Avertissement aux lecteurs :
Ce livre n'est ni un roman, ni un thriller psychologique, et encore moins un ouvrage de la bibliothèque rose, c'est en quelque sorte un voyage littéraire.
Toute plongée dans les pages de
Guillaume HERAMBOURG vous entraînera dans un état d'introspection. Un livre forcément inclassable, un O.V.N.I. aime-t-on dire dans les salons littéraires. Un premier roman dense, à flux tendu et sans concession. Autobiographique, organique, intime, viscérale ? Sans aucun doute un peu tout cela à la fois.
Vous allez adorer le détester, puis l'aimer, puis le haïr de nouveau... c'est la marque des bouquins qui frappent au coeur, aux tripes. Qui bousculent nos certitudes, nos croyances. le tout servi par une plume de caractère.
Herambourg sous le couvert de son héros (anti-héros) et de sa fiction déroule le chapelet de nos maux sociaux. Dans le désordre, la mort, le racisme, l'égocentrisme, le travail, la politique, l'identité… j'en passe, et bien sûr l'amour comme leitmotiv de notre rédemption.
Un bouquin qui s'adresse à un lectorat averti et éclairé. de par l'écriture, par les thèmes abordés et la structure même de l'ouvrage. L'univers de cet auteur dans cet opus est sombre, ténébreux avec des envolées lumineuses qui viennent en percer la noirceur, c'est sa force. Un récit parfois entrecoupé de poésie, ce qui n'est pas fait pour me déplaire et qui vient en adoucir les ténèbres.
Guillaume Herambourg collecte sans en avoir l'air les cadavres métaphysiques, philosophiques, sociaux que chacun cache sous les tapis, pour les rendre voyants et criards dans la pensée de ses personnages. Toutes ces dépouilles que nous abandonnons en chemin par paresse, conformisme, colère, impuissance, et souvent au final par abdication.
Herambourg se veut ici un pilleur de l'âme humaine, j'entends par là qu'il déterre un à un tous les squelettes psychiques de sa plume vivante et acérée. Toutes ces choses que l'on ne veut plus voir, tous ces combats que l'on se refuse de mener, tous les mensonges que nous nous accordons, toutes les excuses que nous nous inventons, parce qu'il est plus confortable d'être aveugle, bien calé dans le moule de la multitude que de lutter au risque de… devenir soi, de peur d'être exclu aussi. Société du paraître mais du standardisé, du conforme avec ses impératifs de productivité, de rentabilité.
Au-delà de l'histoire elle-même ( par ailleurs très bien résumée dans le synopsis), l'auteur nous propose une réflexion en somme sur l'organisation et la mécanique politique et sociale du monde dans lequel on vit, de notre rapport aux autres et à nous-mêmes, un monde non pas choisi, mais souvent imposé au plus grand nombre par la nécessité, mais quelle nécessité ?
Guillaume Herambourg se pose comme l'architecte de toutes ces questions, vous laissant chercher les réponses, il n'impose que son univers littéraire.
On y perçois cependant une envie de l'auteur de nous convaincre d'un réveil collectif, d'une prise de conscience pour mieux asseoir et faire reconnaître nos individualités dans un monde ou l'individu en est réduit à n'être qu'un maillon (et surtout rien d'autre) d'une chaîne imaginaire servant une élite. Ainsi, je dirais dans une écriture plus contemporaine, nous nous rapprochons du livre de
Georges Orwell1984 (par ailleurs cité dans le livre.), pas dans l'histoire, mais tout du moins dans certains thèmes développés (annihilation de l'individu, de ses aspirations profondes, liberté, responsabilité de ses actes et de ses choix), humanité qui sans cesse recours à l'autocratie pour soigner ses dents cariées. Et puis en filigrane, ces questions qui peu à peu envahissent notre esprit de lecteur : Comment peut-on en arriver là ? Par quel processus mental acceptons-nous d'être un autre que nous-mêmes ?
Un livre foisonnant dont la lecture m'a transporté, mais aussi épuisé. le repos du lecteur ne s'effectuant qu'avec le mot fin.
Guillaume Herambourg ne ménage pas son lecteur, et ne lui accorde aucune pause.
Dense avez-vous dit au début de ce post mon cher Bonobo?
Une belle réussite pour un premier roman. L'écriture est ciselée avec de belles trouvailles métaphoriques.
Alors, me direz-vous, y'a-t-il un bémol dans ce bouquin ?
Oui, car je me dois d'être honnête. Un tout petit bémol. Un minuscule bémol. le début du livre est très obscur, son démarrage déroutant, et le lecteur pourrait s'y perdre un peu. Mais passé les vingt six premières pages, soudain tout s'éclaire.
Ne vous fiez pas à la couverture de ce bouquin pour essayer d'en déterminer le contenu, ce livre mériterait une couverture plus explicite et bien plus belle à mon goût, son contenu le mérite.
Autant dire que si vous vous engagez dans la lecture de ce livre, ce ne sera pas avec des tongs aux pieds, un petit cocktail avec un parasol miniature dedans posé à côté de vous et la brise marine comme compagne de lecture. Nous sommes ici très loin d'un livre de plage.
Pour ma part, je serais curieux de lire un deuxième opus de cet auteur, un livre peut-être plus apaisé, qui sait?
Guillaume Herambourg nous interroge avec intelligence et fera surchauffer vos neurones de lecteur. C'est une piqûre de rappel, un vaccin salutaire contre l'indifférence et notre complaisance collective pour que rien ne change.
Un peu difficile d'accès de prime abord, mais vous seriez coupables de ne pas vous lancer. Après tout, si vous voulez juger ce livre, une seule solution: le lire.
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