Un instant d'oubli " est la traduction de l'anglais "And now good bye" de James Hilton, paru en 1931. C'est une histoire très intimiste, qui peut paraître un peu "longuette", si l'on songe à la minceur des faits que l'auteur raconte en 248 pages, en écriture serrée...
Qu'est-ce qui peut intéresser le lecteur dans cette histoire de pasteur, altruiste, père de famille respecté, entouré de bien-pensants, lui-même exempt de tout reproche, qui rencontre une jeune fille avec laquelle il noue une amitié amoureuse alimentée par une passion commune, la musique ?
Tout d'abord l'émancipation d'une jeune fille, Elisabeth Garland, qui désire s'accomplir dans sa vie d'adulte grâce à sa passion, la musique, et qui quitte sa famille engluée dans un conformisme jugé étouffant.
Ensuite "l'émancipation" (j'emploie le même terme volontairement) de ce pasteur encore jeune, lui aussi secrètement passionné par la musique, et qui ose, à l'occasion d'un bref séjour à Londres, fixer un rendez-vous à la jeune Elisabeth.
Brève rencontre à l'issue tragique, sous le signe du respect, de la communication, de la douceur, qui suffira sans doute à faire oublier à Howat ses frustrations d'homme trop respectable, trop policé. Une aventure humaine banale, mais qui restera gravée comme un signe du possible. On pense évidemment à quel point, en 1931, dans une Angleterre très puritaine, la société muselait de telles audaces !
Je recommande cette lecture un brin surannée, mais très bien écrite (et traduite par Marianne Gagnebin), parce qu'elle donne à la femme une place qu'elle mettra des décennies à occuper.
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