Attention ! Ce roman étant le dernier tome de la trilogie démarrée par «
Bi Live in Me » et suivie de «
La Couleur de l'Enfer », cette chronique peut comporter des spoilers pour les tomes précédents !
Tout d'abord, je voudrais infiniment remercier Tan pour sa gentillesse et ce service-presse que j'ai eu la chance d'avoir en avant-première. Et quel plaisir de n'avoir pas eu à attendre pour découvrir la suite et fin des aventures de mes deux têtes à claques favorites et d'avoir eu le privilège unique de pouvoir savourer ce tome avant même sa sortie. Mille mercis à toi, Tan !
Je ne sais pas comment démarrer cette chronique, encore la tête perdue dans les derniers mots si musicaux de Tan, parce que franchement… franchement… Bon, si, je sais quoi dire en tout premier lieu ! J'ai eu des envies de mettre des baffes à nos deux héros tout du long ! Ô combien !! Dans ce tome tellement riche en retournements de situations qu'on finirait presque par en devenir chèvre, je me suis nettement rapprochée de Hans, le cousin de Kristian, avec lequel je n'ai pu que compatir… Lui qui adore Kri a dû passer ce tome, comme moi, à s'arracher tous les cheveux de la tête pour tenter de canaliser nos deux autistes préférés, qui semblent partir en vrille dans tous les sens. Mais alors, littéralement tous les sens !!
Etonnamment, pour moi, (et ceux qui l'ont lu me diront sans doute que j'ai pété une durite, mais je vais m'expliquer…) ce tome possède une véritable légèreté, presque un souffle joyeux. En tous cas, par rapport aux deux précédents. Alors, vu les évènements de ce volume, en effet, on pourrait me regarder comme une démente ayant définitivement plongée dans la folie, mais ce sentiment, en fait, est tout explicable. «
La Couleur de l'Enfer » portait bien son nom, et en effet, ce second opus avait, comme je l'ai dit dans ma chronique le concernant, une saveur de fin du monde. D'hiver, froid, d'espoir envolé, d'obscurité inaltérable ou presque. Or, quand on a plongé au fin fond de l'enfer, on ne peut, ma foi, plus aller plus bas. Comme une note printanière (et je ne prononce pas le mot note à la légère, comme vous le verrez après), la fin de cet opus a ramené avec elle les premiers présages d'un printemps à venir. le printemps, saison complexe, saison des amours, certes, mais aussi époque agitée de l'année, où l'on essuie aussi bien des torrents de grêle dévastatrice que les rayons lumineux d'un soleil retrouvé. Pour moi, «
Les Enfants du Silence » avait un goût de printemps.
Ce n'est pas seulement les évènements agités de ce tome, les situations passant du plus rayonnant soleil à une brusque averse s'abattant sur les héros sans avertissement préalable qui me fait faire ce parallèle. Tout, en fait, dans cet opus, me fait penser au printemps. le chant d'amour éperdu de Déa qui, en « mâle » de Kri, se déchaine complètement dans ce tome. Violence et tendresse, sur un fond sonore qui berce chaque instant de ce volume, lancinant et émouvant son du jazz qui berce cette trilogie et que, page après page, je n'ai plus réussi à me sortir des oreilles. Une musique de fond, qui vous colle à la peau, qui refuse de quitter votre tête, poignante et bouleversante, qui vous donne la nostalgie ou l'envie soudaine de crier un bon coup… Musique du saxo d'Andréa, de son piano, musique des corps enivrés qui, telle une drogue, prend des allures d'obsession, au fil des pages… Musique vibrante, qui vous mène au bord du gouffre… ou aux prémices de la vie.
Très sincèrement, Tan m'a sidérée, avec ce tome ! Impossible de s'attendre au déroulement chaotique des évènements qui se déroulent sous nos yeux incrédules. Parfois, envie de secouer Kri et Déa, de leur demander de cesser derechef leurs conneries, parce que bon, ces deux anges déchus qui ne savent se dire et se comprendre, c'est sciant, pour les nerfs ! C'est vrai qu'à leur décharge, tous les deux n'ont pas été épargnés par la vie, et dans cet opus, d'ailleurs, on en parle beaucoup, de leur passé. C'est captivant… et terriblement bouleversant. Entre Kri qui, comme on le sait, a été traumatisé par sa « chère » mère, qui l'a traité en véritable poupée vivante, et ce qui s'esquisse, peu à peu, de la période que Déa a passée au pôle… Ces deux jeunes hommes, si intenses, si vibrants, si entiers, au fond, ont été tant et tant brisés par la vie qu'on se demande vraiment, jusqu'à la dernière page, si l'avenir peut réellement leur apporter autre chose que souffrance et désespoir…
Mais, reste cette lueur dansante même au plus profond de la nuit. Les yeux d'Andréa, si bleus, si clairs, fixés dans ceux, noir et intenses, de Kristian. le son désemparé d'un saxo qui ne sait se taire, et exprime ce que son musicien tente, parfois, d'étouffer. La musique ne trompe pas. Et quand les mots ne parviennent plus à exprimer autre chose que colère et violence, elle continue à parler, à danser, fidèle et éternelle. On en voit de toutes les couleurs, dans ce tome, vraiment. du rouge, du noir, du doré… Comme une peinture qui se dessine, qui ne cesse d'osciller entre clarté et ténèbres, laissant son peintre (au hasard, Eddi, que l'on redécouvre ici avec plaisir !) ébranlé et profondément troublé par cette toile qui se tisse presque contre son gré et qu'il a du mal à suivre… tout comme le lecteur, qui, parfois, a bien envie de se glisser dans le roman pour crier stop et obliger les deux anges déchus à faire preuve, pour une fois, d'un peu de bon sens !
Car oui, le monde de la peinture débarque dans ce tome ! Esquissé dans le volume précédent, voici qu'elle vient peupler cet opus de nouvelles couleurs, avec une dominante de… roux. Je n'en dis pas plus, mais je ne pouvais pas non plus rien en dire. Une nouvelle couleur qui se rajoute à la palette de Tan et nous fait vivre bien des émotions… et des surprises. Et quelles surprises ! En fait, j'ai passé mon temps sur le cul, avec «
Les Enfants du Silence » ! Et pas parce que j'étais assise bien confortablement à lire, non… Parce que… eh bien, il faut le lire pour le croire et le comprendre, je crois ! Alors je n'ai qu'une seule chose à vous dire, dans l'instant… si vous n'avez pas lu cette série, c'est un vrai sacrilège ! Parce que si vous aimez les émotions fortes, les personnages cohérents à la psyché torturée, les histoires d'amour qui ressemblent à des batailles dignes de Game of Thrones, la descriptions apocalyptique de ces milieux artistiques et people qui ressemblent plus à des ruines fumantes couvertes de paillettes qu'à cet univers doré qu'on tente de nous montrer, si vous aimez la musique et la folie, alors, cette série est clairement pour vous !
Pour finir, j'ai envie de dire, redire, ou reredire que j'ai vraiment terriblement accroché avec les personnages décrits par Tan. En positif ou en négatif, d'ailleurs, parce que même les personnages « négatifs » sont surprenants et vraiment bien travaillés, Corinne Jorgensen, par exemple, qui donne envie tout du long de lui casser des briques sur la tête, Christophe et Diane de Royer, avec qui on ne sait sur quel pied danser (parce que visiblement, eux non plus !) Eddi, touchant mais vraiment désagréable, parfois… les musicos, qui forment un contraste flagrant et choquant avec le monde guindé et « classe » d'où provient Kri… Des touches de féminité agréables, touchantes ou émouvantes également, Gaëlle, puis Aude, et enfin Eve, et Hans, dans tout ça, qui est sans doute le personnage qui ressemble le plus au lecteur, avec son désir de voir son cousin enfin heureux et son agacement face aux tribulations de ce dernier et de son amant tant aimé… Et, bien sûr, Kri et Déa… J'en aurais parlé tant de fois, mais voyez-vous, je crois qu'on ne pourra jamais en dire assez sur ces deux-là… J'aime les romans où l'on s'attache aux personnages, mais là, ça dépasse le simple attachement. Ces personnages sont tellement réalistes et touchants qu'ils en deviennent réels. J'ai eu la sensation de les trainer partout avec moi, ces derniers jours, eux et leur vénusté à la hauteur de leurs dommages intérieurs… Envie de rire avec eux, de m'extasier avec eux, de pleurer avec eux… de les claquer, aussi, beaucoup, sur ce dernier tome qui est fait exprès, j'en suis sûre, pour faire souffrir le lecteur ! Kri et Déa, ce sont deux héros que je n'oublierai pas, je crois. Deux jeunes hommes complètement fous et intenses qui m'auront fait voyager bien loin… Et qui me manquent déjà !
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