Je suis parti chercher ma place dans l'histoire et décider où la contrarier.
Pour moi, il suffisait qu'elle existe et que je puisse l'aimer ; je n'osais même pas espérer qu'elle partageât mon sentiment.
Il se désole de tout le savoir qui descend dans la tombe chaque fois qu’un homme meurt, même le plus commun.
Il secoua la tête d'un air apitoyé. « Plus que tout, c'est ça que je n'ai jamais compris chez vous : vous jouez aux dés et vous comprenez que le sort du jeu puisse dépendre d'un seul jet ; vous vous distrayez aux cartes et dites que la fortune amassée en une soirée peut partir en fumée sur un pli. Mais un homme, ça, vous le reniflez d'un air dégoûté et vous laissez tomber : quoi, ce néant d'humain? Ce pêcheur, ce charpentier, ce voleur, cette cuisinière, allons, mais qu'est-ce que ces gens-là pourraient bien accomplir dans le vaste monde? Et telles des chandelles dans un courant d'air, vous vivez de petites existences crachotantes, vacillantes [...] »
Pour mon vif, les arbres de cette forêt possédaient une vie spectrale quasi animale, comme s’ils avaient acquis une sorte de conscience par la seule vertu de leur âge; mais c’était la conscience du vaste monde de la lumière, de l’humidité, de la terre et de l’air : ils ne s’intéressaient nullement à notre présence et, l’après-midi venu, j’avais le sentiment de n’avoir pas plus d’importance qu’une fourmi. Je n’aurais jamais imaginé être un jour dédaigné par un arbre.
« Nous appartenons au roi, mon garçon. Nous sommes ses hommes liges. Nos vies sont à lui, chaque instant de chaque journée, que nous soyons éveillés ou endormis. Tu n’as pas de temps à consacrer à tes soucis personnels. Seulement aux siens. »
"Je me persuadai que je fermai la bouche parce que c'était l'attitude la plus noble, que garder ces secrets pour moi valait mieux que laisser la vérité l'anéantir. Me mentais-je à moi-même ?
Et n'en sommes-nous pas tous là ?"