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2,72

sur 169 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un livre très difficile à lire, non pas par son style, mais uniquement par le fait qu'il est plutôt déprimant. Félicitée Herzog évoque sa famille, c'est à dire un père assez mythomane et ayant des penchants incestueux; une mère distante accordant plus d'importance à sa carrière qu'à ses enfants; des grands-parents anciennement collabos et surtout un frère violent, écorché vif, sombrant dans la folie et mourant brutalement. Ceci n'est guère réjouissant, et j'ai mis 10 jours pour lire moins de 250 pages de ce qui est plus un récit autobiographique qu'un roman. Si je comprends bien l'auteur lorsqu'elle a voulu régler les comptes avec sa famille et surtout ce "héros" de père qui n'en était pas vraiment un, je pense par contre que les chapitres 23 et 24, racontant la vie de l'auteur dans l'univers de la grande finance à New York, n'apporte rien au récit et auraient pu être largement raccourcis.
Un ouvrage que je suis quand même heureuse d'avoir lu jusqu'à son point final.
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« Un héros », roman de Félicité HERZOG, Grasset, 2012, 302 pages
Dans son premier roman, Félicité Herzog, 44 ans, nous raconte les grands épisodes de sa jeunesse. Félicité est la fille de Maurice Herzog, l'alpiniste dont le Général de Gaulle avait fait, en 1958, le premier ministre français de la Jeunesse et des Sports. Mais dans les veines de Félicité coule aussi du sang de Marie Stuart, comme celui de la veuve Clicquot, puisque elle est la petite fille du 13ème Duc de Brissac. Et enfin, Félicité est l'arrière-petite-fille d'Eugène Schneider, le fondateur des aciéries du Creusot.
Le lecteur de ce début du XXIème siècle a beau se déclarer affranchi du passé, de ses mythologies comme de ses idéologies, et évoluer dans le perpétuel présent d'une mondialisation magique, à défaut d'être heureuse, ce roman le plonge dans quelques pages de l'Histoire de France qui résonnent encore au coeur des générations contemporaines. En effet, quoique nous en dise le marketing techniciste et intemporel, ne sommes nous pas tous des héritiers de régimes anciens, de révolutions industrielles et de guerres nationalistes ?
L'alliance de la fortune des Schneider et du nom des ducs de Brissac évoquée ici rappelle ce que Proust a décrit dans « le Temps Retrouvé » : les aristocraties ruinées après la Première guerre mondiale ont fait des mariages d'argent avec la haute bourgeoisie de la banque et des affaires. Mais le prurit réactionnaire de ses aïeux, autrefois boulangistes et anti-dreyfusistes, se déclinera pendant la Seconde guerre mondiale par la collaboration sous le gouvernement de Vichy.
Heureusement, les options des Brissac ne résument pas toute l'éthique et l'action de leur caste. Une certaine noblesse française, par exemple la famille de Vogüé, la maison de Broglie ou les adeptes de la branche d'Orléans, ont su s'illustrer dans des voies humanistes, scientifiques et pacifiques. Elle tentait de pratiquer sur le terrain, et dans le monde entier, une hauteur de vue qui faisait fi de l'obsession de l'étiquette et du protocole dont Félicité Herzog nous fait souvenir.
Signalons par ailleurs une sorte de ratage des espérances idéalistes des parents. Côté Père, l'héroïsme légendaire se réduit à une imposture navrante et narcissique : cet alpiniste n'a pas réalisé l'exploit de l'ascension de l'Annapurna tel qu'il le clame. Par contre, en insatiable Don Juan, les dames étaient bien conquises. Quant à la mère, dont l'intelligence brillante est pétri des lumières de l'agrégation de philosophie, elle se transforme en Simone de Beauvoir qui aurait eu des enfants par erreur.
A une lointaine époque, on envoyait la jeunesse dorée faire ses preuves sur le champ de bataille. Félicité, elle, pour fuir le passé et l'avenir, prend la direction de Wall Street à New-York, elle endosse le rôle de jeune banquière avec diligence, rage et méticulosité (page 266) :
« Je m'étais prise au jeu de ces transactions financières qui ne laissent aucun temps de réflexion, aucune respiration pour penser à autre chose qu'au perpétuel mouvement des entreprises industrieuses d'Amérique du Nord et d'Europe qui s'emboîtent et se démontent à la manière de mécanismes d'horlogerie. Gagner beaucoup d'argent offrait pour quelques-uns dans notre génération un horizon indépassable et l'espoir pour moi, de faire revivre les demeures du passé. » page 253
« Mon attention était entièrement distraite par ce groupuscule composé de funambules de la transaction financière, de clowns de la représentation new-yorkaise, de personnages aussi vivants, naïfs que d'autres étaient douteux, navrants, inutiles. Nous étions tous soudés à ce centre nerveux d'informations et de transactions qui crachait son énergie par une foudre routinière. Il y avait là un afflux de nouveautés, y compris de comportements, une avidité de consommer de la vie, du temps, un mépris pour tout exercice de mémoire, une exigence de technicité tels que mon vieux passé était submergé, saturé, étouffé, enseveli : l'avenir seul comptait. Mort du passé par indifférence, refoulement des émotions, argent devenu jouissance, foi dans la mécanique des chiffres contre esprit de finesse.» (page 265- 266)
L'auteur semble écrire à la pointe de l'épée, comme si les ancêtres chevaliers avaient légué leur ADN à sa plume. Elle vous tire le portrait, toujours vif et précis, style au vitriol pour peindre les moeurs professionnelles et mondaines, notations gorgées d'émotion pour dévoiler la maladie mentale de son frère, révélateur de la crise de confiance et de cohérence vis-à-vis du clan familial, poésie dans le regard porté sur le parc du château et la forêt.
Ce roman qui est sans merci n'est pas sans grâce. On souhaite lire les suivants.
Patricia JARNIER 18 Octobre 2012 Tous droits réservés
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Félicité Herzog nous parle des membres de sa famille : pas seulement de son père. Elle décrit celui-ci sans pitié, sans haine non plus car elle perce bien le personnage qui a très fort souffert physiquement après son expédition dans l'Himalaya. Elle met bien en opposition cette souffrance avec le désir absolu de briller et d'occuper la première place partout où il apparaît.
Par contre, je l'ai trouvée trop compréhensive avec son frère. A la limite, elle se culpabiliserait d'exister à sa place. Il avait une responsabilité aussi quand il faisait preuve de brutalité envers sa soeur. Il était à l'âge de la conscience de soi et même plus. C'est vrai qu'il est à plaindre car il n'a pas bénéficié de cette résilience dont Mr Cyrulnik bous parle tant.
Et comme elle traduit bien le malaise qu'il y avait entre ses parents: la maman, intellectuelle toujours en recherche et le papa avec son intelligence beaucoup plus concrète.
C'est avec surprise que j'apprends sa formation d'économiste car elle écrit avec tant de profondeur, de clarté et de sentiment...
Un langage loin de l'automatisme.
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"Toute ma vie j'ai été dépossédée de mon père par les femmes. le processus commença par les filles au pair, un lent manège d'Anglaises et d'Autrichiennes, qui apparaissaient puis disparaissaient sans explications. Lorsqu'il était à la maison, événement formidable, il passait le plus clair de son temps à étudier leur ballet avec une attention soutenue puis à répondre à leurs doléances jusqu'à la saison des soupirs, puis à celle des pleurs dont j'aurais pu calculer le cycle avec autant de précision que pour le calendrier lunaire."

Félicité Herzog, fille de Maurice Herzog, aventurier qui est venu à bout de l'Annapurna en 1950, un héros aux yeux d'un public averti ... et pourtant, ce n'est pas le portrait d'un héros que dresse Félicité Herzog dans cette autobiographie. Elle nous dresse l'envers du décor, un père absent, séducteur et avide de relations extra-conjugales, de gloire, qui abandonne femme et enfants au profit de ses projets politiques.
Elle est assez cinglante, lave son linge sale en quelque sorte, règle en quelque sorte ses comptes, témoigne de la relation difficile qu'elle a entretenue avec son père, une relation morte née. Elle ne partage pas ses opinions politiques, son état d'esprit. "...tu as de la chance d'avoir un père comme le tien" , elle l'entend souvent ce constat, sa réponse : le silence. Elle nous livre ses blessures et ses regrets, un portrait implacable et vertigineux. La scène sur la terrasse, Félicité à moitié nue, photographiée par son père est difficile à entendre. Elle se prête au jeu, ravie du regain d'intérêt que lui porte tout à coup son père. "Tu verras ma petite, comme toutes les femmes c'est cela que tu aimeras, un sexe dur qui te fera bien jouir." Elle a alors quatorze ans.

Mais ce roman va au delà du simple règlement de compte; Maurice Herzog n'est pas au centre de ce roman, comme pouvait le laisser supposer le titre. Son frère, Laurent, ainsi que sa mère Marie-Pierre y occupent davantage de place. Une mère, belle femme libre et érudite, démissionnaire "faite pour enseigner Kant mais pas pour éduquer ses enfants", et qui, à certains moments de sa vie, s'est affranchie de sa propre famille pour suivre ses propres idéaux (ses parents ont été collabos), "Les grandes mythologies familiales mêlées à des mythologies nationales finissent par détruire les êtres les plus vulnérables".
Un frère tyrannique, violent avec elle, qui a dix ans voulait déjà être ministre et se voyait suivre le chemin brillant de son père. le destin en a décidé autrement, Laurent est atteint de schizophrénie et son parcours sera loin d'être aussi brillant que son père, sa famille l'envisageait pour lui. Il s'en est sorti moins bien qu'elle, on perçoit très bien le ton accusateur à travers ses écrits, il n'a pas su libérer du poids que représentait la personnalité de ses géniteurs, comme elle a su, elle, s'en libérer, non sans dommages collatéraux ...

Pas facile, j'ose imaginer, d'écrire sur sa propre famille, dénoncer les violences, les injustices, les incompréhensions.
Je ne suis pas très adepte de ce genre d'écrits, même si je lis volontiers les récits d'Annie Ernaux, pourtant, je ne suis pas déçue par cette lecture, découverte parmi les coups de coeur d'une bibliothécaire de la ville dans laquelle je vis.
Cette histoire familiale, cette écriture thérapeutique (je suppose) m'a touchée, ébranlée. L'écriture ne m'a pas toujours plu, mais je reste admirative de ce travail, de ce témoignage douloureux.

Lien : http://seriallectrice.blogsp..
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Maurice Herzog est le héros de l'Annapurna, héros national mais pas pour sa fille. Après s'être forgé une légende sur les pentes de l'un des plus hauts sommets du monde, il est revenu auréolé de gloire et mutilé. Devenu père sur le tard en épousant une intellectuelle divorcée, il a un garçon Laurent puis une fille Félicité. Infidèle, il divorce quelques années après, . Il a certainement fallu beaucoup de courage à sa fille pour s'attaquer au mythe. Au final voilà un livre honnête qui ne cherche pas la vengeance mais dresse le portrait de l'homme tel qu'il a été dans l'intimité, une personne bien différente de l'image publique.
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Bien sûr, Félicité herzog a des comptes à régler, Bein sûr un héros n'est pas un homme ordinaire avec une vie ordinaire dans une famille banale mais je respecte la démarche de l'auteur.
Elle a voulu rendre un douloureux hommage à un frère perdu.
Depuis la sorite du livre, le "héros" vient de disparaître et Félicité doit faire un double deuil
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Un homme considéré comme un pionnier dans le monde de l'alpinisme et de la vie politique française a des 'squelettes dans son placard". Sa fille Félicité, autrice de cet ouvrage, nous révèle bien des côtés sombres d'un père absent physiquement et dont l'emprise est oppressante. La mort de son frère Laurent est un point d'orgue .
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Il s'agit d'un premier « roman » qui n'en est pas un puisque Félicité Herzog raconte en détails sa vie de fille de Maurice Herzog et de l'héritière d'une grande famille aristocratique et industrielle. Elle évoque tout d'abord son père, notamment son « ascension » de l'Annapurna en 1950 et la légende qui s'est construite autour de lui après cette épopée. S'ensuit une longue partie dédiée à la famille de sa mère où l'auteur décrit soigneusement le quotidien doré de cette dynastie : vie de château, repas interminables autour d'une table luxueuse, insouciance... le style du roman, très intéressant au début, devient plus fade. le lecteur n'apprend plus rien de captivant, et il n'y est plus du tout question de Maurice Herzog, comme promis par le titre. La dernière partie du roman est consacrée à Laurent Herzog, frère de l'auteur. Ils ont passé leur jeunesse à se confronter, en se lançant de multiples défis. Puis, elle prend conscience de sa folie, mais n'est pas soutenue par sa famille pour l'aider à se faire soigner. le lecteur peut sentir le désarroi de Félicité à la perte de son frère.
Au final, ce roman s'avère plutôt bien écrit et assez intéressant, mais quelque peu trompeur car il est beaucoup moins question de Maurice Herzog que ce que l'on peut s'y attendre.
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j'ai découvert ce livre avec plaisir: je trouve que le style est globalement moderne, épuré, mordant
il est vrai que quelques mots ou expressions un peu trop précieux dénotent avec le style mais c'est une erreur commises dans beaucoup de premiers romans, dans lesquels les auteurs ne se lâchent pas encore et ont des résurgences des cours de français (ils n'ont pas fait que du bien ceux-là...chaines perfides de l'imaginaire...)
pour information (pour les critiques précédentes que j'ai pu lire), le genre roman est un choix: même s'il y a un côté autobiographique, la réalité est déformée, d'où le genre "roman"
Christine Angot et Catherine Breillat en sont les précurseurs: mélanger vrais événements de la vie personnelle et imaginaire, en utilisant le "je" de l'autobiographie, c'est ce qu'on appelle le nouveau roman
Je note aussi un petit relâchement de la tension vers la fin, ce qui casse le rythme et déçoit un peu
Globalement, c'est quand même un très bon premier roman
A lire !
Lien : http://epicuria.overblog.com..
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