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EAN : 9782251451015
296 pages
Les Belles Lettres (22/10/2020)
4.64/5   7 notes
Résumé :
Une bibliothécaire d'une petite ville de Norvège, seule et désoeuvrée, part presque malgré elle en vacances à Cuba où elle est séduite par un musicien. L'histoire d'amour intéressée finira par tourner court après de nombreuses péripéties et allers et retours, mais aura été, sans illusion aucune, jusqu'au mariage. Mais que peut faire un Cubain en hiver en Norvège ?
Au-delà du regard porté sur une autre culture, un autre corps, c'est toute la détresse, la soli... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ingeborg bibliothécaire dans une petite ville de Norvège , la quarantaine, seule, veuve et un fils loin à Stockholm, a des états d'âme. Elle décide d'aller faire un tour à Cuba, pour retrouver la joie de vivre et se remettre d'aplomb. le choix du pays ne semble pas être idéal , vu la misère terrible que ni la musique ni le sexe et ni même Hemingway 😊n'arrivent vraiment à cacher. Pourtant elle va y rencontrer un cubain à travers la musique....et le sexe, qui va totalement bousculer son passé, son présent et son avenir insignifiant....malgré sa réticence 🙃!

C'est un livre d'introspection. dérangeant, qui posent de nombreuses questions intéressantes, sur La Vie, nos vies, et notre regard sur l'étranger, sous divers perspectives. le Cubain, Enrique, rencontré fait partie d'une image cliché de Cuba, celle des femmes et hommes à la poursuite d'Occidentaux, pour pouvoir quitter le pays et sa misère. Alors que Ingeborg avec cette relation s'éloigne d'elle-même aussi loin qu'elle puisse aller, et qu'elle est sceptique face au désir de cet homme pour elle, "Que voyait-il en moi, un passeport ? L'Europe?...", la liberté et l'aisance matérielle à laquelle aspire celui-ci, l'oblige à se poser des questions qu'elle n'aurait jamais imaginé se poser, "A quoi avais-je utilisé ma liberté si enviable ?... Je commençais à comprendre que la liberté s'accompagnait d'une responsabilité et d'une exigence de s'accomplir pour l'homme soi-disant libre, s'il entendait le mot qu'il impliquait une exigence". Et se rend à l'évidence que la liberté et l'aisance matérielle ne sont pas une garantie pour mieux vivre.
La nature humaine est compliquée et contradictoire. La situation matérielle terrible d'Enrique et des cubains la dérange, tout la dérange chez lui, et elle n'aimerait surtout pas que ses co-nationaux la voit en la compagnie d'un Noir. le malaise qu'elle ressent elle nous le fait aussi ressentir à la même dose. Pourtant l'idée de retourner dans son pays retrouver la solitude et sa relation inexistante avec son fils unique Torgrim qui s'est éloigné d'elle, en toile de fond du récit, la pousse peu à peu à un acte peu rationnel, voir fou.....Je n'en vous dirais pas plus sur l'histoire elle-même.

Premier livre de cette écrivaine norvégienne dont j'ai beaucoup aimé la prose fluide qui change de ton et de forme selon l'interlocuteur et le sujet, avec un zeste d'humour à l'anglaise. J'ai adoré son fond introspectif et la synthèse finale époustouflante. Je vais vite enchaîner avec un autre de ses livres, donc un livre de la rentrée littéraire 2020, que je recommande vivement si le sujet vous intéresse.


"Rendre visite à d'autres océans, c'est possible, nager en eux, c'est possible, profiter d'autres océans, c'est possible, mais changer l'océan qu'on porte en soi, ce n'est pas possible."
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Je viens de terminer, lentement, douloureusement, un livre douloureux- et lent.
Mais magnifique.
Parle-moi, c'est le long monologue intérieur, lucide, sans concession, d' Ingeborg, une bibliothécaire norvégienne, mère d'un jeune étudiant qui la rejette, veuve entre deux âges, pétrie de conventions, terrifiée par le qu'en- dira- t -on, corsetée par l'habitude - et qui rencontre, lors d'un voyage à Cuba, un musicien noir, Enrique, qui devient son amant.
L'inégalité de leur statut, sur l'île, les met souvent en position délicate. La différence de leur niveau de vie, de leur couleur de peau, de leur implication sentimentale, de leurs perspectives sociales et économiques ne sont pas sans susciter des interrogations dérangeantes, cruelles, -et toujours très justes.
L'éveil de sa sensualité endormie, le dépaysement, les peurs et la méfiance qui subsistent en elle, poussent Ingeborg à des audaces insoupçonnées en même temps qu'à des prudences ou des soupçons qui la remplissent de honte.
Ce qui vient tout compliquer, et fait toute la richesse de ce récit d'une brève rencontre ravageuse, c'est que ce monologue intérieur, sans pitié et rigoureux comme un examen de conscience, est également un dialogue .
Ingeborg est aussi une mère, et une mère en plein désarroi.
Son fils, Torgrim, a coupé les ponts avec elle, sans raison avouée, sans motif apparent. Il ne repond jamais , la fuit, l'esquive, ne lui dit rien de sa vie.
Il ne lui parle plus, alors elle lui parle.
Sa liaison avec un homme tellement Autre que son opacité, matérialisée par la noirceur de sa peau, la bouleverse, jette Ingeborg dans la quête désespérée de cet Autre né d'elle, ce fils qu'elle ne connaît pas ou si mal, cet Etranger dans sa propre sphère.
Lentement, elle va comprendre que la liaison qui la remue tant et la pousse à des actions téméraires, est aussi une façon de renouer avec son fils, de revivre leur amour plein de malentendus et de pulsions antagonistes. Eduquer, posséder ; s'émanciper, exister. Être une mère ; être un homme.
Et une façon, de se dénouer de lui, de couper un cordon devenu douloureux.
La pénétration lente , la pertinence aigüe, la sensibilité retenue, l'écriture sismographique d'un coeur en déroute, m'ont parfois conduite jusqu'au malaise.
Aussi ai-je lu le livre par petites lampées, comme un breuvage amer, nécessaire. Une espèce de potion magique aux effets inattendus. Comme Alice, il m'a fait tour à tour grandir, rapetisser, éprouver fortement des souvenirs enfouis, comprendre vertigineusement des angoisses récentes.
C'est un livre profond et fort. On n'en sort pas indemne. On en sort plus instruit(e) sur soi-même. Peut -être un peu plus aguerri(e) et plus libre.
Une fois encore, je remercie Idil-Booky, qui non seulement m'a fait découvrir ce livre majeur et ignoré, mais en a aussi accompagné les effets, avec toute sa sollicitude et son empathie coutumières...
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Ne me parle pas de blizzard, de froid, de neige et de fjords norvégiens.
Non, parle-moi plutôt de bikinis, de soleil et de mojitos. J'aime les bikinis et les mojitos.
Hasta Siempre, commandante.
Ne me parle pas de solitude, de tristesse et d'abandon.
Non, parle-moi plutôt d'amour, de passion, de sexe. J'aime les histoires d'amour, j'aime les histoires de sexe, surtout avec un mojito.

Elle n'avait simplement pas envie de passer le réveillon du 31 décembre, seule dans sa maison. Seule, son fils ne faisant guère d'effort pour venir la voir de temps en temps, ou pour prendre de ses nouvelles. Seule et triste, cette bibliothécaire norvégienne, d'un « certain » âge, prend sur un coup de tête un billet d'avion pour Cuba. Hôtel 5 étoiles, je l'accompagne, j'aime la chaleur cubaine, surtout celle de ces danseuses mi-dénudées que je croise à l'ombre d'une plage pendant qu'elle reste au bord de la piscine, un verre de mojito et un orchestre de bellâtres noirs jouant quelques salsas cubaines.

Il lui offre un verre de vin blanc, ce bel homme à la trompette, ce noir qui dénote sur sa peau blanche. Une histoire qui va finir dans le lit de sa chambre, 4ème étage vue sur l'océan. Elle a au moins deux fois son âge, ça la gêne un peu au début, mais la passion est la plus forte. C'est la fin des vacances, le retour en Norvège et cette impression de vide comme cette bouteille de rhum, ce sentiment de solitude qui te colle à la peau comme une poussière de vie.

Plusieurs voyages successifs au cours des mois, des années. Toujours le soleil cubain, toujours le même noir à la fin de la chanson au bord de la piscine, le même verre de vin blanc. Comme une répétition pour trouver la finalité. Celui de le faire sortir de la prison ensoleillée de son île… mais au milieu du vent et de la neige peut-il avoir un avenir dans son monde à elle ?

Voilà donc un très beau roman, qui parle de solitude et d'un certain choc entre deux mondes qui se rencontrent, se trouvent – ou pas. Une belle histoire teintée, d'amour et de tristesse – cela va ensemble -, de rhum et de salsas – cela va de paire -, de soleil et de neige. Une belle histoire de sexe, j'aime sentir son parfum « mojito », à laquelle plusieurs semaines après, j'en garde en mémoire ses effluves, avec ce qu'il faut de poussière et de sueur. Merci.
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Pour me comprendre,
Il faudrait savoir qui je suis,
Pour me comprendre,
Il faudrait connaitre ma vie,
Et pour l'apprendre… Je lis.

Ce roman est fort comme un « Cuba libre » et une norvégienne prisonnière captive de sa vie rigide aux sentiments pétrifiés.
Ingerborg, claustrophobe de ses dévouements est à l'apogée de ses questionnements : « J'ai compris que je devais faire quelque chose. Mais quoi ? Tout était verrouillé, je ne voulais rien changer, mais devais le faire. »
Faire un bilan, éclater ce carcan comme un fruit mur. Aller chercher la sève dans les chaleurs cubaines, sa vie blanche de neige prend des couleurs caraïbes. Sa peau blanche au contact du noir, elle se grise. Enrique la galvanise. L'heure est aux valises.
Pour elle une libération, pour lui la liberté.

Pour me comprendre,
Il faudrait connaitre mes nuits,
Mes rêves d'amour,
La peur d'affronter la vie…

Abattre les murs de ma petite existence, chercher le courage d'affronter l'inconnu et se soûler de l'urgence. Souffrir aussi du passé tombé en miettes, faire revivre les morts dans leurs journaux intimes poussiéreux de souvenirs castrateurs-destructeurs.
Et nourrir les vivants de l'amour qu'il nous reste mais qu'ils ne veulent plus partager. Torgrim ce fils, parti de ma vie, vivre la sienne déconnectée des ses antécédents. Parle-moi.

Pour le comprendre
Il faudrait le connaitre mieux
Que je ne pourrais…

C'est malheureusement aussi complexe, gênant et délicat de s'extirper d'années de dépendance d'une morale vertueuse et du « qu'en dira-t-on » que d'expatrier un cubain loin des siens. Porter le poids de quelqu'un ôte le poids des quelques choses que l'on ne peut exprimer. « Ainsi, je gardai tout intact. Parler, s'épancher, partager est surévalué. »

Il y a peut-être quelque part,
Un bonheur dont j'aurais eu ma part
Dommage, dommage…

Qui a fait le sacrifice ? Qui s'est affranchi ?
Pour le comprendre…

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Ouah !
Quel livre !
Quelle auteure !
Une norvégienne bien comme il faut, bibliothécaire dans une petite ville de la côte norvégienne, veuve, un fils qui est parti vivre très loin d'elle et qui n'a pas l'intention de renouer des relations familiales distendues par le temps et l'indifférence…
Un voyage à Cuba, l'île des couleurs, des odeurs, de la musique et du sexe …
Le même océan baigne ces deux pays, mais il n'est pas le même de chaque côté!
Cette lecture nous entraîne à la fois …
Dans l'âme d'un pays et de ses habitants, qui aiment leur pays, en sont si fiers et en même temps où ils sont si malheureux … on y retrouve toute la magie des rues de la Havane, le soleil écrasant, la puanteur et la beauté des rues, l'état de délabrement des quartiers et leur exceptionnelle magie … on y vit, on y respire, on entend le bruit infernal … rendu extraordinaire de ce qu'est La Havane …
Dans l'âme de la narratrice qui se débat entre ce qu'elle est et ce qu'elle voudrait être, libérée des carcans de son statut social, des liens pourris qu'elle a vécu avec ses parents, son mari et maintenant son fils, son fils toujours si présent dans ses pensées mais si absent dans son quotidien … rendu exceptionnel des questions existentielles que l'on se pose au soir de sa vie …
Une histoire de renouveau .. peut on arriver à se reconstruire ? … peut on être dupe d'une relation sexuelle qui n'a pour ambition que de sauver un individu d'un régime qu'il ne peut fuir ? … peut on vivre en faisant semblant ?
L'écriture est belle, simple mais travaillée … la fin de l'histoire est triste certes … mais que ne ferait on pas pour ressentir … « une petite douleur qui ressemble au bonheur »
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critiques presse (1)
LeSoir
17 novembre 2020
Vigdis Hjorth bouscule la vie d'une veuve, l'envoie dans une île où les habitants sont pauvres et lui propose un marché de dupes: «Parle-moi».
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Je citais le poème de Brecht sur la femme qui avait vu sa pension amputée de moitié mais qui allait tout de même chaque jour chez l'épicier lui demander ce dont elle avait besoin, pas plus, pas moins qu'avant, un demi-pain, une tête de chou, un poireau et une fois la somme calculée, elle ouvrait son porte-monnaie en cuir défraîchi et devait avouer qu'elle n'avait pas assez pour payer ces quelques marchandises et elle quittait la boutique en secouant la tête, "sous les yeux de tous les clients". En effet, " si nous tous qui n'avons rien n'apparaissons pas là où la nourriture est à vendre, on pourrait croire que nous n'avons besoin de rien.Mais si nous venons et ne pouvons rien acheter, les gens au moins sont au courant."
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Il feuilleta mes livres. Je ne le regardai pas comme j'aurais été tenté de le faire, lui un Noir. Quel effet ça faisait de toucher ces cheveux-là, ils semblaient si raides, je n'avais pas envide de les toucher. Les poils minuscules qui bouclaient sur ses poignets, ses poils pubiens étaient-ils pareils, je ne voulais pas les voir. Je pourrais trouver ça sur internet, mais dans quel genre de documents ? Des recherches de biologistes sud-africains et allemands des années trente ? se montrer curieux est admis, noter les différences est légal, établir une hiérarchie est impossible et contraire à l'éthique. Je m'interrogeais en toute innocence, ne le regardais pas comme j'aurais été tenté de le faire, un Noir. Et lui, se demandait-il quel effet ça faisait de toucher mes cheveux, comment étaient mes poils pubiens, comment ils étaient au toucher, Dieu m'en garde !
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Je me sentais comme le cliché de la bibliothécaire, même si j'avais compris que ce cliché-là n'était pas aussi vivant que je l'avais cru, non, même cela, les gens étaient peu inspirés par les bibliothécaires. Seuls les écrivains maintenaient les bibliothécaires en vie, c'était dans leurs romans que je tombai sous le cliché de la bibliothécaire et cela me peina, j'avais tellement de respect pour les écrivains, pourquoi ne témoignaient-ils pas plus de reconnaissance envers celles et ceux qui transmettaient leurs œuvres ? Quand les gens me posaient la question, je répugnais à leur dire ce que je faisais dans la vie, je craignais qu'ils ne laissent échapper un bâillement en entendant le mot : bibliothécaire.
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Des hommes blancs assez âgés avec de jeunes Cubaines, presque des gamines avec des appareils dentaires. Des hommes blancs occidentaux avec des cubaines noires de leur âge. Venant d'Europe, du Canada, de Miami, à Cuba pour rendre visite aux familles de ces femmes ? Des touristes d'Angola, de France ? Des cubains exilés en visite, les possibilités étant légion, qu'est-ce que cela signifiait ? Des Occidentales blanches d'un certain âge, informes, avec de jeunes autochtones d'une beauté renversante avec des dreadlocks et des hanches souples. Il n'existait aucune règle, aucune coutume, aucune étiquette. J'aurais voulu comprendre le savoir-vivre ici pour le respecter, mais j'étais perplexe. Détends-toi, m'intimai-je. Facile à dire.
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Il m'arrivait d'oublier qu'il était noir. Alors je le regardais et je m'en souvenais. J'avais un sommeil lourd, me réveillais dans l'obscurité et voyais son corps noir. Sans la nuance de brun que sa peau avait dans la journée, il se relevait un peu en m'entendant soupirer, se retournait et plantait ses yeux blancs dans les miens comme des lampes froides. Je fermais les paupières et je m'allongeais tout contre lui, m'imprégnais de l'odeur humaine de son cou. La peau de son bras était si tendue sur les muscles qu'il n'y avait quasiment rien entre. Noir plus masculin que blanc, brun, jaune, noir le plus masculin, le plus violent. J'aimais sa couleur, sa noirceur.
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Vidéo de Vigdis Hjorth
Sophie PEUGNEZ vous présente Héritage et Milieu de Vigdis Hjorth aux éditions Actes Sud
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