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EAN : 9782847206630
493 pages
Gaïa (03/02/2016)
4.1/5   20 notes
Résumé :
Les anciennes républiques d'URSS se trouvaient sur la route de la Soie, avant de subir le joug soviétique, puis de renouer avec l'indépendance en 1991. Riches de cultures et tradi­tions souvent nomades, leurs sociétés développent aujourd’hui une économie basée sur l’indus­trie du gaz et du pétrole, alors que la steppe flirte avec villes ultra­modernes et derniers despotes.
À la croisée du récit de voyage et du reportage littéraire, Erika Fatland livre le frui... >Voir plus
Que lire après Sovietistan : Un voyage en Asie centraleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Je dis tout de suite n'avoir pas encore terminé cet ouvrage (je viens juste d'arriver en Kazakhstan ). Si je prends cette initiative probablement un peu insolite, c'est par pure admiration pour son auteur.
La jeune Erika Fatland, née en Norvège en 1983, est une grande dame ou comme l'à qualifiée récemment, à juste titre d'ailleurs, Ruth Joos un 'all-round marvel'. Cette anthropologue, qui se débrouille très bien en 7 langues (aussi en français, ayant fait des études à Lyon), a préparé sa thèse de doctorat à Beslan, en Ossétie dans le Caucase. Ville tristement célèbre pour les tragiques événements dans une école en 2004. Elle en a fait un récit, qui mérite d'être lu.
Tout comme son autre ouvrage relatif aux exploits de ce fou furieux d'extrême droite, Anders Behring Breivik, qui en quelques heures, en juillet 2011, a réussi à tuer 77 personnes et à en blesser 151 autres.
Ce qui me fascine chez Fatland c'est le bon sens et la pondération qui la caractérisent. Pas de grandes émotions, ni de grands mots, pour décrire le pire. Un style presque clinique, mais redoutablement efficace. Et on peut lire entre les lignes que ce n'est certes pas par manque d'empathie. D'ailleurs à Beslan, elle y est retournée à plusieurs reprises.
En ce qui concerne le lourd bilan de l'horrible Breivik, je trouve sà relation
nettement plus persuasive que celle qu'en à fait son compatriote, Aage Berchgrevink, dans son livre 'une tragédie norvégienne'. Et cela pour les motifs exposés.
J'ai donc toute confiance que son récit de voyage en Sovietistan ne va sûrement pas me décevoir.
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J'ai beaucoup aimé ce récit de voyage, à la fois pour le contenu et pour la forme. L'auteure parcourt les 5 ex-républiques soviétiques d'Asie Centrale et nous livre à la fois son impression d'ensemble et les spécificités de chacune d'entre elles. C'est écrit sans fioritures, dans un style très naturel, ce qui rend la lecture agréable.

La phrase la plus importante du livre est sans doute celle-ci :
"Le 31 août 1991, l'Ouzbékistan proclama son indépendance. La motivation n'en était pas tant un fort désir d'indépendance nationale qu'une volonté d'échapper aux réformes libérales de Gorbatchev et de maintenir le système tel qu'il était."
Car l'Asie Centrale d'aujourd'hui rassemble toutes les tares du système soviétique : on y retrouve des dirigeants inamovibles, deux des cinq pays devenus indépendants en 1991 avaient toujours pour président en 2014 le secrétaire général du parti communiste des années 1980. On y pratique le culte de la personnalité, partout sauf au Kirghizistan les portraits des dirigeants sont affichés partout et ses statues décorent toutes les places publiques. Quant au dirigisme, il est toujours en place, les Ouzbeks continuent la culture du coton imposée par Staline par exemple, et "des centaines de milliers de médecins, de professeurs, d'infirmiers, de bureaucrates et d'autres employés du public, ainsi que les étudiants du pays, sont convoqués pour ramasser le coton". Quand on connait le désastre écologique provoqué par cette culture (disparition de la mer d'Aral), on peut s'étonner de voir l'Ouzbékistan perpétrer la même erreur.

Ces pays ont les tares du système soviétique mais en ont souvent perdu les avantages. le chômage a fait son apparition et le système de santé ne fonctionne souvent plus. A tel point que les Turkmènes en mauvaise santé n'ont pas le droit de sortir du pays car ils constituent "une critique indirecte contre le régime". Malgré tout la population a tendance à considérer que "c'était mieux avant", en faisant fi de la brutalité du régime soviétique. Mais au moins ils se sentaient citoyens d'un grand pays, ce dont ils sont bien loin aujourd'hui. Les dirigeants entretiennent un semblant de grandeur en faisant construire des édifices majestueux (et coûteux) grâce à l'argent du pétrole, mais à part les grandes villes, le reste du pays est souvent en état de décrépitude.

L'auteure nous présente également les traditions sociales des pays qu'elle visite, et on constate que le machisme a encore de beaux jours devant lui. Les Tadjiks entre autres enlèvent une femme lorsqu'ils veulent se marier, et celle-ci n'a guère de choix : elle subirait l'opprobre de ses voisins si elle insistait pour regagner le domicile de ses parents.

Un petit bémol sur les paragraphes historiques, ceux qui concernent l'ex URSS sont nécessaires (après tout le titre est Sovietistan), par contre ceux qui se passent au début du 2ème millénaire auraient pu être abrégés. C'est la seule réserve que je mets à ce livre qui, ceci mis à part, est un récit intéressant raconté de manière très vivante.
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Un reportage sur les cinq pays d'Asie centrale, anciennement sous domination soviétique : Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Turkménistan et Tadjikistan.
L'auteure nous fait partager son voyage et ses recherches sur chacun d'eux, sur le plan historique, géographique, politique, culturel...
J'ai apprécié la présence des cartes qui situent ces pays peu connus et qui font moins parler d'eux que leur voisin Afghan. Des photos illustrent le voyage et de nombreux apports géopolitiques permettent de contextualiser leur situation actuelle.
Il s'agit plus d'un essai que d'un récit de voyage, qui donne envie d'en savoir plus et de suivre les actualités de ces pays situés dans une zone stratégique.
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Je conseille ce livre à toutes les personnes voyageant en Asie centrale, il permet une bonne première approche pour comprendre et mieux appréhender la culture des différents pays. La plume de l'auteur est très agréable, mêlant son expérience personnelle et des informations historiques pertinentes. Par ailleurs, les problématiques posées au début de l'ouvrage sont très pertinentes concernant l'impact de l'URSS et la préservation de l'identité de ces peuples. Comprendre le passé pour mieux comprendre l'Asie centrale de nos jours.
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Une majeure partie du livre est constituée de rappels historiques, intéressants certes, mais cela fait remplissage. Il en est de même de tous les éléments post-soviétique, de la corruption, du népotisme… Pas de scoop. le livre mérite ainsi peu son sous-titre “Un voyage en Asie centrale”.
Revenant d'un périple de trois semaine au Tadjikistan, je reste sur ma faim, pour pas dire plus...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Combien de personnes ont laissé leur peau en tentant de dominer et de soumettre ce pays ? Même si les Afghans ne sont que moitié moins abrupts que les montagnes qu'ils peuplent, la mission est vouée à l'échec dès son tout début. Pourtant, ces tentatives n'ont pas manqué. Les Britanniques ont essayé dès 1839, Dost Mohammad Khan régnait alors sur Kaboul depuis 1818. Il avait toujours été positif à l'égard des Britanniques, mais en 1837, des rapports alarmants annoncèrent qu'il était en passe de signer des accords avec des émissaires russes à Kaboul. La nouvelle éveilla l'inquiétude chez les Britanniques, dont la plus grande crainte était que le Tsar envahisse l'Inde via l'Afghanistan. Après quelques hésitations, les Britanniques décidèrent de remettre sur le trône leur ancien allié, Shah Shojah, chassé de Kaboul trente ans plus tôt.

En décembre 1838, 20 000 soldats britanniques et indiens partirent d'Inde. Quand ils atteignirent Kaboul, en avril 1839, ils avaient franchi des cols à plus de 4 000 mètres d'altitude et soumis une série de villes afghanes modestes sans pertes conséquentes. Dost Mohammad fut contraint de fuir et Shah Shojah s'accapara le trône. Shojah était pourtant un dirigeant faible et, pour s'assurer qu'il resterait en place, les Britanniques n'eurent d'autre choix que de prolonger leur séjour à Kaboul. Cette présence déplaisait au plus haut point aux Afghans et, en novembre 1841, de violentes émeutes éclatèrent. Les Britanniques reconnurent qu'ils avaient perdu le contrôle et décidèrent de se retirer. Le 6 janvier 1842, l'ensemble de la colonie indo-britannique de Kaboul, soit plus de 16 000 personnes en tout, mit le cap sur la forteresse britannique de Jalalabad, à 145 kilomètres de là. Il faisait un froid terrible ; une partie des migrants succombèrent aux basses températures dès la première nuit, bon nombre eurent les membres gelés. Après trois jours de marche, ils atteignirent la passe de Kurd-Kaboul, où les Afghans les attendaient en embuscade. Les soldats britanniques et indiens n'avaient aucune chance. Des 16 000 partis de Kaboul, un seul parvint à la forteresse de Jalalabad, le médecin William Brydon. Il arriva ensanglanté et exténué, sur un poney en aussi mauvais état que lui, le 13 janvier 1842, une semaine exactement après leur départ de Kaboul. Hormis la petite centaine de Britanniques pris en otage par les Afghans, ainsi que quelques centaines d'Indiens qui réussirent à fuir, toute la colonie indo-britannique fut exterminée dans l'embuscade.

Quelques mois après l'assassinat de Shah Shojah, Dost Mohammad reprit son trône.

Il y a beaucoup de ressemblances frappantes entre la tentative britannique de soumettre Kaboul et l'invasion russe qui eut lieu en 1979, cent quarante ans plus tard. Les Russes aussi souhaitaient installer un chef proche du régime à Kaboul. La guerre qui dura neuf ans eut pour résultat la mort de 14 000 soldats soviétiques. Plus d'un million de civils afghans avaient dû payer de leur vie et au moins autant avaient été forcés à l'exil. Quand les chars soviétiques se retirèrent en 1989, ils n'étaient arrivés à rien du tout.
L'avisé apprend de ses erreurs, le sage de celles des autres, dit-on. Les Britanniques n'appartiennent manifestement à aucune de ces deux catégories car ils soutinrent activement l'invasion que l'OTAN effectua en 2001. Après plus de douze années de guerre, des milliers de personnes sont mortes des deux côtés. Aujourd'hui, les talibans ont de nouveau le vent en poupe, y compris dans des régions afghanes où ils n'avaient encore jamais eu aucune influence
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Indépendamment de la véracité de la légende, Arslanbob montre bien à quel point les frontières en Asie centrale peuvent être trompeuses. Il serait naturel de penser que les Kirghiz vivent au Kirghizistan, qui signifie "pays des Kirghiz", les Ouzbeks en Ouzbékistan, et ainsi de suite. Mais il n'en est rien. Près de la moitié des Turkmènes d'Asie central vivent hors du Turkménistan, principalement en Afghanistan et en Iran. Les Tadjiks sont plus nombreux en Afghanistan qu'au Tadjikistan, et dans les villes ouzbeks de Samarcande et Boukhara, c'est le tadjik la langue principale. Les Ouzbeks, de leur côté, constituent un sixième de la population au Kirghizistan, au moins un cinquième au Tadjikistan.
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– Beaucoup de pages Internet sont bloquées, objectai-je. Twitter, par exemple, comme Youtube et Facebook.
– C’est pour protéger les jeunes. Beaucoup de filles postent des photos d’elles nues sur Facebook. Elles sont jeunes et ne réfléchissent pas aux conséquences. En interdisant Facebook, notre-bon-président les empêche de se détruire elles-mêmes et de nuire à l’honneur de leur famille.
– C’est impossible de poster des nus sur Facebook.
– Ah bon ? » Aslan me regarda, interloqué. « Mais pourquoi notre-bon-président a-t-il interdit Facebook, alors ? »
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Je me promis de ne plus jamais remettre les pieds à bord d’un train de la compagnie transsibérienne . Certains rêves doivent justement le rester : des rêves .
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« J’ai bon espoir de me trouver une femme en Europe. Peu importe qu’elle soit allemande ou russe, chrétienne ou juive, mais elle doit vivre en Europe. Je veux des enfants européens. Toutes les portes leur seront ouvertes.
– Et ta femme tadjike et l’enfant que vous attendez ? » objectai-je. Il m’avait montré une photo. Elle lui ressemblait. Son visage était ouvert et aimable, elle avait de grands yeux marron et des joues rondes d’enfant. Ils avaient grandi ensemble, elle venait de terminer ses études d’infirmière et n’allait pas tarder à accoucher.
« Ça n’a pas tellement d’importance, répondit Muqim en haussant les épaules. Elle ne voit pas d’inconvénient à ce
que je me trouve une nouvelle femme, tant que je continue à envoyer de l’argent au pays. Et je viendrai les voir au moins une fois l’an.
– Tu crois que ta femme européenne ne verra aucun inconvénient à ce que tu aies une femme et un enfant au Tadjikistan aussi ?
– Pourquoi serait-elle contre ? répliqua Muqim, interloqué. C’est quand même auprès d’elle que je serai le plus souvent. »  
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