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EAN : 978B003X2B3WQ
Robert Laffont (01/01/1957)
1.5/5   1 notes
Résumé :
4ème de couverture :

" C'est à New York, au coeur de ces milieux où se joue la guerre froide, entre espions américains et agents de l'adversaire... Certains jours, à minuit, le docteur Malik, psychanalyste tchèque, reçoit le mystérieux Alfons, agent américain, pour le préparer à une mission très spéciale. "
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Le livre fut porté à l'écran par Henri-Georges Clouzot en 1957, sous le titre "Les Espions" avec Curd Jürgens, Peter Ustinov e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

Cet ouvrage de l'auteur tchèque, Egon Hostovský (1908-1973), est resté relativement inconnu dans nos contrées, du moins comme livre, par contre comme film, il a eu un succès certain. Cela grâce au Hitchcock français, Henri-Georges Clouzot (1907-1977), qui s'en est inspiré pour réaliser le film, au titre peu inspiré en revanche, de "Les Espions" en 1957. Les acteurs Curd Jürgens, Peter Ustinov et.... le regretté Patrick Dewaere, 10 ans au moment du tournage, expliquent aussi bien sûr dans une large mesure le succès du film. Sans oublier Jorge Semprún qui en a écrit le scénario.

New York 1952, une année avant la mort du terrible tsar rouge, Joseph Staline, et donc en pleine guerre froide, le psychanalyste tchécoslovaque, Arnost Malik, 51 ans, qui traverse une période de morosité intense, est abordé dans la rue par le colonel Robert Howard de l'Institut de la Guerre Psychologique, un bel euphémisme pour le service de contre-espionnage américain. le colonel lui propose de le recruter pour la mise en exécution de son plan de propagande antibolchévique contre l'énorme rémunération de 20.000 dollars, soit 186.000 $ de 2018 !

Howard sait tout de Malik. Il sait qu'il a fait des études à Prague, Londres et Vienne, chez un dénommé Sigmund Freud, que sa mère de 72 ans a passé 3 ans dans un camp nazi et aimerait rentrer à Prague et que sa liaison avec la belle Hélène Thomas, 30 ans et travaillant chez un grand libraire, bat de l'aile. Il a lu les protestations virulentes du docteur contre l'arrestation, commanditée par Moscou, de Rudolf Slánsky, secrétaire général du Parti communiste tchèque.

Le nom de Slánsky est probablement un peu oublié chez nous, mais certainement pas celui d'Artur London (1915-1986), le vice-ministre des affaires étrangères juif du gouvernement Slánsky, qui a écrit son oeuvre autobiographique effrayant, "L'Aveu" en 1968 et qui fut adapté au cinéma par Costa-Gavras, 2 ans plus tard, avec un remarquable Yves Montand comme London et une convaincante Simone Signoret dans le rôle de son épouse, Lise London-Ricol. L'année dernière une Place Lise-et-Artur-London fut inaugurée à Paris, dans le XIIe arrondissement.

De ce fameux procès, comparable à celui de László Rayk en Hongrie, Traïcho Kostov en Bulgarie et Ana Pauker en Roumanie - tous au début des années 1950 - l'auteur tchèque et émigré en Italie, Jiři Pelikán (1923-1999) a écrit un ouvrage basé sur des archives secrètes "The Czecoslovak Political Trials, 1950-1954", suivi de "S'ils me tuent" en 1976. Comme j'ai eu l'honneur d'avoir rencontré à Strasbourg ce député européen (1979-1989) et put discuter de ce dernier titre avec lui, j'en ferai un billet en son hommage prochainement.

Qu'attend Howard de Malik exactement comme contrepartie ? Que le docteur rouvre son cabinet médical de façon à pouvoir recevoir certains patients d'un genre un peu particulier, et surtout le mystérieux bonhomme, connu par son nom de code "Alfons", qui se pointerait tous les jours à minuit. D'où le titre du roman "Le vertige de minuit".

Notre brave docteur Malik ne sait pas quoi penser. En buvant quelques délicieuses bières tchèques de Pilzen (Plzeň) dans un petit bar à Manhattan, il se trouve partagé entre d'une part son souhait de sortir enfin de sa léthargie et venir en aide à sa mère bien-aimée et d'autre part la frousse de voir défiler chez lui des barbouzes et autres gugusses armés.
D'autant plus que Howard précise : "Nos agents viendront chez vous pour y découvrir les agents ennemis... et non pour vous protéger".

Et dès le premier jour de réouverture de son cabinet des drôles de spécimen se présentent : Albert Prengel, la soixantaine, un ex-diplomate qui a une fille internée pour schizophrénie et qui apparemment cache un revolver dans la poche de son pantalon ; Ruth Stein, une Texaine bien potelée de 32 ans, modéliste de son état et kleptomane, qui lui subtilise quelques fiches sur son bureau et le jeune écrivain tchèque, Jiři Kaminsky, qu'il a déjà rencontré à une réception de l'ex-consul tchécoslovaque et qui lui avoue écrire en ce moment une satire de la guerre froide !
Le pauvre Malik se sauve pour aller ingurgiter quelques whiskys dont il a grand besoin, tout en pensant qu'il serait tout de même plus commode s'il savait pour qui ils travaillent : les Américains ou les Soviétiques ?

Peu de temps plus tard, Malik en rentrant le soir chez lui trouve l'agent Alfons affalé sur son divan en train de siroter gentiment son whisky. Suit une discussion décousue avec ce jeune homme au léger accent praguois, dans laquelle celui-ci insiste d'obtenir une prescription médicale pour du Nembutal, un barbiturique assez puissant, parfois utilisé comme aide au suicide. Malik a l'étrange sentiment de voir en Alfons une sorte de réincarnation de lui-même tel qu'il était il y a 20 ans et lui refuse une ordonnance, mais lui refile 2 Pentobarbital qu'il l'oblige à avaler devant ses yeux.

Et de nouveaux gaillards curieux se pointent au cabinet de Malik, qui ne sait pas qui est qui. Un véritable jeu de miroirs, pour reprendre le titre du roman célèbre de l'auteur roumain, Eugen Ovidiu Chirovici, de 2017. Qui est à la solde de qui ? Comme Alfons l'expose au toubib : "... on ne peut jamais être assuré qu'un agent travaillé pour l'une ou l'autre partie. Vous savez probablement que les meilleurs sont des agents doubles" (page 98). Une explication qui est loin de rassurer notre Malik !

Si Hélène et Malik se marient, si ce dernier trouve une solution satisfaisante pour sa mère, s'il touchera tous ces dollars promis, qui est en réalité ce mystérieux Alfons et surtout comment cette intrigue espionite finira, je ne peux vous révéler, bien entendu.

Pour la 2ème fois en peu de temps, Egon Hostovský a parfaitement réussi à capter toute mon attention et à confirmer ses qualités d'auteur. C'est son autre roman "Étranger cherche chambre" (que j'ai commenté ici le 30 octobre dernier) qui m'a mis sur sa piste. C'est bien dommage que son roman de 1959 "La Charité mène le bal" soit actuellement indisponible en Français.
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