L'Île Noire, l'album aux trois versions.
Ici encore, prenant à contre-pied certains commentaires, leurs auteurs voudront bien m'en excuser, je ne peux qu'encourager la lecture du fac-similé de la première édition couleur de
l'Île Noire.
Je trouve que la « modernisation » des dessins appauvrit l'aventure. Certes, fallait-il rendre graphiquement plus attractif ce vieil album pour conquérir les jeunes lecteurs britanniques au milieu des années 60. Créé en noir et blanc à la fin des années 30, l'aventure connaît, cinq ans après, son premier bain de jouvence et sa mise en couleur et sa réduction au format de 64 pages. Sa modernité technologique initiale (téléviseur), n'en a que très peu souffert.
Je dois concéder à la dernière version l'inquiétante couverture et surtout l'invention du whisky Loch Lomond, boisson préférée du Capitaine Haddock, qui deviendra réalité peu de temps après, en sortie d'une distillerie écossaise située près du lac du même nom.
Stop à l'étalage ! quid de l'histoire ?
Hergé va utiliser le crime et la peur collective pour camoufler les activités illicites, activités qui ne seront dévoilées qu'à la fin : un vrai roman policier.
Tout commence par deux pilotes qui tirent au pistolet sur un promeneur venant proposer son aide. (Décidément, il ne fait pas bon de s'approcher des petits avions dans les aventures de Tintin.) Ils ont commis une terrible erreur. Ils ont tiré sur Tintin sans l'achever, même pas mal ! Il n'en faut pas plus à ce dernier pour traverser la Manche, le seul à poursuivre le crime et à ne pas avoir peur.
Une clinique psychiatrique, à nouveau lieu privilégié où on peut s'adonner aux trafics, même pas peur ! Elle prend feu : même pas mal !
Les vieilles ruines d'un château écossais, donc obligatoirement hanté par définition, planté sur un îlot rocailleux effraient tout le monde. Les pires rumeurs courent à son sujet, même les Écossais y croient. Même pas peur ! Et Ranko, même pas peur ! Surtout Milou.
Tiens, une pie voleuse, il faudra s'en souvenir.
Heureusement, les Dupondt, véritables champions du monde toute catégorie de la bêtise policière et de l'acrobatie, vont égayer l'histoire. Au fait, ils n'ont toujours pas compris que Tintin ne peut être coupable de quoi que ce soit. Ils se tromperont encore une fois dans Tintin au pays de l'Or Noir : décidément, ils ont la comprenette particulièrement lente ces deux-là !
L'histoire bénéficie d'une grande linéarité, fait assez rare dans les premiers opus d'
Hergé, certes les interludes facétieux des « détectives à la gomme »mis à part. Elle est donc facile et agréable à lire pour un enfant.
Je me permets de ré-insister. Je préfère la pompe à bras des pompiers et sa cloche plutôt que leur camion rutilant et son hurlante sirène. Que dire de leurs tenues pour combattre le feu ?
Je préfère la vieille caravane à celle tractée par la Triumph Herald rouge (presque la même que celle du professeur Mortimer dans le Piège).
Bref, vous m'aurez compris. La version fac-similé de
l'Île Noire est, pour moi, plus belle.