AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 75 notes
5
7 avis
4
15 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
0 avis
Cette lecture, c'est une envie, un besoin de s'y perdre, de rejoindre ce petit village déserté par les hommes tout en savourant l'attachement profond et émouvant du jeune Finn pour son île toute proche de Terre Neuve.

Un couple de poissons est imprimé sur le pull de Finn, un poisson est gravé sur la flasque d'alcool glissée dans la boîte à gants de la voiture, mais la mer en est vide, vide de poissons.
En cette année 1992, le travail est ailleurs que sur ce petit bout d'île alors les parents de Finn et Cora vont chacun leur tour en Alberta pour gagner de quoi vivre.
De sa fenêtre, Finn compte les feux de navigation des bateaux, enfin, il les comptait avant qu'il n'y en ait plus aucun à briller sur les eaux tranquilles ou agitées de la baie.
À Big Running, le seul bateau qui part du quai est le ferry et il emmène bien plus qu'il ne dépose.
Cora, elle, rêve d'une vie normale, loin de cet endroit vide de sens et de relations humaines. Pour tromper sa solitude, elle se glisse dans les maisons désormais inhabitées et les décore entièrement aux couleurs de pays étrangers, puisant les images dans les livres du biblio-bateau.
Finn, le coeur lourd, voit avec angoisse les personnes quitter l'île les unes après les autres. Alors il téléphone à Mrs Callaghan, sa professeure d'accordéon, pour l'entendre encore une fois raconter l'histoire de ses parents. C'est l'occasion de basculer dans les années soixante-dix et de suivre Martha, la mère de Finn, qui vit avec ses trois soeurs après la disparition en mer de leurs parents. Sur le rivage, chaque soir, Martha confectionne des filets de pêche, chante et entend le chant des sirènes alors que le jeune Aidan pêche des jours durant, entonnant les chansons de marins de son répertoire.

Pour qui désire se perdre dans l'atmosphère de ce roman, il faut tout d'abord respirer pleinement le vent et la neige, sentir la glace qui se forme et craquelle sous les coups de rames, voir les barques abandonnées gisant sur le rivage, effleurer la plume de pétrel dans la poche d'Aidan et ne pas la laisser tomber. Cette partie nord de l'île où le village se vide, c'est un paysage de rochers et de tourbières, de lichen à préserver et de caribous qui le broutent au loin.
Il faut aussi comprendre l'amour de Finn pour cette terre insulaire, sa tendre détermination à vouloir y rester. « Ils reviendront » affirme-t-il, et en attendant, il construit des cairns et sort sur sa barque avec sa canne à pêche ; éternelles pêches sans poisson, jour après jour, sauf une fois avec l'espoir, bien fugace, d'une reprise des sorties en mer, des bateaux scintillant au loin.
Il faut, avant tout, apprivoiser l'écriture d'Emma Hooper avec ses passages parfois hachés, ses trios de répétitions pour accentuer les propos, ses dialogues minimalistes, mais une grande impression de délicatesse qui envoûte et nous fait ressentir les respirations, les mains qui se serrent, tout plein de petits détails qui émeuvent.
La musique de Finn et Cora, à l‘accordéon ou au violon, ainsi que les innombrables chants folkloriques, donnent un fond auditif qui comble les silences et tissent l'espoir.
J'ai été très sensible face à la ténacité de cette petite famille qui désire rester jusqu'au bout, jusqu'à la cassure qui commence par une fine lézarde, imperceptible, mais qui s'élargit, mois après mois pour devenir une crevasse qui ébranlera ce quatuor familial.


J'y ai trouvé la sensation de tissage d'une toile arachnéenne avec de grands vides laissés par la désertion des habitants, par la mer amputée de ses poissons, par la solitude grandissante. Les fils n'en sont que plus solides, confectionnés avec l'amour de Martha et d'Aidan, avec la tendresse fraternelle entre Finn et Cora, avec cet immense espoir de Finn de voir revivre son village. Car, à la lueur d'une histoire contée par Mrs Callaghan, l'amoureux de son île élabore un plan pour pouvoir y demeurer en famille.
Dans les pensées et les actes de ce petit garçon de onze ans, la tristesse de quitter un lieu aimé qui ne peut plus offrir la possibilité d'y vivre submerge.
Commenter  J’apprécie          418
Après quelques pas un peu hésitants, je me suis à nouveau laissée emporter par Emma Hooper,sa sensibilité,son humanité,sa poésie et sa musique.
Finn et Caro, Martha et Aidant leurs parents, vivent à Big Running, petit île canadienne. Ses habitants ont toujours vécu de la pêche. Cependant, les lumières des bateaux disparaissent progressivement et avec elles les pêcheurs et leurs familles. Les poissons ont déserté. Tous les habitants devront-ils définitivement abandonner leurs maisons,leur terre et leurs racines!?
A la façon d'un conte empreint de merveilleux et d'espoir mais aussi de chagrin et de perte, Emma Hooper nous chante l'histoire d'amour de Martha et Aidant, et celle de leurs enfants qui chacun à leur manière vont mettre en oeuvre tout ce qui est en leur pouvoir et bien plus encore pour que la vie et la musique reprennent leurs droits .Mes Callaghan ne se contente pas d'enseigner l'accordéon à Finn,elle le nourrit d'une fable qui devient l'ancre à laquelle il s'accroche pour sauver les siens. Cari ,elle aussi s'amarre à ses rêves et occupe chaque maison abandonnée comme un explorateur avant de partir pour un autre voyage... L'accordéon,le violon, les chants rythment tout le récit mais relient aussi chacun des personnages les uns avec les autres, et tous avec le passé et l'avenir. La mémoire collective. La façon d'écrire d'Emma Hooper,son symbolisme, le mélange de simplicité et de magie me rappelle celle de Yoko Ogawa et notamment j'ai trouvé des similitudes dans la nostalgie des Chants du large avec "Cristallisations secrètes".
Je suis vraiment très heureuse de vous avoir rencontrée madame Hooper et j'espère que votre plume sera prolifique !
Commenter  J’apprécie          271
Je découvre avec ce roman, la maison d'édition Les escales et l'auteure Emma Hooper.
Cette lecture me laisse une impression d'ensemble très poétique, Emma Hooper nous fait vivre au rythme de cette île de Terre Neuve au Canada. Une vie tellement différente de ce que nous connaissons ici en France, en tout cas en région Parisienne.
Cette île vit au rythme de la pêche et quand le poisson ne se montre plus, la vie des habitants est totalement chamboulée, la plupart partent pour travailler ailleurs, ils laissent sur place quasiment tout ce qu'ils possèdent pour changer de vie.
Pourtant la famille de Finn et Cora essaie de faire différemment, de préserver la famille tout en subvenant à ses besoins.
Un très beau roman qui parle de voyage, de musique, de famille, mais aussi de l'envie d'évasion de Cora et de Finn qui lui, avec la naïveté de son enfance, a toujours l'espoir d'arranger la situation de son île.
Lien : https://livresque78.wordpres..
Commenter  J’apprécie          230
Terre Neuve. Une famille vivant à Big Running dans les années 1990. Il y a les parents , Martha et Aidan et les enfants Cora et Finn.
La plupart des habitants de Big Running vivent de la pêche. Mais le poisson se raréfie et les habitants quittent Big Running. A leur tour Martha et Aidan sont confrontés à ce départ. Ils décident de partir à tour de rôle quelques mois dans l'Alberta pour travailler.
Pendant ce temps Cora refait le monde et les pays en décorant les maisons abandonnées tandis que Finn essaye de faire revenir le poisson pour sauver son île et son enfance.
Au milieu de cela , le brouillard, la brume, les frimas, le chant des sirènes qui nous happent et entoure cette histoire grave d'un halo de poésie et d'envoûtement.
C'est la magie de l'écriture d'Emma Hooper. Elle nous entraîne dans les confins de Terre-Neuve où tout devient possible.
Il faut se laisser prendre par le chant des sirènes, par les contes racontés par les anciens. Il faut comme Finn compter les étoiles et les lumières des bateaux. Il faut entrer avec Cora dans ses maisons qu'elle a décoré.
Entre rêve et magie la réalité est bien présente et dure : sans poisson Terre-Neuve n'est rien. le départ est inéluctable. Comment vit on ce départ quand on est enfants ou adultes ?
Tout cela est traité avec finesse au plus de cette famille et des chants de marins ou de sirènes.
Et dans le brouillard de Terre-Neuve, les ombres et les lumières sont evanescentes et permettent au lecteur de laisser filer son imagination.


Commenter  J’apprécie          170
Quel beau et doux livre, empreint de tant de finesse et de mélancolie. Il est difficile de décrire l'émotion qu'il procure tout au long de la lecture car celle-ci tient essentiellement à la musique que l'auteur sait créer avec les mots. Elle le faisait déjà si bien dans son premier livre @Etta et Otto (et Russell et James).
Dans @Les chants du large, cette jeune auteure nous raconte histoire d'habitants d'une île en perdition car tous l'abandonnent, et où ceux qui ont choisi de rester, dont le jeune héros Finn et sa famille, se battent en vain. Mais Finn a une idée...
Par un procédé classique de retours dans la passé mais qui ici prend toute son ampleur, on vogue entre la vie actuelle de Finn et sa famille et celle des parents, qui ont bien du mal a maintenir une vie de famille sur l'île, voire une vie sociale tout court.
Le rythme du roman est certes assez lent, s'arrêtant sur ce qui pourrait sembler des détails mais qui permet au lecteur d'être immergé totalement dans la vie sur cette île, de ressentir les petites victoires, les joies, les désillusions aussi, et le découragement des habitants parfois. L'auteure a su, par ses mots, nous imprégner de l'atmosphère de l'île. On aurait presqu'envie d'y vivre (presque !).
Vous l'aurez compris, il s'agit d'une histoire avec une musicalité propre et de l'optimisme malgré la mélancolie du propos, une sorte de conte moderne, avec des héros humains, et parfois naïfs comme Finn qui tente de sauver son île. Et je me suis souvent dit, lors de ma lecture, que si on pouvait savourer toute cette « musique du langage », c'était aussi grâce à une très belle traduction de Carole Hanna, qui avait déjà traduit le premier avec beaucoup de poésie.
Une bien belle découverte à savourer tranquillement, qu'on ne peut quitter avant la dernière page tant on est pris dans l'histoire.

Merci aux Editions Les Escales, dont j'ai déjà pu apprécier plusieurs livres, et à Netgalley pour cette lecture.
#LesChantsDuLarge #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          152
un beau livre typé, élégamment écrit , fort aussi comme le vent et le froid de ce Canada inhospitalier et désert de poissons.
une histoire d'amour, de famille, d'enfants.
pour tous lecteurs!


Commenter  J’apprécie          80
Ce roman pourrait être qualifié de contemplatif. Ce n'est pas tant les actions qui sont racontées qui sont importantes que la manière dont elles sont racontées. L'histoire est simple. Nous sommes sur une île isolée, au Canada. Les villageois, dans ces années 90 débutantes vivent de la pêche. Vivaient, plutôt. du coup, tous partent pour trouver du travail ailleurs puisque la mer ne les fait plus vivre. Parfois même, ils partent définitivement. Ce n'est pas le cas des parents de Finn et Cora, dont nous suivons l'histoire dans deux temporalités différentes, leur jeunesse, leur présent. Eux alternent leur travail sur le continent, l'un reste toujours auprès des enfants, situation qui n'est pas idéale pour mener une vie de couple équilibrée. Finn n'a que onze ans, il est un rêveur, et ne manque pas de ressources pour tenter de faire revivre son île – faire revenir les poissons, pour faire revenir les gens. Cora aussi, à son niveau, agit, de manière très différente.
Ce pourrait être infiniment triste, cela ne l'est pas à cause de l'extrême musicalité du texte, de sa poésie pourrai-je dire. Voir les récits légendaires qui parsèment le texte, comme celui des serpents en Irlande. Finn a rencontré une conteuse hors pair en la personne de Mrs Callaghan, elle qui lui conte également l'histoire de ses propres parents. Il s'agit, déjà, d'une histoire de départ : Aidan est devenu tôt orphelin de père, Martha a perdu ses deux parents, morts en mer, et ses soeurs sont parties successivement pour le continent, pas toujours volontairement. Se soigner sur une île, oser mettre des mots sur ses souffrances physiques est tout sauf facile quand on a deux petites soeurs dont il faut prendre soin.
Les chants du large, c'est la vie de cette communauté de pêcheurs qui s'en vont peu à peu. Finn guettait les lumières des bateaux le soir, ceux qui étaient sortis et pas encore rentrés, de moins en moins nombreux. Isolés, les pêcheurs avaient appris à se débrouiller seuls, chacun, à tour de rôle, était chargé d'organiser les secours, de chercher les débris de bateaux et surtout, les survivants.
Un très beau roman à recommander à tous ceux qui aiment la musicalité et la poésie.
Commenter  J’apprécie          80
Ce roman me faisait beaucoup envie…

Finn a 11 ans et vit avec ses parents Aidan et Martha et sa soeur Cora, sur une ile isolée du Canada. Dans les années 1990, les habitants vivent des ressources de l'ile, notamment de la pêche. Seulement, les réserves de poissons s'amenuisent et la vie sur l'ile devient de plus en plus difficile. Les habitants partent petit à petit, chercher une vie meilleure, un job rentable.. Les parents de Finn et Cora essayent de garder espoir : ils décident de rester à Terre Neuve mais iront travailler à tour de rôle dans une autre région. Ils se croisent tous les mois au ferry lorsqu'un rentre pour veiller sur les enfants et que l'autre part gagner sa vie. Pendant ce temps là, Finn et Cora imaginent un avenir plus joyeux avec leurs yeux d'enfants. Quand l'une se met à re-décorer les maisons vides aux couleurs des pays du monde, l'autre invente des stratagèmes pour faire revenir le poisson dans la région. Une histoire somme toute banale, traitant aussi de la difficulté de la vie à cette époque, tout en douceur et imagination infantile, empreinte de chants marins.

Le résumé me tentait beaucoup et puis j'ai ouvert le livre.. Pour tout vous dire, je n'ai pas vraiment accroché et je n'ai fait que planer au dessus du roman, je ne suis pas rentrée dedans. J'ai trouvé cela long et monotone. La manière d'écrire d'Emma Hooper m'a laissé de marbre et pourtant elle est vraiment atypique.

Beaucoup d'aller-retour dans le passé pour connaitre les prémices de la rencontre des parents de Finn. Sur de courts chapitres, parfois de quelques lignes seulement. Et des répétitions, de mots, de phrases.. des mots en suspens, des phrases non finies et des points de suspension. Tout est dans le contemplatif, je n'y ai vu ni la poésie ni la musicalité, au contraire, c'est venu alourdir ma lecture.

C'est un retour assez mitigé et qui n'engage que mon ressenti personnel. Ce roman d'Emma Hooper à son charme, ses lecteurs mais il n'est tout simplement pas fait pour moi. Je suis vraiment déçue que l'a magie n'ait pas opéré…
Lien : https://felicielitaussi.word..
Commenter  J’apprécie          60
Drôle de sensation que tout lecteur ou lectrice a déjà ressentie.
Celle de parcourir une oeuvre plutôt agréable mais en restant totalement en dehors de l'histoire
Un livre qu'on lit , qu'on pose , qu'on reprend un peu et qu'on pose à nouveau
Au bout d'une semaine, nous voilà tout juste à la page 150
Se pose alors la question: continuer ou pas?
C'est ce qui arrive avec Les chants du large de Emma Hooper
L'histoire est sympathique, le style simple mais tout cela m'a laissé une impression de déjà lu
Je viens de lire ou de relire quelques auteurs qui ont su me plonger dans leur monde (Wagamese, Steinbeck, Delia Owens,McCann,Miguel Bonnefoy,Ron Rash, par exemple)
Avec Emma Hooper, je lis une belle histoire sur une île perdue du Canada mais je reste en dehors du récit de façon assez incompréhensible. Une sensation purement subjective qui ne remet pas en cause le talent de l'autrice
Le livre semble apprécié sur Babélio, ce que je comprends, mais , pour moi, la magie n'a pas opéré
Commenter  J’apprécie          50
L'histoire est douce amère, jalonnée de découverte d'enfance et de récit de survie dans un monde qui s'éffrite. La mer n'est jamais loin et ses embruns sont venus sur chacune des pages (certaines d'ailleurs illustrées). Les personnages sont fort, beau et l'imagination est mise à l'honneur, faisant revivre contes et légendes.
J'ai beaucoup apprécié cette navigation étrange mais passionnante.
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (172) Voir plus



Quiz Voir plus

LNHI-76387

Coïncidence irakienne du IIIe sicle avant J.-C.

pile
face

10 questions
15 lecteurs ont répondu
Thèmes : hasard , culture généraleCréer un quiz sur ce livre

{* *}