AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,5

sur 13 notes
5
1 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Ceci est le carnet d'un homme qui s'ouvre aux funérailles de son épouse. Officier de carrière à la retraite, François évoque ses années de service pendant lesquelles il était prêt à mourir pour la patrie. Il entremêle certains événements de sa vie privée, en particulier l'échec de son mariage et ne plus avoir depuis longtemps un lien quelconque avec ses deux fils. Ces funérailles sont également le moment qu'il choisit pour reprendre contact avec Jeanne, une femme autrefois aimée avec passion et avec qui il a eu un fils qu'il n'a jamais rencontré. Mais après autant d'années, cet homme taiseux peut-il espérer être enfin heureux et connaître ce fils dont il ne sait rien.

Xavier Houssin rend ici hommage à son père qu'il a brièvement connu. Ce texte court empli d'émotion fut pour moi synonyme d'uppercut.



Commenter  J’apprécie          450
Coup de poing, coup de coeur !
Pour le poing :
L'officier de fortune donne la parole à un type de personnage qu'on ne trouve plus guère dans la production littéraire contemporaine : le soldat de carrière. Il a longtemps fait contre mauvaise fortune bon coeur, incarnant ces soldats issus des classes populaires, valeureux et obéissants qui ont traversé le vingtième siècle en faisant front pour finalement constater que leurs efforts, leurs sacrifices, leurs camarades disparus, leurs vies saccagées n'ont pas servi à grand-chose. Ils avaient combattu vaillamment, souvent pris le dessus sur l'adversaire pour, la plupart du temps, devoir se retirer, abandonnés par les politiciens, dans l'indifférence générale.
L'amertume du personnage, on la ressent de la première à la dernière page : « En 1928, à vingt-cinq ans, je débarquais au Maroc. Notre monde alors était immense. Mais voilà. Tout ce en quoi j'ai cru, tout ce pourquoi je me suis battu, n'existe plus. »
Pour le coeur :
L'auteur réussit à raconter un père dont il n'a fait la connaissance qu'à vingt ans, avec lequel il n'a eu que très peu d'échanges et dont il ne connait que ce que sa mère a pu lui en dire. Et pour ce faire, c'est le père qui parle, revivant en phrases courtes, comme l'avare de mots qu'il a toujours été, sa vie, ses échecs, son amour sacrifié et ce fils inconnu à peine croisé.
Est-il encore temps d'être enfin un peu heureux auprès de l'amour de sa vie ? de faire la connaissance du fils caché que le narrateur appelle pudiquement « le garçon » pour bien marquer, me semble-t-il, cette impossibilité qu'il a (qu'ils ont ?) à effacer les années perdues, l'absence et l'ignorance mutuelle. « Demain… j'aurai soixante-dix ans… j'ai pensé à l'âge, à ce qui me restait. Un an ? Cinq ans ? Dix ans ? Pas de quoi faire des projets en tout cas. »
« Il fallait bien que l'on fasse enfin connaissance tous les deux. Et que l'on se parle. Mais pour se dire quoi, grand Dieu ? »
Autant le dire tout de suite, c'est une grande réussite, pleine de sensibilité, de finesse et d'émotion. L'hommage d'un fils à un homme qu'il n'a pas connu mais auquel il redonne la parole et la vie le temps de ce court récit. Avec beaucoup de pudeur et de retenue, Xavier Houssin nous conte une vie aventureuse, une passion amoureuse contrariée, une fidélité au drapeau et à la famille très mal payée en retour et aussi cette distance impossible à réduire avec « le garçon », lui, ce fils qui n'en sera jamais vraiment un du vivant de son père.
A titre posthume, l'auteur rend un bel hommage à son père pour lequel il hisse une dernière fois les couleurs. Je recommande vivement ce très court et très fort roman, qui m'a particulièrement touché, et auquel je n'ai trouvé qu'un seul défaut qu'il me faut à présent préciser.
N'ayant aucun talent littéraire, doté d'un style que mes professeurs de lettres ont souvent qualifié de « lourd », j'ai toujours été à l'abri de la folle idée, traversant tant d'esprits fragiles, de m'imaginer capable de raconter une histoire susceptible d'intéresser le moindre public. Je me dois donc de dénoncer le caractère pernicieux de ce roman extraordinaire dont la puissance, si je n'y prenais garde, serait de nature à me faire changer d'avis, tant j'y ai retrouvé des pensées, des interrogations, des émotions déjà éprouvées pour avoir moi-même connu et perdu un autre officier de (mauvaise) fortune à la trajectoire professionnelle et sentimentale équivalente. Nous nous étions très peu fréquentés pendant mes vingt premières années. Je n'ai réellement fait sa découverte qu'un mois avant sa mort… Mon père.
Commenter  J’apprécie          276
1970. François, militaire à la retraite, fait le bilan. Tout juste veuf, il repensera au naufrage qu'a constitué son mariage avec Yvonne. Les deux fils qu'ils ont eus ne lui adressent presque plus la parole et ne veulent pas le voir. Il essaiera alors de donner une seconde chance à la liaison extra-conjugale qu'il a maintenue auprès de Jeanne, et avec qui il a eu un autre fils qu'il n'a encore jamais rencontré. Ce roman sonne comme un deuxième départ dans le quotidien de François.

C'est un roman très court, mais assez percutant que j'ai découvert. J'ai fortement apprécié cette lecture, qui, bien qu'elle aborde des thématiques très dures, laisse pourtant à son lecteur une impression de nouveau départ pour le personnage principal.

François s'est retrouvé totalement à l'étroit dans un mariage qui ne lui apportait que frustrations et peines. Il n'a jamais eu le courage de partir, et bien évidemment, on ne peut ressentir qu'empathie envers lui, et envers Jeanne, son amante, qui se sont constamment interdit le bonheur, François étant finalement trop lâche pour partir.

En filigrane, François nous narrera ses expériences de militaire, sa rencontre avec Jeanne, ses péripéties. C'est vraiment intéressant à suivre, et l'auteur sait garder un juste équilibre entre la vie personnelle et la vie professionnelle de François.

La plume de l'auteur est douce. Xavier Houssin réussit à faire passer les émotions. le texte est narré à la première personne, presque à la manière d'un journal intime. François se livre à son lecteur.

Un très beau roman, empli de douceur, sur un homme qui s'accorde la possibilité d'être à nouveau heureux maintenant qu'il est à la retraite. Les émotions sont parfaitement retranscrites. Une belle découverte,
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
Commenter  J’apprécie          110
C'est avec beaucoup de pudeur que Xavier Houssin s'intéresse ici à la figure du père. de son absence à ses traitrises, de l'homme engagé au combat, ambitieux et volontaire à l'homme lâche et aux illusions perdues, c'est toute une personnalité riche et complexe qui se dessine. Une figure nuancée, décrite avec beaucoup de sensibilité, qui s'autorise sur le tard à se laisser aller à la douceur de l'amour partagé. L'oeuvre est courte, bien écrite et nuancée. A découvrir.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
Commenter  J’apprécie          90
j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce court roman qui retrace la vie d'un homme qui aura été tiraillé longtemps entre une épouse qu'il n'aime plus mais l'a t'il jamais aimé et une maitresse qui sacrifiera beaucoup pour lui . Sa carrière de militaire lui permettant de vivre plus souvent avec celle-ci que celle-là. C'est tendre , plein de pudeur , teinté d'humour mais de non-dits également qui parfois pèsent lourds arrivé un certain âge. Un très beau portrait d'un homme et d'une femme avec leurs défauts et leurs qualités .
Commenter  J’apprécie          30
Un joli livre, dans un style français à propos d'une vie française, ni minable ni grandiose, qui laisse un goût de regret, un parfum de raté
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (30) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}