Fille du Destin, tome 1 : Les Émeutes de la nuit sans lunes

Voilà un livre de fantasy comme j'aime : un monde imaginaire sombre, des personnages ambigus (pour la plupart) et une intrigue aussi alambiquée que captivante.

La fille du destin, comme nommée dans le titre de cette nouvelle saga, c'est Io, descendante des déesses du destin. Elle vit à Alante, une cité immergée où les humains et les descendants des dieux (les nés-autrement) cohabitent difficilement. Née-moire, elle est capable de voir les fils qui relient les gens aux personnes et choses qu'ils aiment et auxquelles ils sont attachés, ainsi qu'à leur fil de vie. Et c'est ce qui fait d'elle une détective privée hors pair. Exerçant et vivant dans le Marais, l'un des quartiers les plus pauvres et malfamés de la cité, elle assiste un jour au meurtre d'un homme, commis par une femme dont le fil de vie est coupé. Comment une morte peut-elle encore être vivante ? Alors qu'elle n'avait été engagée que pour prouver l'infidélité d'un mari, la voilà mêlée à une enquête pour meurtre dont elle se serait volontiers passé.

Engagée par la Reine de la pègre, qui dirige d'une main ferme le Marais tout entier, et devant faire équipe avec le bras droit de cette dernière, Edei, avec qui elle est reliée à un fil du destin mais qu'elle tente d'ignorer depuis ses 14 ans, Io va devoir mener une enquête qui lui fera petit à petit entrevoir son propre destin...

Politique et complots, mafia et vengeance, écarts riches/pauvres, meurtres et justice divine, le tout saucé d'une grande part de fantastique et d'un peu (ou beaucoup) d'amour, d'amitié et de destinées auxquelles on n'échappe pas, tels sont les thèmes qui nous embarquent dans cette enquête dont les nombreux fils s'entremêlent tout du long.

Je suis de moins en moins fan de romance pure et dure, mais mon côté fleur bleue continue d'apprécier les histoires d'amour quand elles ne sont pas précipitées et qu'elles sont subtilement intriquées dans le reste de l'intrigue, comme c'est le cas ici. le côté romantique de l'histoire a certes son importance mais ne prend pas le dessus sur le principal, à savoir sur la série de meurtres et le mystère qui plane dessus jusqu'au bout. L'intrigue dans son ensemble est justement menée de bout en bout, plutôt retorse d'ailleurs, ou du moins avec un dénouement loin d'être facile à deviner. le suspense perdure car les révélations nous tombent dessus au compte-gouttes et que nos hypothèses sont toutes démenties au fur et à mesure.

Quant aux personnages, je suis ravie d'avoir fait leur connaissance. Aucun d'eux n'est ni bon, ni mauvais, ni gentil, ni méchant. Ils sont un mélange de tout ça, ce qui les rend attractifs, énigmatiques, voire même attachants pour certains. J'ai apprécié Io, notre héroïne, dès le début, tout comme Edei, son partenaire ténébreux, mais aussi Bianca Rossi, reine mafieuse au caractère tranché et aux sombres secrets, ou encore Nico le bavard.

Ajoutez à cela un univers sombre plutôt bien dépeint, à l'atmosphère aussi sombre, humide et parfois pesante, et dans lequel on aime avoir les deux pieds dedans pour mieux accompagner Io dans son enquête.

Mon seul reproche, c'est l'emploi du pronom personnel "iel", pour lequel je ne suis pas habituée car je ne le rencontre que très très rarement. Il "dissone" dans ma tête quand je lis et me coupe un peu dans mon élan (d'autant que le personnage s'appelle Amos et que lui-même s'accorde au masculin dans les dialogues, je ne vois donc pas trop l'intérêt de l'employer ici). Mais il n'est employé que pour un seul personnage, et même pas un personnage secondaire important, on ne le rencontre donc pas souvent heureusement.

Globalement, j'ai aimé ma lecture. Que dis-je, j'ai adoré plutôt ! Et je m'en vais surveiller très attentivement la date de parution du tome 2, dans lequel Io devra faire équipe cette fois-ci avec Bianca, ce qui promet une coopération et une intrigue quelque peu explosives.

Je remercie Nathan de Babelio, ainsi que les éditions La Martinière, grâce à qui j'ai pu découvrir ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée.

" Perdre un fil était horrible - c'était comme un manque brutal et inexplicable, comme si l'on vous avait arraché une partie du coeur. Quelle que soit l'intensité de l'amour qui avait formé le fil, c'était fini."

Un tramway, une bête qui se cache dans l'ombre, un fil de vie, le premier pas, une née-moire, une chaîne d'argent brillante, une fratrie, les ponts à chats, les trois lunes, des gangs, une sacrée peur, une image désolante, une vision mystique, des secrets, un tourbillon, une anomalie, un goût acide, un fil anormal, une vieille femme, des crimes, le destin, de la chair de poule glacée, les nés-autrement, des policiers du Marais, une demeure en brique rouge, l'Effondrement, une mosaïque de cultures, de la patience, un promis, une pression suffocante, des nectarines, un endroit inconnu, de l'excitation, une myriade de possibilités, un luxe inhabituel, une attention redoublée, une voix mélancolique, une lueur rougeoyante, des tremblements, une traction constante, la reine de la pègre, le silence des coqs, un trône fait de dents brisées, des pensées chaotiques, des petites abeilles, des yeux sombres intenses, un nouveau mystère, un monde qui vacille...

J'ai adoré le personnage de Io Ora, prudente et excellente dans son travail de détective privé, qui peut percevoir les fils du destin et les trancher.
Cette histoire qui se passe dans la fameuse Cité Immergée d'Alante est fascinante et flamboyante.

Je remercie formidablement Babelio, la masse critique et les Éditions De La Martinière ( enthousiastes et créatives) pour cette très réussie fantasy young adult à la jolie couverture.

"Sois la meilleure et rend ce monde meilleur.”

J'ai été intriguée par le synopsis et par l'univers que l'autrice a souhaité créer. le côté mythologie grecque m'a emballée et a fini de me convaincre quant à la lecture de ce roman. Aussi, je remercie l'équipe Babelio ainsi que la maison d'édition pour m'avoir transmis ce roman en Service Presse. J'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et à me plonger dans le premier tome de cette saga urban fantasy nouvellement éditée en France.

Nous allons à la rencontre de Io Ora, qui vit dans les Marais, un quartier mal famé de la ville d'Alante. le danger est présent à chaque coin de rue, mais depuis des années, elle a appris à maîtriser son environnement et s'y déplace avec aisance. Elle fait partie des minorités. Elle est une descendante des Moïres et elle a la capacité de trancher les fils de vie, mais aussi les différents fils que chacun possède et qui le lient à quelque chose auquel il est attaché. Elle utilise ses pouvoirs pour gagner sa vie et mène des enquêtes pour les âmes en peine ou les coeurs meurtries. Seulement voilà, lorsqu'elle se retrouve spectatrice d'un meurtre, elle doit revoir sa casquette d'enquêtrice et se retrouve en binôme avec Edei, son âme soeur.

J'ai beaucoup aimé la façon dont la mythologie grecque est exploitée. Elle est au coeur même du récit, mais l'autrice se l'est appropriée de façon totalement inédite. Les hybrides sont tous les descendants directes des différents dieux que nous connaissons tous. Et leurs pouvoirs viennent apporter à chaque personnage sa spécificité nécessaire dans l'évolution de l'intrigue. Celle-ci est d'ailleurs prenante dès les premières pages. L'autrice oscille avec justesse entre la mise en place de son univers et ses fondements, avec l'enquête, l'action et les nombreux rebondissements qui viennent rythmer la lecture. Je me suis prise au jeu de l'enquête, même s'il ne m'a pas semblé trop difficile de découvrir qui se cache derrière l'apparition soudaine de cette femme au fil de vie coupé. Cependant, je n'ai pas compris tout de suite l'enjeu qu'il y avait derrière jusqu'à ce que les révélations fassent sens et éclaire ma lanterne. J'ai quand même gardé cet effet de surprise qui a rendu ma lecture exaltante. Sans parler de certaines pour lesquelles j'ai été totalement prise au dépourvue et dont il me tarde de connaître la suite afin de savoir comment on en est arrivé là.

A cela s'ajoute une petite intrigue amoureuse bien écrite et qui ajoute un vrai plus à l'histoire. Elle ne prend pas le pas sur le récit, elle reste au second plan tout en se développant de manière suffisante pour satisfaire le lecteur. J'ai apprécié la complexité du lien entre Io et Edei. Même si on a un début de romance toute mignonne, l'autrice n'en a pas fait une situation facile où tout est très vite pliée et conclue. A sa façon, elle possède quelques embûches qui tiennent en haleine. On la suit dans son avancée avec autant de plaisir que le reste de l'histoire.

Io est un personnage que j'ai apprécié découvrir. Je trouve d'ailleurs qu'elle a une très belle évolution au fil des pages. Au début, on a affaire à une jeune femme peu sûre d'elle, prête à s'effacer, voire s'écraser, pour appaiser les tensions et assurer la paix dans les ménages. Et puis, petit à petit, on la voit sortir de sa coquille et lutter pour ses convictions, et surtout pour la mise en lumière de la vérité. Elle a fait des erreurs, elle en fait toujours, mais elle est en évolution constante. A la fin de ce premier tome, je n'ai pas la sensation qu'elle est arrivée au bout de cette évolution. On sent une volonté de la part de l'autrice de nous offrir une saga en mouvement constant, et j'ai hâte de voir si cela se confirme par la suite.

Rappelons qu'Io est une descendante des Moïres et que dans la mythologie, elles sont trois. Il était donc normal que notre héroïne soit liée à ses deux soeurs. "Trois corps, une seule âme." Voilà ce qu'elles sont. Sa relation avec ses deux soeurs, Thais et Ava, est à la fois belle et laide. Thais, l'aînée, ne s'est pas toujours montrée très gentille avec Io, parfois un peu trop manipulatrice pour la faire culpabiliser lorsque celle-ci n'allait pas dans son sens ; mais à cause du respect qu'Io a pour son aînée, elle s'est trop souvent effacée pour ne pas la contredire. Ava, quant à elle, est l'enfant du milieu. Elle est le maillon qui maintient unie la chaîne de leur fratrie, et cela se confirme à plus d'une reprise au long du récit. J'ai trouvé que le sujet de la relation toxique était finement abordée. Sans en faire des tas, c'est suffisamment subtil pour être compris du lecteur. Et il en est de même pour la difficulté à se détacher de cette relation. En parallèle, le lien qui unit les deux soeurs est tellement puissant que malgré les tensions et les déroutes, elles doivent toujours répondre présentes les unes pour l'autre, et ce, sans poser de question.

Dans l'ensemble, j'ai passé un très bon moment lecture et il me tarde de connaître la suite. J'ai un bon pressentiment pour le tome 2. La fin de ce premier tome annonce une suite épique. L'autrice n'a, apparemment pas, terminé d'abaisser toutes ses cartes et de nous mettre en déroute. le fond de l'histoire est carrément bien plus grand que ce qu'on ne pense de prime abord. Quelque chose de gigantesque se prépare dans l'ombre et Io n'est pas prête de retrouver son petit quotidien tranquille de détective du coeur.

Ce roman jeune adulte est à la fois très classique dans sa construction des personnages et de l'univers global mais plutôt original en terme de mythologie proposée.

Pour le premier point, on sent l'inspiration de Six of Crows pour son côté ville délaissée aux criminels sans foi ni loi mais qui, paradoxalement, font preuve de plus d'humanité que les autorités locales. Les personnages insistent bien sur le côté pourri des classes dirigeantes et des policiers mais c'est un discours qu'on a déjà beaucoup lu ailleurs, notamment dans le genre dystopique. de ce côté là on a donc quelque chose de très classique et je commence un peu à déplorer ce recours systématique aux clichés « méchants politiciens » vs « gentils criminels qui ne le deviennent que par nécessité car ils n'ont pas le choix ». Heureusement ce discours évolue quelque peu en cours de récit et ce postulat de départ devient légèrement nuancé par la suite.

Du côté des personnages, nous avons là encore, quelque chose de très classique avec une héroïne malgré elle aux problèmes familiaux qui sera la clé de voûte du destin de son monde. Io n'est pas désagréable, loin de là, mais n'est pas non plus d'une originalité folle en terme de caractère. Pour les autres personnages, l'image que l'on a d'eux est pour le moment assez partielle car certains se révèlent plus nuancés que ce que l'on aurait pu penser. J'attends donc de voir ce que l'autrice nous réserve à ce niveau-là avant de me prononcer définitivement, mais, pour le moment, ils ne m'ont pas laissé un souvenir impérissable…

Et pour finir, la petite romance pourra faire battre le coeur des jeunes lecteur/ices mais elle ne m'a pas emballée. J'ai trouvé l'aspect « est-ce que je l'aime car c'est le destin qui l'a décidé ou est-ce réellement sincère ? » intéressant mais pas assez développé pour le moment. En effet, l'autrice se penche plus sur l'effet que le jeune homme a sur notre jeune adolescente à base de coeur qui bat plus vite et de rougissement à gogo. Il y en a qui trouvent cela mignon, moi cela a plutôt tendance à me gêner. J'ai donc trouvé que cet aspect du roman n'apportait rien à l'intrigue en elle-même.

Par contre, pour ce qui est le coeur du récit en lui-même, j'ai beaucoup aimé l'intrigue policière proposée. Les rebondissements sont nombreux et amènent du rythme à l'histoire à défaut d'être totalement crédibles. J'ai également apprécié la dimension de la révélation finale qui promet un tome 2 intéressant. Cependant, il faut s'accrocher pour saisir toutes les nuances du monde de l'autrice à base de né-quelque chose afin de comprendre quels sont les pouvoirs de tous les nés autrement que l'on rencontre. Ainsi, beaucoup d'informations nous sont données mais elles submergent un peu les enjeux du récit qui sont parfois difficiles à saisir. Par exemple, on nous dit que les nés-autrement sont rares et opprimés mais on ne nous montre jamais la réalité de cette oppression. Et le fait qu'on croise un nouveau né-autrement toutes les deux pages nous questionne sur leur rareté. Bref, j'ai apprécié l'idée de base mais, parfois, sa réalisation me laissait un peu perplexe.

Pour conclure, ce roman fut une sympathique – mais pas plus - lecture. La mythologie proposée est intéressante à découvrir mais aurait gagné à être servie par des personnages et un monde un peu plus originaux, notamment en ce qui concerne les luttes de classe. Quand on a déjà lu Six of crows, on a vraiment une impression de « redite » à ce niveau-là quand on découvre le roman de Kika Hatzopoulou. Mais n'oubliez pas qu'il s'agit là de mon regard d'adulte qui a déjà beaucoup lu de récit de ce genre et qui a donc du mal à découvrir des choses totalement nouvelles. Il n'en reste pas moins que je suis sûre que ce récit saura envoûter son public cible, notamment grâce à sa fin prenante.

Merci à Netgalley et aux éditions La Martinière pour la découverte.

Quelle lecture ! Une lecture incroyable pleine de rebondissements, de révélations, de trahisons et d'alliances… Une lecture comme je n'en ai pas faite depuis bien longtemps ! J'ai pris mon temps pour le lire surtout dû au fait que j'ai repris les cours mais je peux dire une chose, c'est que dès que je reprenais ma lecture, j'étais tout simplement incapable de m'arrêter. Et si je m'arrêtais (pour dormir par exemple) le lendemain je me réveillais avec cet objectif en tête de le continuer. J'ai fini ma lecture ce midi et jusqu'à présent, impossible de penser à autre chose…

L'histoire de Io Ora n'est pas qu'une simple histoire de mythe ou de mythologie et encore moins une histoire de famille : en fait c'est beaucoup plus que ça puisque grâce à son don de née-moire (descendante des Moires ou Parques), elle est en capacité de mettre fin à la vie de toute personne qu'elle croise quand ses soeurs ont le dont de construire et de maintenir le fil pour exister. Alors qu'elle mène une enquête pour adultère, la jeune fille se retrouve confrontée à la mort en la personne d'une vieille femme reliée à un fil sectionné. S'ensuit donc une série d'évènements, de suspens, de violence mais aussi de tendresse dans un monde petit à petit réduit à la peur.

L'autrice, Kika Hatzopoulou a fait un travail formidable, avec une écriture plus qu'immersive, bouleversante mais aussi et surtout, accrocheuse. Ce livre c'était un mélange de diverses mythologies (grecques et égyptiennes ?) qui sont vraiment magnifiquement bien travaillés.
Et si je dois maintenant parler des personnages, je dois dire que je me suis énormément attachée à Io et à son promis Edei, que j'ai vraiment envie de savoir si leur relation va évoluer et comment. J'ai été prise aux tripes à de nombreuses reprises, souvent dû aux descriptions sombres et déplaisantes et j'ai serré fort mon livre contre ma poitrine car je ne voulais que jamais cela s'arrête. Les intrigues politiques étaient incroyables et pour moi qui ne lis que très peu de romans dans ce genre, j'ai été conquise de la première à la dernière ligne.

J'ai littéralement terminé ce livre sous le choc, parlant à mon amie de tout ce que j'avais pu lire jusqu'à présent, de toutes ses interrogations de Io à laquelle je n'avais pas pensé, lui conseillant vraiment de foncer le lire à son tour car j'en suis encore bouleversée, que je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir lire par le suite après une telle pépite. La fin de ce tome 1 est tellement en apothéose que je suis déjà impatiente de pouvoir lier le tome 2 (qu'il soit traduit ou non) ! C'est en tout cas une des meilleures lectures que j'ai pu faire en ce début d'année et en ce mois de février 2024.

Je ne peux évidemment que remercier Nathan de m'avoir proposé de recevoir ce service de presse mais également Babelio et les éditions La Martinière Fictions pour leur confiance et l'envoi du SP que j'ai adoré. C'était un honneur, alors merci énormément. Et surtout vivement le tome 2!