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4.16/5 (sur 40 notes)

Nationalité : Norvège
Né(e) à : Haugesund , le 27/08/1983
Biographie :

Après des études à Lyon, Helsinki, ­Copenhague et Oslo, Erika Fatland devient anthropo­­logue en 2008, puis écrivaine.

Après ses études au lycée, elle a fait un séjour en Inde et au Népal. En 2010, son sujet de thèse l’amène à Beslan en Ossétie-du-Nord dans le Nord-Caucase après l’attaque terroriste (par séparatistes tchétchènes) qui frappa une école en 2004.

Elle n’a cessé depuis d’étudier les cultures d’Asie ­centrale et de partir à la découverte de ses ­populations. Elle a visité notamment le Turkménistan, le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et l'Ouzbékistan.

En 2014, elle a publié "Sovietstan" (Sovjetistan) qui a obtenu le prix Wessel (Wesselprisen) en 2016.

Erika Fatland vit à Oslo avec son mari, l'auteur Erik Fosnes Hansen (1965).
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Parmi tous ceux qui visitent la Mongolie de nos jours, personne ne peut douter de se trouver dans la patrie de Gengis Khan, ou Chinggis Khaan, comme l'épèlent les Mongols. Le voyageur arrivant en avion atterrit à l'aéroport Chinggis-Khaan. Les plus fortunés peuvent alors descendre au Chinggis Khaan Hotel, le premier à avoir décroché ses quatre étoiles en Mongolie. Le soir arrivant, vous serez peut-être tenté par une bière Chinggis Khaan au bar Chinggis Khaan, en centre-ville, où il n'est pas rare du tout de tomber sur des étudiants de l'université Chinggis Khaan. Les amateurs de boissons plus costaudes se rabattront sur un shot de vodka Chinggis Khaan, qu'on ne savoure jamais autant qu'entre deux bouffées d'une cigarette Chinggis Khaan. Le règlement se fait en tugriks, la devise locale. L'inflation étant forte, autant sortir tout de suite les coupures de 20 000. Elles sont ornées du visage pensif de Gengis Khan, bien qu'on n'ait pas la moindre trace historique indiquant à quoi il ressemblait véritablement.
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Les habitants de la Grande Diomède, une île au beau milieu du détroit de Béring, qui constitue le point le plus oriental de la Russie, toutes terres confondues, furent évacués dès la Seconde Guerre mondiale, juste avant que le rideau de fer ne s'abatte entre les deux voisins. Les Inuits qui y habitaient n'eurent jamais le droit d'y retourner. La Grande Diomède russe et la Petite Diomède américaine sont séparées par un détroit d'à peine cinq kilomètres de large, par lequel passe la ligne de changement de date. En hiver, quand le détroit gèle, c'est théoriquement possible – bien que strictement interdit – de passer à pied des États-Unis en Russie, de la veille au lendemain. Une frontière invisible, mais tout à fait réelle au milieu de cette étendue d'eau sépare ces deux îles jumelles, si proches et si liées d'un point de vue naturel, mais qui d'un point de vue humain font partie de deux univers radicalement différents, marquée par la ligne fine qui sépare l'Est de l'Ouest, deux systèmes, deux dates.
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Il s'appelait Alexandre, m'apprit-il ensuite, exactement comme le président, pour qui il n'avait d'ailleurs pas une affection immodérée :
"Je n'ai pas voté pour Loukachenko aux dernières élections. Dans une démocratie en bonne santé, le président devrait être remplacé au bout d'un ou deux mandats. Enfin, c'est mon avis."
Loukachenko est président de Biélorussie depuis 1994. Aux élections de 2015, il a été réélu avec 83,5% des voix.
"Au fond, je ne connais personne qui ait voté pour lui, ajouta-t-il. En Biélorussie, une blague dit : après l'élection, le plus proche collaborateur du président est allé voir Loukachenko et lui a dit : Monsieur le président, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Je t'écoute ! a répondu Loukachenko. Eh bien, la mauvaise nouvelle, c'est que personne n'a voté pour vous. La bonne nouvelle, c'est que vous êtes réélu."
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Je me promis de ne plus jamais remettre les pieds à bord d’un train de la compagnie transsibérienne . Certains rêves doivent justement le rester : des rêves .
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Cela fait plus de cent cinquante ans que la Russie gouverne les forêts et les steppes venteuses au nord du Heilongjiang, le fleuve du dragon noir, comme on appelle l'Amour en chinois. Tout l'Extrême-Orient russe, cette zone énorme de l'est de la Sibérie qui jouxte la Chine, le Pacifique et l'océan Glacial arctique, n'est à ce jour peuplé que d'un peu plus de 6 millions de personnes, soit un tiers environ de la population totale de Moscou, alors qu'il représente plus d'un tiers du territoire russe tout entier. Dans le district du Heilongjiang, du côté chinois de la frontière, qui est dix fois plus petit que l'Extrême-Orient russe, on trouve environ 40 millions d'habitants. Il en est ainsi depuis le XVIIe siècle : les Russes ont plus d'espace, les Chinois ont plus d'habitants.
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Quatre semaines dans l'Arctique s'achevaient. Quatre semaines sans couverture téléphonique, sans Internet, sans contact avec le monde extérieur. Aucun mail auquel répondre, aucun tweet de Trump contre lequel s'agacer, pas de campagne électorale norvégienne, pas de mise à jour de statut Facebook ni fil de discussion insignifiant à suivre ; il n'y avait que le bateau et son petit monde. Ce devait être pareil de voyager, dans le passé : quand on partait, on partait pour de bon ; le foyer n'était plus qu'un souvenir, un monde parallèle, hors de portée, et pas comme aujourd'hui, toujours dans votre poche.
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Indépendamment de la véracité de la légende, Arslanbob montre bien à quel point les frontières en Asie centrale peuvent être trompeuses. Il serait naturel de penser que les Kirghiz vivent au Kirghizistan, qui signifie "pays des Kirghiz", les Ouzbeks en Ouzbékistan, et ainsi de suite. Mais il n'en est rien. Près de la moitié des Turkmènes d'Asie central vivent hors du Turkménistan, principalement en Afghanistan et en Iran. Les Tadjiks sont plus nombreux en Afghanistan qu'au Tadjikistan, et dans les villes ouzbeks de Samarcande et Boukhara, c'est le tadjik la langue principale. Les Ouzbeks, de leur côté, constituent un sixième de la population au Kirghizistan, au moins un cinquième au Tadjikistan.
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ui provo­qua d’autres déportations, ainsi qu’une loi interdisant aux Abkhazes d’habiter sur le littoral ou dans les plus grandes villes d’Abkhazie. La loi fut en application jusqu’en 1907. Les ­Géorgiens, les Grecs et les Arméniens s’installèrent dans les villages abkhazes abandonnés. Au début des années 1930, le redouté Lavrenti Beria arriva au poste de ­dirigeant de la région du Sud-Caucase. Beria était mingrélien, une minorité géorgienne, et né en Abkhazie. Il favorisa l’ins­tal­la­tion d’encore plus de Géorgiens en Abkhazie. En 1939, la proportion d’Abkhazes était tombée à 18 % de la popula­tion totale, et elle resta stable jusqu’à la chute de l’Union soviétique. Près de la moitié des habitants, 45 %, étaient des ­Géorgiens.

Sous Gorbatchev, de profondes dissensions apparurent entre les Abkhazes et les Géorgiens. Tandis que ces ­derniers rêvaient d’indépendance, les Abkhazes voulaient conti­nuer à faire partie de l’Union soviétique, mais en tant que ­République soviétique et non assujettis à la Géorgie. Au prin­temps 1989, plusieurs milliers d’Abkhazes signèrent une déclaration exigeant la création d’une République socialiste soviétique abkhaze. Les Géorgiens se sentirent provoqués, et des milliers de manifestants défilèrent dans les rues de Tbilissi pour protester contre cette proposition. Les tensions montèrent, et le 9 avril, l’armée soviétique entra dans ­Tbilissi pour calmer les esprits. Vingt et une per­sonnes furent tuées, plusieurs centaines blessées. Neuf mois plus tard, les soldats soviétiques investirent Bakou et firent, là aussi, plus de mal que de bien.

En avril 1991, la Géorgie proclama son indépendance vis-à-vis de l’Union soviétique. Les Abkhazes, en revanche, ­voulaient conserver l’Union soviétique. En accordant aux Abkhazes une bonne part des sièges au Parlement abkhaze, au détriment des Arméniens et des Géorgiens, les poli­tiques de Tbilissi parvinrent à calmer le jeu un court ­instant. En février 1992, le Parlement géorgien décida pourtant de rétablir la constitution de 1921, dans laquelle les autonomies en Abkhazie, en Ossétie et en Adjarie ne sont pas évoquées du moindre mot. Les Abkhazes répondirent en ­juillet de la même année en rétablissant leur constitution de 1925, quand l’Abkhazie était encore reconnue comme république ­unionale. Autrement dit, le Parlement abkhaze avait déclaré l’indépendance vis-à-vis de la Géorgie. La réponse ne se fit pas attendre : le 14 août, des chars géorgiens entrèrent à Soukhoumi. L’armée géorgienne, en partie constituée de prisonniers récemment libérés, était indisciplinée, et les soldats massacrèrent, violèrent et pillèrent. Les ­Abkhazes de leur côté, reçurent le soutien de la Confédération des peuples du Caucase, qui rêvaient d’un Caucase libre, et béné­ficièrent petit à petit de livraisons d’armes de la ­Russie.

L’enjeu était gros pour la Géorgie. Deux cent cinquante mille ­Géorgiens ethniques vivaient en Abkhazie, et la région représentait environ la moitié du littoral national sur la mer Noire. Cette guerre dont les journaux occidentaux n’avaient pratiquement pas parlé avait été le cadre d’effrayants abus de part et d’autre et avait avancé par secousses, au rythme des fragiles accords d’armistice systématiquement ­violés. En septembre 1993, quand les forces abkhazes prirent le contrôle de Soukhoumi, les Géorgiens restants aban­don­nèrent précipitamment la ville pour échapper à cet état de non-droit.

« Nous avons quitté Soukhoumi sur un bateau de guerre ukrainien le 27 septembre, raconta le bloggeur ­Giorgi ­Jakhaia. Par la suite, nous avons appris que ­Soukhoumi était tombée. Le jour même. Tout le monde n’a pas eu notre chance, beau­coup ont dû fuir par la montagne. La neige était arrivée tôt cette année-là, et plusieurs centaines de fugitifs sont morts de froid dans le défilé. À Tbilissi, nous avons été ­hébergés dans un hôtel, l’Holiday Inn actuel. Presque tous les hôtels de Tbilissi ont été reconvertis en logements provisoires pour les réfugiés d’Abkhazie. Nous avons vécu dix ans dans cette ­chambre d’hôtel. »

Au moins 8 000 personnes perdirent la vie pendant cette guerre. Hormis quelques rares milliers de personnes qui vivaient dans la région de Gali, près de la frontière géor­gienne, tous les Géorgiens quittèrent l’Abkhazie. Par la suite, un peu moins de 50 000 Géorgiens de la région de Gali sont rentrés chez eux, tandis que 200 000 des réfugiés géorgiens vivent toujours hors d’Abkhazie. Bon nombre d’entre eux sont à ce jour parqués dans des centres provisoires pour ­réfugiés, en attendant que la vie reprenne.

« Je rêve de retourner un jour à Soukhoumi », confia ­Giorgi, qui poste souvent sur son blog des photos montrant à quoi l’Abkhazie ressemblait dans le temps. « C’est le plus bel endroit du globe. »
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Combien d'auteurs estoniens connaissez-vous ? La Russie a Lermontov, Pouchkine, Dostoïevski, des ballets de premier ordre, des films mondialement connus, une histoire vieille de mille ans. Les Estoniens, eux, ont la souffrance et la dépression. Ils ont été occupés par les Allemands pendant sept cent ans, et par l'Union soviétique pendant cinquante ans. L'histoire estonienne est faite de traumatismes et de paradoxes ; les estoniens sont fiers de leur passé de SS - l'Estonie a été l'un des premiers pays à devenir judenfrei !
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Combien de personnes ont laissé leur peau en tentant de dominer et de soumettre ce pays ? Même si les Afghans ne sont que moitié moins abrupts que les montagnes qu'ils peuplent, la mission est vouée à l'échec dès son tout début. Pourtant, ces tentatives n'ont pas manqué. Les Britanniques ont essayé dès 1839, Dost Mohammad Khan régnait alors sur Kaboul depuis 1818. Il avait toujours été positif à l'égard des Britanniques, mais en 1837, des rapports alarmants annoncèrent qu'il était en passe de signer des accords avec des émissaires russes à Kaboul. La nouvelle éveilla l'inquiétude chez les Britanniques, dont la plus grande crainte était que le Tsar envahisse l'Inde via l'Afghanistan. Après quelques hésitations, les Britanniques décidèrent de remettre sur le trône leur ancien allié, Shah Shojah, chassé de Kaboul trente ans plus tôt.

En décembre 1838, 20 000 soldats britanniques et indiens partirent d'Inde. Quand ils atteignirent Kaboul, en avril 1839, ils avaient franchi des cols à plus de 4 000 mètres d'altitude et soumis une série de villes afghanes modestes sans pertes conséquentes. Dost Mohammad fut contraint de fuir et Shah Shojah s'accapara le trône. Shojah était pourtant un dirigeant faible et, pour s'assurer qu'il resterait en place, les Britanniques n'eurent d'autre choix que de prolonger leur séjour à Kaboul. Cette présence déplaisait au plus haut point aux Afghans et, en novembre 1841, de violentes émeutes éclatèrent. Les Britanniques reconnurent qu'ils avaient perdu le contrôle et décidèrent de se retirer. Le 6 janvier 1842, l'ensemble de la colonie indo-britannique de Kaboul, soit plus de 16 000 personnes en tout, mit le cap sur la forteresse britannique de Jalalabad, à 145 kilomètres de là. Il faisait un froid terrible ; une partie des migrants succombèrent aux basses températures dès la première nuit, bon nombre eurent les membres gelés. Après trois jours de marche, ils atteignirent la passe de Kurd-Kaboul, où les Afghans les attendaient en embuscade. Les soldats britanniques et indiens n'avaient aucune chance. Des 16 000 partis de Kaboul, un seul parvint à la forteresse de Jalalabad, le médecin William Brydon. Il arriva ensanglanté et exténué, sur un poney en aussi mauvais état que lui, le 13 janvier 1842, une semaine exactement après leur départ de Kaboul. Hormis la petite centaine de Britanniques pris en otage par les Afghans, ainsi que quelques centaines d'Indiens qui réussirent à fuir, toute la colonie indo-britannique fut exterminée dans l'embuscade.

Quelques mois après l'assassinat de Shah Shojah, Dost Mohammad reprit son trône.

Il y a beaucoup de ressemblances frappantes entre la tentative britannique de soumettre Kaboul et l'invasion russe qui eut lieu en 1979, cent quarante ans plus tard. Les Russes aussi souhaitaient installer un chef proche du régime à Kaboul. La guerre qui dura neuf ans eut pour résultat la mort de 14 000 soldats soviétiques. Plus d'un million de civils afghans avaient dû payer de leur vie et au moins autant avaient été forcés à l'exil. Quand les chars soviétiques se retirèrent en 1989, ils n'étaient arrivés à rien du tout.
L'avisé apprend de ses erreurs, le sage de celles des autres, dit-on. Les Britanniques n'appartiennent manifestement à aucune de ces deux catégories car ils soutinrent activement l'invasion que l'OTAN effectua en 2001. Après plus de douze années de guerre, des milliers de personnes sont mortes des deux côtés. Aujourd'hui, les talibans ont de nouveau le vent en poupe, y compris dans des régions afghanes où ils n'avaient encore jamais eu aucune influence
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