Dracula, monstre classique, célèbre d'une longue série promue à passer du secteur adulte à celui des enfants, pour une raison que l'on ignore un peu finalement sans creuser le sujet.
Il viendra jouer des quenottes sur le terrain de l'imaginaire jeunesse, jouant des coudes avec le monstre du placard, celui dessous le lit et l'autre du couloir tout noir.
A chaque Halloween, lui et tous ses copains imaginés par nos amis les écrivains viendront chahuter et disputer la place réservée aux monstres de l'imaginaire légendaire et de la peur collective, un vrai succès.
Et à cette occasion, eux seront, à l'inverse des autres, imités comme des super stars (on ne connait personne déguisé en Monstre du placard pour Halloween, les pauvres).
Ces monstres d'une nouvelle génération tireront leur inspiration de thèmes récurrents de la littérature, la légende des chauve-souris suceuses de sang, le combat contre la mort et la recherche de l'immortalité.
Il existe des versions d'ouvrages adaptés pour la Jeunesse qui conte leur histoire.
C'est
Bram Stoker qui rendra célèbre en 1897 le
Comte Dracula.
Il s'était inspiré d'un homme roumain de guerre sanguinaire, Vlad Basarab III de son nom roumain, surnommé Vlad "Tepes" (empaleur) pour sa signature personnelle récurrente à embrocher ses ennemis défaits comme des olives sur des cure-dents.
Il ne faudra donc pas se fier à ses portraits semblables à l'humoriste
Groucho Marx avec une perruque
Louis XIV enturbanné, ce n'était pas un rigolo.
Vlad avait connu sa propre légende, supposé aussi buvant le sang de ses adversaires, il était vraiment redoutable dans l'imaginaire collectif de l'époque d'où son autre surnom "Draculea" (fils du dragon).
Selon les sources autour de l'auteur
Bram Stoker, ce dernier aurait construit son personnage en le mêlant à des légendes magiques du pays du guerrier, il se montrera très précis sur les détails de la Transylvanie sans jamais y avoir mis les pieds en définitive.
Dracula impulsera une véritable veine (si l'on peut dire) de récits et de courants, un genre inépuisable d'inspiration encore aujourd'hui, notamment la Bitt' Litt' pour ados ("Bite Litterature, récits de vampires).
Alors et cette version BD proposée du roman de
Bram Stoker?
Elle est adaptée pour les grands ados, le personnage illustré de
Dracula est plus à rapprocher physiquement de l'interprétation décharnée du comédien
Klaus Kinski avec son film "Nosferatu"(1979) que du dandy élégant plus connu des plus jeunes dans les versions enfants inspiré du comédien
Christopher Lee dans "Le cauchemar de
Dracula" (1958).
Bien que la dernière version ciné développera avec le personnage un caractère intrigant, cultivé, venimeux mais romantiquement attractif avec le comédien Gary Oldman dans "
Dracula" (1992), très captivant pour le public ado, Hippolyte, l'auteur de cette Bande dessinée, lui préférera une apparence plus ouvertement monstrueuse, mais en gardera les manières soignées.
Ca ne sera donc pas la romance qui pousseront les jeunes demoiselles dans ses bras mais bien son pouvoir hypnotique et malfaisant.
L'univers de la BD est sombre, il semble plongé dans une nuit interminable dès lors que l'on fraie avec les affaires du
Comte Dracula.
Cette version BD est cette fois proche dans le récit du film de 1992 et donc de
Bram Stoker.
Un jeune notaire anglais est réclamé jusqu'aux Carpates par un nouveau client fortuné, le
Comte Dracula, pour lui faire signer l'achat d'une maison londonienne.
C'est en plongeant dans l'esprit de Jonathan Harker que le Comte apercevra sa belle fiancée, Mina.
Il voudra la faire sienne et intervenir dans son quotidien mais comment faire pour que Jonathan n'y fasse pas obstacle?
L'aventure d'Hippolyte sera vraiment étrange, dénuée de bon sens avec cette atmosphère effrayante omniprésente, comme si la volonté de l'hôte s'exerçait déja sur son invité.
Haker restera dans le château le temps du départ (c'est un château, tout de même), peu habité par la peur pour l'instant, tandis que nous, lecteurs, ne sommes pas rassurés par l'apparence peu éclairée des lieux et les tentatives déguisées de
Dracula pour surprendre son invité dans les recoins de son intimité quand sa garde est baissée.
Très clairement,
Dracula n'est pas le seul résident des lieux et ces choses seraient disposées à faire preuve d'hospitalité avec Haker, à leur façon.
C'est Jonathan Haker lui-même qui nous raconte son étrange résidence, le ton est presque celui de la correspondance à autrui, il est dans le château comme la Belle de l'auteure
Le Prince de Beaumont invitée par la Bête et il est gagné progressivement tout de même par le malaise d'un hôte peu présent...
Le suspens fonctionne, il est construit en deux parties, avec la belle Mina qui attendra le retour de son fiancé (et oui, il doive se marier bientôt, petite contrainte dramatique) et qui ne revient pas.
Et entre temps, un Comte croisera par la providence son chemin à Londres...
Une version esthétiquement intéressante, jouant sur la dualité de l'univers en présence, entre l'élégance, du travail à l'encre noire et un effet de "grattage" visuel presque rappelant des coups de griffes.
Un ouvrage frissonnant.