" Surfeuses" est une quête personnelle, l'aboutissement d'une recherche de l'illustratrice du livre, liée à une passion, à sa curiosité et finalement à une reconnaissance des femmes dans un domaine. Elle le dit en préambule, elle s'est mise au surf et finalement s'est aussi questionnée : combien de femmes se sont distinguées dans ce sport? Sans doute que de nombreux lecteurs s'interrogeront au début sur la pertinence d'un tel documentaire, un livre sur les "surfeuses"? Et pourtant, lié à une démarche très importante dans son humble apport, au rétablissement de faits laissés de côté pour ne laisser aux écrits que les faits les plus spectaculaires et les plus marquants. On en oubliera de raconter l'histoire telle qu'elle a existé. Beaucoup de jeunes garçons et de jeunes filles pourraient s'imaginer que le surf est surtout une épreuve masculine. On imaginera alors de nombreuses jeunes lectrices aimant nager peut-être inspirées par des surfeuses qui auront montré l'exemple et des jeunes lecteurs agréablement corrigés dans leurs à prioris.
Isabel Letham, Mary Ann Hawkins, Linda Benson, Joyce Hoffman, Rell Sunn, Lisa Andersen, Rhonda Harper, Maryam El Gardoum,
Justine Dupont, de la France à la Californie, du Maroc à l'Australie, il y a des histoires à raconter.
On remontera le temps bien avant nous, bien avant elles, pour trouver l'origine de ce sport séduisant et aquadynamique. Déja aux Moyen-Âge il était là : pratiqué par les communautés hawaiiennes - venues de Polynésie avec cette culture - , par les femmes, les enfants.
Les hommes s'en serviront comme rituel tribal pour se défier. Il sera amusant de constater de nouveau qu'auparavant, et pas si loin dans notre histoire, l'homme pouvait avoir peur de se baigner - pêcher et naviguer certes mais se laver régulièrement et abondamment, non . Nous aurons en tête nos gens de Versailles, au 17ème siècle, dont les spécialistes pensaient qu'un bain trop régulier pouvait affaiblir le corps et l'exposer à des maladies tandis que d'autres cultures jouissaient depuis longtemps des thermes.
En 1778, le fameux Capitaine Cook, le découvreur des peuples du pacifique, s'étonnent du rapport des hawaiiens avec l'Océan tandis que l'Europe ne prescrit l'eau salée que pour des vertues précises et curatives. Et ils découvrent aussi le surf. Et les choses vont changer, le surf loisir, les Beach Boys, le surf va se déplacer dans le monde, là il peut y avoir un appel des énormes vagues.
Le documentaire, qui plaira probablement plus aux ados, mettra à notre disposition ces biographies de personnalités féminines sauvages et un peu oubliées, sinon connues des passionnées surtout. Ce sont des successions de biographies, bien plus qu'une ou deux planches éducatives, qui mettront l'accent sur la naissance d'une passion, sur le défi des préjugés d'une époque et l'expression d'une grande liberté, d'un lien incomparable avec l'élément marin.
Isabel Letham le pratiquait déja vers la fin de la Première Guerre Mondiale et s'est fait connaitre en faisant des acrobaties en duo sur la planche. C'est une époque en Australie où les suffragettes venaient à peine d'obtenir le droit de vote (pour les femmes blanches) et où l'on s'émancipait de l'image uniquement balnéaire des bains.
Aux USA, elle obtient la naturalisation américaine et ... "elle a notamment l'intention de mettre en place, en s'inspirant du modèle australien, des patrouilles de sécurité sur les plages californiennes, où le nombre de noyés est alarmant. Elle contacte la communauté des maîtres-nageurs de Sydney pour les rallier à cette cause, mais, à sa grande surprise, les club de surf de sa ville natale refusent ! le président de l'Association nationale de sauvetage en mer décrète: "Nous n'enseignons pas notre travail aux femmes"...
Elle est également l'une des premières à promouvoir la natation synchronisée : dans les années 1950, elle organise un ballet aquatique au Freshwater Ladies Swimming Club ... En 1978, ...elle s'engage en faveur du surf féminin. Car la route à parcourir est encore longue : l'élan d'émancipation qu'Isabel a connu dans sa jeunesse semble désormais lointain, la valorisation de la femme au foyer a repris le dessus... Jusqu'en 1980, les femmes se voient même refuser l'adhésion aux clubs de surf ..."
Que de femmes fonceuses et incroyables !
Mary Ann Hawkins, une californienne, jusqu'en 1941 règnera comme la championne du surf féminin en 1941, se voyant proposer le rôle de doublure de cascades pour les scènes de nage à Hollywood.
" de 1956 à 1986, elle initie les "bébés nageurs" dans une école de Waikiki ..."
Avant d'être hotesse de l'air en 1965, Linda Benson fera mes championnats des Etats Unis dans cette discipline et marquera son temps. Après 2008, Linda Benson sera une référence du surf féminin au corps athlétique assumé, tandis qu'à sa jeune époque en 1960 les femmes se refusaient à trop se muscler pour ne pas trop se viriliser.
A 70 ans, Linda continuer d'enseigner finalement et aux plus jeunes le paddle.
Et l'incroyable Joyce Hoffman?
"Joyce Hoffman s'entrainera jusqu'à 5h par jour durant ses années 1960 ... En face de la maison des Hoffman, les vagues où Joyce a l'habitude de s'entraîner sont loin d'être idéales, elles sont souvent même souvent très mauvaises,. Mais cela ne dérange pas la jeune fille : au contraire, celle-ci estime qu'il est important de savoir surfer partout et par tous les temps, et que c'est donc un excellent endroit pour apprendre. D'autant que lors des compétitions on laisse toujours aux femmes les moins bonnes conditions : elles surfent en fin de journée, à marée haute, avec un vent terrible et à peine quelques vagues.
Les meilleurs moments sont sytématiquement réservés aux hommes, bien plus médiatisés. Cependant, plutôt que de s'en formaliser, Joyce en tire avantage. Plus les conditions sont mauvaises, plus l'écart entre ses conccurentes -qui n'ont pas sa pratique - et elle se creuse ..."
Il existera tout de même un fil de narration chronologique pertinent entre toutes ses histoires personnelles afin de rendre plus apparent l'évolution des moeurs et la pugnacité des sportives de plus en plus compétitives.
C'est un documentaire insolite et idéal, à l'approche du mois de Mars et de sa journée du 8 mars, de lutte pour les Droits des femmes.