On comprend dès lors l'attrait si particulier qu'a exercé le cheval sur Léonard: animal de muscles et de nerfs, toujours disposé à l'élan et au bond, prêt à se cabrer dans la plus instable des positions, le cheval est par excellence une forme où tout est signe de mouvement, de vitesse, depuis le frémissement jusqu'à la détente du jarret.
Cette place prédominante symbolise ce qu'est pour lui l'essence du cheval: la force, la puissance, la fougue et, pour employer un mot presque inusité à l'époque de Léonard, l'énergie.
Ses contemporains les plus clairvoyants ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, quand ils qualifièrent Léonard de "Nouveau Pythagore, Nouvel Hermès". Ils ont pressenti en lui l'introducteur des temps nouveaux, le génie, dont, à vrai dire, nous commençons seulement de nos jours à percevoir l'immense portée.
Il pressentait dans ce bel animal, dans son dynamisme impatient, dans sa vivacité et sa fougue, comme un écho à ses préoccupations profondes, qui lui confèrent une place unique dans la Renaissance.