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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comme écrit par l'autrice elle-même, Françoise Henry, ce livre est « un biopic de quelqu'un de pas célèbre du tout d'anti-célèbre ». En effet, l'héroïne principale, Marcelle Jallard, n'a jamais été connue dans sa vie, bien du contraire.

Françoise Henry nous décrit la vie de cette femme, depuis sa naissance en 1922, jusqu'aux ultimes jours de sa vie. Cette personne, Marcelle, il en existe des milliers autour de nous; ces effacées qui mènent des existences banales où elles s'oublient dans leur quotidien et parcourent leur vie sans artifice mais sans jamais se plaindre.

Écrire un livre sur ces gens est quelque chose d'audacieux car il n'y a pas d'« action », de « suspens » à proprement parler. Les jours défilent comme les pages, dans une certaine relativité.

Très contemplatif, ce roman tient lieu d'une espèce d'hommage à ces hommes et femmes, que nous croisons tous les jours, dans la rue, dans les magasins, dans les transports publics, sans nous retourner, sans leur adresser un regard.

Pour cette protagoniste, Marcelle, un seul petit détail aurait pu tout changer dans sa vie, mais elle a préféré s'effacer, mettre son bonheur personnel de côté, à son propre détriment qu'elle devra supporter jusqu'à son décès.

Dotée d'une plume sensible et délicate, Françoise Henry apporte un peu de lumière à ces individus blessés par la vie et les décortique dans leur complexité. La grande originalité est de raconter cette vie sans y mettre de point à la ligne. L'unique sera le final car « dans une vie, il n'y a jamais de point si ce n'est le final quand il n'y a plus rien à dire ».

Dorénavant, nous n'oublierons plus ces Marcelle, toutes les Marcelle.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Marcelle est née en 1922, elle est morte en 2018. Avec son prénom si désuet qu'il n'est pas revenu à la mode comme beaucoup d'autres de ses contemporains, avec sa mort en Ehpad à près de cent ans, Marcelle n'est pas une personne marquante. Elle n'a pas fait de grandes choses, n'est pas rentrée dans l'Histoire, celle avec un grand H. Mais Marcelle a eu une histoire, comme beaucoup de femmes de cette époque, elle a vécu, beaucoup de toutes petites choses, mais qui comptent. Qui lui donnent une envie de se souvenir, et d'écrire ces souvenirs dans deux cahiers qu'on retrouvera dans ses « petites affaires », le peu de choses qu'elle laissera derrière elle.

La narratrice qui se situe comme un membre de la famille raconte l'histoire de cette jolie petite fille, gentille, sage, petite fille modèle en somme, née de parents commerçants : le père fabrique des chapeaux, à l'époque où personne ne se promenait « en cheveux ». Casquettes, chapeaux de paille pour les cultivateurs, chapeaux-cloches et feutres, chapeaux de Catherinettes.. et bientôt la Chapellerie Jallard devient aussi chemiserie, et bonnetterie. le père adore faire de la menuiserie, et gâte sa fille avec une maison de poupées, une épicerie, toujours dans la famille à l'heure actuelle. Elle reçoit du « Bonhomme Janvier » une poupée de porcelaine, c'est Bleuette, avec un abonnement à la Semaine de Suzette. Toutes les petites filles y apprennent à coudre et tricoter pour réaliser les petits vêtements, il y a la dinette, le fourneau, en somme on lui apprend à devenir une « petite mère ». À six ans un petit frère, Louis, tant qu'il est bébé c'est le grand amour de Marcelle. Dans ce foyer il y a de l'amour. Ce n'est rien mais c'est beaucoup. Ensuite il y aura la guerre, quand Marcelle aura dix-huit ans, qui ne changera pas grand-chose à la vie de famille, à part l'installation chez eux d'un lieutenant Allemand, mais la famille doit faire tourner le magasin.

A la fin de la guerre, Marcelle a un amoureux. Mais le père de celui-ci serait un « collabo ». Mariage impossible, Marcelle suit l'avis de ses parents. Marcelle, qui rêvait de bébés, ne se mariera jamais.


La narratrice décrit cette petite vie minuscule, en s'interdisant de la juger ; mieux : elle semble vouloir pousser Marcelle à s'évader de son chemin tout tracé déjà, mais non, il faut suivre Marcelle, la comprendre, la raconter, ne pas oublier surtout une vie de minuscules choses, qui influe sur les autres, dans sa famille, dans ses activités bénévoles : elle donne, elle donne de son temps et de ses forces.
Dans un style léger, fait de petites touches, sans points à la ligne, car la vie suit son cours sans s'arrêter, on découvre une existence qu'on aurait vite fait d'oublier. Nous avons tous connu une « Marcelle », au moins, dans notre vie. Ne l'oublions pas.

Merci aux éditions du Rocher pour cette lecture si intime.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Ce livre m'avait fait de l'oeil et c'est grâce à la Masse Critique que j'ai pu le lire. Merci encore Babelio. J'avais déjà lu Françoise Henry et cette autrice m'avait beaucoup plu.
Dans ce court roman, l'autrice est présente du début à la fin et nous raconte Marcelle, sa Marcelle, notre Marcelle. "Louons maintenant les grands hommes" disait James Agee. Et pourquoi pas aussi les anonymes ? Qui n'a pas croisé un jour une "petite dame", col rond, jupe plissée (?), discrète presque invisible. Françoise Henry raconte donc Marcelle en nous prenant à témoin, et intervient de plus en plus au fil du livre, comme si elle voulait combler la solitude de la fin de vie de cette femme. Pour ce qui est de l'histoire, je vous laisse vous reporter aux autres billets qui la racontent très bien.
L'intrusion de l'autrice, ses allusions à notre présent, ne m'a pas emballée, même si elles ne sont pas en surnombre, et même si j'en comprends la démarche. C'est parfois un peu trop. Mais c'est le roman de Françoise, le roman de Marcelle, de toutes les Marcelle.
Merci


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Je me suis lancée dans la lecture de ce roman avec enthousiasme. Une tranche de vie d'une femme ordinaire à travers les époques écrite comme on pense, une sorte de fil de pensées.
Je n'ai toutefois pas été emportée par cette histoire qui s'embourbe un peu en milieu de récit.
J'ai trouvé triste l'histoire de cette femme qui donne tout pour les autres et qui reçoit peu finalement, bien qu'au final on réalise qu'elle fut heureuse malgré tout.
Un roman dans l'ensemble bien écrit mais une histoire un peu vide..
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Éloge des petits riens
Texte original et parfois déroutant, mi-poétique mi-philosophique. Une écriture qui rappelle cette petite voix intérieure qui passe du coq à l'âne (l'âme)
Quelques longueurs et des passages au contraire qui passent en un éclair, comme dans la vie…
On veut aller jusqu'au bout même si on en connaît déjà la fin…
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Tout d'abord, je remercie les éditions du Rocher pour l'envoi de ce livre que je n'aurais sans doute jamais lu s'il ne m'avait été offert.

J'aime la couverture, aux tons doux, doux comme Marcelle l'était, effacée, une dame qu'on remarque à peine voire pas du tout. Marcelle qui a donné d'elle-même, qui a vécu plus pour les autres que pour elle. Marcelle, un prénom désuet qui n'est pas revenu à la mode, surtout pas au féminin. Marcelle qui est née en 1922 de parents chapeliers et qui a fini sa vie toute seule en maison de retraite.

Marcelle a aimé, aimé en secret, aimé un homme qu'elle n'a pas pu épouser car fils de collabo. Qu'en pouvait-il ce pauvre Pierre si son père s'est mis à fréquenter des Allemands et à dénoncer des Français? Mais c'est comme ça, jamais Marcelle n'aurait pu épouser un fils de...

Marcelle aimait les bébés, mais elle n'en aura jamais. Elle aurait voulu devenir puéricultrice, mais elle a aidé ses parents dans leur magasin de chapeaux (à cette époque, on ne sortait pas "en cheveux") où bientôt les chemises et bonnets viendront remplacer ses couvre-chefs qui ne correspondent plus à la mode.

Marcelle a travaillé un an pour un lointain cousin avant de travailler bénévolement pour un prêtre de la paroisse.

Marcelle a sans doute été amoureuse plusieurs fois, mais silencieusement, comme elle a vécu sa vie : de manière silencieuse.

Françoise Henry a écrit ce récit comme une biographie, une biographie de quelqu'un qui n'est pas connu, comme il en existe tant, des gens auxquels on ne fait pas attention, mais qui ont leur vie, si simple soit elle, avec ses joies et ses peines, ses déceptions, ses douleurs, ses secrets,...

Une écriture à l'image de l'héroïne : tout en douceur.
Lien : http://phildes.canalblog.com..
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ROMAN N'OUBLIEZ PAS MARCELLE, Françoise Henry
Petit chronique : Anne Marie Gardès - 09/2023 - 

Dans son dernier roman "n'oubliez pas Marcelle", Françoise Henry informe qu'elle s'attache à "célébrer quelqu'un de pas du tout célèbre, voire d'anti-célèbre" Voilà le biopic qui nous est proposé.

L'anonymat, c'est bien le destin de l'héroîne de ce dernier roman de Françoise Henry. Euh, pardon, c'est le destin d'une quelconque inconnue, dont les nom et prénom ne figurent plus que sur une stèle délavée par les pluies, voire nulle part, car vous savez comme moi, les crématoriums déversent des semblant de cendres un peu partout et nul ne sait où.

Si Françoise Henry nous a habitué à approcher avec délicatesse les laissés-pour-compte et les moins que rien de nos sociétés -je vous laisse d'ailleurs repérer les algorithmes envoyant le tel dans la sphère étoilée et tel autre dans le néant astral !-, sa Marcelle oubliée figure (du verbe "figurer" intransitif : jouer un rôle de figurant), donc j'écris, sa Marcelle oubliée figure ici une possible héroïne, selon que le lecteur veuille ou non s'en laisser conter !

Et pour nous éviter de trop vite refermer un livre qui pourrait sembler, si nous n'y prêtons pas attention, inutile et ennuyeux, Françoise Henry va nous bercer par un style léger et harmonieux. Elle obtient ce bel effet de tranquilité envoûtante en gommant la ponctuation, utilisant simplement du retour à la ligne pour dérouler la vie de Marcelle.
Un unique point final fait entendre le "tout est dit", "continuez votre chemin". Sauf que sur nos chemins, Marcelle risque bien de nous tenir la main, et pour longtemps !

Car en effet, l'autrice s'essaye à rendre authentique sa Marcelle. Elle choisit pour cela une narration simplifiée, le fond et la forme s'épousant avec justesse.
Et également elle interpelle le lecteur, particulièrement pour mettre en relief un questionnement de fond. Elle s'octroie, ici et là, le rôle d'une proche de Marcelle, voire en sous entendu, comme proche ayant toujours connu et aimé Marcelle. 

De plus, ce roman a priori sans intérêt, ne cesse de  questionner, et il questionne sur ce qui fait et est notre vie aujourd'hui, voire il dérange. Car les questions sont multiples, ambitieuses, actuelles, mais semble-t-il à peine murmurer, survoler. Nombre de sujets  abordés au fil des pages auraient pu être développés, argumentés, contestés, étudiés, décortiqués. Il n'en est rien. Ce qui est certain, c'est qu'ils auront tous frappé à notre entendement ; la porte est ouverte, entrez ou refusez d'entrer dans ces réelles problématiques sociétales. C'est peut-être là l'objectif de la narratrice : que ce livre lu ouvre à des réflexions profondes sur le sens, certes de la vie, mais aussi de ce qui fait que la vie vaut la peine, ou la joie, d'être vécue ! le mystère de Marcelle est à mon sens dans cette réflexion.

Etre connu, reconnu, parfois à outrance, via la une des médias, ou être parfaitement inconnu, la vie se charge souvent, sans aucun consentement de l'intéressé, de choisir qui l'emportera, de la notoriété ou de l'anonymat. Marcelle a-t-elle vraiment choisi sa vie ? Ou bien a-t-elle subi un conformisme, ou encore habitée d'une force intérieure, a-t-elle su très tôt comment accueillir le bonheur simple, tel, entre autres, celui gagné en l'amour familial, ou en sa FOI.  Ou simplement, elle a choisi la vie, et a choisi d'aimer la vie, là, au jour le jour, ou, et alors ce serait triste, sa vie fut une belle mascarade, camouflant son être profond. Comment savoir ? En cheminant avec Marcelle. 

Et justement en chemimant avec Marcelle,  j'ai peu à peu fini de la voir et de la reconnaître tout auour de moi. Qui ne connaît pas au moins une Marcelle ? Ou plutôt chercher à la surprendre, incognito, mais pourtant c'est bien elle, camouflée en Martine, Océane, Juliette, Gabriel, Amandine. Est-ce bien celle-ci dont je n'arrive pas à saisir qui elle est vraiment, si son sourire est artificiel ou accueillant. 
Et oh, à y regarder de plus près, peut-être suis-je aussi cette Marcelle ? Délicate inconnue !

Surprise et magie impulsées par notre autrice qui va nous emmener plus loin encore, et nous surprendre en arguant, que par un beau concours de circonstances, enfin,  Marcelle n'a plus de mystère pour personne et que nous allons tout savoir de ce qui a été la trame de sa vie, d'un éventuel secret, ou d'un art de vivre. le lecteur va être comblé. le suspens va être levé.

Ce secret de l'âme profonde de Marcelle (Françoise Henry,  il me semble, n'emploie pas ce mot "âme") bien gardé au long de cette lecture tranquille mais tellement captivante, et à dévoiler à ses lecteurs,  aurait pu être le cadeau époustouflant, concluant ce beau récit d'une vie en apparence effacée, et pourtant ô combien irremplaçable !

Françoise Henry va choisir, avec tout son talent de romancière, non seulement de laisser en filigrane, aux lecteurs aimantés à Marcelle, quelques parts de réponse, mais surtout de leur offir, et c'est peut-être là un des points d'orgue de ce roman inattendu, de les laisser deviner, accueillir, et pourquoi pas écrire eux-mêmes, l'épilogue, levant enfin le voile sur le mystère Marcelle.

Et c'est que ce j'ai fait ! Lectrice apprivoisée par Marcelle, après un réel et juste sentiment de frustration, face à ce cadeau de vérité annoncé par la narratrice, et qui m'est refusé, alors qu'il semblait prêt à être déballé, j'ai pris le parti, et surtout le plaisir, de tisser moi-même la toile de fond qui a fait que Marcelle est Marcelle.
Et pour m'assurer que j'ai bien saisi le mystèe de notre héroîne, pourquoi ne pas espérer que Françoise Henry aura tout loisir et grand talent de nous dévoiler le secret du bonheur ou du malheur de Marcelle dans son prochain roman "Marcelle ne vous a jamais oublié" !

Si vous cherchez une lecture reposante et aussi envoûtante, douce et aussi caillouteuse, simple et aussi très dense, une lecture sur le sens de votre vie, sur vous,  "n'oubliez pas Marcelle" vous interpellera tant que vous ne pourrez plus jamais l'oublier.
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Dans la famille Jallard il y a le père Lucien, la mère Marie-Louise, la fille Marcelle et le frère Louis.
Sans oublier Yaya, qui aide à tenir à la maison et à s'occuper des enfants. La famille tient une chapellerie dans une petite ville de Saône et Loire. Dans ce roman nous suivons Marcelle, de sa naissance à sa mort. Marcelle est l'aînée de la famille, blonde aux cheveux bouclés, une hanche plus haute que l'autre, Marcelle ne fait jamais beaucoup de bruit. 1939, la guerre arrive et avec elle les allemands qui occupent la maison. Une guerre qui lui enlève tout espoir de mariage avec Pierre Andersen, le seul homme qu'elle aimera de toute sa vie. Une vie où les autres passeront toujours avant elle, car elle est comme ça Marcelle, elle a tendance à s'oublier un peu.

C'est un roman original dans sa construction avec sa mise en page et son manque de ponctuation. L'autrice nous raconte la vie de Marcelle, on a l'impression qu'elle nous parle. Alors on l'écoute nous parler d'elle et on s'attache à ce petit bout de femme car Marcelle c'est une femme comme une autre, une femme amoureuse, qui tend la main vers les autres, qui ne fait pas de vagues et qui envie de liberté. Une vie qui peut sembler banale mais qui ne l'est pas et qui mérite d'être contée comme chaque vie.
Une vie solitaire dans laquelle Marcelle a connu des moments de bonheur, de doutes et de malheurs. Une solitude que nous comprenons au fil de la lecture.  J'ai été très touchée par certains passages que je vous laisserai découvrir pour ne rien gâcher.

Un joli roman assez court (200 pages)qui se lit d'une traite, pour ne jamais oublier Marcelle, et moi jene l'oublierai pas.
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Dans un monde où tout va (trop) vite, où règnent souvent un manque de considération des uns pour les autres mais aussi une propension au jugement facile, Françoise Henry fait le choix de nous conter l'histoire de Marcelle qui peut paraître somme toute ordinaire mais qui mérite de ne pas être oubliée, comme celle de chacun d'entre nous.

« c'est une vie comme une autre dirait-on mais pas tout à fait non plus car aucune vie entendez-vous bien aucune vie n'est exactement comme une autre
c'est une vie qu'on peut choisir de raconter parce que justement si on ne la raconte pas, comme elle est déjà presque tombée dans l'oubli, alors là ce sera un trou noir
et bien sûr qu'on pourrait essayer de sauver une autre vie en lui consacrant un bouquin, un petit bouquin de plus, mais même en y vouant toutes ses forces en y consacrant tous ses jours et toutes ses nuits armé d'un stylo on ne pourra jamais sauver toutes les vies alors la sienne, oui »

La façon d'écrire est originale, au niveau de la ponctuation (jamais un point, sauf le final) et de la disposition des phrases dans le texte. Elle est libre et peut être un peu perturbante mais seulement un peu. On lit comme en apnée, on dévore cette vie simple en apparence quasiment d'une traite.

« parce qu'il y a quelque chose dans cette vie, quelque chose qui semble ne pas vouloir mourir

on peut même la raconter sans mettre de point car dans une vie il n'y a jamais de point si ce n'est le final quand il n'y a plus rien à dire »

Il y a de la solitude mais aussi beaucoup d'abnégation dans cette vie-là. Marcelle vit davantage pour les autres que pour elle-même, même si l'on retient bien trop facilement son « sacré caractère ». Mais ce caractère l'est-il réellement, sacré ?
Elle passera une majeure partie de sa vie dans la petite ville de D. en Saône-et-Loire, là où ses parents tenaient une chapellerie rue Nationale, près des bords de Loire. Puisque j'ai longtemps vécu au coeur de ce département, j'ai facilement pu identifier la ville de D. et cela a apporté ce petit grain de sel, cette sensation de connaître l'endroit et de vivre au plus près des personnages.

Mais revenons-en à Marcelle puisque c'est elle l'héroïne extra-ordinaire, celle qui fut aux services de tous toute sa vie, jusqu'à en sacrifier son amour de jeunesse et vivre seule, toujours, si ce n'est avec sa mère afin d'accompagner sa vieillesse. Elle fait partie de ces personnes que l'on ne remarque pas, ou si peu, que l'on ne comprend pas toujours et que l'on étiquette sans rien savoir d'elles, ou si peu de choses. Ne laissant apparaître qu'une façade lisse, peut-être fade, et l'impression que l'on ne parviendrait jamais à « atteindre le noyau tendre ».

« (…) Marcelle épousait le sort de ses parents, elle épousait leurs tracas leurs soucis au jour le jour elle épousait leurs joies aussi leurs éclats de rire leurs histoires drôles (…) elle épousait tout ça avec beaucoup de calme et sans regret semblait-il, tout ça au lieu d'épouser
Pierre Andersen »

Je trouve l'idée merveilleuse, de laisser subsister l'âme d'une personne, son histoire et ce qu'elle était alors qu'a priori elle pourrait être vite oubliée. Permettre à cette vie minuscule de se poursuivre, celle dont l'ardeur intérieure n'a pourtant jamais cessé.

La longueur du texte est juste comme il faut pour nous tenir en haleine de bout en bout, pour dévaler les phrases, sauter à la ligne suivante, au mot d'après, celui en minuscules et parfois en majuscules, pour parcourir les rues et les lieux de la vie de Marcelle Jallard, de 1922 à 2018. Quasiment un siècle, ce n'est pas rien.

N'oubliez pas Marcelle, c'est laisser l'infime prendre place dans nos vies, c'est nous questionner sur notre rapport au monde et à ses habitants, c'est regarder les autres avec bienveillance et laisser tomber les apparences. C'est considérer. Une lecture pas si ordinaire qui trotte encore un peu dans la tête, APRÈS.

Un grand merci aux éditions du Rocher !

Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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