Un bleu n’est pas forcément supposé rester en vie mais l’Infanterie regarde surtout la façon dont on meurt. Tête droite, au garde-à-vous, toujours prêt.
L'un de nous avait appris à jouer de la cornemuse chez les Scouts d'Ecosse et, très vite, trois autres vinrent se joindre à lui. Ils jouaient très fort. De toute façon, le son de la cornemuse vous paraît très fort quand vous l'entendez pour la première fois, plus apte à déclencher une rage de dents que le délire musical. Les premiers temps, j'avais eu la nette impression que chaque joueur tenait un chat bien serré sous le bras et lui mordait consciencieusement la queue en mesure.
Mais quelqu'un peut-il me dire maintenant pourquoi nous n'avons jamais connu de révolution contre ce système ? [...] En dépit de toutes les protestations et les plaintes que nous entendons ? [...] Major, la révolution est impossible [...] Parce que la révolution, le soulèvement armé, a non seulement pour origine l'insatisfaction mais aussi l'agressivité. Un révolutionnaire doit être capable de se battre et de mourir. Si les éléments agressifs sont les chiens de berger, les moutons ne vous créeront pas d'ennuis !
A la gloire éternelle de l’Infanterie.
[…]notre commandant de compagnie […] avait été éjecté en tête et le contact radio avec le commandant de bord avait été interrompu aussitôt. Mais ce n'est qu'une supposition. Je veux dire qu'il ne m'a jamais donné la réponse puisqu'il n'est pas revenu.
« La violence, la force brute, a résolu plus de problèmes dans l'histoire que n'importe quel autre facteur.
Il faut être d'une grande naiveté pour croire le contraire. Ceux qui oublient cette vérité essentielle le paient toujours de leur vie. Et de leur liberté. »
Au camp Currie, j'ai fait une découverte très importante. Le bonheur, c'est de dormir suffisamment. Rien que cela. Tous les gens riches et malheureux que vous rencontrez prennent des somnifères.
J’étais désormais un soldat. J’avais le droit de placer fièrement un S devant mon matricule, au lieu du R de recrue. C’était un grand jour pour moi.
Un scaphandre, on le met.
Tout équipé, il doit peser dans les deux mille livres. Pourtant, dès qu’on vous a bouclé à l’intérieur, vous courez, vous sautez, vous pouvez vous étendre, prendre un œuf sans le casser (avec un rien de pratique, mais, avec la pratique, rien n’est impossible, non ?). On arrive même à danser la gigue, à bondir par-dessus les toits comme une fusée pour retomber comme un duvet.
A chaque fois, avant de sauter, j’ai les chocottes. J’ai eu droit à la préparation hypnotique et à toutes les injections et, raisonnablement, on pourrait penser que je ne peux pas avoir peur. Le psychiatre du vaisseau, qui a analysé mes ondes cérébrales et qui m’a posé des tas de questions idiotes pendant que je dormais, m’a dit que ça n’a rien à voir avec la peur, que c’est un peu comme le tremblement d’un cheval de course dans le starting-gate.