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La Gingolaise

"Je suis certaine quant à moi qu à sa place, au tout dernier moment, j'aurais voulu qu'ils sachent. Qu'ils sachent devant moi, pour jouir de leur surprise! Mais pouvoir affirmer sa fierté d'être une femme n'est peut-être qu'une notion moderne? Qu'a donc vécu Marie Anne pour se battre avec tant de fougue et d'enthousiasme? Qui plus est pour une terre qui n'est pas la sienne ? Avec une détermination qui ne se démentira pas. Jusqu'à la mort. Et mon propre rejet de toute forme de férocité ne serait-il donc que culturel ? Aurais-je pu être comme elle à une autre époque? Avec le même aplomb et le même sentiment que mon combat est juste? Je l'observe encore et encore, avec le peu que je sais d'elle."



Une citation un peu longue pour entamer cette bafouille mais que je trouve tellement représentative de l'ouvrage atypique que nous propose Laurence Voïta. Alors qu'elle est en train d'écrire son nouveau polar, l'autrice tombe sur un bref article présentant un soldat suisse du XVIIIe siècle, Charles Garain, combattant pour le roi d'Espagne et qui à sa mort à 17 ans s'est révélé être une femme. Cette histoire s'impose à elle, elle ne peut plus la sortir de son esprit et décide de se lancer à la recherche de cette femme dont on ne sait rien.



La gingolaise, du nom des habitants du village de Saint-Gingolphe, à cheval sur la frontière suisse et française. C'est de là qu'a prétendu être originaire le jeune soldat. A l'époque, des mercenaires suisses étaient engagés pour 5 ans au service du Roi d'Espagne ou du Roi de France, une manière d'échapper à la misère.



Laurence Voïta va broder autour des informations qu'elle possède, lire beaucoup d'ouvrages traitant de l' époque et imaginer la vie de cette jeune femme qui, pendant un an, a réussi à berner tout le monde, ne dévoilant son secret à personne. Qui était-elle ? Pourquoi vouloir à ce point combattre ? Comment a-t-elle pu ne jamais rien dévoiler de sa condition féminine en vivant dans la promiscuité au milieu de tous ces hommes ? Au milieu des faits historiques, l'autrice créée Marie Anne, lui imagine une famille, une enfance, des compagnons. Et elle partage ses réflexions autour de la condition des femmes au XVIIIe siècle, des différences de mentalité avec notre époque. Et c'est ce qui fait l'originalité et la pertinence de l'ouvrage, un texte hybride entre roman historique, récit fictif et réflexions sociologiques. Vraiment intéressant !
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La Gingolaise

En plein processus d’écriture pour son quatrième polar, Laurence Voïta éprouve des difficultés, ses personnages semblent lui résister. Depuis qu’elle a pris connaissance du destin de Charles Garain (orthographié parfois Guérin), les pensées de l’auteure s’évadent et un autre récit s’immisce dans sa tête. Il faut dire que l’existence de ce jeune homme a de quoi intriguer car on a découvert à sa mort en 1781 – à seulement 17 ans – dans une bataille à Minorque, que Charles était en réalité une femme !



La principale source d’information est un texte en espagnol, que nous retrouvons dans les annexes du livre avec une traduction. Ces quelques lignes retranscrivent l’essentiel de l’histoire qui a subsisté, mais les éléments sont bien maigres. Laurence Voïta part alors en quête d’informations sur Charles, se documente, rencontre des gens qui peuvent l’éclairer, fouille les archives pour tenter de comprendre la vie de cette jeune femme se faisant passer pour un homme. Charles ne se dévoile pas facilement, mais ne laisse pas pour autant la romancière en paix. Ainsi, lorsque la réalité se soustrait, elle laisse son imaginaire faire le reste.



Laurence Voïta invente donc un passé à Charles en tant que Marie Anne, repensant son enfance et ses amitiés. Issue d’une famille paysanne du Chablais français, l’adolescente aurait fait croire être originaire de la partie suisse du village de Saint-Gingolph, afin de pouvoir être engagée dans les forces helvétiques. A l’époque, les troupes suisses étaient réputées pour être des mercenaires redoutables et étaient engagées par les cours européennes pour étoffer leurs armées. Petit bout de femme, elle se fait passer pour un homme, sans que personne ne le remarque, et se battra coûte que coûte pour être admise. Entre son engagement, le long et dur voyage pour rejoindre l’Espagne et sa mort prématurée, elle n’aura passé au final qu’une année à vivre son rêve mais elle aura marqué les esprits par sa combativité et sa motivation sans faille.



Avec ses nombreuses zones d’ombres, Charles/Marie Anne devient grâce à la plume fine de l’auteure un personnage attachant, dont on aurait envie de connaître tous les secrets. Au-delà de l’aspect passionnant de l’existence de cette femme soldat et de son époque, le processus de création littéraire se révèle très instructif. De voir combien les romanciers sont habités par leurs histoires et leurs personnages exerce sur moi une vraie fascination. En partageant tout au long du récit ses doutes et ses questionnements, et en mélangeant faits historiques et fiction, Laurence Voïta a su rendre son texte vivant et à l’ancrer dans le XXIe siècle.


Lien : https://tasouleslivres.com/l..
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Un arrière-goût amer

C’est la première fois que je lis Raphaël Guillet, et pourtant, ce titre est son 3e roman policier.

La troisième enquête de l’inspectrice Alice Ginier. Nous sommes là dans un polar classique

Mais alors que nous raconte « Un arrière-goût amer »

Inspectrice à la police judiciaire, Alice Ginier enquête sur plusieurs décès suspects survenus dans la maison de retraite de Joli-Bois, située à proximité du commissariat.

Anouk Everts, la légiste, a décelé des traces d’un puissant barbiturique dans les corps des victime.

Alice va donc mener ses investigations avec Kévin un jeune coéquipier un peu turbulant. « Kevin Chuat dans une maison de retraite, n’importe quoi ! Il n’est que fougue et impatience là où tout n’est que lenteur et silence »

Mais alors que la vérité lui échappe encore, Alice se sent de plus en plus touchée par cette affaire qui la confronte à l’avenir proche de sa mère vieillissante.

On va donc suivre pas à pas le déroulé de l’enquête dans ce polar procédural qui se veut aussi un polar social. En effet, derrière ce roman policier gentillet, on s’attache au personnage d’Aline et à celui de sa comparse légiste Anouk, l’auteur aborde un thème qui nous concerne tous. La vieillesse et au-delà la fin de vie. Quand nos ainées ne peuvent plus vivre seules, qu’elles ont perdues leurs autonomie et qu’on les confie à des institution spécialisé où on espère qu’il seront entre de bonnes mains. On compte sur le dévouement des équipes d’aidants et de soignants, on souhaite que majoritairement elles soient attachées au soutien des plus fragile. On paie pour que nos parents soient traités dignement. Mais on est à l’abri de rien, et on le verra ici dans cette histoire de meurtres et ce huis clos en maison de retraite.

Un court polar qui se lit très vite, une lecture agréable mais qui ne me laissera pas, soyons honnêtes, un souvenir impérissable.
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