Voleur d'enfance

Elisabeth Heiter signe avec ce deuxième opus des aventures de la profileuse Evelyn Blaine, une nouvelle enquête fascinante, troublante mais surtout complexe.

Evelyn va se retrouver dix-huit ans après à Rose Bay, lieu de son enfance heureuse chez ses grands-parents mais aussi de ses cauchemars de petite fille. Comment oublier cette affaire qui, dix-huit ans plus tôt lui a ravi sa meilleure amie, enlevée chez elle, par celui qui fut surnommé "le kidnappeur à la comptine".
Nous avons appris dans la précédente enquête d'Evelyn (cf Capturée) que cette nuit-là il ne devait pas y avoir qu'un seul kidnapping mais deux. Et qu'ELLE aurait dû être la seconde victime. Seul un événement, que nous découvrirons à la fin de cet opus a alors empêché son enlèvement et lui a laissé un sentiment de culpabilité.
Depuis ce jour, la petite Evelyn a consacré ses études et ses projets professionnels à devenir Profiler, à traquer les malades, les assassins et autres rebuts de la société. C'est donc ici une enquête ayant d'énormes implications personnelles qu'elle va devoir mener, tout en gérant l'hostilité avérée de certains collègues de Rose Bay tel Jack Bullock.
Policier, il faisait déjà partie de la police à l'époque et son interrogatoire de la petite Evie n'avait pas été emprunt de douceur ni de commisération. Cela nous donne une relation à couteaux tirés et des préjugés profondément ancrés qui, nous le verrons, risquent fort d'entraver l'enquête.

Elisabeth Heiter nous entraîne là encore dans un thriller haletant, angoissant, complexe et emplis d'émotions.
Le lecteur va devoir, telle Evelyn, côtoyer la douleur des souvenirs, la haine, le chagrin mais aussi la colère et la suspicion pour faire avancer son enquête. Car l'auteure nous distille, aux lecteurs seuls, des indices troubles, pervers dans ce qu'ils ne peuvent être soufflés aux enquêteurs mais aussi particulièrement abscons.
Dans ce contexte où les plus suspects ne sont pas toujours les plus coupables, où il suffit d'un indice pour que tout s'emboîte ou au contraire nous entraîne à nouveau sur une nouvelle impasse, l'auteure est résolument machiavélique.
Sa plume nous entraîne au plus sordide en touchant ce que nous avons de plus chers, nos enfants. Alors quand la conclusion fait jour et nous est exposée dans sa réalité la plus crue, lecteurs et enquêteurs tombent des nues.
C'est là tout le talent de cette auteure que je vous conseille.
Et pour ceux qui ont lu le tome précédent, sachez que nous aurons l'occasion d'apercevoir un peu de légèreté ici encore grâce à la présence de Mac, le beau gosse des forces spéciales qui trouble tant Evelyn.

On retrouve Evelyn Baine un peu plus d'un mois après les évènements de « capturée ». Ici c'est dans sa ville d'enfance qu'elle va devoir traquer un kidnappeur, celui-là même qui a kidnappé sa meilleure amie quand elles avaient 12 ans et qui, semble-t-il, avait projeté de la kidnapper également.
Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'Evelyn a le don de se faire des amis. Dans « Capturée » c'était l'agent du FBI Cory Fuller qui semblait avoir une sacré dent contre elle, ici c'est le policier Jack Bullock. Espérons qu'on en saura un peu plus, parce que pour Cory Fuller, on n'a jamais eu la moindre explication sur son comportement.
Comme dans le premier tome, l'auteur insiste à outrance sur la couleur de peau de son héroïne. Elle met systématiquement en avant que c'est à cause de ça qu'on ne l'aime pas : sa couleur de peau et son jeune âge. Bien sur le fait qu'Evelyn soit arrogante, insubordonnée et qu'elle fasse cavalier seul dans un monde où on fonctionne en équipe, n'hésitant pas à garder les informations pour elle afin de les vérifier personnellement, laissant entendre qu'elle trouve les agents de terrain incompétents, ne sont jamais mentionnés comme éléments de discorde.
C'est le couplet de la pauvre petite métisse persécutés par les grands méchants blancs. Ce qui devient un peu pesant à force de répétition.

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