourne chez lui en boucle.
Il a écrit un scénario de sept cents pages sur la vie d'Herman Melville : The Great Melville qu'aucun producteur n'a retenu. En effet, l'auteur de Moby Dick le fascine, et notamment, « l'immensité qui peuple la tête d'un écrivain comme lui. »
Lorsqu'on le lui demande, le narrateur précise que son travail porte sur « l'intérieur mystiquement alvéolé de la tête de Melville », ce qui évidemment fait fuir tout le monde ! Il faut dire que ce garçon se pose beaucoup de questions comme s'il portait en lui une forme de grandeur, d'absolu qu'il rechercherait, une espèce de vérité (attention, c'est là que ça se corse et que l'on décolle) que l'on atteindrait par exemple par l'art, à condition de vouloir consacrer à cette quête spirituelle une grande partie de sa vie, ce qui suppose que l'on n'entre pas tout à fait dans le moule proposé par la société : travail, réussite sociale, famille, enfants… car il faut rester « disponible » et « pur » d'une certaine façon, être capable de percevoir les signes de la vérité, d'où la nécessité d'avoir l'esprit (et la vie qui va avec) libre !
Encore faut-il savoir ce que l'on veut faire de sa vie ! Tiens, finalement, c'est peut-être ça la question essentielle de l'oeuvre… Sait-on ce que l'on veut faire de sa vie ? Est-on capable « de vivre dans la vérité ? »
Or, d'après une phrase de Melville, « en ce  monde de mensonges, la vérité est forcée de fuir dans les bois comme un daim blanc effarouché » et donc, il faut la traquer, en rechercher les traces, partir à sa poursuite. Il va donc tenter d'entrer en contact avec Michael Cimino, réalisateur du Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter = le chasseur de daim), un homme qui cherche le scénario « qui saura attirer Dieu dans ses pages ». le narrateur est persuadé que ce réalisateur le comprendra puisque dans ce film ci-dessus cité, un chasseur joué par Robert de Niro poursuit un daim qu'il ne tue pas finalement. Or, ce daim serait « le survivant d'un monde régi par le crime, il témoigne d'une vérité cachée dans les bois » et il tiendrait tête à la criminalité qui a envahi le monde. le moment suspendu où le chasseur ne tire pas symbolise une espèce de moment de grâce, de vérité : soudain et seulement à cet instant précis, le mal n'existe plus, le crime s'interrompt sur terre et une forme de pureté semble retrouvée. Seulement, ce moment de vérité, encore faut-il être capable de le voir, de l'entendre.
« La vérité n'est pas un concept immuable, elle apparaît et disparaît, c'est une épiphanie, elle n'existe qu'avec l'éclair qui la rend possible. »
Michael Cimino incarnerait donc celui qui a eu le courage de dénoncer « le secret de la fondation de l'Amérique, son destin criminel : les génocides des Indiens, la démence de l'impérialisme militaire au Vietnam, et tous les crimes sur lesquels était fondée en secret la démocratie. » Cimino est celui qui dit la vérité, il est le daim blanc et son oeuvre en garde la trace.
Et c'est vers cette vérité que notre narrateur va avancer dans une quête complètement folle, pleine de mésaventures archi-loufoques : il croisera Isabelle Huppert, rencontrera Cimino à New York, devra s'occuper de Sabbat, le dalmatien de son voisin, discutera avec une concierge peu aimable et visitera en bonne compagnie le Musée de la Chasse. « La vérité ne fuit pas les rois qui l'aiment et qui la cherchent. Au contraire, elle fait signe partout, il suffit d'ouvrir les yeux, de lire les livres, d'écouter ce que le temps vous dit. », alors, s'il est un roi et s'il tient ferme sa couronne, peut-être la trouvera -t-il…
Finalement, je crois que c'est une oeuvre qui me restera si j'en crois le besoin que je ressens déjà de relire régulièrement certains passages… Ça valait donc le coup d'insister et de tenir ferme… son livre !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Roman très apprécié par une frange de la critique littéraire r et notamment. récompensé du prix Médicis en 2017 ce roman de Yannick Haenel laisse une impression finalement un peu mitigée..entre réflexion très érudite et intello sur le pouvoir de la littérature et du cinéma et déambulation un peu onirique à travers Paris - Berlin et New York le récit, d'abord intéressant surtout si on s'intéresse au cinéma de Michael cimino et de Coppola, perd peu a peu le lecteur dans une seconde partie qui possède un côtép germanopratin un peu trop prégnant.. l'ensemble donne au final une impression de vacuité malgré une plume de qualité évidente.. dommage!!
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Le narrateur, un type un peu paumé, passe son temps à errer « dans l'appartement en quête d'un reste de vodka, ouvr[ant] et referm[ant] le frigo en pestant contre le fait qu'il n'y avait jamais rien à manger. »
A part boire et se vautrer dans le canapé devant des films qu'il visionne inlassablement, de façon hallucinée, il ne fait rien .
Il a bien écrit un scénario consacré à l'écrivain star de son panthéon personnel, mais personne n'en veut. Aussi, lorsqu'un ami lui donne le numéro de téléphone privé de Michael Cimino, se met-il à rêver de rencontrer ce réalisateur mythique et de lui faire lire « The great Melville ».
Je n'avais jamais rien lu de Yannick Haenel, quoique j'en aie entendu dire beaucoup de bien. Lorsque j'ai reçu la proposition, via une Masse critique privilégiée, de découvrir son nouveau roman, avant même qu'il sorte, j'ai sauté sur l'occasion.
Résumer ce livre est une tâche ardue, voire impossible : il n'y a pas vraiment d'histoire à proprement parler. Dès la première page, le lecteur est désarçonné par l'univers étrange d'un narrateur qui n'est jamais vraiment nommé, si on excepte un moment (à la page 81) où il est poursuivi par un homme qui l'interpelle « Jean, Jean ». J'ai lu que l'auteur utilisait ce prénom pour désigner un double de lui-même dans d'autres ouvrages. Je n'en sais pas plus. J'ai toutefois remarqué, ici et là, des allusions qui font penser que le narrateur ressemble à Yannick Haenel. Il est écrivain, fête son cinquantième anniversaire, évoque plusieurs fois le groupe des « renards pâles » (le titre d'un de ses précédents romans) et est fasciné par une carabine Haenel qui porte donc son nom. (Après vérification, j'apprendrai que cette arme existe bel et bien.)
S'il n'y a pas d'histoire, il y a néanmoins un fil rouge qui coud ensemble les étranges pièces de ce patchwork.
Notre homme est l'auteur d'un scénario de sept cents pages consacré à Herman Melville, un de ses dieux littéraires dont il constate que, en dépit de son talent, personne ou presque n'a lu les oeuvres. Michael Cimino est le seul capable de réaliser ce film qui représente « la pensée de Melville – la population de ses pensées. Cette population de pensées est un monde et même les livres et écrits publiés par Melville ne suffisent pas à donner une idée de l'immensité qui peuple la tête d'un écrivain comme lui. » Ce qu'il résume par une expression qu'apparemment il aime beaucoup puisqu'il la répète comme un leitmotiv : « l'intérieur mystiquement alvéolé de [sa] tête ». Il distillera donc sa quête tout au long de son roman, en l'interrompant par une foule de réflexions et d'anecdotes, d'épisodes tragi-comiques, de toute une galerie de personnages hauts en couleur, comme le Baron, Guy « le Cobra », la femme vêtue de fausse hermine, etc.
Le texte est ponctué par des listes de noms qu'il se répète comme des mantras, écrivains, réalisateurs, personnages de romans ou de films.
Les phrases très longues sont interrompues par d'innombrables parenthèses qui contribuent à égarer le lecteur, des formules en anglais, des citations de Melville, Fitzgerald, Shakespeare et quantité d'autres. Bien entendu, les références au cinéma sont légion. Notre héros analyse des passages de « Voyage au bout de l'enfer » et se passe en boucle et ad nauseam « Apocalypse now », établissant des parallèles avec la réalité. Il est, par exemple, obsédé par une scène de chasse au daim blanc qui se trouve déclinée sous diverses formes tout au long du récit.
Le personnage central est irritant au plus haut point (à mon avis). Il vit seul dans un appartement qu'il va bientôt être obligé de quitter, et dans lequel il se comporte comme un vrai clochard, créant autour de lui un chaos indescriptible, passant son temps avachi devant son écran et se nourrissant principalement de hamburgers ou de la nourriture périmée qui traîne dans son frigo et surtout, buvant sans limite à tel point que cela me donnait la nausée. Par exemple, invité au restaurant, il avale plusieurs bouteilles de vin, du champagne, de l'armagnac et poursuit la soirée en faisant la tournée des bars, de telle sorte qu'il finit dans un coma éthylique, absolument incapable de se souvenir de ce qu'il a fait.
Pour répondre à cette démesure, des scènes de sexe orgiaques qui me mettent mal à l'aise.
Il se comporte comme un adolescent irresponsable. Avant de partir, son copain lui demande deux services a priori simples : sortir le chien et arroser les plantes. Autant cet ami est méticuleux (il a laissé sur des fiches des consignes bien précises, telles que brumiser la verdure, nettoyer le feuillage, respecter un régime de croquettes très strict pour le chien) autant le narrateur est bordélique : son appartement est jonché de canettes de bière, il se présente dans un restaurant chic avec un chien dont il a oublié la laisse, il pense ressusciter des végétaux réduits à l'état de squelettes grisâtres et cendreux en les plongeant simplement dans l'eau...
Tout le récit baigne dans une atmosphère mystique : l'ami s'appelle Tot (comme le dieu égyptien Thot, dieu du savoir et juge des âmes?) et le chien Sabbat. le cerf de Saint Hubert trotte allègrement au fil des pages, une scène dantesque se déroule face au retable d'Issenheim, les « Métamorphoses » d'Ovide fournissent l'épisode récurrent du chasseur Actéon transformé en cerf pour avoir surpris Diane au bain. Dans l'appartement désordonné, une sorte de sanctuaire rassemble des papyrus et une hirondelle, symboles de renaissance, tandis qu'une boîte oblongue en forme de cercueil abrite le manuscrit.
Le récit est ponctué d'anecdotes qui prennent la forme de scènes cinématographiques très visuelles : l'invitation au restaurant dont l'entrée est gardée par un maître d'hôtel arrogant et agressif qui ressemble à Emmanuel Macron et qui tourne au burlesque lorsque notre narrateur se croit poursuivi par deux moustachus. L'accident de voiture de Pointel avec un cerf sur une route déserte dans une forêt polonaise est proprement hallucinant. Il y a aussi un enterrement cauchemardesque, un film imaginaire résumé par Cimino et bien d'autres.
A la fin de ma lecture, je ressens un sentiment étrange. le livre est sans doute très riche et rempli de symboles ésotériques que je n'ai pas été capable de déchiffrer. Il est certainement très intéressant. Mais avec moi, la rencontre ne s'est pas faite. Ce n'est pas le genre de livres qui me plaît et je ne pense pas en lire d'autres du même auteur.
Ce qui ne m'empêche pas d'être très reconnaissante envers Babelio et son opération Masse critique, ainsi qu'aux éditions Gallimard qui ont eu la gentillesse de me permettre de le découvrir en avant-première.
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Incompris, le narrateur-écrivain a écrit un scénario sur Herman Melville intitulé The Great Melville. Malheureusement aucun producteur ne l'accepte. Sur les conseils d'un ami, il décide alors de s'adresser à Michael Cimino. Cimino accepte de le rencontrer à New-York et notre homme fait donc l'aller-retour pour passer une journée aux côtés du célèbre réalisateur de Voyage au bout de l'enfer et de la Porte du paradis. Il lui laisse son manuscrit, confiant, et revient à Paris pour se terrer dans son appartement à visionner encore et encore des films mythiques comme Apocalyspe now. A côtoyer des oeuvres marquantes du cinéma, il espère qu'une étincelle s'allumera et donnera tout à coup un sens profond à sa vie.

"Les ténèbres attendent que nous perdions la lumière ; mais il suffit d'une lueur, même la plus infime, la pauvre étincelle d'une tête d'allumette pour que le chemin s'ouvre : alors, le courant s'inverse, vous remontez la mort."

Il recherche une forme de vérité, obsédé par cette phrase de Melville : « En ce monde de mensonges, la vérité est forcée de fuir dans les bois comme un daim blanc effarouché. » En tant qu'artiste et en tant qu'homme, il tente de trouver sa place dans un monde souvent effrayant et trop grand pour l'humain.

"Au fond, il était possible de vivre : avec les récits, avec toutes les histoires contenues à l'intérieur des récits, on avançait mine de rien d'une île à une autre, on faisait se rejoindre le commencement et la fin, on allait mieux."

Le monde s'offre à lui dans une suite d'aventures rocambolesques, il rencontrera Isabelle Huppert, sera suivi par deux moustachus à l'allure louche, s'inquiètera de la disparition de son ami Tot, perdra son dalmatien dans la ville, rencontrera la conservatrice du musée de la Chasse, pour peut-être, enfin, trouver une forme de lumière.

"A la fin, me dit-il, véritable politique consiste à garder son âme ; et plus simplement encore : à avoir une âme."

A travers cet être indécis Yannick Haenel allume une lumière dans l'obscurité de nos vie, il nous invite à découvrir le sacré sous la patine des jours, à vibrer, pour simplement, survivre digne dans un monde qui chavire.
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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Je viens de terminer la lecture de Tiens ferme ta couronne de Yannick Haenel. Et bien je pense que ma critique sera aussi foutraque et déjanté que ce livre.
A la fin de la lecture de Tiens ferme ta couronne , je suis circonspect,interrogatif par rapport à cette lecture. Il m'a fallu de la persistance pour aller au bout des 330 pages de ce livre. Pendant toute la lecture, je suis resté sur le chemin à côté du narrateur. A aucun moment je n'ai pu ressentir une émotion ou tout au moins la possibilité de me raccrocher à son histoire.
Peut être est ce dû au fait que c'était le premier livre de Yannick Haenel que je lisais.
Suite à cette lecture , j'ai lu des interviews , j'ai regardé des émissions Tv où était présent Yannick Haenel. J'ai lu des critiques du livre dans des journaux spécialisés. J'ai lu aussi des critiques des membres de Babélio.
Autant les critiques des journaux spécialisés sont largement positives , autant les critiques dans Babélio sont franchement partagées.
Pourtant ce livre était dans la dernière ligne droite du Goncourt et il a obtenu le prix Médicis.
Il doit bien y avoir quelque chose.
Malheureusement avec moi , il n'a pas trouvé son lecteur.
d'abord il aurait peut être fallu que je connaisse l'oeuvre de Yannick Haenel, sachant que son narrateur est un personnage récurrent.
Dans Tiens ferme ta couronne il s'appelle Jean ( une seule mention dans tous le livre ). C'est par la lecture des articles de presse que ce Jean avait un nom depuis 2007 : Jean Deichel. Deichel comme dèche - déchu- déchet.
Jean est un loser qui vit dans un 20m2 dans le 20ème à Paris. Il est écrivain de son état et a une obsession : faire lire accepter son scénario de 800 pages qui parle de Melville le créateur de Moby Dick.
Il va être mis en relation avec Michael Cimino , grand cinéaste américain auteur de 2 chefs d'oeuvre : Voyage au bout de l'Enfer et La porte du Paradis.
Voila le point de départ de la quête ou du road movie de Jean le narrateur.
A partir delà et de façon aléatoire il va croiser effectivement Michael Cimino mais aussi Isabelle Huppert ou encore un chef de rang très macronien. Il va déambuler dans Paris avec un dalmatien du nom de Sabbat. Ce dalmatien appartenant à un joueur de poker du nom de Tot. Il va aussi rencontrer une jeune femme Lena qui est conversatrice du Musée de la Chasse.
Entre obsession et addiction notre notre narrateur adore la vodka, les alcools à haute dose.
Il a aussi une addiction pour le film de Coppola : Apocalypse Now. le Dvd de ce film tournant en continu dans son petit appartement.
Ce road movie très cinématographique va tourner autour des 2 films importants de Michael Cimino et de celui de Coppola.
Pour Yannick Haenel c'est la quête de la vérité et du point indemne que l'on a près du coeur.
Seul un loser , vivant hors du monde sociétal est à même de traquer et de trouver cette vérité.
Cette vérité que l'on trouve dans le cerveau mystiquement alvéolé de Melville et sûrement dans celui de Cimino ou Coppola.
et puis dans ce roman foutraque il y a Proust dont le titre du roman est emprunté à l'un de ces livres , il y a le tableau du Cavalier de Rembrandt à la collection Frick à New york , il y a le retable d'Issenheim à Colmar devant lequel se déroule des obsèques irréelles.
Et puis il y a le cerf , celui que l'on trouve dans le film "Voyage au bout de l'Enfer". D'ailleurs le titre du Film en anglais est The Deer 's Hunter - la chasse au cerf.
Ce cerf qui sera épargné à un moment du film et qui lui aussi Tiens ferme sa couronne ( ses bois)
Voilà , je suis resté au bord de ce livre , trop plein , trop vide.
La pensée de Yannick Haenel doit être elle aussi mystiquement alvéolé.
A premère vue , je n'ai pas su entrer dans les alvéoles et dans ce cas là il est de bon ton de dire : Tiens ferme le livre !
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La 4e de couverture m'a attirée, mais j'ai été déçue à la lecture. Pas transportée. Un auteur vient d'écrire un scénario sur Hermann Melville. The Great Melville. Mais personne n'en veut, il ne vit que pour cette obsession, bassine tout le monde avec son projet, et sombre dans une sérieuse dépression. Un homme, un seul, peut le sauver et accepter son film. Hélas. Mais une fois le fond touché, on ne peut que remonter vers la surface, il suffit de prendre les bonnes résolutions et de faire le bon choix….
Que dire d'autres, à part ce bref résumé qui reprend une partie de la 4e de couverture… Ce livre ne m'a rien apporté. Tant pis. Je me lance dans autre chose.
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