Toute mon existence est une toile tissée de secrets.
Le bras Impérial s'apprête à trancher leur différend. Il faut qu'ils regrettent tous deux d'en avoir un ; c'est en cela que réside le secret d'un bon gouvernement : il doit inspirer aux gens le désir de vivre de façon à ne pas l'obliger d'intervenir.
"Il s'agit de t'enseigner le meurtre, plus ou moins. A tuer les gens. L'art raffiné de l'assassinat diplomatique; ou bien comment rendre aveugle ou sourd; ou encore comment affaiblir les membres, provoquer une paralysie, une impuissance ou une toux débilitantes; ou déclencher une sénilité précoce, ou la folie, ou ... mais peu importe. Tout cela, c'est mon métier. Et ce sera le tien, si tu l'acceptes. Sache a priori que je vais t'apprendre à tuer des gens. Pour ton roi. pas à la façon spectaculaire que t'enseigne Hod, pas sur le champ de bataille, sous les yeux et les acclamations de tes camarades. Non : je vais t'apprendre la manière furtive, sournoise, polie de tuer les gens. Tu y prendras peut-être goût, ou peut-être pas. Ce n'est pas de mon ressort. Mais ce à quoi je veillerai, c'est que tu sois efficace. Et aussi à une autre chose, car c'est la condition que j'ai posée au roi Subtil : que tu saches ce que tu apprends, ce qui n'était pas mon cas à ton âge. Bien ! Je dois donc t'enseigner à devenir un assassin. Cela te convient-il, mon garçon ?"
"Mais si les dames nobles font ce que tu dis, le travail va leur abîmer les mains et le vent leur dessécher les cheveux et leur hâler le visage ; Vérité ne mérite quand même pas une épouse qui ressemble à un vieux loup de mer !
- Oh que si ! Bien plus, en tout cas, qu'il n'a besoin d'une épouse qui ressemble à une grosse carpe rouge dans un bocal !"
Personne n'a jamais rien gagné dans la fuite.
Les hommes ne pleurent pas leurs morts avec l'intensité des chiens. Mais nous pleurons de longues années.
Le soleil commençait à s'enfoncer dans la mer ; nous étions assis côte à côte et la plage s'étendait comme le monde à nos pieds. Si, à cet instant, j'avais répondu "moi", je crois que son coeur aurait roulé entre mes mains maladroites comme un fruit mûr tombant de l'arbre. Elle m'aurait peut-être embrassé et se serait promise à moi de son plein gré. Mais je venais de me rendre compte de mes sentiments envers elle et ils m'écrasaient de leur immensité ; la vérité toute simple fuyait mes lèvres et je demeurai muet.
Nous nous fabriquons souvent nous-mêmes nos propres prisons. Mais on peut aussi créer sa propre liberté.
(...) ne fais jamais ce que tu ne peux défaire avant d'avoir réfléchi à ce que tu ne pourras plus faire une fois que tu l'auras fait.
Après cet épisode, Burrich veilla soigneusement à ce que je n'aie jamais l'occasion de me lier à un autre animal. Il crut avoir réussi, j'en suis convaincu, et ce fut vrai dans une certaine mesure, en ce sens que je ne tissai jamais un lien exclusif avec aucun chien ni aucun cheval. Cependant, je ne me sentais pas protégé, mais confiné. Il était le gardien qui assurait mon isolement avec une ferveur fanatique. C'est à cette époque que la graine de la solitude absolue fut plantée en moi, et elle enfonça de profondes racines dans mon être.