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Véronique Gérard-Powell (Éditeur scientifique)Léopold Leclanché (Traducteur)Charles Weiss (Traducteur)
EAN : 9782246706915
504 pages
Grasset (07/02/2007)
4.24/5   25 notes
Résumé :

Les Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes, ou Vies des artistes, c'est la première histoire de l'art en Europe moderne, un hommage enthousiaste et érudit à la Renaissance italienne ? Lui-même artiste, Giorgio Vasari a écrit ce livre qui, depuis quatre cent cinquante ans, reste un des monuments de la littérature artistique. Baignée de sensibilité et d'humanité, cette suite de biographies, de Cimabue à Titien, en passant par Michel-A... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Artiste peintre médiocre et architecte tout juste honorable, si le nom de Vasari survit aux travers des siècles c'est surtout grâce à cette suite d'informations pas toujours vérifiées, souvent basées sur des on-dits que d'autres auteurs ont ensuite corrigé. Elle demeure une oeuvre littéraire enthousiaste, un brin naïve, très crédule, diffusant des légendes portées par le bouche à oreille plus que des faits avérés. Quand on entend dire ou si on lit qu'elle est à la base de l'histoire des arts visuels et de l'espace, c'est qu'elle fut la première de son genre pour ce temps-là - il faut remonter loin dans l'antiquité pour trouver un équivalent et encore sur des artistes dont les oeuvres ne sont plus visibles (comment connaitrions-nous l'existence des Apelle, des Zeuxis et autres Apollodore sinon - Pline, livre XXXV, Traitant de la peinture et des couleurs ). On peut l'aborder avec curiosité mais surtout avec prudence. On y fera, avec un plaisir certain, la découverte de ce qui se disait des artistes de cette époque fascinante plus que d'une véritable chronique de la vie artistique italienne du quatorzième au seizième siècle.

PS : un manque énorme dans cet édition - qui ne présente pas l'intégrale des biographies, soit dit en passant - comme dans le second volume par ailleurs, les portraits dessinés que l'on devrait trouver au début de chacune d'entre elle. N'est-ce pas monsieur Grasset ? Tu aurais pu au moins faire cet effort-là dans tes Cahier Rouges. Ceci dit, c'est moins absurde que de présenter les carnets de Léonard de Vinci sans les croquis, dessins et esquisses qui se trouvent dans les originaux comme c'est le cas chez Gallimard dans la collection Tel !!! Cette allergie aux illustrations est ridicule et c'est presque un déni du droit moral de l'auteur dont on devrait au moins respecter la forme originale de l'oeuvre même si elle est tombée depuis longtemps dans le domaine public. le comble, c'est que dans Vies des Artistes, 2, toujours dans les Cahiers Rouges, dans la bio de Danielé de Volterra dont les visiteurs du Louvre connaissent certainement une oeuvre puisqu'elle est présentée au milieu de la galerie consacrée à la Renaissance italienne (un panneau gigantesque constitué d'une plaque en ardoise peinte recto-verso et représentant le combat de David contre Goliath vu sous deux points de vue, devant-derrière), il est clairement fait référence à ce portrait dessiné que l'on cherche vainement.
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Vasari a sans conteste pris des libertés biographiques dans Les Vies des meilleurs peintres, sculpteurs et architectes qui l'ont précédé et ceux contemporains de sa vie, mais cette somme vertigineuse de travail n'en reste pas moins exceptionnelle et nous plonge dans la plus grande épopée artistique de l'Occident chrétien.
C'est aussi un texte fondateur de l'histoire de l'Art à la volonté encyclopédique, qui rend un hommage appuyé à tous ces hommes dont les oeuvres peuplent notre imaginaire. Qui, en effet, n'a jamais vu au moins une reproduction du Printemps de Botticelli, conservé à la Galerie des Offices de Florence, ou de la Pietà de Michel-Ange, dans la basilique Saint-Pierre-de-Rome ?
Ce texte, romanesque à souhait et donc d'une lecture très facile – excepté l'introduction plus générale et technique –, suit une ligne chronologique qui illustre très bien l'évolution de l'art italien.

Certains esprits mystiques – comme moi à mes heures perdues ! – pourront voir dans ce livre un évangile de l'Art et se ruer – religieusement ou pas ! – en Italie pour constater à quel point les vers de Baudelaire collent exactement à ces artistes du passé mais dont les productions rayonnent toujours :
« Là, tout n'est qu'ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté. »

Enfin, puisqu'il s'agit d'une accumulation de biographies, rien n'interdit de les lire indépendamment. On peut de même considérer ce livre comme un guide de voyage…et quel voyage !


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L'art de la Renaissance décrit par un presque contemporain des derniers grands. L'amour de l'oeuvre est si marqué que l'on a l'impression de voir naître les tableaux sous nos yeux.
Cela en devient une cosmologie du beau dans laquelle les attributs divins se trouvent au bout des doigts.
Indispensable pour qui s'intéresse à cette période.
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On voit les tableaux prendre forme...
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Il arriva que Piero Soderini ayant vu le David et le trouvant à son gré dit pourtant à Michel-Ange, qui était en train de le retoucher en certains endroits, qu'il lui paraissait que le nez était trop gros. Michel-Ange remarquant que le gonfalonier s'était placé sous le colosse, de manière qu'il n'avait pas la vue exacte, monta sur l'échafaudage pour le satisfaire, en tenant d'une main un ciseau ; de l'autre il ramassa un peu de la poussière de marbre qui était sur la plate-forme. Puis, faisant semblant de retoucher le nez , mais sans l'entamer avec le ciseau, il laissa tomber la poussière peu à peu, et, baissant la tête vers le gonfalonier qui le regardait travailler, il lui dit : " Regardez-le maintenant. - Il me plaît davantage, lui répondit le gonfalonier, vous lui avez donné la vie." Michel-Ange descendit de l'échafaudage, riant intérieurement et ayant pitié de ceux qui, pour faire gens entendus, ne savent ce qu'ils disent.
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Cette statue [représentant le pape Jules II] fut posée dans une niche, au-dessus de la porte de San Petronio. On raconte que pendant qu'il y travaillait, le Francia, orfèvre et peintre excellent, vint pour la voir, ayant entendu parler avec force éloges de Michel-Ange et de ses œuvres, et n'en ayant encore vu aucune. Grâce à des intermédiaires, il put voir celle-là, et il en resta stupéfait. Michel-Ange lui ayant demandé ce qu'il lui en semblait, le Francia répondit que c'était une figure d'une belle coulée et d'un beau métal. Il parut alors à Michel-Ange que le Francia louait plus la matière que le travail et lui dit : "J'ai la même obligation au pape Jules II qui me l'a donnée à faire que vous aux droguistes qui vous fournissent des couleurs pour peindre", et tout en colère, devant tous ses assistants, il lui dit qu'il n'était qu'un imbécile. A ce sujet, un fils du Francia étant venu le voir, quelqu'un dit à Michel-Ange que c'était un beau jeune homme, et Michel-Ange lui dit : "Ton père fait de plus belles figures en chair qu'en peinture".
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GIOVANNI CIMABUE,
PEINTRE FLORENTIN.

La malheureuse Italie avait vu disparaître, au milieu du déluge de calamités qui la bouleversa, tout ce qui pouvait porter le nom d’édifice, et même tous les hommes qui cultivaient les arts, lorsque, l’an 1240, naquit à Florence, de la noble famille des Cimabui (1), Giovanni Cimabue que Dieu destinait à remettre en lumière l’art de la peinture. En grandissant, Cimabue donna des preuves d’intelligence qui engagèrent son père à l’envoyer étudier les lettres à Santa-Maria-Novella, auprès d’un de ses parents qui enseignait la grammaire aux novices du couvent. Mais Cimabue, cédant à un penchant naturel, au lieu d’écouter les leçons, passait tout son temps à dessiner sur ses livres des hommes, des chevaux, des maisons et d’autres fantaisies. La forfortune vint d’ailleurs favoriser sa vocation. Quelques Grecs appelés à Florence par les chefs de la ville qui voulaient y faire revivre la peinture plutôt entièrement perdue qu’écartée de la bonne route, commencèrent, entre autres choses, la chapelle des Gondi, dont les voûtes et les parois sont aujourd’hui presque entièrement dégradées par le temps, comme on peut le voir à Santa-Maria-Novella (2). Entraîné par son amour pour le dessin, Cimabue s’échappait souvent de l’école et restait des journées entières à regarder travailler ces peintres qui ne tardèrent pas à le remarquer. Ils pensèrent que notre jeune élève irait loin si l’on cultivait ses dispositions. Le père de Cimabue partagea cet avis et leur confia son fils dont la joie fut grande alors. Grâce à son application et à ses qualités naturelles, il surpassa bientôt, dans le dessin et le coloris, ses maîtres qui, se souciant peu de sortir de leur ornière, se contentaient de produire des ouvrages dans ce style barbare qui caractérise cette époque, et qui est si différent de la bonne et antique manière grecque. Cimabue, tout en imitant d’abord ces Grecs, perfectionna leur art et franchit les grossières limites de leur école. Peu de temps après, son nom et ses ouvrages faisaient la gloire de sa patrie. Tout le monde admirait le devant de l’autel de Santa-Cecilia, et cette Madone qui ornait et orne encore un pilastre du chœur de Santa-Croce (3). Il peignit ensuite, d’après nature, sur un fond d’or, un saint François qu’il entoura de vingt-quatre petits tableaux renfermant l’histoire de la vie du saint. Après avoir achevé ce travail, il entreprit pour les moines de Vallombrosa, dans l’abbaye de la Santa-Trinità de Florence, un grand tableau où il ne négligea aucun effort pour justifier la haute opinion qu’on avait conçue de lui. Il y représenta sur un fond d’or des anges en adoration devant l’Enfant Jésus soutenu par la Vierge. Ce tableau fut placé par les moines sur le maître-autel de leur église. Plus tard il céda la place à une peinture d’Alesso Baldovinetti (4), et fut relégué dans une petite chapelle de la nef gauche. Cimabue peignit ensuite à fresque l’Annonciation de la Vierge, et Jésus-Christ avec Cléophas et Luc, sur la façade principale de l’hôpital del Porcellana situé au coin de la Via-Nuova qui conduit au bourg d’Ognissanti (5). Dans ces compositions, dont les personnages sont grands comme nature, il s’affranchit du joug de la vieille manière, et traita ses figures et ses draperies avec un peu plus de vivacité, de naturel et de souplesse que les Grecs si raides et si secs, aussi bien dans leurs peintures que dans leurs mosaïques. Cette vieille manière, dure, grossière et plate, était le fruit, non de l’étude, mais d’une routine que les peintres d’alors se transmettaient l’un à l’autre depuis nombre d’années, sans songer jamais à améliorer le dessin, le coloris ou l’invention.
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Tous ces travaux rendirent illustre Cimabue et le firent appeler à Assise, où il peignit, dans l’église souterraine de San-Francesco, une partie des voûtes et sur les parois la vie de Jésus-Christ et celle de saint François, en compagnie de quelques peintres grecs qu’il laissa bien loin derrière lui. Encouragé par ce succès, il entreprit, sans aucun aide, les fresques de l’église supérieure. Sur quatre parois de la grande tribune, au-dessus du chœur, il représenta la Mort de Marie, Jésus-Christ transportant au ciel l’âme de sa mère sur un trône de nuages, et un chœur d’anges assistant au couronnement de la Vierge. Le bas de cette composition était rempli d’une foule de saints et de saintes aujourd’hui détruits par le temps et la poussière. Cimabue divisa ensuite la voûte de l’église en cinq compartiments. Dans le premier, au-dessus du chœur, il peignit les quatre évangélistes plus grands que nature. On reconnaît encore aujourd’hui dans ces figures d’éminentes qualités ; la fraîcheur du coloris montre que, grâce aux efforts de Cimabue, la fresque faisait des progrès remarquables. Le second compartiment est semé d’étoiles d’or sur un fond d’outremer. Le troisième renferme quatre cadres circulaires occupés par Jésus-Christ, la Vierge, saint Jean-Baptiste et saint François. Le quatrième, comme le second, est couvert d’étoiles d’or sur un fond d’outremer. Enfin le cinquième contient les quatre docteurs de l’église accompagnés des quatre premiers ordres religieux. Après avoir terminé cette voûte avec un soin incroyable, Cimabue décora, également à fresque, la partie supérieure des parois de l’église. À gauche de l’autel, il représenta seize sujets de l’Ancien-Testament, et à droite, en face, seize sujets tirés de la vie de la Vierge et du Christ. Sur les parois où se trouve la porte principale, et autour de la rosace, il peignit l’Ascension et la Descente du Saint-Esprit sur les apôtres. Ces fresques, d’une grandeur et d’une richesse extraordinaires, durent sembler des prodiges aux yeux du peuple de ce temps, si l’on songe aux ténèbres qui environnaient alors la peinture. L’an 1563, je les revis, et je restai étonné en pensant à quelle hauteur Cimabue avait su s’élever dans ce siècle d’ignorance. De toutes ces peintures, celles de la voûte, naturellement moins exposées à la poussière, se sont le mieux conservées. Cimabue commença ensuite la décoration de la partie inférieure des parois ; mais, rappelé à Florence par quelques affaires, il abandonna ce travail qui fut achevé, long-temps après, par Giotto, comme nous le dirons en son lieu.
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De retour à Florence, Cimabue exécuta plusieurs sujets de la vie du Christ, très bien dessinés, dans le cloître de Santo-Spirito (7). À la même époque, il envoya plusieurs de ses ouvrages à Empoli où on les conserve précieusement encore aujourd’hui, dans l’église du château. Il fit ensuite, pour Santa-Maria-Novella, la Madone qui est placée entre la chapelle des Rucellai et celle des Bardi de Vernio (8). Cette figure, la plus grande que l’on eût tentée jusqu’alors, est entourée d’anges qui témoignent que, si notre artiste n’avait pas complètement délaissé la manière grecque, il s’était du moins approché du bon style moderne. Ce tableau excita l’enthousiasme général. Le peuple s’empara de la Madone et la porta en triomphe au bruit des trompettes et des cris de joie, jusqu’à l’église où elle devait être déposée. On raconte et on lit dans les mémoires de quelques vieux peintres, que les magistrats de Florence ne crurent pouvoir faire un plus grand plaisir au roi Charles d’Anjou, qui traversait leur ville, qu’en lui montrant cette Madone à laquelle Cimabue travaillait dans une maison de campagne près de la porte San-Piero. Comme personne ne l’avait encore vue, tous les Florentins, hommes et femmes, accoururent en foule pour la contempler. En souvenir de cette fête, le faubourg prit le nom de Borgo Allegri qu’il a conservé même depuis qu’il est renfermé dans les murs de la ville. Cimabue peignit ensuite en détrempe un petit tableau que l’on trouve dans le cloître de San-Francesco de Pise, non loin de la porte qui conduit à l’église, où il avait déjà laissé plusieurs ouvrages de sa main, comme nous l’avons dit plus haut. Ce tableau représente un Christ entouré d’anges qui portent à la Vierge éplorée une inscription contenant ces paroles : Mulier, ecce filius tuus; une autre inscription, où on lit : Ecce mater tua, s’adresse à saint Jean l’Évangéliste accablé de douleur. Enfin un ange tient ces mots : Ex illa hora accepit eam discipulus in suam. Il faut remarquer que Cimabue ouvrit ainsi la voie à l’invention en appelant les paroles à l’aide de la pensée : méthode aussi bizarre que neuve.
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Giorgio Vasari : Vies des peintres
Olivier BARROT, depuis l'ermitage Sainte Catherine, sur le Lac Majeur en Italie, présente "Les vies des peintres), reportagemoderne et concret sur la vie des grands peintres écrit par un contemporain, Giorgio VASARI, édité pour la première fois en 1750.
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