Le joyeux mois de mai 1533 était venu, mais il n'apportait aucune joie à la princesse Marie. De grandes fêtes se préparaient pourtant. Les rues de la ville étaient tendues de brocarts et de tapisseries; sur la Tamise, des barques glissaient, gaiement décorées. Partout dans les prairies avoisinant le fleuve, des mâts de cocagne, des baladins, des chanteurs. Mais la princesse, songeuse, se tenait à l'écart de la foule et du bruit. Il semblait à Marie, qu'à part elle-même et sa mère, tout le monde en Angleterre se réjouissait du couronnement d'Anne de Boleyn. La seule pensée consolante c'était que Marie n'avait pas été forcée de prendre part au cortège. La cérémonie eût été pour elle comme ces triomphes romains où la princesse captive marchait entre deux haies de populace, chargée de chaînes. ("Déchue", châpitre 2; p. 26)