Sous le pont

Olivia se réveille d'une violente gueule de bois dans un yacht, au bord des côtes de Sydney, sans savoir du tout ce qu'elle fait là. Lorsqu'elle rencontre Mac, vieil homme gentil, le propriétaire du yacht, elle ne se doute pas encore qu'il va devenir un de ses plus chers amis, et qu'il va profondément changer le cours de son existence. En effet, à 21 ans, la jeune femme semble avoir un avenir tout tracé dans l'économie, avec un mémoire terminé et un stage prestigieux trouvé, un petit-ami depuis 4 ans... Mais cet avenir, ce n'est pas elle qui l'a tracé, c'est son père, finalement, ce dont elle va prendre conscience grâce à Mac et Maggie, artiste aveugle et colocataire/amie de celui-ci depuis bien longtemps, et divers évènements traumatiques.

Elle va tout quitter pour la mer, apprend à naviguer avec ses nouveaux amis, devient ensuite navigatrice pour le convoyage de yachts, jusqu'à un terrible convoyage qui va, encore une fois, bouleverser son existence...

Par l'intermédiaire d'Olivia, Dylin Hardcastle nous livre l'histoire, d'une certaine façon, banale, d'une jeune femme qui subit, de toutes les façons possibles, le patriarcat qui l'entoure par l'intermédiaire d'hommes qui se servent de leur pouvoir et de leur force, physique comme psychologique, pour parvenir à leurs fins. La façon dont les choses sont subies sont d'une terrible violence en ce qu'elles sont, justement, tellement communes, tellement justes, et le parcours d'Olivia, de ses traumatismes à sa reconstruction, est lui-même d'une grande justesse, servi de plus par une plume sensible, qui ne prend pas de gants pour décrire le pire tout en peignant avec délicatesse toutes les beautés du monde qui entourent la jeune femme, qui a la particularité de ressentir les choses par la couleur.

Une lecture que j'ai beaucoup apprécié, lue quasi d'une traite, qui m'a particulièrement émue, en ce que l'histoire d'Olivia peut être, malheureusement, en un instant, celle de nous toutes, dans notre monde actuel.

Je remercie les éditions Fayard et NetGalley de m'en avoir permis la découverte.

Résumé
Avoir la sensation que la terre tangue après une soirée arrosée n'est pas si rare. Ce qui l'est plus, c'est d'effectivement se réveiller sur un bâteau, sans aucun souvenir de comment on s'est retrouvé là. C'est ce qui est arrivé à Olivia, 21 ans à peine lorsqu'elle se retrouve embarquée sur la Rose marine naviguée par Mac, un homme d'âge mûr. La jeune diplômée qui vit chez son grand-père y voit une fabuleuse occasion de mettre un peu de couleur dans la morosité de sa vie. Elle découvre la vie en mer, la navigation et les nombreuses nuances de bleu de l'océan aux côtés de Mac et de sa compagne aveugle, Maggie. Protecteurs, ils l'initient à une nouvelle manière de voir la vie. Olivia laisse tout à terre : un ancien petit ami toxique, un job qui ne la tente pas, et met le cap sur l'aventure. Quatre ans plus tard, elle prend le large avec un équipage composé d'hommes uniquement. Ils lui font bien comprendre que sa place sera en cuisine, et que les femmes portent malheur en mer, mais Olivia n'a pas les moyens de refuser une telle opportunité. Néanmoins, une fois au milieu de l'océan, elle subit de nombreuses violences psychologiques et physiques : la maltraitance, le viol puis la séquestration. Traumatisée par la navigation qui l'avait révélée, ce n'est pourtant qu'au milieu de l'océan antarctique qu'elle réussira à surmonter cette épreuve.

Commentaire
Les points positifs de ce roman sont les descriptions de la vie à bord de la Rose marine qui font voyager le lecteur. Qu'il apprécie particulièrement le cadre marin ou non, nous sommes en pleine immersion dans un huis-clos d'aventure, d'eaux profondes et de cordages. L'écriture est agréable, et le personnage principal est synesthète, les émotions sont sans cesse raccordées à des couleurs, c'est une approche originale.
Mais il ne faut pas confondre envie d'aventure et envie de légèreté avec cette histoire qui compte son lot de passages durs. On y décrit deux viols (le premier avec son petit copain de l'époque, le second à bord du bateau), bien qu'un seul ne soit défini comme tel, ainsi qu'une scène de séquestration. Les paysages vus au cours du voyage ne font pas tous rêver : sang, vomi, urine, excréments, sperme… rien ne nous est épargné.
L'ensemble du récit est plutôt correcte, et pas complètement inintéressant mais l'essentiel de l'intrigue consiste à traverser l'épreuve de ce viol en mer, puis à trouver la résiliance, ce qui donne un ouvrage assez lourd et plombant à la lecture.


Structure du récit : 3/5 : Chronologique, le récit est découpé en trois parties. La première, à bord de la Rose marine, la seconde à bord du Poséidon à l'équipage entièrement masculin et le troisième à bord d'une expédition en antarctique.

Personnages : 3/5 : Les personnages ont du relief et chacun a le droit à sa part de vices ou bien de souffrances. Olivia doit être hypersensible car certaines de ses réactions ont sonné légèrement fausses pour moi : des vertiges dûs à des souvenirs tirés par les cheveux vis à vis de la situation, elle hurle sur le bateau au milieu de la nuit qu'elle existe, souhaite que la lune ne voit pas son viol etc…

Style : 4/5 : le style est rendu poétique par des descriptions empreintes de synesthésie et de métaphores. Autrement le texte est compréhensible et accessible.

Intérêt de l'histoire : 2.5/5 : C'est ici que cela pêche un peu pour moi, car à part se plonger dans les profondeurs de l'existence et des épreuves d'Olivia, le récit n'a pas d'intrigue.

Globalement, je ne dis pas que c'est un mauvais livre ! Il ne m'a pas plût, voilà tout.

Un matin couleur d'espoir, la jeune Olivia se retrouve sur un voilier après une soirée trop alcoolisée. Elle fait la connaissance de Mac, le propriétaire du bateau, vieux loup des mers attachant. Grâce à lui et Maggie, elle en apprend beaucoup sur la navigation et… sur elle-même. de jolies nuances de couleurs égayent son quotidien. Quelques années plus tard, l'expérience de la mer en plus, elle embarque à nouveau sur un équipage d'hommes. À bord, l'enfer, et les nuances de couleurs s'effacent pour laisser place au rouge sang, et au noir détresse... Noir comme les cris qui restent coincés dans la gorge ou noyés dans le silence de la mer.

Plus qu'un livre, plus qu'une histoire, c'est un véritable déchaînement qui se joue sous nos yeux. L'impression d'étouffer parfois, d'être emporté par le courant, mais lire, encore et encore, pour enfin reprendre sa respiration. le sujet a déjà été traité, il existe des dizaines de livres sur le consentement, sur la résilience… mais celui-ci est habité. Il brille par sa poésie , son charme singulier, ses descriptions uniques. On se retrouve au milieu d'une palette de couleurs incroyables qui sont toutes reliées aux sentiments et aux émotions que traversent Olivia. Il s'agit là de beauté et de violence, de détresse et de reconstruction. Il s'agit là de la noirceur terrible des abysses, mais aussi de la lumière qui nous appelle à la surface.