Mais dans quel temps était-elle, elle ? Quelle heure vivait-elle ?
Proches, infiniment proches étaient ces maisons et ces villages
et ces boutiques où les gens faisaient leurs courses
elle en happait un au passage, une silhouette tellement anonyme que c'était justement celle qu'elle choisissait : cet homme avec un grand panier, dédaigneux de l'autocar qui passait à côté de lui
l'autocar charriant pourtant la douleur muette d'une femme qui menait une entreprise folle
partie sur les traces de son mari mort
venue peut-être jusqu'ici pour lui tendre la main dans l'espoir fou, insensé de le ramener à la vie, telle – en inversant les rôles – une Eurydice son Orphée.
elle a sillonné la France en long en large comme on sillonne sa propre tête, comme on creuse des tunnels dans ses pensées. Elle a vécu dans les trains dessinnant, sur une carte de France, une gigantesque toile d'araignée mais c'était son cerveau, ses pensées prisonnières et personne ne comprenait donc qu'elle ne cherchait pas un chemin sur les routes, mais un chemin dans sa tête?
Je sais que nous n’en aurons jamais fin
Ni Féli
Ni Jacqueline
Ni moi
3 femmes qui n’ont pas fait la guerre, elles
Mais qui comme bien des femmes font l’après-guerre
Sont là pour panser
et penser (J’ai respecté et la disposition des phrases et la ponctuation.)
Parce qu'elle n'en pouvait plus de ce corps que lui avait pris la guerre, car la guerre est d'abord une histoire de chair, de cette chair qu'on lui avait ôtée, arrachée comme jamais ne le font ni la vieillesse, ni même la maladie.
nous n'avons pas su qu'elle voyageait encore avec eux, les livres _ les plus discrets des voyages intérieurs_